Saadia Gaon

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Saadia Ben Yosseph Gaon (882 ou 892[1]942), selon les textes hébreux (hébreu סעדיה בן יוסף גאון) ou Sa`īd Ibn Yūsuf al-Fayyūmi (arabe سعيد إبن يوسف الفيّومي), ainsi qu'il signait lui-même, dit le Rassag (רס״ג), fut le directeur de l'académie talmudique de Soura de 928 à sa mort, et l'un des rabbins les plus éminents de la période gaonique. Preuve de son influence, il est le seul directeur « étranger, » étant égyptien et non babylonien, à avoir occupé ce poste prestigieux.

Son œuvre philosophique et théologique lui a acquis une place et une réputation dans l'histoire et la pensée juive orientales à laquelle nul d'autre que Moïse Maïmonide n'a pu prétendre par la suite[2].

Saadia se situe en effet à un moment critique de l'histoire juive, laquelle rencontre une double crise.

Le judaïsme est d'une part confronté à l'expansion musulmane. La civilisation arabo-musulmane, récente conquérante de l'Orient, est en effet à son apogée politique et culturelle ; inversement, le centre autrefois puissant du judaïsme en Babylonie périclite, et l'instabilité politique entraîne des luttes d'influence menant à des dissensions spirituelles. Du fait du prosélytisme musulman, et, pour certains, de la perspective d'avantages matériels, les conversions des populations de dhimmis (sujets non-musulmans dans un État régi par la loi musulmane), qu'elles soient chrétiennes, zoroastriennes ou juives, sont nombreuses.

Le judaïsme est d'autre part confronté à une crise interne, avec la montée du karaïsme, un courant contestant radicalement le Talmud. La remise en question de la tradition orale musulmane par certaines factions du monde musulman s'est en effet accompagnée d'un phénomène analogue dans le monde juif[3]. Les contestataires de la tradition orale juive, principalement représentée par le Talmud, se confédèrent au VIIIe siècle sous la houlette d'Anan ben David en un mouvement appelé le karaïsme (de Miqra, la Bible hébraïque, seule source reconnue par les adhérents à cette mouvance). Ce mouvement prône un judaïsme basé sur l'interprétation libre du seul Texte biblique, et démontre la compatibilité de sa démarche avec la raison au moyen d'une variante juive de la pensée discursive du Kalâm. Face à un judaïsme rabbinique élitiste, figé dans son interprétation traditionnelle et mysticisante, donc perçue comme irrationnelle, le karaïsme rencontre un succès croissant auprès de nombreux Juifs.

Saadia se fait d'abord connaître en intervenant dans la controverse du calendrier, empêchant la survenue d'un schisme entre le judaïsme rabbinique babylonien et son homologue de la terre d'Israël ; mais il passera vraiment à la postérité par son œuvre ultérieure, par laquelle il devient le premier partisan du Talmud à produire une œuvre intellectuelle et théologique susceptible de faire pièce à l'influence l'intellectuelle et religieuse du karaïsme, et accessoirement de l'islam.
Pour ce faire, il est obligé d'innover, ou à tout le moins de réaliser une présentation systématique pour des domaines dans lesquels il n'en existe aucune. Ces domaines sont aussi variés que la linguistique hébraïque, l'exégèse juive de la Bible, la philosophie juive, la liturgie juive et la Loi juive. Son œuvre la plus mémorable en la matière est le Emounot veDeot, première tentative systématique d'intégrer à la théologie juive certaines composantes de philosophie grecque. Cette démarche théologique intégrant la philosophie grecque et l'idée de Raison (Logos) est novatrice, et salutaire, au sein d'un judaïsme rabbinique considérant jusqu'alors que la révélation divine se suffit à elle même et n'a pas à être justifiée. Ce faisant, Saadia jette les bases d'un renouveau intellectuel et culturel au sein du judaïsme rabbinique, et trace la voie de la civilisation juive qui s'épanouira en Espagne musulmane, sous l'égide de Hasdaï ibn Shaprout.

Personnalité énergique et d'une haute moralité, sa vie et son œuvre sont une suite de luttes et de combats, menés en vue d'unifier le judaïsme oriental contre des adversaires souvent acharnés, tant du dehors que de l'intérieur du judaïsme babylonien[4].

Sommaire

[modifier] Biographie

Si l'historicité de Saadia ne fait pas de doute, on ne sait que peu de choses sur sa vie avant ses premiers écrits.

Lui-même ne s'est pas soucié de laisser des notes biographiques, à l'exception de son Sefer HaGalouï (Le Livre Ouvert). Cependant, ce livre a été rédigé par Saadia en réponse aux diffamations lancées lui par ses adversaires; les informations qui y sont contenues sont donc sujettes à caution, d'autant plus, qu'elles ne sont pour la plupart connues que par des citations ultérieures. Le livre n'a en effet pas été préservé, à l'exception de quelques fragments retrouvés dans l'entrepôt de la synagogue Ben Ezra du Caire.

L'un des premiers témoignages sur le Gaon et son époque est le fait d'un autre Gaon, Sherira bar Ḥanina, dans une lettre circulaire initialement destinée à la communauté de Kairouan, sur l'histoire de la Mishna et du Talmud. Le contenu de cette lettre, repris par Abraham ibn Dawd Halevi dans son Sefer HaQabbala (Le Livre de la Transmission), sera la base de l'historiographie traditionnelle de Saadia.

Un autre témoignage contemporain, celui de Nathan HaBavli, fut destiné probablement aux mêmes Juifs de Kairouan, et intégré à une édition des Youḥassin d'Abraham Zacuto, une chronique d'histoire juive ; le récit de ce dernier, légèrement postérieur (Sherira et lui parlent des mêmes personnages, mais Sherira ne connaît pas Nathan[5]) se focalise davantage sur les exilarques, autorité temporelle sur les Juifs dans le monde musulman, et leurs conflits avec les gueonim, qui représentent l'autorité spirituelle, ainsi que sur les mœurs de leur époque.

Ces deux témoignages ont été complétés au XIXe siècle par les historiens de la Wissenschaft des Judentums, dont Graetz et Weiss, qui ont compilé d'autres sources, notamment dans la littérature polémique de l'époque.

Cette historiographie moderne est enrichie par les manuscrits exhumés de la Gueniza du Caire au début du XXe siècle : ils ont apporté de nombreux éclaircissements, dont certains permettent de corriger des informations comme la date de naissance de Saadia[1].

[modifier] Jeunes années

Sur les jeunes années, la famille et la formation de Saadia, rien ne peut être considéré comme certain, sinon sa région de naissance : l'épithète d' Al-Fayyoumi tend à indiquer qu'il serait né dans le district de Fayyoum en Égypte. La région était identifiée à l'époque, et par Saadia lui-même, au lieu biblique de Pithom, d'où son nom hébraïque de HaPithomi.

D'après l'historiographie traditionnelle, Saadia naît à Dilaẓ, un village dans la région d'Abou Souweir, dans une famille pieuse et instruite[6]. Il compte des personnages illustres dans son ascendance, dont Hanina Ben Dossa, un Hassidéen du Ie siècle célébré dans maints récits du Talmud, raison pour laquelle il nomme l'un de ses fils Dossa et, peut faire remonter son lignage à Shelah fils de Juda[7].
Cependant, cette version des faits se base sur son Sefer haGalouï, en réponse à des rumeurs selon lesquelles sa famille se serait en réalité convertie au judaïsme de fraîche date ; selon ces rumeurs, son père, modèle de débauche, aurait été muezzin (membre de la mosquée chargé de lancer l'appel à la prière), boucher ou barbier, avant d'être contraint de quitter l'Égypte pour Jaffa, probablement avec son fils Saadia, et mourir en terre d'Israël dans la misère. Henry Malter, qui a analysé ces assertions, ne juge ni implausible ni dégradant que Saadia ait pu descendre de prosélytes ; il fait toutefois montre d'un certain scepticisme, ces assertions émanant d'adversaires acharnés de Saadia, au cours de polémiques particulièrement violentes, contredites par d'autres sources, notamment la lettre de Sherira qui affirme que son père était un homme pieux et instruit[6][8], et souvent abandonnées après la résolution du conflit les opposant à lui[9].

