Histoire de la Biélorussie

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Histoire de la Biélorussie

La Biélorussie est un pays récent, reconnu depuis assez peu de temps comme une nation. En effet, bien que la principauté de Polotsk médiévale puisse être considérée comme le premier État biélorusse, le pays a ensuite toujours été inclus dans de grandes puissances ; d'abord le Grand-Duché de Lituanie, ensuite l'Empire russe et enfin l'Union soviétique. Après la chute de cette dernière en 1991, la Biélorussie est définitivement indépendante.

Les Biélorusses, comme leur nom l'indique, sont proches des Russes et la Biélorussie n'a jamais vraiment connu de peuple non-slave depuis le Moyen Âge. Mais les dominations lituanienne et polonaise ont formé une culture unique, que deux siècles de domination russe n'ont pas réussi à effacer.

Sommaire

[modifier] Des origines à la principauté de Polotsk

La principauté de Polotsk (en orange), à l'intérieur de la Rus' de Kiev
La principauté de Polotsk (en orange), à l'intérieur de la Rus' de Kiev

La Biélorussie actuelle est envahie du VIe siècle au VIIIe siècle par des tribus protoslaves[1]. Les peuplades baltes, finno-ougriennes et nomades qui occupaient les plaines sont rapidement assimilées. Les premiers Slaves subsistent de l'agriculture et du commerce de leurs produits agicoles, de la fourrure, de la cire, du miel ou encore de l'ambre. Ils sont païens.

Les principales tribus, les Krivichs, les Drégovichs et les Radimichs forment ensuite des États primitifs[2]. Ces États commercent avec les Vikings qui installent du IXe siècle au Xe siècle des comptoirs entre la Scandinavie et l'Empire Byzantin.

À cette époque se forme au sud de la Biélorussie actuelle un nouvel État qui accroît rapidement sa puissance, la Rus' de Kiev.

Les tribus biélorusses s'unissent alors et un autre État, la principauté de Polotsk, émerge au IXe siècle[3]. La principauté s'étend autour de la ville de Polotsk, au nord du pays, et prend ensuite la forme de la Biélorussie d'aujourd'hui. Les princes de Polotsk, pourtant puissants, acceptent progressivement la suzeraineté de la Rus' de Kiev[4].

L'enlèvement de Rodnega vu par un artiste du XVIIIe siècle
L'enlèvement de Rodnega vu par un artiste du XVIIIe siècle

Les événements qui marquèrent le plus l'Histoire de la principauté sont sûrement ceux qui se déroulèrent après la mort de Sviatoslav Ier, prince de Kiev,en 972. Celui-ci laissa deux fils, Vladimir et Iaropolk, qui se lancèrent rapidement dans une guerre de succession. Les deux cherchèrent l'appui de Polotsk, qui possédait une bonne armée, et Vladimir demande donc la main de Rodnega, fille du prince de Polotsk.

Sainte Euphrosine de Polotsk
Sainte Euphrosine de Polotsk

Celle-ci refuse et le prince kiévien revient bientôt à Polotsk, enlève la princesse, tue se famille et brûle la ville. Rodnega doit l'épouser et le suivre à Kiev. Mais le prince désire épouser quelques années plus tard une Chrétienne et doit donc se convertir. Il divorce de ses précédentes épouses et Rodnega se réfugie dans un couvent puis repart à Polotsk avec son fils et converti ses sujets au Christianisme oriental.

Peu de temps après, la principauté de Polotsk connaît son apogée et se dégage de l'influence de Kiev. Cet âge d'or a lieu durant la seconde moitié du XIe siècle et se traduit par un bouillonnement culturel et religieux[5]. Il a laissé notamment la Cathédrale Sainte-Sophie de Polotsk, qui rivalisait avec les plus belles églises du monde et les manuscrits de Sainte Euphrosine de Polotsk et de l'évêque Cyrille de Turaw.

Mais la principauté éclate en une multitude de fiefs au XIIe siècle, dont les seigneurs se lancent dans une lutte sans merci pour le contrôle de la ville de Polotsk[6]. Le déclin est aggravé par l'invasion de terres baltes jusque là sous le contrôle de Polotsk par des chevaliers allemands et, bien que la principauté est épargnée par les invasions mongoles, la menace de nouvelles attaques contraignent les seigneurs à demander la protection du Grand-Duché de Lituanie en 1240[7].

