Rabbenou Tam

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Rabbenou Yaacov ben Meïr (1100-1171), dit Rabbenou Yaakov Tam (רבנו יעקב תם) est un tossafiste et le petit-fils de Rachi.

Sommaire

[modifier] Biographie

Ne à Ramerupt, petite ville en Champagne, fils de Rabbenou Meïr ben Shmouel et de Yokheved fille de Rachi, il fut éduqué par son père, son frère aîné Samuel ben Meïr (le Rashbam), et Jacob ben Samson, tous trois élèves de Rachi. Il était sans doute trop jeune pour avoir reçu de celui-ci un enseignement direct.

Il fut néanmoins l'un des plus éminents continuateurs de son grand-père, commentant son commentaire du Talmud, dans ce qu'on nomme les Tossefot. Le nom de Rabbenou Tam apparaît dans pratiquement chaque page du Talmud, en vis-à-vis de celui de Rachi.
Son enseignement eut une profonde influence dans le domaine de la Halakhah, et notamment au sujet des Mitzvot des Téfiline et de la Mézouza :

Il arriva à Rabbénou Tam d’être en désaccord avec son grand-père Rachi, notamment concernant la position de la Mézouza sur les montants de porte, ainsi Rachi soutenait qu’elle devait être positionnée à la verticale, et Rabbénou Tam à l’horizontale ; ce qui valut à la tradition d’adopter la position inclinée afin de se conformer à l’enseignement des deux maîtres.

Il est aussi souvent cité au sujet de son opinion sur l'heure de passage du jour à la nuit.

Bien établi à Ramerupt, Rabbenou Tam possédait maisons et terres qu’il administrait en même temps qu’il menait l’étude dans sa yeshiva (école talmudique) qui fut fréquentée par plus de quatre vingt tossafistes. Comme il était d’usage, il subvenait aux besoins de ses étudiants. Il possédait de nombreux manuscrits en provenance d’Allemagne, du Nord de la France mais aussi d’Afrique du Nord et d’Espagne, qu'il corrigeait et annotait. Il possédait également des manuscrits de Rachi.

[modifier] La fin de sa vie

Un grave incident marqua la vie de Rabbénou Tam ; il fut violemment molesté dans son village par des croisés de retour vers 1140-1146. Un de ses élèves en fait le récit et rapporte que le nom du Maître était si prestigieux que les agresseurs lui dirent : "Tu es le plus grand parmi le peuple d’Israël et tu vas subir comme le plus grand des Chrétiens subit en son temps par la faute des Juifs." Il n’eut la vie sauve que par l’intervention d’un noble (Saint Bernard de Clairvaux ?) qui jura de le convertir.

En mai 1171, à Blois, un valet-servant chrétien prétendit avoir vu un Juif jeter le corps d'un enfant dans la Loire.Aucun cadavre ne fut retrouvé, mais la quarantaine de juifs résidant dans la ville furent jetés en prison. La plupart des juifs, dont Polcelina, une juive liée au comte Thibault de Champagne, à qui on offrait le choix de se faire baptiser, préféra mourir. Le 20 Siwan (26 mai) 1171, trente-huit Juifs, dont dix-sept femmes, périrent sur le bûcher. C'était là le parfait canevas de la première accusation de crime rituel en Europe occidentale. Le martyr de Blois fit une impression considérable sur les contemporains. Outre deux récits en prose des événements, des Selihot furent composées. Apprenant les tragiques événements de Blois, Rabbenu Jacob Tam déclara le jour de leur mort, jour de jeûne le 20 Siwan (26 mai) 1171. ...

[modifier] Œuvres

Outre les Tossefot qui lui sont attribuées, Rabbenou Tam a écrit des piyyoutim (poèmes liturgiques)[1] et le "Sefer ha-Yachar" (le Livre du Juste, 1149[2]), sans rapport avec le midrash homonyme.

Avec les commentaires du Talmud, Rabbénou Tam a fait ce qu’on peut appeler "le Talmud de France"

[modifier] Notes et références

  1. Rabbénou Tam correspondait en vers rimés avec Abraham ibn Ezra. Il approuva l’introduction de piyoutim dans la liturgie, car il ne les considérait pas comme des interruptions de la prière" (Dict encycl du Judaïsme, éd.Cerf).
  2. Edité à Vienne en 1811.

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