Saadia quitte le foyer familial encore jeune, pour étudier auprès des maîtres de Tibériade, dont un certain Abou Kathir Yaḥia al Kathib, dont on ne connait rien, si ce n'est par une mention d'Al Masudi, historien et voyageur arabe, qui aurait disputé avec lui en Palestine[10]. Abou Kathir pourrait avoir été un Massorète, et aurait enseigné à Saadia les systèmes de niqqoud (marques de vocalisation de l'hébreu) et de cantillation (méthode de prononciation et de récitation le texte biblique), ainsi que la massora[11] (notes critiques en marge du texte biblique), toutes choses dont Saadia fait usage dans ses oeuvres ultérieures, notamment grammaticales[12]. Cependant, le théologien Ibn Hazm compte Abou Kathir aux nombres des Mutakallimûn juifs, et il semble ressortir des écrits d'Al-Masudi qu'Abu Kathir était un philosophe[13]. Saadia rencontre sans doute des écrivains mahométans, ainsi que des Karaïtes instruits, ce qui influencera sa production, surtout polémique, ultérieure[13].

Contrairement à de nombreuses figures illustres du judaïsme, on ignore tout des premiers maîtres de Saadia, tant pour son éducation juive que pour son apprentissage de la philosophie et des sciences : si l'on sait que Saadia échange dans sa jeunesse une correspondance avec le philosophe néoplatonicien Isaac Israeli[14], et que l'on pense qu'il a rencontré David ibn Merwan Al-Mukkamas[15], rien ne permet d'indiquer avec certitude qu'ils l'aient inspiré[11], sur le plan des idées tout au moins. Il paraît cependant vraisemblable que Saadia avait lu les oeuvres d'Al-Mukkamas avant de composer les siennes[16]. D'autre part, l'Égypte de son temps était un terrain favorable à l'apprentissage des sciences. Toutefois, si elle était un terreau fertile pour le karaïsme, elle n'avait pas produit de talmudiste d'envergure[17], or Saadia manifeste dès ses premières œuvres anti-karaïtes une connaissance étendue non seuelement de la littérature karaïte mais aussi de la tradition orale du judaïsme.
Si certains pensent que Saadia se développa par sa seule intelligence[11][17], on préfère estimer, dans les milieux traditionnels, en se basant sur la lettre de Sherira, que le premier maître de Saadia fut son père[8] ; Mar Yossef, ainsi que l'appelle Sherira, aurait été, selon Moshe Gil, Resh Kallah[18][19]. Les karaïtes lui supposent, dans un but polémique évident, un maître karaïte, peut-être même Salman ben Yerouḥam, son contemporain et futur antagoniste[20], bien qu'Abou Kathir pourrait avoir été un Karaïte[16].

À 20 ans, il compose son premier grand ouvrage, le Sefer Egron (que Graetz lit « Iggaron[17] »), le premier lexique hébraïque connu, rédigé à l'intention des poètes liturgiques et, à 23 ans (selon un verset dans le Yessod Mispar d'Abraham ibn Ezra), le Livre de la Réfutation d'Anan, attaque en règle contre Anan ben David et ses disciples, les karaïtes.
La lutte de Saadia avec le karaïsme en général, et Salman ben Yerouḥam en particulier, commence. Elle durera toute sa vie.
Cette même année, il quitte l'Égypte définitivement, et s'installe en terre d'Israël avec l'intention de s'y fixer, par suite, selon certains, de représailles de la part de Karaïtes[8].

[modifier] La dispute du calendrier

Icône de détail Article détaillé : Aaron ben Meïr.

En 921, le Rav Aaron ben Meïr, Nassi de la communauté palestinienne, directeur de la yeshiva de Ramle, instaure une modification de la règle du dehiya molad zaken qui décide de la postposition de la date du Nouvel An juif, si le molad (la conjonction lunaire) se produit à midi ou plus tard[21].
Selon sa règle, non seulement le Nouvel An, mais aussi la Pâque juive et les fêtes qui en découlent devaient être en 922, 923 et 927, célébrées deux jours plus tôt que ne le prévoient les calculs des Sages babyloniens.

Cette dispute du calendrier va immédiatement opposer la direction babylonienne à la direction religieuse palestinienne. Elle les opposent sur le calendrier religieux lui-même. Mais elle les opposent aussi en terme de pouvoir, celui parvenant à convaincre le plus de communautés juives obtenant de facto la prééminence sur celles-ci.

La mise à jour de diverses pièces de la Gueniza du Caire, comportant de nombreuses missives tant de Saadia que de Ben Meïr, permet de reconstituer une dispute qui dura cinq ans au moins.

Ainsi qu'il l'écrit à ses disciples demeurés en Égypte, Saadia se trouve à Alep lorsqu'il est mis au courant de l'affaire. Il adresse incessamment plusieurs missives à Aaron ben Meïr, en tentant de lui démontrer que le calendrier établi par les Gueonim est correct (lui-même a adressé une missive à Yehouda Gaon quatre ans plus tôt au sujet de cette méthode[22]) ; il l'avertit aussi des conséquences déplaisantes qu'occasionnerait tout changement.

Ces lettres sont restées sans effet, ainsi qu'il le constate en arrivant à Bagdad : Ben Meïr a proclamé la règle officiellement, à une date inconnue (probablement Hoshanna Rabba, jour de rassemblement traditionnel des Juifs en terre d'Israël de l'an 4 682, c'est-à-dire 921 dans le calendrier grégorien).

Les Gueonim, ainsi que l'exilarque (chef officiel du judaïsme babylonien) de l'époque, David ben Zakkaï et probablement Saadia, lui adressent donc une lettre officielle dont la teneur est similaire à la première lettre de Saadia.

Les Gueonim rédigent également des lettres circulaires adressées à de nombreuses communautés, les priant de ne pas adopter l'innovation proposée. Saadia en fait autant, preuve du prestige dont il jouit déjà dans le monde juif[23].

Ben Meïr fait peu de cas des lettres qui lui sont envoyées de Babylonie, et envoie son fils réitérer à Jérusalem les changements proposés. Par ailleurs, il répond aux Gueonim et à Saadia en affirmant que le calcul du calendrier devrait être laissé entre les mains des sages en terre d'Israël, comme auparavant. De religieuse, la querelle s'exprime maintenant en terme de pouvoir institutionnel.
Dans une longue lettre à ses adhérents en Babylonie, il explique les raisons de ses réformes, attaquant Saadia et « ses arrogants disciples ». Ceux-ci ont en effet tenté, suite à une autre missive de Saadia, de convaincre les Juifs d'Égypte de ne pas se plier aux régulations de Ben Meïr, mais à celles des Gueonim[22]. Cette lettre, malgré l'impériosité de sa demande, ne contenait pas la moindre attaque contre Ben Meïr[23].

Ben Meïr, fort de sa réputation et de ses compétences d'astronome, bénéficiant de soutien de personnages influents[22], réussit à faire accepter sa règle par certaines personnes et communautés ; en 922, celles-ci célèbrent la Pâque un dimanche, alors que ceux qui suivent l'ordonnance des Gueonim de Babylone l'observent un mardi, le décalage se répercutant sur les fêtes juives de Chavouot (la Pentecôte juive), Roch Hachana (le Nouvel An juif), Yom Kippour (le Jour du Grand Pardon) et Soukkot (la fête des Cabanes). Les proportions de cet évènement sont telles qu'un historien syrien chrétien le mentionne dans ses chroniques[22].

La querelle s'envenime entre les partis, particulièrement entre Saadia et Ben Meïr, et les attaques personnelles se multiplient[24].

