Prison en France

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Les prisons françaises sont gérées par l'Administration pénitentiaire, rattachée au ministère de la Justice depuis 1911. Elles font partie des "lieux privatifs de liberté".

Le rôle de la prison en France est d'une part de protéger la société contre les individus dangereux et d'autre part de les réinsérer.

Les détenus sont

  • soit en détention provisoire, en attente ou en cours de jugement donc présumés innocents et dont la libération peut poser des problèmes, notamment en ce qui concerne leur éventuelle fuite, le fait qu'elles puissent influencer les témoins ou troubler l'ordre public ;
  • soit condamnés définitivement, après avoir épuisé toutes les voies de recours (appel, opposition, cassation) par une juridiction répressive à une peine de prison.

Sommaire

[modifier] Établissements

Il existe en France 188 établissements répartis en 115 maisons d'arrêts, 60 établissements pour peine et 13 centres de semi-liberté[1]. Chaque établissement a un règlement intérieur particulier. La quasi-totalité des départements français comporte au moins sur son territoire une maison d'arrêt, à part le Gers, dont la dernière prison (située à Auch, la préfecture) a fermé ses portes en 1966 pour être démolie dix ans plus tard ; les détenus gersois sont depuis incarcérés à Agen, siège de la cour d'appel.

[modifier] Maisons d'arrêt

Les maisons d'arrêt (MA) reçoivent en principe les prévenus en détention provisoire et les condamnés dont la peine initiale, ou le reliquat de peine, est inférieure ou égale à un an. Les condamnés en attente d'affectation dans un établissement pour peine peuvent également séjourner dans une maison d'arrêt. On compte 115 MA et 24 quartiers MA situés dans des centres pénitentiaires[1].

[modifier] Établissements pour peine

Les établissements pour peine sont les prisons où séjournent les personnes condamnées par la Justice. Il en existe plusieurs types suivant les détenus :

  • 31 centres pénitentiaires (CP), établissements mixtes comprenant au moins deux quartiers à régimes de détention différents (maison d’arrêt, centre de détention et/ou maison centrale), deux CP comprennent en outre un quartier centre pour peines aménagées (CPA) des condamnés en semi-liberté ou en placement extérieur ou dont le reliquat de peine est inférieur à un an ;
  • 24 centres de détention (CD) et 31 quartiers (QCD) accueillant les détenus condamnés à une peine supérieure ou égale à un an et qui présentent des perspectives de réinsertion favorables. À ce titre, les CD ont un régime de détention principalement orienté vers la resocialisation des détenus ;
  • 6 maisons centrales (MC) et huit quartiers (QMC) recevant les condamnés les plus difficiles dont les perspectives de réinsertion sont plus lointaines. C’est en maison centrale que les dispositifs de sécurité sont les plus renforcés. L'ouverture de deux nouvelles maisons centrales est prévue ;
  • 13 centres de semi-liberté (CSL) autonomes et quatre quartiers CSL situés dans les CP recevant des condamnés admis par le juge d'application des peines au régime du placement extérieur sans surveillance ou de la semi-liberté : le condamné détenu peut s’absenter de l’établissement pénitentiaire pour exercer une activité professionnelle, suivre un enseignement ou une formation ou encore bénéficier d’un traitement médical ;
  • 7 établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM) sont prévus dans le programme de la loi d'orientation et de programmation de la justice de septembre 2002, qui seront ouverts d'ici à la mi-2008, ceux de Lavaur et de Lyon-Meyzieu ont ouvert en juin 2007 et deux autres devraient le faire avant la fin de l'année 2007 : Quievrechain et Marseille.

[modifier] Autres établissements pénitentiaires

  • L'Établissement public de santé nationale de Fresnes (EPSNF).
  • Le Centre national d'observation (CNO) de Fresnes.

