Domaine public en droit de la propriété intellectuelle français

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En droit de la propriété intellectuelle, le domaine public est un statut sous lequel sont placées les biens intellectuels (œuvres, inventions ...) pour lesquels, au terme de leur durée de protection, il n'est plus nécessaire de demander une autorisation d'exploitation quelconque. On dit alors qu'ils sont « tombés dans le domaine public » (nous devrions dire « entrés dans le domaine public » car l'entrée de biens intellectuels dans le domaine public permet à ceux-ci d'être librement diffusables, échangeables…).

Appliqué à la musique, chaque interprétation est un bien intellectuel distinct de l'oeuvre interprété.

Les inventions brevetées sont protégées durant vingt ans à compter du jour de dépôt de la demande. Les marques sont protégées pendant dix ans à compter de leur dépôt, cette période étant renouvelable indéfiniment.

Sommaire

[modifier] Entrée dans le domaine public d'une œuvre

Symbole, sans valeur juridique, utilisé pour indiquer qu'une œuvre est dans le domaine public
Symbole, sans valeur juridique, utilisé pour indiquer qu'une œuvre est dans le domaine public

[modifier] Au sein de l’Union européenne

Depuis une directive européenne du 29 octobre 1993[1], et donc dans l'ensemble des pays adhérents de l'Union, les œuvres tombent dans le domaine public soixante-dix ans après le décès de leur auteur ou, s'il s'agit d'une œuvre de collaboration, soixante-dix ans à compter du décès du dernier auteur survivant. Cette durée de protection échue et sauf prorogation, il n'est plus obligatoire de demander une autorisation aux titulaires des droits sur ces œuvres.

Restent, les droits extrapatrimoniaux qui, eux, sont perpétuels, et qui imposent de « respecter l'œuvre et d'indiquer le nom de son auteur. »

Selon cette même directive, une interprétation accède au domaine public au bout de 50 ans maximum. De très nombreux enregistrements de musique classique entrent chaque année dans le domaine public et deviennent entièrement libres de droits d'auteurs (décédés depuis plus de 70 ans) et droits voisins (enregistrés et publiés il y a plus de 50 ans), et peuvent donc être librement copiés et distribués en France sans restriction aucune. C'est déjà le cas en 2008 de nombreux enregistrements de Furtwängler, ou de Maria Callas ou encore de Toscanini.

Le 14 février 2008, le commissaire Européen Charlie McCreevy, connu notamment pour son engagement pour l'introduction des brevets logiciels en Europe, se déclare favorable devant la presse à l'écriture d'une nouvelle directive qui porterait la durée des droits sur les interprétations de 50 à 95 ans, ce qui aurait pour effet de bloquer tout accroissement du domaine public pendant les 45 ans à venir. Cette prise de position s'affiche en contre courant des principales analyses publiées sur ce sujet, notamment du rapport d'Andrew Gowers, réalisé pour le gouvernement britannique, publié en décembre 2006, qui déconseille une telle mesure, jugeant néfaste pour l'économie une extension de la durée des droits d'interprétation, qui entrainerait un gel de fait du domaine public.

[modifier] En France

L'intégralité du code de la propriété intellectuelle est disponible ici.

[modifier] Quand l’œuvre entre-t-elle dans le domaine public ?

L'article L.123-1 du Code de la propriété intellectuelle précise : « L'auteur jouit, sa vie durant, du droit exclusif d'exploiter son œuvre sous quelque forme que ce soit et d'en tirer un profit pécuniaire. Au décès de l'auteur, ce droit persiste au bénéfice de ses ayants droit pendant l'année civile en cours et les soixante-dix années qui suivent. ».

[modifier] Prorogations

Pour les œuvres musicales uniquement, s'ajoutent à ce délai des prorogations liées aux guerres mondiales. (Art. L. 123-8 et 9 du CPI)

Une autre prorogation est appliquée lorsque l'auteur est mort pour la France ; elle est d'une durée de trente ans. (Art. L. 123-10 du CPI).

Icône de détail Article détaillé : Prorogations de guerre.

[modifier] Œuvres posthumes

L'article L. 123-4 précise également : « Pour les œuvres posthumes, la durée du droit exclusif est celle prévue à l'article L. 123-1. Pour les œuvres posthumes divulguées après l'expiration de cette période, la durée du droit exclusif est de vingt-cinq années à compter du 1er janvier de l'année civile suivant celle de la publication. »

Cela concerne les œuvres littéraires et artistiques (textes, livres, musiques, dessins, peintures...) mais ni les interprétations, ni les films qui sont soumis à un régime spécial.

[modifier] Quand l’interprétation entre-t-elle dans le domaine public ?

L'interprétation d'une œuvre (par un orchestre, par exemple) appartient à ce que le Code de la propriété intellectuelle nomme les « droits voisins » (articles L 211-1 et suivants).

Sont protégées par les droits voisins :

  • L'interprétation de l’œuvre (pour les artistes interprètes),
  • La première fixation du phonogramme ou du vidéogramme (pour les producteurs de phonogrammes et de vidéogrammes),
  • La première communication au public des programmes (pour les entreprises de communication audiovisuelle).

Ces droits voisins bénéficient aux interprètes (acteurs, musiciens, chanteurs…) et aux producteurs (phonographiques, cinématographiques). Leur durée est de 50 ans à compter de l'interprétation, la première fixation de l'interprétation, la première publication de cette première fixation. Les transferts d'un même enregistrement audio ou vidéo sur d'autres supports et la restauration ou renumérisation d'un vieil enregistrement n'ouvrent pas une nouvelle période de 50 ans de droits (seules la première fixation ou sa publication comptent).


[modifier] La violation des droits voisins fait l’objet de sanctions civiles et pénales

La loi punit de 2 ans d’emprisonnement et de 152 449,02 euros d’amende toute fixation, reproduction, communication ou mise à la disposition du public, à titre onéreux ou gratuit, ou toute télédiffusion d’une prestation, d’un phonogramme, d’un vidéogramme ou d’un programme, sans l’autorisation, lorsqu’elle est exigée, du titulaire des droits (CPI, art, L.335-4). L’importation ou l’exportation de phonogrammes ou de vidéogrammes réalisées sans l’autorisation du titulaire des droits est puni des mêmes peines (CPI, art, L.335-4).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

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[modifier] Notes et références

  1. Directive 93/98, 29 octobre 1993, relative à l'harmonisation de la durée de protection du droit d'auteur et de certains droits voisins.