Les autorités religieuses babyloniennes, incapables de contenir Ben Meïr envisagent de faire appel au gouvernement, puis, pour une raison inconnue, chargent Saadia d'écrire en 922, au plus fort de la crise, le Sefer Zikkaron ouMeguila LeDorot (Livre [de] mémorial et Rouleau pour les générations), à l'intention des communautés de la diaspora. Ce livre, dont il ne reste que des fragments, devait être lu le 20 Eloul. Il rappelle les « méfaits » de Ben Meïr depuis le début de la controverse, et est assorti d'un avertissement contre des troubles de ce genre à l'avenir. Par ailleurs, Saadia compose aussi un ouvrage intitulé Sefer haMo'adim (Livre des Temps fixés), lui aussi en bonne partie disparu ; il y réfute les arguments d'Aaron ben Meïr, moins pour des raisons arithmétiques, que pour préserver la communauté rabbinique d'un nouveau schisme, celle-ci ayant déjà subi la dissidence des karaïtes.

Ces livres firent apparemment leur effet, puisque l'agitation se calma, et que Ben Meïr n'est plus mentionné lors des années suivantes[23]. Selon Alexander Marx, ils auraient d'ailleurs été rédigés alors que la controverse avait déjà été réglée[22].

Aaron ben Meïr avait-il cherché à profiter, comme le pensent certains[25], de la faiblesse de l'exilarche David ben Zakkaï, peu respecté par la population et contesté par le Gaon de Poumbedita, Mar Cohen Tzedek[17] (selon la version de Sherira, et des manuscrits retrouvés dans la Gueniza du Caire, il ne s'agirait en réalité pas de Cohen Tzedek, mais de son rival, le Rav Mevasser ben Kimoï Gaon[22]), pour le priver de l'une de ses plus importantes prérogatives, la fixation des fêtes et le calcul du calendrier, et ainsi redonner au centre palestinien sa primauté ? Ou bien avait-il trouvé une méthode permettant d'optimiser la règle du dehiya molad zaken et souhaitait-il la faire appliquer de son vivant, le prochain décalage significatif n'ayant pas lieu avant 181 ans[26]?

La question n'a pas été résolue. Il est en revanche certain que c'est à Saadia que l'on doit la défaite de Ben Meïr, ainsi que lui-même le stipule dans une lettre à ses partisans, que son intervention empêcha une profonde division communautaire, et que son impact sur le calendrier actuel est tel que, des siècles plus tard, le Tossafiste Rabbenou Tam le décrit comme le père et le fondateur de la science du calendrier juif[23].

Cette controverse favorisa par ailleurs l'ascension de Saadia, l'assurant de la faveur de Ben Zakkaï, ce qui lui ouvrit la voie vers le gaonat[23].

[modifier] Carrière académique et nomination au poste de Gaon

[modifier] À Poumbedita

Les services rendus par Saadia en faveur de la cohésion communautaire, ainsi que la reconnaissance de ses compétences dans les domaines d'études scientifiques et juives, valent à Saadia d'être élevé au rang de Resh Kalla[18] à Poumbedita en Babylonie.

Sans cesser de polémiquer avec les Karaïtes, qui s'en prennent à leur tour au calendrier hébraïque, Saadia entreprend de restaurer auprès de ses étudiants, essentiellement arabophones, la compréhension de la Bible hébraïque, ainsi que de l'hébreu lui-même et sa grammaire.

Il compose dans ce but l'une de ses œuvres les plus importantes, le Tafsir (arabe:تفسير exégèse), une traduction arabe de la Bible (bien qu'il n'y ait pas de citation des Chroniques) avec commentaire, permettant à la masse juive arabisée de renouer avec le Texte. La traduction et le commentaire sont écrits en caractères arabes, et non hébraïques, afin de les rendre accessibles aux intellectuels arabes non-juifs, qui peuvent ainsi se familiariser avec la Torah. Ce faisant, il ramène au judaïsme de nombreux Juifs envisageant de l'abandonner afin de pouvoir embrasser non pas l'islam, mais la culture et l'éducation, qu'ils associent à lui[27]. Visant à démontrer que les Sages du Talmud n'ignorent rien des Écritures, et que celles-ci ne peuvent être correctement comprises en dehors de la tradition, le commentaire, s'appuyant sur la tradition et la philosophie, s'oppose à la fois aux interprétations ananites de la Bible et aux lectures littéralistes qui voudraient prendre les anthropomorphismes bibliques au premier degré; selon Graetz, malgré les qualités de la traduction, « comme elle cherche à mettre la Bible d’accord avec la tradition et les conceptions philosophiques de l’époque, elle fait souvent dire au texte plus et autre chose qu’il ne dit en réalité[17]. »
Parallèlement, afin de promouvoir la connaissance de l'hébreu, il rédige le Kutub al-Lughah (arabe : كتب اللغة ; hébreu : Sefer tzaḥout halachon ha-'ivrit), un ouvrage de linguistique hébraïque rédigé en arabe.
C'est aussi à cette époque qu'il commence à composer son livre de prières en se basant sur le précédent d'Amram Gaon, visant là aussi à organiser un rituel et effectuer un tri parmi les variations de rites liturgiques et coutumes de chaque communauté, afin d'en proposer un seul, valable pour l'ensemble des communautés de la Diaspora juive. Il y inclut des morceaux de poésie liturgique, rédigés dans un style biblique et non dans celui, communément admis mais de compréhension difficile, d'Eleazar Hakalir, ainsi qu'un commentaire des prières et poèmes en arabe. Les morceaux de poésie les plus notables sont les Azharot sur les 613 commandements, et sont signés « Sa'id ben Yosseph Alouf[18] ».

[modifier] À Soura

Lorsqu'en 924, Yaaqov ben Natronaï, le Gaon de Soura, décède, l'académie est dans une situation critique. Plus fortement éprouvée par la conquête musulmane que Poumbedita, son collège ne comporte plus d'éléments brillants, depuis la mort de Rav Naḥshon en 879[28]. Mar Cohen Tzedek, a en outre obtenu qu'elle ne soit plus prioritaire dans la répartition des subsides financiers[29], privilège dont elle avait joui jusque là pour avoir été fondée par Rav, le père des études talmudiques en Babylonie. Et le nouveau Gaon, Yom Tov Kahana bar Yaaqov, fils du précédent et élu pour cette raison à défaut de meilleurs candidats, est un humble tisserand, sans grandes connaissances[17]. Lorsqu'il meurt deux ans plus tard, David ben Zakkaï envisage, sur les conseils de Cohen Tzedek, de transférer l'académie de Soura à Poumbedita, et d'y nommer un Gaon honoraire qui aurait son siège à Poumbedita. Cependant, la mort de Nathan ben Yehouda, fils d'un Gaon de Poumbedita, survenue alors qu'il venait d’être revêtu de cette nouvelle dignité, est interprétée par les contemporains comme un avertissement du ciel, enjoignant à maintenir Soura[17].

L'exilarque hésite entre deux candidats: Saadia Allouf[18], ainsi qu'il est encore appelé, et Tzemaḥ ben Shahin, peu connu, mais d'ancienne noblesse[17]. Il se prononce finalement en faveur de Saadia, malgré les nombreuses voix qui s'élèvent pour protester contre la nomination d'un « étranger, » et la réticence de Nissim Nahrwani, un Resh Kallah de Soura qui, malgré son admiration pour Saadia, craint que sa forte personnalité, sa droiture morale et son refus des compromis ne soient incompatibles avec la docilité que David ben Zakkaï attend d'un Gaon[30]. Saadia ben Yosseph est proclamé Gaon de Soura en 928.

Sous sa direction, l'académie retrouve sa prédominance[31]. Sa renommée encourage les donateurs et attire de nombreux élèves de toute la Babylonie, et même d'ailleurs, comme Dounash ibn Labrat, né au Maroc.
Saadia se concentre sur la Halakha (loi rabbinique), rédigeant les premières monographies en la matières, dans un style clair, exact et accessible, et en arabe, dans un souci d'accessibilité, et non en araméen judéo-babylonien comme il était d'usage jusque là. Là aussi, le but est de contrer l'influence des Karaïtes, en aidant les juges à rendre plus aisément un verdict en accord avec la Torah et la tradition rabbinique.

