Typologie morphologique

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La typologie morphologique est une branche de la typologie linguistique qui traite de la classification des langues selon leur morphologie, c'est à dire la façon dont s'y forment les mots. Elle a été développée par les frères Friedrich et August von Schlegel.

L'échelle correspondante n'est pas absolue, mais continue et relative. Bien qu'il soit difficile de classifier une langue comme purement analytique ou synthétique, il est possible de dire qu'elle est par exemple plus synthétique que le chinois mais moins que le coréen.

Sommaire

[modifier] Langues analytiques

Icône de détail Article détaillé : Langue analytique.

Dans les langues analytiques (dites aussi isolantes), les modifications morphologiques sont peu nombreuses, sinon absentes. La tendance pour les mots est l'absence de flexion. Les catégories grammaticales sont définies par l'ordre des mots (par exemple, inversion du verbe et du sujet dans les phrases interrogatives), ou par l'introduction de mots supplémentaires (par exemple, un mot pour "quelques" ou "de nombreux" au lieu d'une inflexion pour le pluriel comme -s en français ou en anglais). Chaque mot individuel porte une signification générale (concept racine), les nuances étant exprimées par d'autres mots. Dans une langue analytique, le contexte et la syntaxe sont plus importants que la morphologie.

On trouve parmi les langues analytiques certaines des langues extrême-orientales les plus importantes comme le chinois et le vietnamien. L'anglais est aussi modérément analytique (c'est probablement l'une des langues indo-européennes les plus analytiques).

[modifier] Langues synthétiques

Icône de détail Article détaillé : Langue synthétique.

Dans les langues synthétiques, les mots sont formés d'une racine à laquelle sont accolés un certain nombre de morphèmes supplémentaires. Ces morphèmes peuvent être plus ou moins faciles à distinguer de la racine; ils peuvent avoir fusionné avec elle ou entre eux, et ils peuvent aussi s'exprimer par une accentuation, un changement de tonalité, ou des modifications phonétiques de la racine. L'ordre des mots est moins important que dans les langues analytiques, car les mots individuels portent plus de sens. En outre, il y a tendance à concordance entre les diverses parties de la phrase. Dans une langue synthétique, la morphologie est plus importante que la syntaxe.

La plupart des langues indo-européennes sont modérément synthétiques.

Il y a deux types de synthèse, selon que les morphèmes sont ou non clairement différentiables. Ce sont respectivement les types agglutinant et fusionnel (flexionnel selon l'ancienne terminologie).

[modifier] Langues agglutinantes

Icône de détail Article détaillé : Langue agglutinante.

Dans ces langues, les morphèmes sont toujours clairement différentiables phonétiquement l'un de l'autre; les morphèmes liés sont alors des affixes, qui peuvent être identifiés individuellement. Une langue agglutinante a tendance à avoir un plus grand nombre de morphèmes par mot, et à être extrêmement régulière.

Parmi les langues agglutinantes, on trouve le coréen, le turc et le japonais.

[modifier] Langues fusionnelles

Icône de détail Article détaillé : Langue fusionnelle.

Dans les langues fusionnelles, il n'est pas toujours aisé de distinguer les morphèmes de la racine, ou les morphèmes les uns des autres. Plusieurs morphèmes peuvent avoir fusionné en un seul affixe, et les affixes peuvent à leur tour avoir interagi et fusionné. Les morphèmes peuvent également s'exprimer par une accentuation ou un changement de tonalité, qu'il n'est évidemment pas possible de séparer de la racine, ou par des modifications phonétiques internes à la racine (telles que la gradation vocalique ou ablaut).

La plupart des langues indo-européennes sont fusionnelles à des degrés divers.

[modifier] Langues polysynthétiques

Icône de détail Article détaillé : Langue polysynthétique.

En 1836, Wilhelm von Humboldt a ajouté une quatrième catégorie aux trois précédentes : les langues polysynthétiques (la première utilisation du terme polysynthèse en linguistique revient à Peter Stephen Duponceau qui l'a empruntée à la chimie). Ces langues ont un nombre élevé de morphèmes par mot. Il faut noter qu'il n'y a pas de limite claire au-delà de laquelle une langue synthétique doit être qualifiée de polysynthétique.

Parmi les caractéristiques propres aux langues polysynthétiques, on trouve :

  • une morphologie extrêmement régulière
  • la tendance des formes verbales à inclure des morphèmes qui se réfèrent à d'autres arguments que le sujet (polypersonnalisme).

Une autre caractéristique des langues polysynthétiques repose sur ce que l'on exprime communément comme "la capacité de former des mots équivalents à des phrases complètes dans d'autres langues". Il est clair que cette définition est peu utile comme critère discriminant, dans la mesure où il s'agit d'une tautologie (les "autres langues" pouvant seulement être définies par opposition aux langues polysynthétiques, et vice-versa).

De nombreuses langues amérindiennes sont polysynthétiques. L'inuktitut en est un exemple, ce que montre bien le "mot-phrase" suivant : tavvakiqutiqarpiit, qui peut se traduire approximativement par "Avez-vous du tabac à vendre?".

[modifier] La typologie morphologique dans le monde réel

Chacun des types définis ci-dessus constitue une idéalisation. Aucun d'eux n'existe sous une forme pure dans la réalité. Toutes les langues mêlent les différents types, tout en correspondant généralement mieux à une catégorie particulière qu'aux autres. L'anglais, tout en étant assez synthétique, est plus analytique que l'espagnol, et bien plus que le latin. Le chinois mandarin, modèle classique des langues analytiques, possède un certain nombre de morphèmes liés. Le japonais est synthétique (structure agglutinante) dans ses verbes, mais nettement analytique dans ses noms.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes