Ligne de Petite Ceinture

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Ligne de Petite Ceinture
Entre Maraîchers et Gambetta, Paris XXe arrondissement
Entre Maraîchers et Gambetta, Paris XXe arrondissement
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Longueur : 32 km
Mise en service : 1852-1869
Écartement : standard
Nombre de voies : 2 voies
Pente maximale : {{{pente maximale}}} ‰
Propriétaire : RFF
Exploitant : SNCF
Électrification : non, sauf 1500 V continu de H. Martin aux Épinettes (RER C)
Signalisation : non sauf BAL de H. Martin aux Épinettes
Types de trafic : aucun sauf de H. Martin aux Épinettes (RER C)
Lignes affluentes : Ligne d'Auteuil, Racc. de Boulainvilliers et VMI, St Lazare gr. II, III, IV, V, VI, Paris - Lille, Paris - Strasbourg, ligne de Vincennes, Paris - Lyon - Marseille, Paris - Bordeaux, ligne de Sceaux, Paris - Brest, ligne des Invalides
Principales gares : {{{gares}}}
Paris 1898Petite Ceinture (violet)
Paris 1898
Petite Ceinture (violet)
Vue des voies de la Petite Ceinture dans le 13e arrondissement, près de Maison Blanche.
Vue des voies de la Petite Ceinture dans le 13e arrondissement, près de Maison Blanche.

La ligne de Petite Ceinture est une ancienne ligne de chemin de fer à double voie qui faisait le tour de Paris à l'intérieur des boulevards des Maréchaux. Mise en service en 1862, elle est aujourd'hui en grande partie inutilisée et amputée d'une partie de sa longueur.

Sommaire

[modifier] Histoire

Vers le milieu du XIXe siècle, la construction des premières radiales ferroviaires françaises au départ de Paris est réalisée sans aucun plan d'ensemble visant à raccorder les gares terminales des différentes compagnies. Durant une dizaine d'années, celles-ci ont pu établir à leur guise leur propre gare sur des terrains périphériques encore quasiment vierges de bâtiments :

Cette situation anarchique fait de la capitale un point de rupture de charge obligatoire, les échanges des voyageurs et des marchandises entre les sept terminus parisiens s'effectuant tant bien que mal par une voirie urbaine au tracé encore incomplet.

Par ailleurs, la ville de Paris se dote à partir de 1841 de fortifications pour protéger ses nouvelles limites ; il s'avère nécessaire de pouvoir les approvisionner depuis l'intérieur de la ville fortifiée, que ce soit en soldats, en ravitaillements ou en armements.

Les compagnies étant réticentes à réaliser un système d'échange entre elles, c'est le gouvernement qui s'intéresse au raccordement des gares de Paris par une ligne circulaire dont le tracé s'inscrit dans la nouvelle enceinte fortifiée et dont le chantier procure du travail aux chômeurs de la ville. Cette ligne de « ceinture » est construite aux frais de l'État, qui contribue pour quatre millions de francs au projet, avec une contribution forfaitaire d'un million de francs pour les cinq compagnies concernées (de Rouen, d'Orléans, de Strasbourg, du Nord et de Lyon[1]), qui doivent en outre se réunir en syndicat pour l'exploitation commune de la jonction. Le prolongement du chemin de fer de ceinture sur la rive gauche de la Seine entre Auteuil et le gare d'Orléans est déclaré d'utilité publique par décret le 14 juin 1861, pour un coût de vingt-deux millions de francs[2].

À l'origine, cette ligne de 32 kilomètres de long a un double intérêt : relier entre elles les lignes radiales qui partent des grandes gares parisiennes et permettre les échanges de fret entre les réseaux, et desservir les fortifications de Paris par l'intérieur pour des raisons stratégiques. La ligne de Petite Ceinture court donc le long des boulevards des Maréchaux, soit sur des viaducs, soit en tranchée, parfois dans des tunnels.

La première section de la Ceinture est mise en service le 11 décembre 1852 des Batignolles jusqu'aux voies de la compagnie du Nord, à La Chapelle, puis les mises en service se succèdent : 25 mars 1854 , de La Chapelle à Bercy, le 2 mai 1854 pour la ligne d'Auteuil, le 25 février 1867[3] le chemin de fer de Rive Gauche (Auteuil à Ivry, via Grenelle), puis l'embranchement du Champ de Mars. Le dernier tronçon de la ligne est livré le 25 mars 1869, un raccordement direct entre Clichy (ceinture rive droite) et Courcelles (ligne d'Auteuil).

La nouvelle ligne est rapidement utile : durant la guerre de 1870, elle sert à transporter huit cent mille hommes de troupe du 16 juillet 1870 au 17 mars 1871[4]. Toutefois, la guerre met en évidence la capacité insuffisante de la ligne, ce qui aboutit à la création de la Grande Ceinture, qui ouvre en 1877, amenant à la réduction progressive du trafic de fret en transit, et libérant des sillons pour le service voyageur.

Il faut noter que, rive droite, la ligne avait d'abord été construite à niveau. Les passages à niveau sont supprimés pour l'Exposition universelle de 1889, par relèvement de la plate-forme d'environ cinq mètres, à l'est, notamment cours de Vincennes, et abaissement de la plate-forme sur six à sept mètres, au nord. Il convient de rappeler que ceci avait été fait dans le but de faciliter la circulation aux carrefours.

Un rapport est transmis au Conseil municipal de Paris le 7 juin 1931 : il conclut à la fermeture de la ligne au trafic voyageurs. Son auteur, Georges Prade, précise qu'au plus haut de l'activité de la ligne dans les années 1890-1900, le trafic voyageurs n'a jamais représenté plus de 10 % du total des transports urbains de Paris intra-muros, et qu'en 1930, il dépasse à peine les 1 %. La suppression des trains de voyageurs est alors décidée : elle est effective le 1er avril 1934. Le 16 juillet suivant, la ligne d'autobus de petite ceinture remplace le service ferroviaire[5].

[modifier] Trafic

Horaires de la Petite Ceinture en mai 1914Cliquez sur l'image pour l'agrandir
Horaires de la Petite Ceinture en mai 1914
Cliquez sur l'image pour l'agrandir
Intermodalité au début du XXe siècle : La station Passy et le tramway à vapeur pour l'Hôtel de Ville
Intermodalité au début du XXe siècle : La station Passy et le tramway à vapeur pour l'Hôtel de Ville

En 1855, la Ceinture (Rive droite) transporte 780 000 t de fret, dont 20 000 t en trafic local et le reste en transit entre les grands réseaux.

Le trafic voyageur commence le 14 juillet 1862 entre Batignoles-Clichy et La Rapée-Bercy, puis, progressivement, il concerne toute la ligne. Le trafic voyageurs passe de 5 millions en 1878 à 39 millions en 1900, année record liée à l'exposition universelle. Après cette date, le trafic voyageur baisse avec l'ouverture progressive du métro par la CMP et le Nord-Sud, malgré une améloration lors de la desserte de l'exposition coloniale de 1931 par la station Claude Decaen.

Après plusieurs tentatives infructueuses pour céder la ligne à la CMP, le Syndicat de la Ceinture, confronté à d'importantes difficultés financières, obtient de l'État l'autorisation de supprimer le service voyageur le 22 juillet 1934.

La STCRP, ancêtre de la RATP, met immédiatement en service une ligne de bus, la ligne PC (aujourd'hui PC1, PC2 et PC3, et T3).

La partie ouest, entre Pont-Cardinet et Auteuil, connue sous le nom de ligne d'Auteuil, est exploitée jusqu'en 1985, date de début des travaux de la branche nord du RER C, mise en service en 1988. le raccordement entre Pont-Cardinet et Pereire n'est pas intégré à la ligne C ; il est exploité jusqu'en juillet 1996 en navette, remplacée depuis par des bus.

Le viaduc d'Auteuil reliant le boulevard Victor dans le 15e arrondissement à la porte d'Auteuil dans le 16e et qui franchissait la Seine a été démoli en 1958, supprimant la connexion entre l'Ouest et le Sud du réseau.

À partir de 1934, la ligne de petite ceinture n'est plus utilisée que par des trains de marchandises. Au sud, elle dessert les usines Citroën de Grenelle (aujourd'hui parc André-Citroën) jusqu'en 1976, les abattoirs de Vaugirard (actuellement parc Georges-Brassens) jusqu'en 1979 et la Gare de Paris-Gobelins (sous le quartier des Olympiades dans le 13e arrondissement) jusqu'en 1991. Au nord et à l'est, les lignes sont utilisées pour les transfert de trains entre gares jusqu'à la fin des années 1980. Le trafic de trains de marchandises se poursuit jusqu'au début des années 1990.