[modifier] La domination lituanienne

Les voïvodes du Grand-Duché
Les voïvodes du Grand-Duché

La principauté de Polotsk est définitivement rattachée au Grand-Duché de Lituanie en 1307[8], puis elle est remplacée par les voïvodes de Polotsk, Minsk, Vitebsk, Smolensk, Mstsislaw, Brest et Navahrudak. Ces voïvodes préfigurent le découpage administratif actuel et les frontières de la Biélorussie.

Loin d'opprimer leurs peuples vassaux, les grand-ducs lituaniens, qui récupèrent également la majeure partie de l'Ukraine, laissent beaucoup de droits aux Slaves. La religion orthodoxe est maintenue et continue à s'épandre à l'intérieur du grand-duché, alors que celui-ci est surtout catholique. Les langues slaves, alors appelées ruthènes, sont employées par l'administration[9] et s'épanouissent jusqu'à former les biélorusse et ukrainien actuels. Ces droits s'expliquent surtout par le fait que les Slaves sont alors majoritaires dans le grand-duché et que leur appui n'est pas négligeable pour dissuader les potentiels envahisseurs.

Francysk Skaryna
Francysk Skaryna

Preuve de l'égalité à l'intérieur de l'État, les Slaves de Biélorussie étaient généralement considérés comme des lituaniens à part entière.

Mais ces droits, surtout celui de culte, étaient souvent modifiés d'un règne à l'autre, et, alors que le grand-duc Švitrigaila, qui régna de 1432 à 1436, se converti à l'orthodoxie, la construction de la cathédrale de Vitebsk fut interdite en 1480.

En 1413, le Grand-Duché de Lituanie forme une première union avec le Royaume de Pologne, prélude à la République des Deux Nations.

Francysk Skaryna, homme de lettre biélorusse, publie en 1567 à Prague le premier livre en biélorusse tiré avec la première presse en cyrillique, il s'agit d'une Bible[10]. Il installa quelques années plus tard une imprimerie à Polotsk, où il publia vingt-deux autres livres en biélorusse.

[modifier] Union de la Pologne et de la Lituanie

L'Union de Lublin, Jan Matejko, 1869
L'Union de Lublin, Jan Matejko, 1869

L'Union de Lublin, en 1569, consacre la fusion définitive entre le Royaume de Pologne et le Grand-Duché de Lituanie[11]. Les deux États, qui conservent une administration propre, sont réunis à l'intérieur de la République des Deux Nations. Cette république était alors le plus grand État multinational d'Europe et une puissance de premier plan.

Les Polonais dominaient tout de même la république[12], en raison surtout de leur nombre prépondérant. Ils possédaient 134 sièges au Parlement, alors que les Lituaniens n'en possédaient seulement 46. La domination polonaise se faisait ressentir en Biélorussie, où les villes attiraient de nombreux artisans polonais, qui finissaient généralement par en détenir les conseils. Le polonais devint seule langue officielle en 1696 et il devint alors la langue des classes aisées lituaniennes et biélorusses[13]. Les langues minoritaire furent tout de même protégées et leur pérennité sauvegardée par la création de l'Académie de Vilna. Moguilev était à l'époque la plus grande ville biélorusse et Polotsk perdait de son importance, en raison surtout de son éloignement de la Pologne.

La république en 1618 et les nations actuelles
La république en 1618 et les nations actuelles

Les "Ruthènes" (Slaves orientaux) de la république vivaient majoritairement en milieu rural, où ils étaient dirigés par des szlatchas et des boyards locaux, originaires de Pologne, de Lituanie ou de Russie. le commerce et les villes étaient détenues par les Polonais[14], mais aussi surtout par les Juifs et les Arméniens. Les villes comptaient souvent des minorités occidentales, italiennes, Allemandes, Britanniques...

Le château de Mir, ancienne propriété des Radziwiłł
Le château de Mir, ancienne propriété des Radziwiłł

Certains seigneurs étaient néanmoins d'origine ruthène, comme les familles Sapieha et Radziwill, parfois très riches et possédant des terres à l'extérieur de la république. D'autres ruthènes, des paysans qui regrettaient leur ancienne liberté sous le Grand-Duché de Lituanie, quittèrent leur pays et vinrent s'installer près de Zaporojie, au sud de l'Ukraine, chez les Cosaques.