[modifier] Liste des établissements

[modifier] Politique pénitentiaire

[modifier] Construction d'établissements

Plan 13000 Plan Perben Les centrales à effectif réduit

[modifier] La rétention de sûreté

Le projet de loi[1]a été présenté au Parlement en janvier 2008. Il consiste à maintenir en détention des personnes condamnées à des peines supérieures à 15 ans jugées dangereuses "criminologiquement" (et non "psychiatriquement). Le premier centre de rétention devrait ouvrir à Fresnes fin 2008. De nombreuses critiques se sont portées sur ce projet, notamment formulées par Robert Badinter , dans un article intitulé La prison après la peine, dans Le Monde du 27/11/2007 [2]. Une association regroupant des opposants à ce projet (Syndicat de la Magistrature, Genepi, Anvp, etc.) a fait signer une pétition [3].

[modifier] Critiques

[modifier] Statistiques officielles

Un certain nombres de statistiques officielles sont critiquées pour leur incomplétude. Pierre-Victor Tournier constate ainsi que le ministère n'indique pas dans ces communiqués le nombre de places disponibles. Il précise également que sur les 50 705 places opérationnelles, 1 500 demeurent vides.

Il précise également que le ministère met en avant le nombre de prisonnier au détriment du nombre de personnes sous écrou soumise à un régime de surveillance alternatif comme le bracelet électronique qui était au 1er décembre 2007 de 65 046, un niveau jamais atteint par le passé.

Enfin, il constate que les chiffres de la répartition des entrées et sorties de prison par motif ont été supprimées des dernières statistiques trimestrielles, ce qui rend impossible de suivre l'évolution des comparutions immédiates dans les entrées ou encore les libérations conditionnelles. Les différentes sources disponibles délivrant des chiffres incohérents[2].

[modifier] Rapports institutionnels et associatifs

Régulièrement, les prisons françaises font l'objet de vives critiques, que ce soit au niveau national (rapports d'enquêtes parlementaires de 2000, de la Commission nationale de déontologie de la sécurité, d'associations comme l'Observatoire international des prisons) ou international, tels les rapports de l'ONU, du Comité européen de prévention de la torture (CPT) ou encore de l'ancien commissaire européen aux Droits de l'Homme du Conseil de l'Europe, Alvaro Gil-Robles, qui, en septembre 2005, après avoir visité les prisons de 31 pays dans le cadre d'une mission sur l'état des prisons a déclaré : « De ma vie, sauf peut-être en Moldavie, je n’ai vu un centre pire que celui-là ! C’est affreux ! Les gens s’entassent dans un sous-sol sur deux niveaux, sans aération. Ils se promènent dans une cour minuscule grillagée de tous côtés. Au second niveau, on marche sur la grille, au-dessus de ceux du premier niveau. Les fonctionnaires en sont eux-mêmes très gênés. Il faut fermer cet endroit, c’est urgent. ». En février 2006, il ajoute : « Le maintien de détenus aux Baumettes me paraît être à la limite de l’acceptable, et à la limite de la dignité humaine »[3].

Le Comité Européen de prévention de la Torture (CPT) dénonce depuis 1991 et plus récemment dans un rapport de 2007[4] faisant suite à des visites menées en 2006 des "traitements inhumains et dégrandants", plus particulièrement sur les questions de la santé, du placement à l'isolement et de la surpopulation carcérale. La législation sur l'isolement administratif améliorée par décret en juin 2006 n'est que très peu appliquée. L'isolement administratif est considéré comme un traitement inhumain et dégradant en raison de sa longueur excessive, le CPT met notamment en exergue le cas d'un prisonnier de Fresnes à l'isolement depuis 19 ans. Il pointe également les problèmes d'insalubrité et de surpopulation et leurs conséquences. Les rotations de sécurité, consistant à changer régulièrement les prisonniers d'établissement est également dénoncé comme pouvant constituer un traitement inhumain et dégradant par le CTP qui illustre son propos avec le cas de Pascal Payet, qui a connu 23 changements d'établissement en 4 ans. Le CPT reconnait toutefois que la situation est moins dramatique qu'en 2003 même si la surpopulation demeure très élevée, en raison notamment de l'alourdissement des peines. Il reconnait les efforts menés par la France pour développer les peines alternatives mais considère que ceux-ci sont de faible envergure et appelle les pouvoirs publics à prendre des mesures efficaces.

Les rapports parlementaires sur les prisons sont très critiques sur la surpopulation, l'insalubrité et les sous-effectifs chroniques de personnel[5]. La population carcérale a atteint le niveau symbolique d'un prisonnier pour 1 000 habitants, ce taux n'a jamais été aussi élevé depuis la Libération. La situation carcérale actuelle est criminogène. La politique carcérale des différents gouvernements successifs est critiquée, soit pour leur inaction, soit pour leur politique du tout répressif.

[modifier] Conditions de vie

Depuis quelques années, les conditions de vie sont au centre de la critique du système pénitentiaire français. Notamment depuis la publication du livre Médecin-chef à la prison de la Santé de Véronique Vasseur et l'ouvrage d’Éric Péchillon, Sécurité et droit du service public pénitentiaire[6].

Depuis, de nombreux rapports mettent le doigt sur la surpopulation et le manque chronique de moyens (manque de surveillants, manque de psychologues, etc.). Tous ces problèmes restent pour l'instant présents. Seule la construction de nouvelles prisons a été décidée, mais les places qui seront disponibles sont loin d'être suffisantes. En ce qui concerne le manque d'effectifs, aucun recrutement en masse de surveillants et de psychologues n'a pour l'instant été réalisé et cela malgré des campagnes de publicité pour recruter du personnel dans l'administration pénitentiaire.

[modifier] Surpopulation

La surpopulation carcérale en France est notoire. En 2003, un rapport du Comité européen de prévention de la torture, un organe du Conseil de l'Europe, avait fait état de "traitements inhumains et dégradants" dans les prisons françaises, conséquences de leur surpopulation. En juillet 2007, le nombre de places opérationnelles est de 50 557 pour 61 810 écroués soit une densité de 122%. En 2006, le nombre de places opérationnelles était de 50 207 pour 60 771 écroués soit une densité de 121%. Le record absolu a été atteint au 1er juin 2008 avec 63 838 détenus représentant une densité de 126%[7].

Dix établissements ou quartiers ont une densité supérieure à 200%, 42 ont une densité comprise entre 150 et 200%, 51 entre 120 et 150%, 36 entre 100 et 120 % et 87 ont une densité inférieure à 100 %[8]. La construction des 13 000 places supplémentaires, décidée en 2002, devrait être achevée en 2011 : près de 63 500 "places opérationnelles" seront alors disponibles[9].

[modifier] Insécurité

Paradoxalement, la vie en prison n'efface pas l'insécurité. Le manque de moyens et la trop forte densité de population incarcérée permettent à l'insécurité d'exister à l'intérieur de la prison (phénomène de bande ou caïdat). La toxicomanie (essentiellement le cannabis) est monnaie courante. Les agressions sexuelles sont également présentes en prison, même s'il n'existe pas de statistique à ce propos. Ce sont les témoignages de prisonniers médiatisés comme Loïk Le Floch-Prigent qui ont permis aux associations de faire émerger cette question longtemps taboue[10],[11].

[modifier] Santé

La Commission Européenne de Prévention de la torture (CPT) note que la prise en charge médicale des détenus particulièrement surveillés, des détenus souffrant de maladie mentale et le traitement des cas de douleur aigüe font que "le traitement médical se trouve perverti et devient dégradant". Les DPS sont notamment constamment menottés au lit d'hôpital et ne peuvent consulter un médecin sans présence policière. le CPT observe également que lors de ses visites en 2006 "Les patients présentant des états de souffrance aiguë étaient placés dans l'une des cellules d'isolement, traités sous contrainte si nécessaire, et obligés de rester nus en cellule, soumis à un contrôle visuel régulier du personnel pénitentiaire. Il ne fait aucun doute aux yeux du CPT qu'une telle situation s'apparente à un traitement inhumain et dégradant pour le patient concerné (et est également dégradante pour le personnel concerné)."

Il observe que dans certains établissements comme celui de Moulins, la prise en charge psychiatrique est impossible en raison de l'insuffisance des moyens[12].