Par ailleurs, Saadia découvre, dans le cadre de ses activités de directeur, que des instituteurs de Soura utilisent des livres élémentaires basés sur l'enseignement de Hiwi al Balkhi, un Juif afghan dont les critiques et objections au nom de la raison portent non seulement contre la Torah orale, mais aussi contre la Torah écrite, raison pour laquelle il fut considéré hérétique non seulement par les Rabbanites (partisans du Talmud) mais aussi par les Karaïtes[32]. Saadia décide non seulement d'interdire l'usage de ces livres, mais aussi de combattre les assertions d'Al Balkhi dans un livre, aujourd'hui perdu, intitulé Kitab al-Rudd ala Ḥiwi al Balkhi (Livre de la Réfutation de Ḥiwi al Balkhi). Il y fournit des preuves, tirées de la tradition et la philosophie grecque, démontrant encore une fois que la Torah n'est incompatible ni avec la logique ni avec la raison.

[modifier] Dispute avec David ben Zakkaï

Deux ans plus tard, en 930, une dispute oppose le scholarque Saadia ben Joseph à l'exilarque David ben Zakkaï, ainsi que l'avait prédit Nissim Nahrwani.

Lors d'une affaire d'héritage, David use de sa position pour en percevoir un bénéfice important, et prie les Gueonim de contresigner son ordonnance, comme le veut la règle. Saadia refuse de cautionner ce verdict, qu'il juge inéquitable et contraire à la Torah. Ne souhaitant pas effaroucher l'exilarque, il se réfugie derrière la signature de Cohen Tzedek pour déclarer la sienne superflue. Lorsque, fatigué d'effectuer des allers-retours entre les partis, Juda, le fils de l'exilarque, s'emporte contre Saadia et le menace physiquement, il est promptement expulsé par le serviteur de Saadia.
David ben Zakkaï dépose alors Saadia, nommant à sa place Yosseph ben Yaacov ibn Satya, érudit mineur mais frère de Yom Tov Kahana, l'ancien gaon, et fils du précédent, Yaaqov ben Natronaï. Saadia riposte en destituant David, et en conférant la dignité d'exilarque au frère cadet de celui-ci, Yoshia (Hassan) ben Zakkaï.

Deux camps se constituent: David est soutenu par Aaron ibn Sarjadou, riche commerçant d'une certaine érudition, mais maladivement jaloux de Saadia, et sans doute par Cohen Tzedek. Saadia peut quant à lui compter sur les membres du collège de Soura, de nombreux savants de Bagdad, et surtout sur les banquiers de la famille Netira. Une lutte d'influence commence à la cour du calife Al-Muqtadir, doublée d'une campagne de propagande publique, au cours de laquelle David ben Zakkaï et Aaron ibn Sarjadou se répandent en pamphlets haineux contre Saadia, l'accusant par exemple d'avoir profané effrontément le chabbat, ou d'avoir des relations intimes avec des jeunes garçons dans sa chambre[33], et ressortant les calomnies autrefois lancées par Aaron ben Meïr contre Saadia. Saadia ne manque pas de leur répondre, et compose le Sefer HaGalouï.
Ce livre, dont il ne reste que des fragments comportait sept chapitres. Dans le troisième, Saadia décrit l'infortune qui accable un peuple gouverné par un despote (probablement David ben Zakkaï) ; dans le quatrième, il écrit que Dieu appointe à chaque génération un Sage qu'Il inspire et illumine pour guider le peuple juif dans le droit chemin ; dans le sixième, il décrit les souffrances que lui infligent ses adversaires, avant de les mettre en garde dans le dernier chapitre, car Dieu punit sévèrement ceux qui oppriment injustement l'innocent. Le livre, bien que polémique, couvre d'autres sujets, et est écrit dans un langage poétique. Il est en outre vocalisé et accentué, ce que les opposants à Saadia ne manqueront pas de lui reprocher, car il s'agit à cette époque de l'apanage exclusif des textes bibliques. Suite à la réponse si féroce d'Aaron ibn Sarjadou qu'un Karaïte contemporain a jugé bon de la recopier, en se gaussant de l'intensité des disputes chez les Rabbanites, Saadia produit une nouvelle édition de ce livre, avec une traduction et une introduction en arabe[22].

L'affaire prend un tournant décisif en 932, à l'accession au pouvoir du calife Al-Qahir. Celui-ci, en besoin de fonds, accueille volontiers le « présent » apporté par les partisans de l'exilarque, alors que l'influence des partisans de Saadia décline. Il exile Hassan ben Zakkaï, qui mourra en exil dans le Khorassan. Comme cela ne ramène le calme au sein du judaïsme babylonien, il en fait de même pour Saadia, et l'empêche de prendre la moindre part à la vie publique.

[modifier] Les dernières années

C'est donc en exil que Saadia, mettant à profit son congé forcé, rédige ses œuvres maîtresses, le commentaire du Sefer Yetsirah étant achevé en 931, et le Emounot veDeot deux ans plus tard. Ce faisant, sa réputation ne cesse de grandir.

En 937, lors d'un procès, l'un des partis demande l'intervention de Saadia, ce qui énerve David ben Zakkaï.
Un certain Bishr ben Aaron, beau-père d'Ibn Sarjadou, le convoque et obtient la réconciliation entre Saadia et Ben Zakkaï, le jour du jeûne d'Esther. Après tirage au sort, il est décidé que Saadia sera l'hôte de David au cours de la fête des Sorts, qui est célébrée après le jeûne.

Saadia est réinvesti à la tête de Soura avec les honneurs, et en redevient l'autorité incontestée, lui rendant une fois de plus sa splendeur, perdue lors de la dispute. À la mort de David ben Zakkaï, vers 940, Saadia soutient l'investiture de Juda. Juda étant lui-même assassiné quelques mois plus tard, Saadia s'occupe personnellement d'élever et d'éduquer son petit-fils Hizkiya[17]. C'est le petit-fils de celui-ci, également nommé Hizkiya, qui sera le dernier Gaon de Poumbedita, cumulant cette fonction avec celle d'exilarque[34]. Cependant, affaibli par une vie de luttes, Saadia Gaon décède à Soura le 26 Iyar 4602[35] (ce qui correspond au 21 mai 942[36]), de « bile noire, » selon une tradition rapportée par Ibn Dawd, et dont la source est vraisemblablement Dossa.

Après sa mort, Yosseph ben Yaaqov ibn Satya est réinvesti. Il n'a cependant pas l'envergure de Saadia, et l'académie de Soura ferme pendant 45 ans. Suite à une ultime tentative, menée de concert par le collège de Soura et celui de Poumbedita, Soura connaît sa dernière période d'éclat sous la tutelle de Samuel ben Hofni, institué en urgence par son beau-fils, Haï Gaon.
Selon une tradition rapportée par Ibn Dawd, et considérée par les érudits modernes comme un mythe étiologique visant à expliquer l'influence grandissante d'écoles talmudiques fondées en Europe et en Afrique du Nord[37], l'académie de Soura, appauvrie et endettée, mandate quatre émissaires pour collecter des fonds auprès de diverses communautés. Cependant, leur bateau est arraisonné par un amiral andalou, Ibn Rouḥamis, qui les capture, et les vend à des communautés juives prêtes à payer le prix fort pour les racheter. L'un se retrouve en Égypte, l'autre en Ifriqiya, le troisième à Cordoue et le dernier, selon Graetz[38] à Narbonne.
Toutefois, il est établi que Moshe ben Hanokh, familier de la cour de Hasdaï ibn Shaprout, colporta en Espagne l'héritage des Gueonim et que c'est par lui que Hasdaï en vint à connaître Saadia. Ce dernier lui fit si forte impression, qu'il commandita à Dossa une biographie de son père. C'est dans doute par celle-ci, ainsi que par Dounash ben Labrat, que Saadia fut popularisé en Espagne. L'épître de Dossa n'est cependant pas parvenue à nous.