La domination polonaise influe beaucoup aussi sur les pratiques religieuses des Ruthènes. En effet, alors que ceux-ci sont traditionnellement orthodoxes, ils commencent à se convertir au Catholicisme. La religion devient même au XVIe siècle source de conflits et le roi polonais Sigismond III se sert de l'essor de la Compagnie de Jésus et de la Contre-Réforme pour presque imposer sa religion. Pour remédier à une situation dangereuse, les responsables religieux ruthènes se réunissent à Brest en 1594 puis en 1596 et signent l'Union de Brest. Cette union consacre la fin de l'autorité du Patriarche de Constantinople et la soumission des églises ruthènes orthodoxes au Gouvernement de l'Église catholique romaine ; l'union consacre finalement la création de l'Église grecque-catholique ukrainienne. La décision ne règle cependant qu'une partie des conflits et subit l'opposition de notables, de ruthènes fidèles à l'Église et surtout des Cosaques. Ces derniers attaquèrent ainsi Sloutsk, Moguilev, Vitebsk et Polotsk entre 1606 et 1633 et tuèrent les magistrats polonais s'y trouvant.

La paix de la république était en effet souvent menacée, mais principalement par les Tatars, qui pillaient les villages et capturaient des paysans pour en faire des esclaves. Jusqu'au XVIIIe siècle, la frontière sud-est est ainsi quasiment en guerre permanente. On estime à trois millions le nombre de personnes capturées et réduite à l'esclavage à l'époque du Khanat de Crimée.

La bataille de Varsovie en 1659
La bataille de Varsovie en 1659

La prospérité de la république fut totalement entravée au milieu du XVIIe siècle par le "Déluge", qui désigne la série de guerres et d'invasions commencée par l'attaque suédoise en 1655. Celle-ci avait pour but de défendre les Polonais face aux Russes, qui avaient saisi l'occasion de luttes cosaques pour tenter d'envahir la république[15]. Mais le roi de Suède Charles X Gustave veut en compensation faire de la République des Deux Nations sa vassale et placer à la tête de l'union polono-lituanienne la famille Radziwiłł. Le vrai roi de Pologne, Jean II Casimir, considéré pourtant faible et de mauvaise réputation, réussit à mener une bonne résistance et, en 1657, les Suédois doivent quitter le territoire. Les Russes sont défaits en 1662 grâce à l'intervention ottomane. Les autres ennemis de la république, la Transylvanie et la Prusse, sont battus peu de temps après, mais la Prusse gagne sa liberté vis-à-vis de la Pologne, dont elle était vassale.

Par le Traité d'Hadiach, la Pologne reconnait en 1658 les droits de ses minorités et la République des Deux Nations devint la République tripartite de Pologne-Lituanie-Ruthénie. Le nouvel État comprend le Duché de Ruthénie, créé pour l'occasion. Cette décision avait pour but de contenter les Cosaques qui s'étaient battus pour Jean II Casimir pendant le Déluge et de compenser les pertes terribles occasionnées par la guerre, en Biélorussie, surtout.

Le traité ne fut pourtant jamais appliqué, car, peut de temps plus tard, le pays dû subir la Grande Guerre du Nord[16], entre l'Empire russe et la Suède, puis la Guerre de Succession de Pologne, qui opposa la plupart des puissances européennes. Les armées russes profitent de l'affaiblissement de la république pour y installer des armées et faire grandir leur influence.

Les trois partages de la Pologne
Les trois partages de la Pologne

Au XVIIIe siècle, la Biélorussie commença une nouvelle période de son Histoire, celle de la domination russe. En effet, la république, totalement ruinée et livrée à l'anarchie, fut répartie entre les grandes nations lors des Partages de la Pologne[17]. En 1772, les villes de Polotsk, Vitebsk et Gomel ainsi que toutes les terres à l'est de la Daugava et du Dniepr sont rattachées à l'Empire russe. Plus tard, en 1793, ce sont Minsk et les terres orientales à la ligne Daugavpils-Rivne qui sont incorporées, et la Russie récupère la Lituanie ainsi que le reste de la Biélorussie en 1795[18].


[modifier] L'Empire russe

La Biélorussie est russifiée peu de temps après son acquisition[19] et l'administration impériale la divise en quatre gouvernements, Minsk, Vitebsk, Moguilev et Hrodna.

La bataille de Moguilev
La bataille de Moguilev

Le pays n'est pas épargné par la Campagne de Russie en 1812 et les biélorusses, contre l'exemple russe, se montrent souvent favorables à l'occupation napoléonienne. En effet, les paysans voient dans l'invasion la fin du servage et les nobles éclairés adhèrent aux idées de Napoléon Ier[20]. Ainsi, des Biélorusses intègrent l'armée française, qui remporte victorieusement en Biélorussie les batailles de Moguilev, d'Ostrovno, de Klyastitsy et si les Russes gagnent la Première bataille de Polotsk, c'est une victoire stratégique de Napoléon Ier.

Napoléon lors de la "Bérézina"
Napoléon lors de la "Bérézina"

À son retour de Moscou, l'Armée impériale connaît par contre en Biélorussie quelques-uns des pires échecs de sa retraite. Après avoir perdu la Seconde bataille de Polotsk, la bataille de Czaśniki, la bataille de Smoliani, elle est anéantie par la bataille de la Bérézina, qu'elle gagne pourtant, puisque les soldats franchissent finalement le fleuve.

La Biélorussie est ensuite vite reconquise par les Russes, c'est alors un pays dévasté par la guerre, dont la population est encore une fois décimée.

Les Tsars Nicolas Ier et Alexandre III s'employèrent à continuer la russification de la Biélorussie et à réinstaller la religion Orthodoxe, sous l'autorité du Patriarcat de Moscou. Les principales mesures que prirent les Tsars furent d'interdire l'enseignement du biélorusse à l'école, les publications en biélorusse[21] et de renommer le pays Territoire du Nord-Ouest.

Une première insurrection indépendantiste a lieu en 1830, mais les paysans restent majoritairement passifs et les nobles qui se sont soulevés sont rapidement remplacés par des Russes[22]. En 1839 cependant, la réunification officielle de l'Église grecque-catholique ukrainienne à l'Église orthodoxe russe accentue le mécontentement de la population, même si la partie orientale de la Biélorussie devient favorable au tsar[23].

Polotsk en 1912 sur une des premières photos en couleurs
Polotsk en 1912 sur une des premières photos en couleurs

Dans le même temps, la culture biélorusse connaît un développement significatif, notamment en littérature, avec des auteurs nationalistes comme Kastus Kalinowski, Jan Czeczot et Władysław Syrokomla. Kastus Kalinowski conduit d'ailleurs en 1863 une révolte anti-russe, qui échoue, mais participe à la formation d'un réel sentiment national. Les Russes profitent de l'échec des insurgés pour faire adopter aux Biélorusses l'alphabet cyrillique en 1864 et interdire l'usage de l'alphabet latin.

Pendant la seconde moitié du XIXe siècle, la Biélorussie connaît un développement économique incessant, grâce à l'industrialisation massive du pays et à l'émancipation des serfs en 1861. À cette époque, la prédominance de Minsk sur le reste du pays devient incontestable.

[modifier] De la première indépendance à 1939

Contrairement aux autres guerres que la Biélorussie connu au cours de sa chaotique Histoire, la Première Guerre mondiale a un côté bénéfique pour le pays. En effet, la Biélorussie est en partie occupée par les Allemands, qui laissent la liberté aux Biélorusses de créer leurs propres écoles et d'enseigner la langue biélorusse. Les indépendantistes accueillent favorablement la fin de la guerre et la tutelle allemande octroyée par le Traité de Brest-Litovsk.

Le gouvernement de la République populaire biélorusse
Le gouvernement de la République populaire biélorusse

Le 25 mars 1918, des représentants de partis politiques et d'associations indépendantistes se réunissent à Minsk et proclament la République populaire biélorusse[24][25]. La république ne parvient jamais à contrôler la totalité du territoire et est balayée en 1919, lorsque les troupes allemandes quittent le territoire. À la place est créée, le 2 janvier 1919, une République socialiste soviétique de Biélorussie.