  • Séropositivité et Sida

Comme dans toutes les prisons du monde le VIH/Sida est particulièrement présent, notamment en raison d'une sureprésentation de populations toxicomanes utilisant des seringues. Les rapports homosexuels, consentis ou non, favorisent néanmoins des contaminations par voie sexuelle. En France la diffusion du VIH/Sida est mesurée régulièrement et une baisse de la proportion de séropositifs dans les prisons est présente depuis 1990. Il n'en demeure pas moins que le taux de prévalence est sept fois supérieur à la normale et que les moyens médicaux sont insuffisants, notamment pour traiter les cas de Sida au stade clinique 2 ou plus qui sont eux en augmentation[13]. Il faut noter le témoignage rare de Laurent Jacqua, condamné longue peine, sur la condition des séropositifs en prison (La guillotine carcérale).

  • Troubles mentaux

Les conditions de vie particulièrement difficiles de la prison accroissent la gravité des maladies mentales et provoquent nombre de dépressions. Aux comportements d'automutilation s'ajoutent une centaine de suicides annuels, soit un taux de suicide huit fois supérieur à la moyenne nationale.

Les prisons contiennent une population très importante de personnes ayant des troubles mentaux. En 2004, 80% des détenus masculins et 70% des détenues féminines présentaient au moins un trouble psychique et le plus souvent plusieurs[14] :

  • 47% présentent des troubles dépressifs ;
  • 34% sont dépendants à des substances illicites ou à l'alcool ;
  • 24% ont des troubles psychotiques dont 8% de schizophrènes, 8% ont une psychose chronique non schizophrénique, 3% une schizophrénie dysthymique et 5% de divers autres types de troubles psychotiques.

L'importance de la présence de troubles psychotiques est particulièrement inquiétante car leur nombre en grande augmentation laisse entrevoir un traitement carcéral de la maladie mentale à rapprocher avec la baisse des moyens de la psychiatrie. Ainsi, la capacité des unités pour malades difficiles (UMD), est d'à peine 200 et l'irresponsabilité pénale a connu une forte diminution depuis les années 1970 où elle concernait environ 5% des criminels pour se stabiliser ensuite à environ 0,5% vers la moitié des années 1980 (0,46% des dossiers en 1987 à 0,45% en 1998), ce qui représente un nombre sensiblement stable de 250 à 300 sujets déclarés irresponsables chaque année entre 1998 et 2002. Le phénomène est encore plus criant dans les cours d'assises où l'irresponsabilité représentait 16% des cas au début des années 1980 et seulement 0,17% en 1997.

[modifier] Sexualité

Les rapports sexuels sont formellement interdits en prison: ils constituent même pour le détenu une faute du 2e degrè, susceptible d'un passage au prétoire et d'une punition de 30 jours de quartier disciplinaire. Pourtant,les préservatifs sont en accès libre (dans les détentions masculines), notamment parce qu'existent, même si elles sont souvent l'objet de mépris par la population carcérale, des relations homosexuelles[15] Les relations sexuelles entre la personne détenue et ses proches sont interdites également, même si naissent chaque année des "bébés-parloir".

[modifier] Mélange des prisonniers

Les jeunes filles ne sont pas séparées des femmes adultes, car il n'existe pas d'équivalent des Centres des jeunes détenus (CJD) pour filles.

En maison d'arrêt, tous les délits et crimes sont mélangés. En établissement pour peine (les maisons centrales et les centres de détention), il y a également un mélange des types d'actes. Les délinquants sexuels ne sont pas toujours isolés, en raison de difficultés matérielles au vu de la proportion importante qu'ils représentent, 21,4%[1].

En maison d'arrêt, il y a souvent des séparations selon les origines ethniques et/ou nationales. Ces séparations, souvent critiquées - SOS Racisme avait porté plainte il y a quelques années contre la prison de la Santé - sont mises en place en raisons des difficultés de cohabitations et des différents modes de vie des détenus.

[modifier] Détenu particulièrement signalé

Quelques deux cents prisonniers ont le statut de "Détenu Particulièrement Signalé" (DPS). Lorsque c'est le cas, leurs déplacements au sein de la prison sont limités, leur surveillance accrue. Enfin, ils ont interdiction de travailler (mais peuvent participer aux activités) et changent souvent de prison. Ce statut est appliqué soit en raison de la personnalité (fichier du grand banditisme, suscpetible d'être aidé pour une évasion, actes politiques), soit en raison du comportement en détention (personnes violentes, ayant participé à des émeutes ou mobilisations collectives). Ces détenus peuvent être placés en détention normale ou au quartier d'isolement. Le Quartier d'isolement (QI) étant soumis à un régime de vie plus strict. À noter que le placement au QI bénéficie à ceux dont la sécurité risque d'être menacée en raison d'une trop grande médiatisation de leur affaire (comme dans certaines affaires de pédophilie) ou en raison de leur profession (anciens policiers, surveillants, etc.) Certains peuvent être affectés au quartier dit "des particuliers" à la maison d'arrêt de La Santé (Paris), aussi appelé "quartier des VIP".

Ce statut est critiqué par de nombreuses familles de prisonniers, par certains avocats et organisations comme l'Observatoire international des prisons (OIP) et le Comité européen pour le prévention de la torture (CPT). Des psychiatres ont décrit les ravages psychiques et physiques sur le long terme. Et pour toutes ces raisons, ils demandent que ce statut soit pour les uns purement et simplement supprimé, pour les autres réformé pour empêcher les dérives.

Certains avocats ont même comparé que certaines applications de statut de DPS sont semblables à celles pratiquées dans les Quartiers de haute sécurité (QHS) qui ont été supprimés en 1981, parce que les détenus y devenaient des « fauves ».

[modifier] Bibliothèques cloisonnées et minuscules

Selon un rapport[16] de janvier 2005 du ministère de la culture et de la communication, "l'évolution actuelle vers une multiplication de petits lieux à l'intérieur d'une même prison est préoccupante." Ainsi, "le renforcement de l'autarcie des divers quartiers accentue le sentiment de "prisons dans la prison"."

"La surface moyenne de la bibliothèque de prison demeure très restreinte."

La maison d'arrêt de Reims dispose de 15m² pour 190 détenus, la maison d'arrêt de Villefranche-sur-Saône de 60 m² pour 600 détenus. "les chiffres sont excessivement médiocres."

"On peut l’estimer [la surface moyenne] à environ 40 m². Elle se situe nettement en-dessous des normes recommandées."

En effet "L'IFLA préconise 100 m² pour 100 détenus" et "les conventions établies en 1990-91 entre la Direction de l'administration pénitentiaire et la Direction du Livre recommandent une surface minimale de 80 m² : "au dessous d'un seuil de 80 à 100 m², un aménagement rationnel de l'espace devient difficile". On ne saurait mieux dire, alors qu'actuellement les bibliothèques de 80 m² ou davantage, loin de représenter la norme, sont considérées comme un espace généreux, une aubaine plutôt rare."

Un troisième problème est le mobilier : "Les serre-livres – un petit détail qui a son importance – semblent une denrée peu répandue. Le mobilier destiné à la lecture de détente – chauffeuse, table basse – n’est pas assez présent."

Autres critiques formulées : Pas de contenu multimédia, peu de périodiques, des collections généralement pauvres en ouvrages techniques et documentaires, peu de textes en langue étrangère.

Finalement ce rapport, après avoir souligné l'importance de la bibliothèque[17], peine à cacher son pessimisme : "il n'est pas sûr au total que le volume des bibliothèques de prison puisse et doive connaître une extension radicale. Ce n'est pas en tout cas l'évolution qui se profile."

[modifier] Maintien des liens familiaux

Selon les estimations du Credoc (Le Quéau, P., Ailet, V., Dubéchot, P., Fronteau, A., & Olm, C. (2000). L'autre peine, enquête exploratoire sur les conditions de vie des familles de détenus. Département " évaluation des Politiques Sociales, Crédoc, l'entreprise de recherche. Cahier de recherche, No. 147 P.139), il y aurait un demi-million de proches de détenus en France.

Les prisonniers peuvent recevoir la visite de leurs proches ou amis dans des "parloirs". Il est parfois difficile pour les proches ou amis d'obtenir un "permis de visite" (auprès du chef de l'établissement pénitentiaire ou du juge d'instruction). Les délais d'attente peuvent être de plusieurs mois.

