Mouvement étudiant

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Assemblée générale d'un mouvement étudiant (contre le CPE en 2006, à Bordeaux)
Assemblée générale d'un mouvement étudiant (contre le CPE en 2006, à Bordeaux)

Un mouvement étudiant est un mouvement de contestation prenant sa source dans les universités.

Sommaire

[modifier] Origines

Les mouvements étudiants sont aussi vieux que l'université. On peut en retrouver la trace dès le XVe siècle. Ainsi, par exemple, la Sorbonne connaît neuf mois de grèves entre 1443 et 1445, pour la défense de ses exemptions fiscales. De septembre 1444 à mars 1445, l'université est en grève pendant six mois consécutifs. Des émeutes éclatent en 1446 contre la suppression de l'autonomie judicaire et la soumission de l'université à l'autorité du Parlement de Paris. La Sorbonne se met aussi régulièrement en grève lorsqu'un étudiant est arrêté par la police. En 1453, l'université se met en grève suite à la mort de Raymond de Mauregart, un étudiant tué par les sergents du Châtelet.

[modifier] Les mouvements étudiants au XXe siècle

Au XXe siècle, la contestation étudiante peut se manifester contre une loi ou des réformes le concernant (plan Saunier-Seité en 1976, contre le CIP en 1994, etc.) ou pour réclamer un avantage (allocation d'études, de meilleurs moyens pour les établissements d'enseignement, etc.) ou pour des motifs politiques ne concernant pas spécifiquement les étudiants (mai 68, etc.). La grande sensibilité de la population étudiante et lycéenne en fait une catégorie attentivement surveillée par les pouvoirs politiques. Si le contrecoup de mai 68 a profité au pouvoir en place, le mouvement de 1986 a largement condamné les chances de Jacques Chirac à l’élection présidentielle de 1988.

Comme dans la plupart des pays, en France, le mouvement étudiant le plus important par son ampleur est celui de mai 1968. Il démarre à partir de l'université de Nanterre avec le Mouvement du 22-Mars, constitué de militants maoïstes, trotskystes, et anarchistes. Le mouvement de mai 1968 aboutit en France à une grève générale de plusieurs semaines qui paralyse le pays et dépasse largement le mouvement étudiant. Par de nombreux aspects, ce mouvement prend une forme révolutionnaire à caractère situationniste. Quatre manifestants dont deux ouvriers et un lycéen sont morts au cours des affrontements de mai-juin 1968.

Mais la plus longue grève étudiante qui se soit déroulée en France au XXe siècle est sans doute celle de 1976, qui dure trois mois, de mars à mai, soit quasiment la moitié de l'année universitaire. Cette grève a alors pour but d'empêcher la réforme du second cycle qui crée de nouvelles filières et est interprétée par les étudiants comme une tentative de professionaliser l'université et d'accroître la sélection. Ce mouvement sera pour l'essentiel dirigé par La Ligue Communiste révolutionnaire par l'entremise de son dirigeant étudiant de l'époque, Dominique Losay. Il verra également l'émergence de futurs cadres politiques comme Jean-Christophe Cambadélis (alors à l'OCI), Julien Dray (LCR), Jean-Luc Mano (UEC). Lorsque le gouvernement de Pierre Mauroy supprime finalement la sélection à l'entrée de l'université en 1983, ce sont les étudiants de droite et d'extrême-droite qui mobilisent au mois de mai les universités les plus élitistes durant deux semaines.

Trois ans plus tard, le gouvernement de Jacques Chirac tente de rétablir à son tour la sélection à l'entrée des universités mais cette fois-ci, ce sont des centaines de milliers d'étudiants qui descendent dans la rue. Comme dans les années précédentes, les manifestations sont assez violentes mais cette fois-ci un étudiant, Malik Oussekine, meurt sous les coups des policiers. Le ministre de l'Éducation nationale, Alain Devaquet, est alors contraint de démissionner et la réforme est abandonnée.

Les étudiants se sont à nouveau mobilisés à partir de 1994 avec le retour de la droite au pouvoir : lutte contre le CIP (Contrat d'Insertion Professionnelle) qualifié de SMIC-jeunes et prévoyant des contrats rémunérés à 80 % du SMIC pour les moins de 25 ans (mars 1994), puis grève de novembre-décembre 1995 contre les restrictions budgétaires. Les étudiants se sont aussi particulièrement mobilisés contre le Front national durant l'entre-deux tours de l’élection présidentielle de 2002.