Un mois plus tard, cet État s'effondre et sa partie orientale rejoint la République socialiste fédérative soviétique de Russie alors que l'ouest s'ajoute à la République socialiste soviétique de Lituanie[26] pour former ensuite la République socialiste soviétique lituano-biélorusse, surnommée Litbel[27]. La république, héritière de la guerre et de luttes intestines, était faible et les deux puissances voisines, la Pologne et la Russie la convoitaient fortement.

Les deux pays commencèrent rapidement à envahir la Biélorussie[28] et les Russes conquirent Minsk le 5 janvier 1919, alors que les Polonais forcèrent la dissolution de la Litbel en août 1919.

La Pologne et l'Union soviétique en 1920
La Pologne et l'Union soviétique en 1920

Alors que la République populaire biélorusse existait encore, les Russes proclamèrent la République socialiste soviétique biélorusse le 1 janvier 1919[29] à Smolensk et ils l'agrandirent au fur et à mesure de leurs conquêtes sur la Litbel. Le partage définitif de la Biélorussie fut établi le 18 mars 1921 par le Traité de Riga, qui mettait fin à la Guerre russo-polonaise[30].

En décembre 1922, la RSFS de Russie, la RSSF de Transcaucasie, la RSS d'Ukraine et la RSS de Biélorussie fondent l'URSS[31]. L'Union soviétique décourage rapidement les populations biélorusses de parler leur langue et de pratiquer leur culture et le gouvernement polonais applique lui aussi des dispositions similaires aux biélorusses de Pologne, afin d'éviter toute révolte ou sécession.

[modifier] La Seconde Guerre mondiale

Le monument de la « Grande Guerre patriotique » à Hrodna
Le monument de la « Grande Guerre patriotique » à Hrodna

Le Pacte Molotov-Ribbentrop, signé le 23 août 1939 entre l'URSS et l'Allemagne nazie rapprochait les deux puissances et leur permettait d'envahir la Pologne selon un partage précis. La partie orientale de la Pologne revint ainsi à la RSS de Biélorussie[32]. Peu après l'invasion, la culture biélorusses connut, comme pendant la Première Guerre mondiale, un regain et en 1940, environ 75 % des écoles du pays utilisaient la langue biélorusse[réf. nécessaire].

Mais la paix ne dura que deux ans et, le 22 juin 1941, l'Allemagne attaqua l'URSS. La Biélorussie ne résista pas longtemps et, après avoir été en partie évacué, la totalité de son territoire tomba sous contrôle nazi en août 1941[33].


Les Nazis créèrent aussitôt un gouvernement biélorusse, la Rada biélorusse centrale, qui reprenait des principes de la République populaire biélorusse. Ce gouvernement était faible et entièrement soumis à Berlin ; il servait surtout à faire appliquer un régime de terreur et de répression. Environ 9 000 villages furent brûlés, 380 000 personnes furent déportées pour travailler et des centaines de milliers de personnes furent tuées sous l'administration de la Rada. La Biélorussie était avant la guerre un des pays ayant une des plus grandes diasporas juives, les Juifs biélorusses furent donc presque totalement décimés dès 1942. Le pays comptait par ailleurs plusieurs ghettos, dont celui de Lakhva, célèbre pour la révolte contre les nazis qui s'y déroula en 1942.

Des Résistants biélorusses en 1943
Des Résistants biélorusses en 1943

Face à ces atrocités, des mouvements de résistance émergèrent[34]. Les Partisants profitaient des forêts et des marais biélorusses pour se cacher et menaient des actions parfois efficaces et victorieuses, qui consistaient généralement à détruire les voies ferrées, les ponts, les lignes de télégraphe, les stocks d'essence...

Pour lutter contre la guérilla, les Nazis devaient développer des moyens considérables, alors que sur le front de l'est, ils devaient mener une guerre acharnée contre les Soviétiques, qui reprenaient de plus en plus de terrain. L'Opération Bagration, qui avait pour but de libérer la Biélorussie, débuta le 22 juin 1944 et poussa les Allemands à créer la 30e division SS de grenadiers, majoritairement composée de Biélorusses, le 18 août 1944[35]. Cette mesure fut dérisoire, car la majeure partie du pays était déjà libérée[36] ; Minsk, par exemple était libre depuis le 3 juillet 1944.