Les parloirs sont surveillés par des surveillants. Il n'y a très peu d'intimité. Souvent, les parloirs ressemblent à ceux mis en ligne par la maison d'arrêt de Strasbourg [->http://www.ma-strasbourg.justice.fr/index.php?option=com_wrapper&Itemid=33]

Dans les maisons d'arrêt, les parloirs durent de 30 à 45 minutes. Dans les centres de détention et les maisons centrales, ils peuvent durer jusqu'à 3 heures (parfois le samedi et le dimanche).

Les relations sexuelles sont interdites entre les personnes détenues et leurs proches.[18] Depuis 2003, des "parloirs intimes" (Unités de vie familiale, UVF) sont expérimentés dans trois établissements (Poissy, Saint Martin de Ré et Rennes). Seules des personnes condamnées à de longues peines (les établissements concernés sont des maisons centrales) y ont accès.

Depuis les années 1980, sous l'influence d'autres expériences menées en Europe (association Eurochips http://www.eurochips.org/library2005.html), la prise en compte des effets de l'incarcération des parents sur les enfants a contribué à la naissance d'associations bénévoles (Fédération des relais Enfants Parents) organisant des visites des enfants à leurs parents en prison.

[modifier] Réinsertion

La réinsertion est une des plus importantes critiques faites à l'encontre de l'Administration pénitentiaire. Les pouvoirs publics ont très peu pris le temps de définir les missions de la prison. La réinsertion reste trop souvent le parent pauvre de la politique pénale.

Dans les faits, la réinsertion est très peu effective, principalement à cause du manque de moyens, les détenus ayant beaucoup de mal à pouvoir suivre des formations ou même à travailler. La réinsertion est une des principales missions du Service Pénitentiaire d'Insertion et de Probation.Et cette réinsertion débute en prison. De nombreux problèmes sont découvert en prison notamment la surpopulation, en 2002 on recenser 4009 places en prison, pour 4686 détenus.

[modifier] Formation

La prison a pour mission, inscrite dans la loi, de préparer la réinsertion des détenus. L’un des moyens de cette réinsertion est le travail, outil de socialisation, de formation et d’apprentissage de la discipline.

[modifier] Travail

Le travail n'est plus une obligation depuis la loi de juin 1987. Celui-ci est peu fréquent en maison d'arrêt, et il y a beaucoup de chômage dans les établissements pour peine. Le droit de travailler est très relatif, car beaucoup de prisonniers n'y sont pas autorisés (placement à l'isolement, statut de Détenu particulièrement surveillé (DPS)). Le manque de travail est un problème pour la réinsertion dans la société.

Le code du travail ne s'applique pas aux institutions pénitenciaires. Ainsi le salaire minimum horaire y est de 3,27 euros en maison d’arrêt et de 3,54 euros en centre de détention, contre 7,61 euros hors prison. Source : Ligue des Droits de l'Homme. Les clients de cette sous-traitance sont aussi bien le Sénat que Neuf Télécom[19].

[modifier] Unités de visite familiale

Partant du principe que les détenus restant en contact avec leur famille récidivent moins souvent, une alternative au parloir classique se développe. Il s'agit de mini-appartements avec un coin cuisine, où les prisonniers peuvent recevoir leurs proches. Les périodes d'accueil varient de six heures à trois jours. En 2006, il en existe une demi-douzaine de ces UVF dans l'Hexagone.

[modifier] Sorties sèches

Moins de 1% des prisonniers sortent en libération conditionnelle. Malgré de nombreux rapports (notamment ceux de Pierre Tournier et de Annie Kensey) contre les sorties sans période d'adaptation (aussi appelées sorties sèches), celles-ci sont de plus en plus la règle. Le risque des sorties sèches est que les détenus ne parviennent pas à trouver leurs places dans la société. Il est préférable d'organiser un régime progressif de remise en liberté.

[modifier] Prisonniers politiques

Bien que, depuis 1981, le statut de prisonnier politique ait disparu, de nombreux militants politiques déclarent que, s'ils ont été incarcérés, c'est pour des raisons politiques ; ainsi 200 prisonniers se revendiquent aujourd'hui prisonniers politiques[20]. Ces militants sont en majorité des indépendantistes basques et corses, des membres d'Action directe, du Parti communiste d'Espagne (reconstitué) (PCEr), du Groupes de résistance antifasciste du premier octobre (GRAPO), etc. La plupart de ces prisonniers sont incarcérés pour meurtres ou destruction de biens publics.