[modifier] Gares

Dans le sens des aiguilles d’une montre, on trouve en commençant à l’ouest :

  • Auteuil-Boulogne
  • Passy-la-Muette
  • Avenue Henri Martin (aujourd'hui RER C)
  • Avenue du Bois-de-Boulogne (aujourd'hui RER C)
  • Neuilly-Maillot (aujourd'hui RER C)
  • Courcelles-Levallois (aujourd'hui RER C)
  • Avenue de Clichy (aujourd'hui RER C)
  • Avenue de Saint-Ouen
  • Boulevard Ornano
  • La Chapelle-Saint-Denis
  • L’Évangile (anciennement Gare de la Chapelle), ancienne petite gare de triage
  • Est-Ceinture (halte)
  • Pont de Flandres
  • Belleville-Villette, également gare de marchandises
  • Ménilmontant
  • Charonne, actuellement salle de concerts et multimédia
  • Rue d’Avron
  • Avenue de Vincennes
  • Bel-Air Ceinture
  • Rue Claude Decaen
  • Bercy-Ceinture
  • La Rapée-Bercy, ancienne petite gare de triage
  • Orléans-Ceinture
  • Les Gobelins, gare de marchandises reliée à la Petite Ceinture, ouverte le 15 mai 1903 en bordure de la rue de Tolbiac.
  • Maison Blanche
  • La Glacière-Gentilly, gare de marchandises
  • Parc de Montsouris
  • Montrouge
  • Ouest Ceinture
  • Abattoirs de Vaugirard, uniquement pour le bétail
  • Vaugirard Ceinture
  • Point-du-Jour

[modifier] Situation actuelle

La station de Courcelles-Levallois (aujourd'hui desservie par le RER C)
La station de Courcelles-Levallois (aujourd'hui desservie par le RER C)

La ligne de petite ceinture consiste actuellement en 23 kilomètres de voies ferrées entre la porte de Clichy au nord et le boulevard Victor au sud, en passant par l'Est de Paris. La partie Ouest a été totalement déferrée et devrait faire prochainement l'objet d'une convention d'utilisation entre le propriétaire (RFF) et la Ville de Paris. La ligne est par ailleurs interrompue à la hauteur des travaux de l'avenue de France (13e arrondissement) depuis des années. Le raccordement du boulevard Victor – également connu sous le nom de « point X » – a été coupé pendant quelques mois pour remise à niveau technique et est rouvert depuis début 2007 pour donner accès à la base arrière de travaux pour l'extension de la ligne de tramway T2 vers Porte de Versailles (qui empruntera un itinéraire le long du périphérique). La voie intérieure est également coupée sur quelques mètres sous la rue Manin, pour faire place à l'ancrage d'un poteau de soutènement de cette rue.

Aujourd'hui, la ligne de la Petite Ceinture est laissée à l'abandon sur la majorité de son parcours. Certains ouvrages d'art de la petite ceinture sont cependant entretenus ou améliorés. Ainsi, courant 2006, le pont au-dessus de l'avenue de Flandre a été élargi. L'exploitant (SNCF) a réalisé en 2007 une étude portant sur les parties Est et Nord, visant à déterminer l'état des infrastructures afin d'établir des estimations chiffrées de remise en état partiel.

Certaines sections de la petite ceinture servent de dépotoir, au grand dam des riverains respectueux de leur environnement. On peut y observer de nombreuses variétés de plantes et d'arbres, et même plus de 1 500 chauve-souris de l'espèce pipistrelle, dans un tunnel près de la porte de Vanves (concentration considérée comme la plus grande colonie d'Île-de-France).

[modifier] Accès aux piétons

L'accès des piétons à la petite ceinture est strictement interdit (Art. 5 du décret du 22 mars 1942, modifié par le décret 69-601 du 10 juin 1969 - J.O. du 23 août 1942) et la plupart des accès sont grillagés ou murés, ce qui n'empêche pas certains promeneurs de s'y retrouver régulièrement. La section comprise entre la gare d'Auteuil et la gare de la Muette est cependant ouverte au public.

[modifier] Avenir

Plusieurs projets ont été évoqués pour une réutilisation de la ligne de petite ceinture :