[modifier] Chronologie des mouvements étudiants depuis 1945 en France

Adapté des Bases fondamentales du syndicalisme étudiant :

  • 1945 : décret instaurant la participation des étudiants élus aux conseils d’Université (4 % des élus). En effet, beaucoup d'étudiants avaient participé à la résistance, et conservaient encore des armes et la volonté de s'en servir.
  • 1947 : projet d’augmentation des droits d’inscription et de réduction des bourses. Grève nationale pour les bourses et contre les droits d’inscription.
  • 1948 : sécurité sociale étudiante. Création de la Mutuelle Nationale des Etudiants de France
  • 1951 : projet d’allocation d’études soumis au Parlement. Mobilisation pour la défense des crédits de la sécurité sociale étudiante.
  • 1953 : mise en route du plan Le Gorgeu (constructions universitaires). Mobilisation pour réclamer des aides étudiantes plus importantes.
  • 1954 : grève contre les crédits budgétaires insuffisants.
  • 1956 : grève nationale du « déjeuner » contre l’insuffisance de participation de l’État dans la prise en charge des repas.
  • 1957 : grève nationale et manifestation à Paris pour réclamer l’allocation d’études.
  • 1958 : mobilisation pour des locaux et les bourses.
  • 1958-1961 : manifestations et affrontements pour s’opposer à la Guerre d'Algérie.
  • 1961 : mesures gouvernementales contre l’UNEF (suppression de la subvention).
  • mars 1961 : grève nationale et manifestation pour obtenir les sursis étudiants au service militaire.
  • 1962 : réforme des facultés de médecine, droit, pharmacie et sciences (spécialisation des études).
  • 1963 : réforme Fouchet visant à distinguer un cursus long d’un cursus court (mesures sélectives draconiennes). Grève contre le plan Fouchet. Grève des loyers des Cités-U.
  • 1964 : refus du gouvernement de supprimer la réforme Fouchet. Le gouvernement supprime 4 sièges à l’UNEF au conseil des Œuvres universitaires.
  • 1965 : restauration de la subvention de l’UNEF. Grèves et manifestations pour l’allocation d’études.
  • juin 1966 : fausse annonce du retrait des mesures sélectives du plan Fouchet.
  • novembre 1966 : application de la première tranche du plan Fouchet (mise en place du premier cycle et création des IUT).
  • 1965-1968 : mouvement national des étudiants dans les Cités-U et contre la guerre du Viêt Nam. Grèves contre le plan Fouchet.
  • octobre 1967 : mise en place du deuxième cycle prévu par le plan Fouchet. Grande manifestation contre le plan Fouchet.
  • 1968 : plan Edgar Faure (autonomie universitaire renforcée, début du désengagement de l’État).
  • 1968 : Mouvement du 22-Mars
  • 1968 : Grève générale nationale contre la répression le 6 mai.
  • 1970 : juin, loi Marcellin dite "loi anticasseurs" (supprimée en juin 1981), la loi faisait de chaque participant à une manifestation illégale un coupable.
  • 1970 : importants mouvements gauchistes dans les facs, Poitiers et Nanterre seront bloquées, des émeutes étudiantes auront même lieues à Poitiers.
  • 1973 : loi Debré (suppression et réduction des sursis militaires) : instauration des DEUG. Mobilisation contre la loi Debré, contre la sélection entre 1° et 2° année du DEUG
  • 1975 : création des MST puis des MSG et MIAGE (deuxième cycle sélectif).
  • 1976 : plan Saunier-Seité introduisant une réforme générale du deuxième cycle avec la licence et la maîtrise. Grande grève contre le plan Saunier-Seité. Le gouvernement reçoit les syndicats mais refuse de recevoir la coordination nationale.
  • 1979 : réforme Veil sur les études médicales (instauration du numerus clausus). Manifestations des étudiants en médecine contre la loi Veil.
  • 1980 : « carte universitaire » visant à organiser la répartition des moyens entre universités et à limiter la création des filières. Manifestations contre la carte universitaire. Manifestations au mois de mai pour la défense des étudiants étrangers contre le décret Imbert. Le 13 mai, un émeutier de Jussieu, Alain Bégrand, se tue en tentant d'échapper à la charge des CRS sur le parvis de l'université. Le lendemain, les universités sont en grève. L'université de Jussieu sera alors occupée jusqu'à la fin de l'année.
  • Mai 1983 : réforme Savary supprimant la sélection à l'entrée de l'université. Réforme des premiers cycles et premières expériences de contractualisation État/Université. Émeutes et grève organisées par l'extrême-droite dans les universités les plus élitistes : la presse parle alors d'un « Mai 68 à l'envers ».
  • 1986 : projet Devaquet de rétablissement de la sélection entre les bacheliers (avec une hausse des droits d’inscription et une plus grande autonomie financière des universités). Manifestations et grève générale contre le projet Devaquet (départ : Paris XIII-Villetaneuse et Amiens). Un manifestant (Malik Oussekine) est tué au cours de la répression d'une manifestation. Retrait de la réforme Devaquet.
  • nov-dec 1987 : grèves contre les conditions budgétaires de rentrée.
  • 1989 : loi d’orientation Jospin. Distribution des crédits et des moyens aux organisations élues au CNESER en fonction des résultats électoraux.
  • 1990 : plan « université 2000 » de Jospin.
  • 1991 : mobilisation monstre contre la réforme Jospin. Abrogation de la réforme Jospin.
  • 1992 : réforme des premiers cycles, le ministre Lang fait passer la réforme Jospin sous la forme d'un décret.
  • Mars 1994 : « Contrat d’insertion professionnelle » (CIP, dit SMIC jeune) donnant possibilité de rémunérer les jeunes diplômés sous le SMIC (plan Giraud). Mobilisations et grèves contre le CIP. Tous les jeunes rejoignent le mouvement (lycéens, chômeurs, et travailleurs précaires). Abrogation du CIP.