[modifier] Œuvre

Auteur prolifique (sa production est estimée à environ cent ouvrages), Saadia est appelé dans la littérature rabbinique classique « Rosh hamedabrim » (le premier, et plus grand, de ceux qui parlent) et « autorité en toute matière. » Il en a souvent été déduit dans les milieux traditionnels que Saadia fut le premier à explorer les domaines de son activité littéraire. Si les chercheurs modernes se méfient d'une telle assertion, il n'en reste pas moins qu'il est le premier à appliquer une méthode rigoureuse et logique, inédite jusqu'alors dans le judaïsme rabbinique, afin de l'aider à surmonter les défis auxquels il faisait face.

[modifier] Grammaire et linguistique

  1. Le Sefer haEgron (hébreu: ספר האגרון Livre de la Collection) est le premier ouvrage de Saadia, composé en 913. Il se présente comme un dictionnaire double, chaque partie étant arrangée selon l'ordre alphabétique des initiales et des lettres finales respectivement. Il est conçu pour servir à la versification, dans laquelle les acrostiches et rimes jouent un rôle de premier plan. Saadia le réédite ensuite en y ajoutant la traduction arabe de chaque mot, et inclut des passages concernant divers « sujets mémorables des poètes ; » cette nouvelle mouture est appelée Kitab al-Shi'r.
    L'introduction en arabe à la seconde édition, et la préface en hébreu à la première, qui contiennent une ébauche de ses travaux grammaticaux ultérieurs, ont été en grande partie préservées[39]. Son importance est suffisante pour que le terme d'ègron, vraisemblablement un néologisme de Saadia, en soit venu à désigner aux époques ultérieurs et en hébreu moderne un lexique[40].
  2. Le Kutub al-Lughah (arabe: كتب اللغة ; en hébreu, ספר צחות הלשון העברית Sefer ẓaḥout halachon ha'ïvrit, Livre du Langage) est un ouvrage de linguistique hébraïque en douze chapitres. Rédigé en arabe et sous l'influence de la philologie arabe, il a pour but, ainsi que l'écrit Saadia dans le Sefer HaGalouï, « d'expliquer l'irab (inflexion grammaticale) de la langue des Hébreux ». Ce travail, l'un des plus anciens traités de grammaire hébraïque connus, ne peut actuellement être reconstitué qu'à partir de citations, plus ou moins longues, préservées dans le commentaire de Saadia sur le Sefer Yeẓirah, et dans le livre de son disciple, Dounash ben Labrat, qui critique ses conclusions.
  3. Le Tafsir al-Sab'ina Lafẓah (arabe: تفسير السبعين لفظة ; en hébreu, פתרון שבעים מילים Pitron chiv'im millim, « Exégèse (ou Résolution) des 70 mots ») une liste de 70 (en réalité 90) hapax ou mots (hébraïques et araméens) rares dans la Bible hébraïque. Saadia les explique au moyen de la littérature traditionnelle, en particulier des néo-hébraïsmes de la Mishna. Ce petit ouvrage a connu de fréquentes réimpressions.

Avec ces différents ouvrages, Saadia invente la philologie hébraïque, et fait de la grammaire hébraïque un objet d'étude indépendant, bien au-delà des notions contenues dans la Massora. La division des lettres effectuée par Saadia entre lettres-racines et lettres fonctionnelles sera adoptée par tous ses successeurs : elle constitue le principe fondamental de la théorie de formation des mots, et mène, d'une part, à la connaissance de la racine comme une partie essentielle et permanente de la forme du mot et, d'autre part, à la détermination exacte des fonctions grammaticales des autres éléments qui s'y rattachent.
L'un des douze livres du langage de Saadia traite des inflections des verbes ; il fournit une revue systématique des formes qui peuvent être produites par inflexion et affixation de plusieurs mots-racines. Ce sont là les premiers paradigmes en grammaire hébraïque, et Saadia prend pour exemple le verbe shama (שמע).
Saadia traite aussi dans ses autres ouvrages des anomalies de la grammaire, auxquelles ses successeurs portèrent une attention soutenue[41].

Étant le premier grammairien, le travail de Saadia comporte de nombreuses erreurs, mais celles-là mêmes furent aussi utiles à ses successeurs[17].

[modifier] Exégèse

Le Tafsir, outre l'inauguration de l'exégèse rabbinique de la Bible hébraïque qu'il marquait, joua également une fonction importante dans l'histoire de la civilisation. Produit de l'arabisation d'une importante partie des communautés juives, cette traduction servit pendant des siècles à familiariser l'esprit juif avec la culture arabe, en un temps ou celles-ci étaient considérées comme incompatibles[27]. Elle joua un rôle comparable à la Septante dans l'Antiquité ou, plus tard, à la traduction en allemand de Moses Mendelssohn, qui fut l'un des principaux vecteurs de la Haskala. De même, avec son langage clair et sa forme rationnelle, le Tafsir de Saadia éduqua ses contemporains et les ouvrit à la spéculation philosophique, tout en veillant à prémunir contre les arguments de sceptiques rationalistes.
Réciproquement, cette traduction fit également connaître Saadia dans le monde arabe non-juif: Massoudi, un musulman contemporain de Saadia donne des détails sur sa vie, et un auteur du Xe siècle, Mohammed ibn Iṣḥaḳ al-Nadim, donne, dans son Fihrist al-'Ulum, une liste de onze œuvres de Saadia.
Le Tafsir a été édité, avec le Targoum araméen et une traduction en persan, dans la première Bible juive polyglotte (Constantinople 1546)[22]

[modifier] Halakha

  1. Il s'agit pour la plupart de courtes monographies, dans lesquelles des problèmes de loi juive sont présentés de façon systématique, parmi lesquels:
    1. Sefer hashtarot vèhaedouyot (hébreu: ספר השטרות והעדיות), sur les témoignages lors des procès,
    2. Sefer hayeroushot (hébreu: ספר הירושות), sur les héritages,
    3. Sefer hapiqadon (hébreu: ספר הפקדון), sur les garanties,
    4. Maamar 'al haribit (hébreu: מאמר על הריבית), sur le prêt à intérêt,
    5. Sefer hatrefot (hébreu: ספר הטרפות), sur les chairs impropres à la consommation, etc.
      De ces traités rédigés en arabe, seul les titres et quelques extraits sont connus, à l'exception du "Kitab al-Mawarith" ayant survécu sous forme de fragments plus longs.
  2. Un commentaire des treize principes de Rabbi Ishmael, préservés en hébreu uniquement.
  3. Le Hid"a mentionne également une méthodologie du Talmud en arabe, intitulée « Klalei haTalmud », comme écrite par Saadia.
  4. Des responsa, n'existant pour la plupart qu'en hébreu, certains ayant probablement été rédigés dans cette langue.

[modifier] Liturgie

Le "Siddour de Saadia Gaon" est la plus ancienne tentative authentifiée de transcrire le rituel des prières juives tant pour les jours de semaine ordinaires que pour les Sabbaths et jours fériés (bien que le premier siddour ait été rédigé par Amram Gaon, à la demande des communautés d'Espagne, il n'en existe pas de texte faisant autorité). Il semblerait que ce siddour ait servi de base pour les tentatives de compilation ultérieures du rituel liturgique juif, et ait été imité par de nombreux auteurs. Le siddour comprend également des morceaux de poésie liturgique, ainsi qu'un commentaire en arabe. Les portions de poésie les plus notables sont les « Azharot », sur les 613 commandements, et ont été composées alors que "Sa'id ben Yosseph," ainsi qu'il signe, n'avait encore que le titre de alouf[18].

Il n'existe pas de manuscrit du texte complet, bien qu'une version quasi-complète se trouve à Oxford. Des fragments ont également été retrouvés dans la Gueniza du Caire. Une édition basées sur ces manuscrits a été publiée par Davidson, Assaf et Yoel à Jérusalem en 1941. les portions en arabe sont accompagnées d'une traduction hébraïque dans les colonnes en vis-à-vis.

[modifier] Philosophie et pensée juive

  1. Le Sefer haemounot vehadeot (Le Livre des croyances et convictions, originellement Kitab al-Amanat wal-l'tikadat, "Livre sur les Articles de Foi et les Doctrines du Dogme"), fut publié en 934. Premier système complet de philosophie religieuse, selon Graetz[17], il tente d'intégrer au judaïsme des éléments de philosophie grecque. Si un tel effort avait été auparavant entrepris par Philon d'Alexandrie, l'œuvre de Saadia eut un impact bien plus profond dans le monde juif (1989 Ivry). Inspiré par l'école motazilite dans sa méthode, comme dans son découpage et dans son choix des thèmes (Création du monde, unité de Dieu, vérité de la Révélation, justice et rétribution divine, devenir de l'âme et rédemption aux temps messianiques), l'ouvrage vise à combattre tant le scepticisme parmi les gens portés à la spéculation que le refus de s'y adonner parmi les fidéistes. Saadia y affirme la profonde compatibilité entre raison et révélation. Toutefois, en cas de conflit, la tradition doit avoir préséance sur la raison.
  2. Le "Tafsir Kitab al-Mabadi," une traduction et commentaire en arabe du Sefer Yetsira, écrit deux ans avant le précédent. L'un des plus anciens sinon le premier ouvrage rabbinique (et le seul à l’époque de Saadia) traitant spécifiquement de la création du monde, il en existe de nombreuses versions à l'époque de Saadia, qui présente son ouvrage comme un travail d'établissement du texte. Bien que le livre ait été ultérieurement considéré comme ésotérique, et que Saadia ne semble pas considérer la théorie de la création du monde qu'il propose comme philosophiquement sérieuse, son commentaire n'en est pas moins une défense de la doctrine de la création ex nihilo contre ses détracteurs, par voie de la raison que les philosophes grecs avaient invoquée contre elle. Il est probable, bien que Saadia ait fait abstraction, en le commentant, des spéculations théologiques du Kalâm, que les idées contenues dans ce commentaire furent à l'origine des doctrines exposées dans la première section du Emounot veDeot, dont il omettra tout de même la théorie du Sefer Yetsira sur la création lors de l'exposition des diverses opinions sur le sujet[42][43].

[modifier] Ouvrages de polémique

  1. Trois ouvrages de réfutation des auteurs karaïtes, désignés sous le terme global de "Kitab al-Radd," le "Livre de la Réfutation," abondamment cité dans des ouvrages karaïtes ultérieurs; l'une de ces références prouve que le troisième livre fut écrit après 933:
    1. Le "Kitab al-Radd 'alei Anan," le "Livre de la Réfutation d'Anan", mentionné plus haut
    2. Le "Kitab al-Tamyiz" (en hébreu, "Sefer HaTamyiz", "Sefer haHakkarah", "Sefer HaMivḥan), le "Livre de Distinction," composé en 926, et le plus complet des ouvrages polémiques de Saadia. Il était encore cité au XIIe siècle, et de nombreux passages en sont donnés dans un commentaire biblique de Yaphet Halevi.
    3. Le "Kitab al-Radd 'alei Ben Saqouye," le "Livre de la Réfutation de Ben Saqouye" (qu'Alexander Marx identifie à Salman ben Yerouham[22]), contre l'Aviv et le calcul des néoménies et fêtes, point d'achoppement majeur avec les karaïtes
  2. À ces livres, il convient certainement de rajouter le "Kitab al-'Ibbour," ou "Livre du Calendrier," vraisemblablement dirigé contre les Karaïtes;
    par ailleurs, une glose dans le Tafsir mentionne une dispute avec un dénommé Ben Zouta, bien que c'en soit la seule trace.
  3. Une réfutation contre le bibliste critique rationaliste Hiwi al-Balkhi, outre ce qu'il en dit dans son Emounot veDeot. Cet ouvrage ne nous est pas parvenu;
  4. "Kitab al-Shara'i," ou "Livre des Commandements de la Religion."
  5. "Sefer ha-Mo'adim," ou "Livre des Festivals," retraçant la polémique avec Ben Meïr sur la détermination du calendrier, mentionnée supra.
  6. Le "Kitab al-Ṭarid" (en hébreu, "Sefer haGalouï"), écrit en arabe et en hébreu dans le même style que le "Sefer ha-Mo'adim"; il s'agit d'un ouvrage apologétique dirigé contre David ben Zakkaï et ses partisans. Dans ce livre, connu par quelques citations, il expose son lignage et tire fierté des services qu'il a rendus, en particulier dans son opposition aux hérésies.

[modifier] Sa place dans l'histoire juive

Si l'histoire juive médiévale est riche en personnalités, comme Rachi, ibn Ezra ou Maïmonide, qui, par leur envergure, occultent quelque peu Saadia, celui-ci n'en occupe pas moins un rôle de premier plan, tant en son temps qu'ultérieurement. Son œuvre et son influence ont en effet été telles que Moïse Maïmonide dira « Peu s’en fallut que la Torah ne disparût, s’il n’avait été là [42]. »

Saadia est, selon Graetz[17], l'initiateur de la renaissance au sein du judaïsme, dont l'un des élèves, Dounash ben Labrat, sera le promoteur en Andalousie.
Il fait figure de pionnier dans la plupart, sinon tous les domaines qu'il entreprend:

  • il établit une nouvelle école exégétique de la Bible, caractérisée tant par une investigation rationnelle de son contenu, traitant chaque Livre comme un tout, montrant les relations entre ses diverses sections, que par une connaissance scientifique de son langage;
  • il est, selon Abraham ibn Ezra, le premier grammairien hébraïque, préfigurant une discipline qui fera le fleuron du judaïsme andalou. cependant, si Bacher souscrit à cette appréciation[43], d'autres chercheurs, dont Munk, pensent qu'il ne fut que le premier auteur d'un ouvrage systématique, et que sa grammaire elle-même est fortement redevable des études karaïtes dans le domaine;
  • son Agron est le premier ouvrage de lexicographie juive, et son intitulé désignera longtemps un dictionnaire, surtout parmi les Karaïtes;
  • il est aussi probablement l'un des fondateurs de la philologie comparée, non seulement par son Livre des 70 mots, mais par son explication du vocabulaire hébreu au travers de l'arabe, n'hésitant pas à traduire des mots bibliques par des mots arabes de même prononciation[22];
  • par la systématisation de sa présentation de la Halakha dans ses responsa, qu'il est le premier à utiliser, et qui servira de modèle à l'exégèse talmudique séfarade, par la traduction de la Mishna qui en fut sûrement un commentaire, et était encore étudiée au XIIe siècle, et par l'exposition d'un système de philosophie religieuse, Saadia annonce Maïmonide, bien que celui-ci soit fortement critique envers le système philosophique de son prédécesseur;

Les œuvres de Saadia ont également été la source et la base d'auteurs juifs ultérieurs, comme Berakhya, auteur d'une encyclopédie philosophique, le Sefer Haḥibbour (Le livre de la Compilation).

[modifier] Saadia et le karaïsme

Malgré son excellence dans des domaines si variés, ou peut-être parce que d'autres, comme Maïmonide s'y illustreront davantage, Saadia demeure pour l'histoire juive celui qui remporta la première victoire contre le karaïsme, bien qu'il n'ait pas été le premier à engager la lutte contre eux.

Le karaïsme, bien que n'existant que depuis un siècle et demi à l'époque de Saadia, a gagné de nombreux pans de la communauté juive, menaçant même l'existence des académies talmudiques. Dénonçant l'hégémonie du Talmud dans la pratique et la vie intellectuelle juives, son inertie (car ce qui a été décrété ne peut être défait par les générations ultérieures), ses méthodes d'interprétation de la Bible hébraïque qui s'écartent assez souvent du sens littéral des versets, quand elles ne semblent pas le contredire, et la présence en son sein de nombreux éléments de la mythologie persane (lesquels sont au demeurant propres au Talmud de Babylone, ne se retrouvant pas dans le Talmud de Jérusalem), incompatibles avec la Torah de Moïse, les karaïtes ont développé une interprétation de la Torah se voulant basée sur le texte de la Torah elle-même, libre de toute tradition imposée, et en accord avec la raison.
Bien qu'en réalité, l'interprétation que font les Ananites de la Torah soit elle-même entachée de « rabbinisme » et que son incompatibilité avec une pratique quotidienne menât à l'extinction de ce courant, l'idéal de libre exégèse, fondée sur la grammaire et le kalam, s'est répandu d'autant plus que certaines écoles, dont celle de Benjamin al-Nahawendi, proposent de concilier cet esprit de libre-exégèse avec l'acceptation de nombreuses ordonnances et pratiques rabbiniques.
Si le karaïsme avait dû s'imposer, le judaïsme oriental aurait été morcelé en une multitude de courants professant chacun une pratique différente, laquelle situation n'aurait pas été sans rappeler celle qui existait à l'époque du Second Temple, et la tradition orale aurait vraisemblablement été perdue, ce qui revenait, aux yeux des partisans du judaïsme traditionnel, dénommés Rabbanites par leurs adversaires, à perdre la Torah.

Saadia est le premier à maitriser leurs champs de prédilection, la grammaire et le Kalam motazilite, et à connaître parfaitement leur littérature, il peut, en réconciliant tradition et rationalisme, rendre son attrait à la première. Au vu de la vigueur, puis de l'acrimonie des débats, les attaques ad hominem contre Saadia, l'accusant notamment d'ivrognerie, se multiplient, surtout après sa mort. De son côté, en clamant l'hérésie[44], puis la non-judéité des Karaïtes[45], Saadia amorce le schisme entre ces deux courants du judaïsme, qui culminera plus tard avec l'excommunication des Karaïtes, considérée comme définitive par certains décisionnaires[46].
Paradoxalement, c'est en réponse aux attaques de Saadia que le karaïsme fournit ses contributions les plus notables sur la grammaire et la linguistique hébraïque au cours du Xe siècle et de la première moitié du XIe siècle.

[modifier] Notes et références de l'article

  1. ab Seule l'année 892 était citée avant 1921 et l'est encore occasionnellement depuis. Cette date repose sur l'assertion du Rav Abraham ibn Dawd dans son Sefer HaQabbala, selon laquelle Saadia était âgé d'« environ » cinquante ans à son décès. La date de 882 est déduite d'un fragment daté de 1113 EC retrouvé dans la gueniza du Caire, lequel fragment contient un fihrist (un inventaire) des œuvres de Saadia établi par ses fils She'erit et Dossa onze ans après sa mort, survenue à ses « soixante ans moins quarante … jours » — Henry Malter, "Postscript", Saadia Gaon: His life and works (1921) 421–428; Jacob [Jocob] Mann, "A fihrist of Sa'adya's works", The Jewish Quarterly Review new series 11 (1921) 423-428.
    Malter rejetait 882 qui entrainait des conflits avec d'autres évènements de la vie de Saadia, et suspectait un lapsus calami de copiste. 882 est toutefois généralement accepté, car le fragment de la gueniza est plus proche tant dans le temps que dans l'espace, de sa mort.
  2. Élie Barnavi et al., Histoire universelle du judaïsme, le temps des ghe'onim, p.87, éd. Hachette, Paris, 1992, isbn 978-2-0123-5617-7
  3. Cette vision classique d'une importante influence de l'islam sur le karaïsme a toutefois été récemment critiquée — Meira Pollack, Medieval Karaism, dans The Oxford Handbook of Jewish Studies, 2002, pp.302-303.
  4. Salo W. Baron, "Saadia's communal activities", Saadia Anniversary Volume (1943) pp. 9-74
  5. (he) Yehouda David Eisenstein, Otzar Israël, Nathan Habavli
  6. ab Sherira's Epistle, ed. Neubauer, Medieval Jewish Chronicles I, 40
  7. Genèse 38:5, 46:12 et 1 Chroniques 4:21
  8. abc Rabbi Saadia Gaon sur chabad.org
  9. Il s'agit d'assertions répétées à plusieurs reprises par Aaron ben Meïr dans au moins deux missives à ses élèves; l'appellation de « Gentil de Dilaẓ » a également été reprise pas Aaron ibn Sarjadou - Malter, Saadia, his life and works, p. 27
  10. Steinschneider, Die Arabische Literatur der Juden, a/M 1902 §23.
  11. abc (he) Rabbenou Saadia Gaon, l'homme et son œuvre littéraire
  12. Solomon L. Skoss, Saadia, the earliest hebrew grammarian, in Proceedings of the American Academy for Jewish Research
  13. ab Henry Malter, op. cit., p. 36
  14. Dans son introduction au Sefer Yetzira, Dounash ibn Tamim fait référence à la correspondance entre Saadia et son maître, Isaac Israeli, qui s'est tenue lorsque Dounash avait environ 20 ans, et qui a eu lieu avant l'arrivée de Saadia en Babylonie[1]. Cela est également confirmé par un autre commentateur de ce même livre, Jacob ben Nissim[2].
  15. D'après une note de Juda ben Barzilaï dans son commentaire sur le Sefer Yetzira — Henry Malter, op. cit., p. 67
  16. ab Sarah Stroumsa, Saadia and Jewish Kalam, pp. 79-80
  17. abcdefghijkl Heinrich Graetz, Histoire des Juifs, troisième période, deuxième époque, chapitre premier
  18. abcde Dans les académies babyloniennes, le titre de Resh kalla (judéo-araméen: tête de l'assemblée), ou Alouf en hébreu, désigne le juge en chef, troisième en rang derrière le Gaon. Étant une distinction particulière, il était souvent octroyé à des érudits éminents non-Babyloniens, en particulier ceux de Palestine. D'autres portaient ce titre dont, un certain "Eliezer Allouf," ou "Resh Kallah," en Espagne au IXe siècle. Le titre proviendrait de aloufeinou (Ps. 144:14), « bêtes de somme, » qui, selon le Talmud (T.B. Ber. 17a), est une appellation figurative des hommes pieux et érudits dans l'assemblée d'Israël — Louis Ginzberg, Alluf
  19. Saadia signait en effet Saïd ibn Yussuf Alluf, et non Saïd Alluf. Moshe Gil y voit un indice que le titre s'appliquait en réalité à son père et non à lui-même — Moshe Gil, Jews in Islamic Countries in the Middle Ages (traduit par David Strasler), p. 350, Brill 2004, ISBN 900413882X
  20. Review: The Milḥamōth ha-Shēm of Salmon ben Jeroham by Leon Nemoy, The Jewish Quarterly Review, New Series, Vol. 28, No. 1 (Jul., 1937), pp. 91-94; consultable uniquement après payement; selon une autre légende rapportée par Nemoy, vraisemblablement inventée par des Rabbanites, Salman ben Yerouḥam aurait été un Rabbanite, devenu karaïte par suite à un conflit personnel avec son rival Saadia.
  21. Depuis Hillel II, la fixation du calendrier hébraïque est basée sur une série de règles, et non plus sur l'observation des phases lunaires ; ces règles sont rappelées dans le Mishneh Torah, Hilkhot Kiddoush HaLevana, chap. 6-10, écrit vers 1170.
  22. abcdefghij Alexander Marx, « Saadia Gaon » in Jacob Neusner, Understanding Rabbinic Judaism, from Talmudic to Modern Times, pp. 149 - 171
  23. abcde The Jewish Controversy about Calendar Postponements
  24. C'est Ben Meïr qui, le premier, diffame Saadia et sa famille, affirmant « de source sûre » que son père était muezzin au service des Mahométans, s'impurifiait en ingurgitant des abominations, jusqu'à ce qu'il soit expulsé d'Égypte, et meurt à Jaffa. Saadia riposte, en traitant Ben Meïr d'« obscurantiste » et de « maudit, » toutes deux étant des allusions satiriques au nom Meïr (« éclairant »), et ses fils de « veaux ». -- The Jewish Controversy about Calendar Postponements
  25. Isaac Broydé, Ben Meïr, dans la Jewish Encyclopedia
  26. Henry Malter, op. cit., p. 80; Remy Landau, The Meir-Saadia Calendar Controversy.
  27. ab Naomi E. Pasachoff, Great Jewish Thinkers, Their Lives and Work, p. 15, Behrman House, Inc., 1992, isbn 0874415292
  28. (he) La Yeshiva au temps des Gueonim, du Dr. Y. Horowitz, sur le site daat
  29. Solomon Schechter and Max Schloessinger, KOHEN ẒEDEḲ II. KAHANA BEN JOSEPH, Jewish Encyclopedia, 1901-1906
  30. Récit de Nathan HaBavli, inclus dans les Youḥassin d'Abraham Zacuto, section 3
  31. Iggeret de Rav Sherira Gaon, pp. 39-40 de l'édition Oxford
  32. Abraham ibn Dawd, in Medieval Jewish Chronicle i. 66
  33. Abraham Harkavy, Zikaron la-Rishonim (St. Petersburg, 1892), 5:230
  34. Ceci d'après le Sefer HaKabbala d'Ibn Dawd. Moshe Gil émet de nombreux doutes sur cette version des faits — M. Gil, Jews in Islamic countries, pp. 111 - 116
  35. Passing of R. Saadia Gaon
  36. Calculé sur le Calendrier hébraïque de chiourim.com
  37. Houshiel, dans la Jewish Encyclopedia
  38. Graetz confond toutefois Nathan HaBavli avec Nathan ben Yehiel, appelé Nathan HaBavli de Narbonne dans le Youḥassin - voir Nathan ben Isaac HaBabli
  39. Harkavy, Leben und Werke Saadia's Gaon, i. (in Studien und Mittheilungen, v.), pp. 39-59 Berlin, 1891
  40. Marc M. Cohn, Nouveau dictionnaire hébreu-français, éd. Larousse, 2001, ISBN 2-03-451212-X
  41. Richard Gottheil & Wilhelm Bacher, Hebrew grammar, dans la Jewish Encyclopedia, 1901-1906
  42. ab Notice des éditions Verdier au Commentaire du Séfer Yetzira
  43. ab Saadia ben Joseph dans la Jewish Encyclopedia
  44. Simon Szyszman, Le Karaïsme, éditions L'Âge d'Homme, Lausanne, 1980, pages 17-18.
  45. Saadia Gaon sur la Jewish Virtual Library
  46. Josy Eisenberg, Une histoire des Juifs, P. 222; Voir aussi On the attitude of posekim toward the Karaites