  • Une ligne de métro, de tramway, de tram-train ou ligne de transport de marchandises : une partie de la petite ceinture est déferrée à l'ouest. La ligne de tramway 3 a été mise en service sur les boulevards des maréchaux rive gauche. Également, le prolongement du tramway 2 à la Porte de Versailles a démarré sur un itinéraire n'empruntant pas la petite ceinture. Celle-ci pourrait certes être utilisée pour le prolongement au nord du tramway 3, qui pourrait sans difficulté circuler sur l'emprise de la ligne. Elle devrait néanmoins être partiellement reconstruite pour l'occasion, comme ce fut le cas pour les lignes 2 4, mais il semble que la Ville de Paris et le STIF militent pour que ce prolongement utilise lui aussi les boulevards des Maréchaux et sorte du territoire parisien à Pantin pour en desservir les Grands Moulins.
  • Une promenade plantée : sur le modèle de la coulée verte, elle reprendrait le tracé de l'ancienne ligne de la Bastille. C'est la direction prise par la Mairie de Paris. Ce dossier a fait l'objet de discussions entre RFF (propriétaire des emprises) et la Ville de Paris ; le protocole d'accord qui en découle a été accepté par le Conseil de Paris au printemps 2006[6]. Il est également inscrit dans le Plan de Déplacement de Paris adopté en Février 2006. Les opposants à ce projet rappellent que le site de la ligne, souvent en viaducs ou en tranchée ne la rend pas très facile d'accès. Par ailleurs, plusieurs tunnels, long parfois de plus d'un kilomètre, comme celui du Parc Montsouris, ne rendent pas ces parties de l'ouvrage très attractives.
  • Une piste cyclable : une association[7] soutient l'idée de transformer la ligne en piste cyclable autour de Paris. Cette piste en site propre présenterait l'avantage d'être sécurisée par rapport aux voitures et ne dérangerait pas les piétons, et par ailleurs les faibles déclivités sont idéales pour circuler dans Paris. Des ascenseurs à vélos pourraient être installés dans les zones trop profondes pour y construire des rampes d'accès. Les anciennes gares seraient reconverties en stations Vélib'.
  • Une ligne touristique de vélos-rail : il semble que les services d'Yves Contassot réfléchissent - en complément de la promenade plantée - à ce type d'utilisation ludique de la plate-forme[8].
  • Un parcours hippique : une étudiante de l’École Spéciale d’Architecture, Sophie Goulas, a même imaginé utiliser la petite Ceinture pour que des calèches relient le Bois de Vincennes au Bois de Boulogne.[9].

[modifier] Galerie

Cartes postales anciennes et photos de la Petite Ceinture
La gare de Charonne, aujourd'hui café La Flèche d'Or
La gare de Charonne, aujourd'hui café La Flèche d'Or
Au Pont de Crimée (Parc des Buttes-Chaumont), Paris XIXe arrondissement
Au Pont de Crimée (Parc des Buttes-Chaumont), Paris XIXe arrondissement
La gare de Pont de Flandre, près de la station Corentin Cariou M7
La gare de Pont de Flandre, près de la station Corentin Cariou M7
Dans la tranchée des Buttes-Chaumont en 1912
Dans la tranchée des Buttes-Chaumont en 1912
La gare de Belleville-Villette (Paris XIXe arrondissement) au début du XXe siècle
La gare de Belleville-Villette (Paris XIXe arrondissement) au début du XXe siècle
L'entrée de la station Ménilmontant
L'entrée de la station Ménilmontant
La gare de Charonne
La gare de Charonne
Le Pont National sur la Seine, en 2006
Le Pont National sur la Seine, en 2006
Dans le Parc Montsouris, Paris XIVe arrondissement
Dans le Parc Montsouris, Paris XIVe arrondissement
Le poste d'aiguillage de l'Evangile, toujours actif, à Nord-Ceinture, près des entrepôts du SERNAM (Porte de la Chapelle)
Le poste d'aiguillage de l'Evangile, toujours actif, à Nord-Ceinture, près des entrepôts du SERNAM (Porte de la Chapelle)


[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur la ligne de Petite Ceinture.

[modifier] Bibliographie

  • J. Banaudo, Trains oubliés volume 4 : L'État, le Nord, les Ceintures, éditions du Cabri, 1982.
  • Jacques Reda, Marc Soriano (textes), Pierre Pitrou, Bernard Tardien (photographies), 1851-1981 : le Chemin de fer de Petite Ceinture de Paris, Pierre Fanlac éditeur, 1981.
  • Hors série de la revue Connaissance du Rail, octobre 1991 : La Petite Ceinture de Paris, éditions de l'Ormet.
  • La Marche Magazine, mai 2004.
  • Bruno Carrière, La saga de la Petite Ceinture, éditions de La Vie du Rail, 1991, réédition en 2001.

[modifier] Sources, notes et références

  1. La Compagnie de l'Ouest n'est pas concernée et l'essentiel de la rive gauche n'est pas encore concernée par le projet.
  2. Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de Paris, p 765.
  3. Voir ce site [1]
  4. Ibid., p 765.
  5. Ibid., p 766.
  6. Protocole d'accord RFF et Ville de Paris
  7. Association des cyclistes des 15e et 7e Arrondissements de Paris.
  8. Protocole d'accord RFF et Ville de Paris
  9. MatinPlus.net du 2 décembre 2007