Ces prisonniers sont également soumis à une législation particulière et à des procédures dérogatoires du droit commun (notamment en ce qui concerne la présentation d'un avocat qui ne peut être faite que 72 heures après le début de la garde à vue) en raison du caractère spécifique de leur milieu. C'est ainsi qu'a été créé la 14e section du parquet de Paris, aussi appelé section Terrorisme et atteintes à la sûreté de l'État.

[modifier] Lutte anticarcérale

Icône de détail Article détaillé : Lutte anticarcérale.

Depuis les années 1970, des mouvements abolitionnistes soutiennent ouvertement les mutineries et la stigmatisation du personnel de l'Administration pénitentiaire, notamment par des campagnes de tags sur leur résidence personnelle.

Le 4 novembre 2000, 500 personnes ont manifesté à Paris pour l'abolition des prisons, à l'appel du collectif « Pour en finir avec toutes les prisons », regroupant notamment Act Up et le Mouvement de l'immigration et des banlieues (MIB). Ce mouvement a abouti en 2003 à la création d'une "Coordination anticarcérale européenne".

Depuis 2004, le réseau Vive les mutins soutient les révoltes de prisonniers et s'en fait régulièrement le relais. Il existe également des journaux et des radios abolitionnistes (L'envolée[21] sur Paris, La brèche sur Lille, Ralatol en Bretagne, etc.).

[modifier] Notes

  1. abc Chiffres clefs de l'administration pénitentiaire 2006, 18 novembre 2006, Direction de l'administration pénitentiaire
  2. Prison : «l’opacité» du ministère, 19 janvier 2008, Libération
  3. pour Alvaro Gil-Robles, les prisons françaises sont les pires d’Europe, 22 septembre 2005, Section de Toulon de la Ligue des Droits de l'Homme
  4. Prisons : un rapport stigmatise à nouveau les pratiques de l'administration française, Le Monde 06/12/2007
  5. Situation dans les prisons françaises, 28 juin 2001, Assemblée nationale
  6. Sécurité et droit du service public pénitentiaire (2000) de Éric Péchillon, aux éditions LGDJ, (ISBN 2275017534)
  7. 63.838 détenus en France: un record historique, 13  juin   2008, Libération
  8. Statistiques mensuelles de la population détenue et écrouée, 1er  avril   2007, Direction de l'administration pénitentiaire
  9. Matthieu Auzanneau, avec AFP, « La surpopulation des prisons proche d'un record historique », 18 Juillet 2007, Le Monde
  10. Élisabeth Fleury, « Violences sexuelles en prison », 29 avril 1999, l'Humanité
  11. Véronique Vasseur, Médecin Chef à la prison de la Santé, LGF Livre de Poche, 2001 (ISBN 978-2253151739)
  12. Prisons : un rapport stigmatise à nouveau les pratiques de l'administration française, Le Monde 06/12/2007
  13. Sexualité carcérale et Sida, association Ban Public
  14. un rapport accablant sur le nombre des malades mentaux en prison, 8 décembre 2004, Section de Toulon de la Ligue des Droits de l'Homme
  15. « Ricordeau G., Enquêter sur l’homosexualité et les violences sexuelles en détention », Déviance et Société, 2004, xxviii, n°2, pp. 233-253 http://cairn.webnext.com/revue-deviance-et-societe-2004-2-p-233.htm.
  16. Introduction
  17. "Elle crée du lien social et constitue pour le détenu un espace de respiration, une oasis. Elle représente, sans aucun doute, bien plus qu'une bibliothèque, un lieu de "sociabilité privilégiée" si bien décrit par les études sociologiques."
  18. TEL :: [G. RICORDEAU, Les relations familiales à l'épreuve de l'incarcération
  19. Carte des activités de sous-traitance, Service de l'Emploi Pénitencier
  20. Informations sur des prisonnier(e)s politiques, Agence de presse associative (APA)
  21. L'Envolée, journal de défense des prisonniers

[modifier] Articles connexes

[modifier] Documentation