L'Auberge rouge (Balzac)

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L’Auberge rouge

Illustration de L’Auberge rouge

Auteur Honoré de Balzac
Genre Étude de mœurs
Pays d’origine France France
Lieu de parution Paris
Éditeur Gosselin
Date de parution 1831
Collection Études philosophiques
Série La Comédie humaine
Précédé par Maître Cornélius
Suivi par Sur Catherine de Médicis
Pour les articles homonymes, voir L'Auberge rouge.

L’Auberge rouge est un roman d' Honoré de Balzac paru en 1831 dans la Revue de Paris, édité en volume chez Gosselin dans les Nouveaux contes philosophiques la même année.

D’après l’étude que le philosophe Alain[1] consacre à ce court roman, et selon l’analyse d’Anne Marie Meninger[2], L’Auberge rouge

« ne relève qu’en apparence du genre policier avec assassinat, fausse piste, erreur judiciaire et criminel à la fin démasqué. En réalité, l’œuvre est bien « philosophique » comme l’a voulue Balzac dès sa rédaction en 1831, et bien à sa place là où il l’a mise dans la Comédie humaine. »

Le texte, paru la même année que la Peau de chagrin, marque un tournant décisif dans la carrière littéraire de Balzac, et il valut à son auteur une véritable aura de grand écrivain, capable de sublimer tous les genres, d’imprimer une patte personnelle au fantastique. Le succès fut tel que la renommée d’Honoré de Balzac prit des proportions considérables parmi les grands esprits : George Sand, Charles Philipon entre autres.

Mais il réveilla aussi la jalousie des petites gens de lettres qui avaient d’abord raillé le faux-noble avec une bassesse inouïe[3]. Charles Rabou le fit prévenir de ce que Jules Janin, critique puissant, voulait arrêter cette montée en flèche de l’écrivain Balzac, soudaine et offensante.

«  Il a travaillé dans ce sens aux Débats et l’on vous y déteste cordialement. C’est une manière d’émeute. Bien. Il faut serrer les rangs (...)[4] »

En effet, la méchanceté tentait de lui barrer la route du succès en utilisant sa particule comme sujet de moquerie. Balzac avait eu le tort de signer les Chouans : Honoré Balzac, et il n’avait rajouté le de que pour ces œuvres philosophiques qui faisait grand bruit.

L’Auberge Rouge révèle pourtant une technique d’écriture totalement innovante où les questions sont à la fois posées et éludées, où la société paraît dans tous ses effets, et dont les Études philosophiques constateront les causes[5]. À ce titre, l’œuvre est importante.

Sommaire

[modifier] Thème

Assassinat.Cézanne.
Assassinat.Cézanne.

Le banquier allemand Hermann, de passage à Paris, dîne en compagnie de la haute société. Et il raconte à la fin du repas une étrange histoire qu’il a entendue lors de son emprisonnement à Andernach, au moment des guerres napoléoniennes. (Il avait été arrêté comme franc-tireur par les Français).

Il s’agit d’un crime commis en 1799. Deux chirurgiens militaires passent la nuit dans une auberge, partageant leur chambre avec un industriel qui a fui les hostilités et qui avoue, au cours du repas, avoir sur lui une somme considérable en or ainsi que des diamants. L’un des deux chirurgiens (Prosper Magnan), très impressionné par cette révélation, ne peut s’endormir et imagine ce que la mort de l’industriel aurait de facile et de fructueux pour lui. Quand enfin il finit par s’endormir, il est réveillé par un remue-ménage : l’industriel a bien été assassiné, qui plus est avec un instrument chirurgical…

Prosper Magnan est innocent, mais arrêté, condamné et fusillé.

Tandis qu’il déroule son récit, le banquier allemand ne sait pas que le véritable assassin se trouve à la même table que lui. Cet homme, Jean-Frédéric Taillefer, père de Victorine Taillefer que l’on retrouvera dans le Père Goriot.

Devenu un riche financier, et couvert d’honneurs, Jean-Frédéric Taillefer, s’effondre pourtant graduellement à mesure que le récit progresse. Son opulence, due à ce crime, n’empêche pas de douloureux souvenirs (mais pas de remords, il est vrai), et Taillefer est saisi d’un crise nerveuse dont il meurt peu après.

Le narrateur Herman a deviné aussitôt la vérité. Mais il est amoureux de Victorine Taillefer et il a des scrupules à épouser une héritière dont la fortune est couverte de sang. Il demande conseil à ses amis qui lui conseillent tous le mariage où irait-on s’il fallait chercher l’origine des fortunes ?, telle est leur conclusion.

[modifier] Confusion à éviter

Ce texte, dont toute la richesse est contenue dans une centaine de pages, est souvent confondu, à travers les adaptations cinématographiques, avec l’Auberge de Peyrebeille en Ardèche, qui fut le théâtre d’une affaire criminelle retentissante et qui porte, elle aussi, le nom de l’Auberge rouge ou de l’Auberge rouge. Le roman de Balzac n’a aucun rapport avec ce fait divers. Il est regrettable que le roman ait été réédité en 2007 par les éditions Gallimard avec la photo de l'affiche du film.

[modifier] Notes et références

  1. Avec Balzac, Gallimard, 1937, p. 175-8.
  2. Introduction à L’Auberge rouge, tome XI de La Pléiade. p. 78.
  3. André Maurois. Prométhée ou la vie de Balzac, p. 183 à 185.
  4. Philarète Chasles : Introduction aux Romans et Contes philosophiques, œuvres complètes. t. XVIII p 547-4. Club de l’Honnête Homme.
  5. Balzac : Introduction aux Études philosophiques.

[modifier] Voir aussi

Icône de détail Article détaillé : Personnages de la Comédie humaine.

[modifier] Bibliographie

s:

L’Auberge rouge est disponible sur Wikisource.

  • Willi Jung, « L’Auberge rouge et la vision balzacienne de la Rhénanie », L'Année balzacienne, 2000, n° 1, p. 205-22.
  • (en) Dorothy Kelly, « Balzac’s L’Auberge rouge: On Reading an Ambiguous Text », Symposium, Spring 1982, n° 36 (1), p. 30-44.
  • (en) Armine Kotin Mortimer, « Secrets of Literature, Resistance to Meaning », Confrontations: Politics and Aesthetics in Nineteenth-Century France, Amsterdam, Rodopi, 2001, p. 55-66.
  • (en) Scott Sprenger, « Republican Violence, Old Regime Victims: Balzac’s Auberge Rouge as Cultural Anthropology", FLS, n° 32, 2005, p. 119-35.
  • (en) Maryann Weber, « How to Do Things with Dreams: Dream Power in Balzac and Nerval », Romance Quarterly, Nov. 1990, n° 37 (4), p. 409-17.


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