Minsk à la Libération
Minsk à la Libération

Après la libération, l'heure du constat fut particulièrement noire pour la Biélorussie. En effet, la guerre avait une fois de plus dévasté le pays. La Biélorussie avait perdu 1,3 million d'habitants[37], soit un quart de sa population d'avant-guerre, et la majeure partie de son élite intellectuelle. Environ 9 200 villages avaient disparu[38] et les grandes villes généralement réduites en ruines. Minsk et Vitebsk avaient ainsi été détruites à plus de 80 %. Minsk fut d'ailleurs déclarée Ville héroïque[39] et la forteresse de Brest Forteresse héroïque.

[modifier] De 1945 à 1991

Timbre de 1969 commémorant les 50 ans de la RSS de Biélorussie
Timbre de 1969 commémorant les 50 ans de la RSS de Biélorussie

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les puissances victorieuses promirent à Staline des faveurs pour compenser les pertes dues au conflit. Ainsi, lorsque l'Organisation des Nations unies est créée le 26 juin 1945, la RSS d'Ukraine et la RSS de Biélorussie sont considérés comme des membres fondateurs et disposent d'une voix à l'Assemblée générale[40]. Les États-Unis ne voyaient là qu'un moyen pour les Soviétiques d'avoir plus de présence qu'eux au niveau international et deux voix leur ont été ajoutées.

Drapeau de la RSS de Biélorussie
Drapeau de la RSS de Biélorussie


la place de la Gare à Minsk, un des symboles de la reconstruction
la place de la Gare à Minsk, un des symboles de la reconstruction

L'économie biélorusse avait gravement souffert de la guerre et en 1945, le pays produisait à peine 20 % de sa production d'avant-guerre. Les usines déplacées en Russie ne revinrent pas pour la plupart et la reconstruction du pays n'annonçait donc difficile. Moscou créa donc d'immenses entreprises, afin de transformer la Biélorussie en un grand centre industriel[41]. Ces entreprises, qui existent encore, sont majoritairement orientées vers la construction automobile ; ainsi, Minsk reçu une des plus grandes usines de tracteurs de l'Union et Jodzina une des plus grandes usines de voitures. Les résultats de cette politique se firent sentir rapidement et la Biélorussie devint bientôt une terre d'immigration pour les Russes[42].

Les zones contaminées après l'accident de Tchernobyl
Les zones contaminées après l'accident de Tchernobyl

Le 26 avril 1986, la centrale nucléaire ukrainienne de Tchernobyl explosa. Le site était proche de la frontière biélorusse et le vent venu du sud propagea rapidement des débris radioactifs sur l'ouest de la Russie, la Scandinavie et la Biélorussie. Cette dernière fut le pays le plus touché par la catastrophe, considérée comme le pire accident nucléaire de l'Histoire. En effet, la Biélorussie reçut près de 70 % des retombées radioactives[43], qui contaminèrent un quart du pays (50 000 km²) où vivaient 2,2 millions d'habitants. 24 700 Biélorusses furent déplacés[44] et le taux de cancers de la thyroïde est encore très élevé dans le pays, surtout chez les enfants.


[modifier] Depuis 1990

Drapeau de la Biélorussie de 1991 à 1995
Drapeau de la Biélorussie de 1991 à 1995

Le 27 juillet 1990, la Biélorussie déclara sa souveraineté et la RSS de Biélorussie se renomma officiellement République de Biélorussie. et Stanislaw Chouchkievitch devenait le premier président de la Biélorussie

Université de Laval, Canada - Histoire de la Biélorussie</ref>, Le 8 décembre 1991, il rencontra les dirigeants russes et ukrainiens Boris Eltsine et Leonid Kravtchouk ; ils déclarèrent ensemble la dissolution officielle de l'URSS et la création de la Communauté des États indépendants.

Alexandre Loukachenko
Alexandre Loukachenko

En 1994 eurent lieu les premières élections présidentielles et Alexandre Loukachenko, qui avait auparavant fait un rapport avérant la corruption de Stanislaw Chouchkievitch, est élu président. Nostalgique de l'époque soviétique et de l'union de la Biélorussie à la Russie, Loukachenko freine la transition économique, porte des coups durs à l'identité biélorusse et cherche des accords et un rapprochement avec la Fédération de Russie[45]. Ainsi, en 1997, il signe avec Boris Eltsine le traité d’Union russo-biélorusse[46]. Ce traité permet à Alexandre Loukachenko d'envisager une union politique et monétaire avec la Russie. Le traité instaure aussi des tarifs préférentiels entre les deux pays pour le commerce, ce qui évite à la Biélorussie la pénurie. Le rapprochement entre la Biélorussie et la Russie est néanmoins arrêté lorsque Vladimir Poutine arrive au pouvoir en 2000.

