Otpor

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Le mouvement Otpor, en serbe cyrillique Отпор (« Résistance »), est une organisation politique, généralement considérée comme l'un des acteurs majeurs de la chute du régime de Slobodan Milošević.

Sommaire

[modifier] Organisation

Alors que la classe politique serbe était fortement discréditée ou en exil, le mouvement Otpor s'est principalement développé en dehors des structures de l'opposition traditionnelle, sous l'impulsion de jeunes étudiants en premier cycle universitaire.

[modifier] Programme

Le premier objectif était bien entendu le renversement de Slobodan Milošević. Il aspirait par la suite rapprocher la Serbie des standards occidentaux en matière de respect des droits de l'homme et des libertés civiles, d'économie de marché, d'institutions démocratiques. Il s'agissait enfin de sortir le pays de son isolement, de lutter contre la corruption, et de privatiser l'économie «sur une base équitable».

[modifier] Techniques

L'organisation du mouvement était caractérisée par une structure hiérarchique relativement plane. Cette structure était un moyen de défense contre la répression: pour limiter l'impact de l'arrestation des cadres. C'était aussi une application de l'idéologie de résistance individuelle non violente véhiculée par Otpor (voir également conflit non-violent).

Avant la chute de Milošević, il avait lancé deux campagnes simultanées :

  • « Gotov je » (« Il est fini! ») pour dénoncer le régime à l'aide de slogans bombés sur les murs des grandes villes de Serbie et de marches de protestation.
  • « Il est temps » pour convaincre les gens de voter en organisant des rencontres culturelles, des meetings et en organisant des manifestations de soutien à l'étranger.

[modifier] Symbole

Le logo du mouvement, le poing fermé sur fond noir, est une parodie du symbole bolchevique utilisé par le régime.

[modifier] Histoire du mouvement

[modifier] Formation

En décembre 1989 Slobodan Milošević est élu à la présidence de la Serbie.

En 1996 et 1997, des manifestations contre les fraudes électorales du régime échouent à cause des divisions de l'opposition. La répression du régime contre la liberté d'opinion s'accentue, notamment dans le milieu étudiant.

En septembre 1998 onze organisations estudiantines rédigent la Déclaration pour l'avenir de la Serbie: départ de Milošević, l'organisation d'élections libres et rétablissement des libertés civiles en constituent les fondements.

En octobre 1998, des étudiants de l’université de Belgrade exigent la démission du doyen, accusé d'être le relais de la politique répressive du régime. Le mouvement Otpor acquiert sa première visibilité politique après l'arrestation de quatre militants pour avoir peint des poings noirs sur des murs d'immeubles. Après trois mois de manifestations le doyen est cependant révoqué, le mouvement se diffuse progressivement dans le reste du pays. Fin 1999 il compte 4 000 adhérents.

Début 2000 de nombreux jeunes Serbes se rendent en Hongrie, officiellement pour visiter le monastère de Sent Andrej. En fait, ils ont rendez-vous à l'hôtel Hilton de Budapest pour suivre, avec Robert Helvey, une formation aux techniques de résistance non-violente de Gene Sharp. Il entrent également en contact avec des militants Polonais de Solidarność et des Slovaques de OK'98.

[modifier] Chute de Milošević

Les semaines précèdant le scrutin du 24 septembre 2000, la répression à l’égard du mouvement s'accentue: perquisitions et interpellations se succèdent. Le mouvement Otpor comptait alors environ 35 000 membres.

Le mouvement contribue à créer une coalition de dix-huit partis au sein de l'Opposition Démocratique (DOS), représentée par le nationaliste modéré Vojislav Koštunica. Celui-ci mène une campagne à la fois contre Milošević et contre l’OTAN, détesté après les bombardements consécutifs à la crise du Kosovo.

Les résultats lui étant défavorables, Slobodan Milošević annule les élections. Une grève générale paralyse alors le pays. Le 5 octobre 2000, les militants d’Otpor participent massivement à la «Marche sur Belgrade» qui mobilise 700 000 personnes. Le 6, Vojislav Kostunica est élu à la présidence de la République.

[modifier] Le parti politique

Après la chute de Milošević, le mouvement est resté constitué avec l'objectif de prévenir la corruption. Il réduit cependant fortement son activité et de nombreux Serbes se désolidarisent progressivement du mouvement. Otpor tente par la suite de se convertir en parti politique. Avec seulement 1,6% des voix aux élections législatives de 2003, il n'obtient aucun mandat parlementaire.

Otpor fusionne alors avec le Parti démocratique (DS) du président Boris Tadic. Certains militants s'éloignent alors d'Otpor et fondent l'ONG « Centre pour la résistance non-violente » destinée à exporter les techniques de contestations du mouvement.

[modifier] Action internationale

Cette ONG organise des séminaires de formation à la lutte contre les fraudes électorales dans d'anciens satellites soviétique. Leur objectif est de faire partager leur expérience pour organiser des mouvements de protestation non violente. Son influence sur le mouvement Kmara, lui même fortement impliqué dans larévolution des Roses en Géorgie, est avérée.

En Ukraine elle aurait assisté l'organisation Pora qui a été très active durant la révolution orange de décembre 2004. Les liens entre les deux organisations remonteraient à mars 2003. En avril 2004 dix-huit membres de Pora on assisté à un séminaire à Novi Sad, au nord de la Serbie. Un membre du « Centre pour la résistance non-violente », Aleksandar Maric a été expulsé d'Ukraine peu avant les élections.

L'ONG est également en relation avec MJAFT! en Albanie. Elle collabore enfin avec Zubr en Biélorussie, qui a tenté en 2001, 2004 et 2006 de mettre fin au régime autoritaire d'Aliaksandr Loukachenka.

[modifier] Controverses

Les partisans du régime de Milošević ont dénoncé Otpor comme étant une organisation insurrectionnelle d'extrême droite visant à déstabiliser le pays pour le compte de puissances étrangères.

L'organisation n'a jamais caché qu'une part non négligeable de ses financements vient de l'occident. Historiquement, les États-Unis ont été les premiers à répondre favorablement aux demandes de fonds. Il n'est donc pas étonnant qu'au fil des différentes crises, les régimes mis en cause aient reproché aux organisations affiliées au « Centre pour la résistance non-violente » de n'être que des émanation des services secrets des États-Unis.

Robert Helvey a ainsi été mandaté par l'Institut international républicain (IRI) qui ne serait qu'une façade de la CIA. De même l'ONG américaine Freedom House a engagé deux cadres du « Centre pour la résistance non-violente », Aleksandar Maric et Stanko Lazendic, comme conseillers en Ukraine. Cette ONG a pour objectif d'exporter les valeurs américaines et son président actuel James Woolsey a été directeur de la CIA de 1993 à 1995.

[modifier] Voir aussi