[modifier] Bibliographie

[modifier] Livres

  • Henry Malter, Saadia Gaon: His life and works (Morris Loeb Series, Philadelphia: Jewish Publication Society of America, 1921, dernière réédition en 2007).
  • Sylvie Anne Goldberg La Clepsydre II, Albin Michel, 2004, p. 181-195
  • Sarah Stroumsa, Saadya and Jewish kalam, in Daniel H. Frank & Oliver Leaman, The Cambridge Companion to Medieval Jewish Philosophy, 2003, pp. 71–90, Cambridge University Press, isbn 978-0521652070
  • Yaffa Ganz & Berel Wein, Sand and Stars, The Jewish Journey, pp. 94-99, Mesorah Publications 1994, Brooklyn NY, ISBN 0-89906-036-6
  • Berel Wein, Herald of Destiny: The Story of the Jews 750-1650, pp. 4-12, Shaar Press 1993, Brooklyn, NY, ISBN 0-89906-237-7
  • Erwin Isak Jakob Rosenthal, Saadya Studies, 1980 (réimpression du n° 282 des Publications of the University of Manchester, 1943, en l'honneur du millénaire du décès de Saadia).

[modifier] Articles

  • Salo W. Baron, « Saadia's communal activities, » Saadia Anniversary Volume (1943) pp. 9-74.
  • Ivry, Alfred L., The contribution of Alexander Altmann to the study of medieval Jewish philosophy, in The Leo Baeck Institute Year Book XXXIV, Arnold Paucker, London, 1989.

[modifier] Encyclopédies

[modifier] Bibliographie de la Jewish Encyclopedia
    • Rapoport, Toledot R. Sa'adyah Gaon, in Bikkure ha-'Ittim, 1828, ix. 20-37;
    • S. Munk, Notice sur R. Saadia Gaon, Paris, 1838;
    • Geiger, in Wiss. Zeit. Jüd. Theol. v. 267-316;
    • Steinschneider, Cat. Bodl. cols. 2156-2224;
    • idem, Die Arabische Litteratur der Juden, pp. 46-69 (comp. Kaufmann Gedenkbuch, pp. 144-168);
    • Grätz, Gesch. v.;
    • (he) Weiss, Dor, iv. ch. 13-16, pp. 115-143 ;
    • David Kohn, Sefer Toledot R"S. HaGaon, Cracovie, 1891;
    • M. Friedlander, "Life and works of Saadia", The Jewish Quarterly Review 5 (1893) 177-199.
    • A. Harkavy, Leben und Werke Saadia's Gaon, i. (in Studien und Mittheilungen, v.), Berlin, 1891;
    • W. Engelkemper, De Saadiœ Gaonis Vita, Bibliorum Versione, Hermeneutica, Münster, 1897. On linguistics and exegesis:Dukes, in Ewald and Dukes, Beiträge zur Geschichte der Aellesten Auslegung, ii. 5-115;
    • Bacher, Abraham ibn Esra's Einleitung zu Seinem Pentateuchcommentar, Vienna, 1876;
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    • idem, Die Bibelexegese der Jüdischen Religionsphilosophen des Mittelalters vor Maimuni, 1892, pp. 1-44;
    • idem, Leben und Werke des Abulwalid, 1885, pp. 93-97;
    • idem, in Winter and Wünsche, Die Jüdische Litteratur, ii. 138-141, 243-246;
    • M. Wolff, Zur Charakteristik der Bibelexegese Saadia's, in Stade's Zeitschrift, iv. 225, v. 15;
    • L. Bodenheimer, Das Paraphrastische der Arabischen Uebersetzung des Saadia, in Monatsschrift, iv. 23-33;
    • Schmidl, Randbemerkungen zu Saadia's Pentateuchübersetzung, ib. xlv.-xlvii.;
    • A. Merx, Die Saadjanische Uebersetzung des Hohenlieds, 1882 (comp. Loevy in Berliner's Magazin, x. 39-44; Bacher in Stade's Zeitschrift, iii. 202-211);
    • pour la Halakha: introduction au neuvième volume des Œuvres Complètes, édité sous la supervision générale de Joseph Derenbourg.
    • pour la philosophie de la religion: outre ses travaux généraux sur le sujet et ses branches spéciales, J. Guttmann, Die Religionsphilosophie des Saadia, Göttingen, 1882;
      • M. Schreiner, Der Kalam in der Jüdischen Litteratur, pp. 5-22, Berlin, 1895 (Thirteenth Report of the Lehranstalt für die Wissenschaft des Judentums);
      • D. Kaufmann, Gesch. der Attributenlehre, pp. 1-90.
    • pour la littérature polémique:
      • H. J. Bornstein, , pp. 19-189, Warsaw, 1904;
      • A. Epstein, La Querelle au Sujet du Calendrier, in R. E. J. xlii. 179-210, xliv. 220-236;
      • S. Poznanski, The Anti-Karaite Writings of Saadiah Gaon, in J. Q. R. x. 238-276;
      • idem, Saadiah and Salomon b. Jeroḥam, ib. viii. 684-691;
      • A. Harkavy, Fragments of Anti-Karaite Writings of Saadiah, ib. xiii. 655-668. On the Sefer ha-Galui: in addition to Harkavy, Studien und Mittheilungen, v., Margoliouth, Harkavy, and Bacher, in J. Q. R. xii. 502-554, 703-705;
    • Bacher, in Expository Times, xi. 563. Divers fragments de la Gueniza se référant à Saadia ont été édités par Schechter, sous le titre Saadyana, in J. Q. R. xv.-xvi., et séparément, à Cambridge, 1903 (comp. Poznanski in Steinschneider, Hebr. Bibl. vii.).
    • Poznanski, in Monatsschrift, xxxix., xli., xliv., xlvi.;
    • Harkavy, in Ha-Goren, i. 89 et seq.W. B.

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