Manifestation pro-occidentale à Minsk durant les élections de 2006
Manifestation pro-occidentale à Minsk durant les élections de 2006

Par des référendums, Alexandre Loukachenko fait adopter à la Biélorussie un nouveau drapeau, proche de celui de l'époque communiste, rétablie le russe comme langue officielle[47] et il amende en 1996 la constitution afin d'augmenter son pouvoir présidentiel et la durée de son mandat de deux ans. Sa politique autoritaire est dans un premier temps plutôt bien acceptée par les Biélorusses, car en dépit de perdre leurs libertés et leur identité nationale, ils profitent d'un taux de chômage contrôlé et de salaires meilleurs que dans les autres anciennes républiques soviétiques[48]. Loukachenko est réélu en 2001 puis en 2006[49], même si ces dernières années, les protestations sont toujours plus importantes, surtout depuis la Révolution orange ukrainienne. Les démocraties du monde voient également Loukachenko d'un mauvais œil et n'hésitent pas à classer la Biélorussie parmi les dictatures.

[modifier] Notes, sources et références

  1. France-Bélarus - Histoire
  2. Université de Laval, Canada - Histoire de la Biélorussie
  3. Université de Laval, Canada - Histoire de la Biélorussie
  4. Site de l'ambassade de France à Minsk - Histoire de la Biélorussie
  5. Université de Laval, Canada - Histoire de la Biélorussie
  6. France-Bélarus - Histoire
  7. Site de l'ambassade de France à Minsk - Histoire de la Biélorussie
  8. France-Bélarus - Histoire
  9. Site de l'ambassade de France à Minsk - Histoire de la Biélorussie
  10. Site de l'ambassade de France à Minsk - Histoire de la Biélorussie
  11. Université de Laval, Canada - Histoire de la Biélorussie
  12. Site de l'ambassade de France à Minsk - Histoire de la Biélorussie
  13. Université de Laval, Canada - Histoire de la Biélorussie
  14. Site de l'ambassade de France à Minsk - Histoire de la Biélorussie
  15. Site de l'ambassade de France à Minsk - Histoire de la Biélorussie
  16. Site de l'ambassade de France à Minsk - Histoire de la Biélorussie
  17. Université de Laval, Canada - Histoire de la Biélorussie
  18. France-Bélarus - Histoire
  19. Site de l'ambassade de France à Minsk - Histoire de la Biélorussie
  20. France-Bélarus - Histoire
  21. France-Bélarus - Histoire
  22. France-Bélarus - Histoire
  23. France-Bélarus - Histoire
  24. France-Bélarus - Histoire
  25. Université de Laval, Canada - Histoire de la Biélorussie
  26. France-Bélarus - Histoire
  27. Quid.fr - Biélorussie : Histoire
  28. France-Bélarus - Histoire
  29. France-Bélarus - Histoire
  30. France-Bélarus - Histoire
  31. France-Bélarus - Histoire
  32. France-Bélarus - Histoire
  33. Université de Laval, Canada - Histoire de la Biélorussie
  34. Université de Laval, Canada - Histoire de la Biélorussie
  35. Quid.fr - Biélorussie : Histoire
  36. Université de Laval, Canada - Histoire de la Biélorussie
  37. France-Bélarus - Histoire
  38. France-Bélarus - Histoire
  39. Université de Laval, Canada - Histoire de la Biélorussie
  40. France-Bélarus - Histoire
  41. Université de Laval, Canada - Histoire de la Biélorussie
  42. Université de Laval, Canada - Histoire de la Biélorussie
  43. France-Bélarus - Histoire
  44. Quid.fr - Biélorussie : Histoire
  45. Université de Laval, Canada - Histoire de la Biélorussie
  46. France-Bélarus - Histoire
  47. France-Bélarus - Histoire
  48. Université de Laval, Canada - Histoire de la Biélorussie
  49. Université de Laval, Canada - Histoire de la Biélorussie


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