Histoire de la Bosnie-Herzégovine

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Sommaire

[modifier] L'antiquité

L'actuel territoire de la Bosnie-Herzégovine a été peuplé d'abord par des agriculteurs probablement matriarcaux qui ont laissé à Butmir les traces d'une culture (nommée d'après ce site) apparentée aux civilisations Danubiennes de la péninsule balkanique, vénérant les cycles de la nature et le déesse de la fécondité (voir Marija Gimbutas). Les indo-européens patriarcaux arrivent ici vers 1300 avant notre ère: ce sont les Illyriens, peuple indo-européen d'origine Iranienne, comme les Vénètes, les Thraces, les Cimmériens, les Scythes, les Hittites ou les Phrygiens. Au Ve siècle av. J.-C. une influence celtique se fait sentir le long de la Save, au nord: les Scordisques s'y installent, tandis que dans les montagnes les Illyriens continuent à vivre en tribus rivales. Entre 200 et 150 avant notre ère, les Romains s'installent au sud, mais c'est seulement en 33 avant notre ère que le pays devient province romaine, nommé Illyricum; ultérieurement ce nom sera étendu aux provinces voisines tandis que l'actuelle Bosnie-Herzégovine sera appelée "Dalmatie".

Lors des partages de l'empire romain, le pays se retrouve du côté occidental. Les populations sédentaires, entre-temps romanisées (il en reste des toponymes, tels "Romania planina" ou "Vlasic"), ont été converties au christianisme, et se rattachent au diocèse de Rome. Mais les "barbares" (Wisigoths de 397 à 401, Ostrogoths de 454 à 535) mettent la main sur le pays, qu'ils ravagent. La population se réfugie dans les montagnes. En 535 le général romain d'orient Bélisaire reprend le sud du pays (l'actuelle Herzégovine) rattaché au diocèse de Ravenne, tandis que les Lombards, puis les Avars, règnent au nord. Simultanément arrivent les Slaves, d'abord comme alliés des Avars.

[modifier] Les Slaves

Venus de l'actuelle Pologne méridionale et de l'actuelle République tchèque à partir du VIe siècle, des groupes de Slavons, de Sorabes et de Horvates s'installent et assimilent rapidement les populations romanisées ("Valaques"). Leur langue slave méridionale est appelée par les linguistes "serbo-croate". Les Horvates, au sud-ouest, et une pertie des Slavons, au nord, se christinaisent sous l'égide de l'église latinophone de Rome et adoptent l'alphabet latin. Les Sorabes, au centre et à l'est, ainsi qu'une autre partie des Slavons au sud-est, se christianisent sous l'égide de l'église héllénophone de Constantinople et adoptent l'alphabet "cyrillique" inventé pour eux par les missionnaires Cyrille et Méthode. Certains Slaves, cependant, restent fidèles aux anciens dieux slaves tels Péroun. Les Slaves s'organisent en principautés "knezats" ou "canesats" plus ou moins puissants, qui recherchent l'alliance et la protection tantôt des puissances occidentales (empire carolingien, Rome), tantôt des puissances orientales (Empire Bulgare, Empire romain d'orient dit Empire byzantin). Résultat: en 870, l'actuelle Bosnie-Herzégovine se retrouve partagée entre le royaume de Croatie à l'Ouest, et l'empire Bulgare à l'Est. Après l'an 1000, la partie ouest devient hongroise, tandis que l'est redevient byzantin. En 1166, c'est finalement tout le pays qui devient byzantin.

Une grande révolte slave éclate alors: la Bosnie-Herzégovine en est le centre. Elle est à la fois religieuse et politique. Les Slaves restés Pérounistes, ainsi qu'une partie des chrétiens lassés des fastes des églises et du luxe du clergé, a adopté la foi prêchée par le pope Bogomil: le "Catharisme" (du grec "katharos": propre, pur). Bogomiles ou Cathares, ils militent pour un royaume indépendant et obtiennent gain de cause en 1180. Ce sera le Royaume de Rama. Cette première Bosnie indépendante, à peu de choses près dans ses frontières actuelles, durera 23 ans. Mais les Églises ne tolèrent pas davantage l'"hérésie" dans les Balkans, que dans le midi de la France: en 1203 la Hongrie catholique s'empare du pays et soumet ses habitants à l'alternative: la conversion ou la mort. La plupart des habitants retournent au christianisme catholique ou orthodoxe, mais de mauvaise grâce. Sous la domination hongroise, la Bosnie septendrionale est organisée en "banats" (duchés semi-autonomes à majorité orthodoxe: Ozora, Shava), la Bosnie méridionale forme un royaume vassal avec un roi catholique, tandis que la Herzégovine s'allie puis se rattache à la Serbie voisine.

[modifier] La période ottomane et autrichienne

De 1463 à 1483 les Turcs Ottomans mettent fin à cet ordre féodal et aussitôt, un tiers environ des habitants, marqués par le souvenir du catharisme et des conversions forcées, se convertit à l'islam. Privilégiés sous le régime ottoman (ils ne payent pas le Haraç: impôt sur les infidèles), ils se multiplient au fil des quatre siècle de domination ottomane. Lorsque l'empire austro-hongrois occupe le pays en 1878, ils sont près de la moitié de la population. L'autre moitié se partage toujours entre catholiques (serbocroates Croates) et orthodoxes (serbocroates Serbes): ces derniers revendiquent l'union avec la Serbie voisine et sont, en Autriche, des citoyens de seconde zone. L'annexion officielle de la Bosnie-Herzégovine à l'Autriche-Hongrie en 1908 en précipite certains dans le terrorisme. C'est le cas de Gavrilo Princip, l'assassin de l'archiduc héritier du trône des Habsbourg, François Ferdinand, et de sa femme Sophie), dont l'assassinat à Sarajevo le 28 juin 1914, a servi de prétexte au déclenchement de la Première Guerre mondiale.