[modifier] 1995

Icône de détail Article détaillé : Grèves de 1995 en France.

Rapport Laurent et circulaire Bardet (projet de remplacer les bourses par des prêts bancaires). Manifestations et grèves contre le rapport Laurent et la circulaire Bardet : le gouvernement recule face à la mobilisation.

Grève générale pour des moyens d'octobre/novembre 1995 (départ : Rouen et Metz), qui embraye contre le plan Juppé de réforme de la Sécurité sociale. Les universités sont occupées. En province, les manifestations tournent généralement à l'émeute. À Paris, l'UNEF-ID quitte la Coordination nationale étudiante. La Coordination nationale étudiante vote une motion affirmant que "pour changer l'université, il faut changer la société". Elle se prononce également pour la levée du plan Vigipirate. Le mouvement aboutit au mois de décembre à une grève générale des fonctionnaires qui dure trois semaines. Le gouvernement d'Alain Juppé est contraint d'abandonner la réforme du régime des retraites mais refuse de céder sur la Sécurité Sociale.

Création de SUD Étudiant suite à ce mouvement.

[modifier] 1996

États Généraux de l’Université. Rapport Fauroux. Réforme Bayrou de l’Université conservée par le ministre socialiste Allègre.

[modifier] 1997

L’arrêté Bayrou paraît au Journal Officiel.

[modifier] 1998

  • nov-déc 1998 : une dizaine d’universités se mettent en grève contre le plan U3M et la réforme Allègre de l’enseignement supérieur (départ : Montpellier et Toulouse). L’université de Caen reprend la revendication de l’abrogation de la réforme Bayrou.

[modifier] 1999

Mouvement local à l'université de Nantes, le blocage total des locaux de l'ensemble Lettres et sciences humaines pendant 13 jours (du 28 avril au 10 mai) et ce à quelques jours des examens permet de sauver la filière histoire de l'art d'une disparition complète. Le mouvement ayant commencé le 12 février.

[modifier] 2001

Mars 2001 : grèves et mouvements pour plus de moyens et contre la logique de privatisation (départ : Montpellier et Metz)

Vendredi 23: manifestation nationale devant le ministère de l'éducation nationale, sont présents des délégations des 4 universités en Grève, Le Havre, Nantes, Montpellier III et Metz ainsi qu'une bonne délégation des universités Parisiennes.

[modifier] 2002

Octobre-décembre 2002 : AG et mobilisations contre la réforme LMD-ECTS. Près d’une dizaine de CA sont bloqués par les étudiants, grèves dans 4 universités (départ : Toulouse). Novembre-Décembre 2002 : AG et mobilisations contre la disparition de 5000 postes de MI/SE, puis contre la disparition du statut et son remplacement par celui d'Assistant d'éducation. Plusieurs académies sont en grève reconductible, Caen, Rennes, Nantes, Toulouse....

[modifier] 2003

  • 6 Février: Manifestation Nationale à Paris des MI/SE et des Emplois Jeunes, coordination nationale à La Bourse du Travail.
  • printemps 2003 : participation au mouvement de défense des retraites et contre la décentralisation. Grèves contre le renforcement des l'autonomie des universités. Plusieurs Universités (Perpignan, Toulouse, Paris 4...) bloqueront leurs locaux dans ce cadre et repousseront ainsi les examens donnant une grande publicité médiatique au mouvement, au moment ou la grève des enseignants laissent planer des doutes sur le bac.
  • novembre-décembre 2003 : grèves contre la réforme LMD-ECTS, plus de 10 facs en grève et une trentaine « mobilisées ». Jusqu’à 30 000 étudiants dans la rue, le 27 novembre 2003 (départ : Rennes). Voir Mouvement étudiant contre la réforme LMD (novembre-décembre 2003).

[modifier] 2004

  • Mars : mobilisation à l'université de Nanterre contre la politique sécuritaire de l'université : vidéo-surveillance, cloisonnement des bâtiments, création d'un groupe de vigiles, et suppression de la franchise universitaire qui interdisait à la police de pénétrer sur le campus. Le 16 mars, des étudiants abattent le mur du bâtiment D, qui est reconstruit quelques jours plus tard.
  • 1er novembre : des étudiants occupent une résidence universitaire de Nanterre pour faire face aux menaces d'expulsion du CROUS.
  • 2 novembre : une seconde tentative pour abattre le mur du bâtiment D de l'université de Nanterre entraîne l'incarcération durant trois semaines d'un étudiant de la Sorbonne.

[modifier] 2006

  • Février à avril : Manifestations lycéennes et étudiantes, une soixantaine d'universités en grève (souvent avec piquets de grève) pour le retrait du Contrat première embauche (CPE), l'abrogation du CNE, l'augmentation du nombre de postes au CAPES. Voir aussi : Chronologie des événements autour du CPE et Mouvement anti-CPE.

[modifier] 2007

[modifier] Chronologie des mouvements étudiants dans le monde depuis 1967

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes