Typologie rythmique

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La typologie rythmique est une branche de la typologie linguistique qui traite de la classification des langues selon leur rythme, c'est-à-dire l'ensemble des qualités rythmiques de la parole, en particulier la distribution des syllabes au cours du temps.

En effet, dans toutes les langues, l'émission de la parole est fondée sur une succession d'unités sonores ; certaines d'entre elles jouent un rôle privilégié en donnant naissance par leur répétition au rythme des phrases. De façon simplifiée, on peut dire qu'il existe deux modes principaux d'affectation des unités de temps (ou battements) aux mots : le premier basé sur l'accent tonique et le second sur la syllabe.

Sommaire

[modifier] Types de langues par rythmes

La distinction la plus couramment opérée sépare deux ou trois types fondamentaux.

  • Dans une langue accentuelle, les syllabes peuvent avoir des durées différentes, mais le temps compris entre deux syllabes accentuées est approximativement constant. L'anglais, l'allemand, le néerlandais ou le russe sont des exemples typiques de langues accentuelles. Ce rythme est parfois surnommé rythme morse. Lors d'une élocution rapide, une langue accentuelle raccourcit, assourdit, ou même supprime des voyelles afin d'émettre un nombre plus grand de syllabes entre deux accents toniques, sans changer beaucoup son rythme de base.
  • Dans une langue syllabique, la prononciation de chaque syllabe prend approximativement le même temps, si bien que la durée effective de chacune d'elles dépend de la situation. On en trouve des exemples en français, en espagnol, en turc, en finnois. Ce rythme « métronomique » est parfois surnommé rythme de mitrailleuse. Lors d'une élocution rapide, une langue syllabique emploie un rythme plus rapide afin d'émettre un nombre plus grand de syllabes par seconde.
  • On parle de langue morique pour un sous-ensemble de langues dont le rythme est comparable à celui des langues syllabiques, mais dont l'unité rythmique de base est la more plutôt que la syllabe. Le japonais en est un exemple.

[modifier] Nature de la distinction

Psychologiquement, la différence a été interprétée comme provenant de deux formes de perception différentes du rythme. Quand nous entendons un rythme rapide, typiquement plus rapide que 330 millisecondes (ms) par battement[réf. nécessaire], nous le percevons comme un tout. Nous pouvons imiter le son d'une mitrailleuse, mais nous pouvons difficilement en compter les coups. En revanche, lorsque nous entendons un rythme lent, typiquement plus lent que 450 ms par battement[réf. nécessaire], nous percevons chaque battement séparément. Nous pouvons facilement contrôler la vitesse d'un rythme lent battement par battement, comme un battement de mains. Si une langue possède une structure syllabique simple, la différence entre la syllabe la plus simple et la syllabe la plus complexe dans cette langue n'est pas très grande, et il est possible d'énoncer n'importe quelle syllabe en moins de 330 ms. Ainsi nous pouvons utiliser le rythme syllabique rapide. Si une langue possède des syllabes complexes comme celles contenant de nombreux groupes de consonnes, la différence entre syllabes peut être très grande, comme entre a et strengths en anglais. Dans ce cas, nous devons utiliser le rythme accentuel lent.

D'un point de vue purement physique (acoustique), l'hypothèse d'isochronie, selon laquelle des unités rythmiques d'une langue (accents ou syllabes) se succèdent à un rythme approximativement constant, ne s'est pas vérifiée expérimentalement.[1] D'autres recherches suggèrent que la différence de perception est liée à l'étendue des variations possibles de durée des intervalles vocaliques et consonantiques dans la langue considérée.[2]

[modifier] Variations

Une telle classification doit cependant être relativisée, la langue parlée étant moins stable que la langue écrite ; ainsi, la façon dont les phrases sont rythmées peut évoluer avec le temps, ou varier d'une région à une autre. Par exemple, le portugais du Brésil a un rythme syllabique, tandis que celui du Portugal a un rythme accentuel et réalise corrélativement un plus grand nombre de réductions vocaliques en syllabe inaccentuée.

Une langue peut aussi être influencée par d'autres langues et avoir tendance à calquer son modèle rythmique sur le leur. Par exemple, l'espagnol mexicain, en raison de la proximité étroite avec l'anglais nord-américain, montre une tendance marquée vers le rythme accentuel. On a rapporté le cas de Mexicains prononçant "los Estados Unidos" comme deux "syllabes", ce qui signifie en fait que le locuteur marque deux battements ou pics accentuels (sur /ta/ et /ni/), de la même façon que par exemple en espagnol argentin le locuteur marquera les deux pics syllabiques dans un mot comme "pompón". Le phénomène de raccourcissement et d'assourdissement des voyelles qui se manifeste en anglais est en partie dû à l'utilisation du rythme accentuel. L'espagnol mexicain, soumis à cette influence, montre également des signes de raccourcissement des voyelles.[réf. souhaitée]

[modifier] Annexes

[modifier] Notes et références

  1. Antonio Pamies Bertrán, Prosodic Typology: On the Dichotomy between Stress-Timed and Syllable-Timed Languages
  2. Frank Ramus, Étude sur la discrimination des langues par la prosodie

[modifier] Bibliographie

  • Kono, Morio. (1997). "Perception and Psychology of Rhythm." Accent, Intonation, Rhythm and Pause.

[modifier] Liens externes

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