[modifier] La période yougoslave

A l'issue de celle-ci, l'union entre le Comité yougoslave (Jugoslavenski odbor) slovène et croate avec la Serbie, a permis la fondation du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, dans lequel ce sont les musulmans qui furent des citoyens de seconde zone (ils n'étaient pas reconnus comme l'une des composantes du pays). Pendant la Seconde Guerre mondiale qui démantèle la Yougoslavie en 1941 les représentats des musulmans de Bosnie-Herzégovine se rallièrent à l'État indépendant de Croatie, allié du troisième Reich, tandis que les orthodoxes se rallièrent massivement aux Tchetniks (résistants Serbes royalistes) ou aux partisans (résitants communistes dirigés par le Croate Tito). La domination nazie sur la Bosnie-Herzégovine entraine une persécution des Juifs, des Serbes et des Tziganes. Le 25 novembre 1943 le Conseil anti-fasciste de libération de la Yougoslavie se réunit à Jajce et décide que la Bosnie-Herzégovine sera rétablie comme république au sein de la Yougoslavie communiste. La fin de la guerre et la victoire des Partisans entraîne la création de la République fédérale socialiste de Yougoslavie.

Les élections parlementaires de 1990 élisent une assemblée dominée par trois partis basés sur des critères ethniques et qui avaient formé une coalition pour prendre le pouvoir aux communistes. La précédente déclaration d'indépendance de la Croatie et de la Slovénie et les guerres l'ayant suivie placent alors la Bosnie-Herzégovine dans une situation difficile. La population était divisée sur la question de savoir si la Bosnie-Herzégovine devait rester dans une fédération yougoslave (un choix majoritaire pour les Serbes) ou chercher à obtenir l'indépendance (le choix majoritaire parmi les Bosniaques et les Croates). La déclaration de souveraineté d'octobre 1991 fut suivie d'un référendum en février et mars 1992, boycotté par la majorité des Serbes de Bosnie. Pour une participation de 64 %, 99,4 % des votants s'exprimèrent pour l'indépendance. Suivit alors une période d'escalade des tensions et le 6 avril la guerre éclate à Sarajevo.

[modifier] L'indépendance

La reconnaissance internationale de l'indépendance de la Bosnie-Herzégovine force alors la JNA à quitter les territoires de Bosnie-Herzégovine, mais dans les fait les militaires changent uniquement d'insigne et créent alors l'Armée de Rebublika Srpska. Armée et équipée par la JNA, supportée par des volontaires et des paramilitaires venant de Serbie, bénéficiant d'un large support humain, logistique, et financier de la part de la République fédérale de Yougoslavie, l'offensive de la République serbe de Bosnie de 1992 réussit à placer la majorité du pays sous son contrôle. En 1993, 70 % du pays était contrôlé par la République serbe de Bosnie.

En mars 1994, la signature d'un accord à Washington crée une Fédération croato-bosniaque, la Fédération de Bosnie et Herzégovine. Cela, ainsi que la réaction internationale au crime de guerre, notamment le Massacre de Srebrenica où 8 000 Bosniaques furent assassinés en juillet 1995, fut un tournant de la guerre.

Les efforts de la communauté internationale pour tenter de faire cesser le conflit et éviter les pertes humaines parmi la population eurent peu d'effets probants jusqu'en 1995 malgré l'envoi de plus de 38 000 militaires sous le drapeau de l'ONU. La Forpronu perdit 167 hommes et plus de 700 furent blessés, dont environ la moitié étaient des soldats de l'armée française.

Le 21 novembre 1995, les belligérants signèrent à Dayton, Ohio, un traité de paix afin d'arrêter les combats. Les accords de Dayton partagèrent la Bosnie-Herzégovine en deux entités : La Fédération de Bosnie et Herzégovine (51 % du territoire et 70 % de la population) et la République serbe de Bosnie (49 % du territoire et 25 % de la population). En 1995-1996, une force internationale de maintien de la paix (IFOR) dirigée par l'OTAN, comprenant 60 000 soldats, intervint en Bosnie afin de mettre en place et de surveiller les aspects militaires de l'accord. À l'IFOR succéda une force de stabilisation (Sfor) plus réduite (14 000 soldats en 2003) dont la mission était d'empêcher la reprise des hostilités. À cette Sfor, a succédé en décembre 2004, l'Eufor, une force militaire de l'Union européenne de 7 000 hommes environ.

La force de police internationale de l'ONU en Bosnie-Herzégovine a été remplacée fin 2002 par la Mission de police de l'Union européenne (MPUE), premier exemple pour l'Union européenne d'une telle force de police, ayant des missions de surveillance et d'entraînement.

En 2005, la Bosnie-Herzégovine est un pays encore séparé. De nombreux charniers furent découverts après la fin de la guerre. La Croatie s'est excusée pour les agressions et les crimes de guerres probables sur le peuple bosniaque. La Serbie est poursuivie par la Bosnie-Herzégovine pour agression et génocide sur la population bosniaque devant la Cour internationale de justice.

Les principaux dirigeants de la résistance serbe, rendus responsables des évènements de Srebrenica, le général Ratko Mladić et Radovan Karadžić, ancien président de la République serbe de Bosnie, sont toujours en fuite. La guerre causa la mort de 200 000 civils bosniaques et de dizaines de milliers de Serbes et de Croates ; 1,8 million de personnes furent déplacées, toutes nationalités confondues.

[modifier] Voir aussi


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