Act Up

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Date de création 1989
Réunion hebdomadaire tous les mardis à 19h à l'École des Beaux-Arts
14, rue Bonaparte
75006 Paris
Nombre d'adhérents 150 revendiqués
Site internet actupparis.org

Act Up est une association militante activiste de lutte contre le sida, créée en juin 1989[1], suivant le modèle américain, né deux ans plus tôt. Ce modèle a essaimé essentiellement dans le monde occidental (New-York, Philadelphie, etc., en France : Paris, Lyon et Toulouse), chaque association bénéficiant d'une totale autonomie, et se caractérise par un certain nombre de techniques activistes relatives tant à la visibilité de la lutte engagée qu'au mode de fonctionnement interne du collectif (prise de décision au consensus par exemple).

Sommaire

[modifier] Le malade émancipé par le collectif

Activistes d'Act Up à une manifestation contre le SIDA à Paris, 01/12/2005.
Activistes d'Act Up à une manifestation contre le SIDA à Paris, 01/12/2005.

Les objectifs d'Act Up consistent :

Act Up est en outre un groupe avec une forte identité collective « homosexuel-séropositif », mais ouverte à des identités multiples[4]. Ses militants viennent de toutes les catégories de la population qui sont touchées par l'épidémie[5], ce qui fait de ce groupe un mouvement politique que l'on peut vraiment désigner comme queer dans la mesure où il se définit seulement par son caractère oppositionnel[6].

[modifier] La maladie à des croisées multiples

La lutte contre le sida lie pour Act Up la résistance gaie et la politique sexuelle à une mobilisation sociale autour de questions multiples telles que celles de la « race », du genre (pour l'égalité des droits des personnes LGBT), de la pauvreté, de la prison, de la toxicomanie, de la phobie du sexe, des représentations journalistiques, de la réforme du système de santé, des lois sur l'immigration, de la recherche médicale, du pouvoir et de la responsabilité des experts ou/et de l'industrie pharmaceutique[7].

[modifier] Techniques activistes

Activiste d'Act-Up à Paris en France, 1er octobre 2005
Activiste d'Act-Up à Paris en France, 1er octobre 2005

Ses interpellations consistent en des coups d'éclat, qu'ils appellent « zaps », pour dénoncer ce que l'association juge comme étant une injustice. Act Up utilise aussi le « die-in » (en s'allongeant par terre) pour figurer les morts du sida[8].

Son mode d'expression, le recours à l'illégalité et à la désobéissance civile[9], fait régulièrement l'objet de controverses, notamment lors du Sidaction 1996 où son président apostropha rudement le ministre de la Culture Philippe Douste-Blazy pour s'opposer aux expulsions de malades étrangers, traitant la France de « pays de merde » ; mais aussi le 5 juin 2005 lors d'une action suivie d'une vive altercation provoquée par le service d'ordre, quand ses militants investissent la cathédrale Notre-Dame de Paris pour célébrer un simulacre de mariage homosexuel, après la messe du dimanche matin ; ou, encore plus récemment, la campagne d'affiches dont Nicolas Sarkozy a été la cible. Act Up a été mise en cause pour avoir dégradé la façade de l'Elysée le 30 novembre 2004. Act Up a menacé en 1999 d'outer un député, homosexuel et présent à la manifestation anti-Pacs du 31 janvier 1999 où ont été entendus des slogans homophobes, mais ne l'a pas fait[10].

[modifier] Controverses

  • Comme toutes les autres associations de malades, Act Up a été confronté une baisse du nombre de ses militants dans la deuxième moitié des années 1990 avec l'arrivée des trithérapies.
  • Le 5 juin 2005, le recteur de la cathédrale Notre-Dame de Paris a déposé plainte contre Act Up pour agression sur sa personne et sur les 5 vigiles du service de sécurité. La plainte du recteur ayant été classée sans suite par la justice le 8 octobre 2005, Mgr Patrick Jacquin, se considérant victime de blessures par ces militants, a décidé de porter plainte au civil. Le 25 avril 2007, il obtient gain de cause du tribunal de grande instance de Paris qui considère que le « simulacre de mariage religieux », organisé « dans l’allée centrale de la cathédrale » « devant l’autel où sont effectivement célébrés les mariages dans la liturgie catholique », s’était déroulé « sans l’autorisation du recteur de la cathédrale et même contre sa volonté et malgré son opposition expressément manifestée ». Après avoir estimé que les militants d’Act Up avaient « à l’évidence porté atteinte » aux principes fondamentaux que sont la liberté religieuse et le libre exercice du culte, il déclare qu'il est « indifférent », selon lui, « qu’ (ils) aient entendu agir, non pas dans le but de (…) ridiculiser l’Église catholique, mais pour interpeller celle-ci sur la discrimination dont ils estiment être victimes ». Pour ces raisons, la première chambre civile du tribunal a condamné l’association à verser au recteur un euro de dommages et intérêts, ainsi que 2 000 euros d’indemnités.
  • Les militants d'Act Up revendiquent le droit au mariage civil pour deux personnes homosexuelles, ainsi que les droits qui en découlent, dont le droit à l'adoption.
  • En décembre 2005, Nicolas Sarkozy est la cible d'une campagne « pour dénoncer un discours raciste et une politique meurtrière » en collant à travers Paris et la province des affiches comportant une photographie de Nicolas Sarkozy et un texte pour légende : « Votez LE PEN ».
  • Le 3 septembre 2006, Act Up appelle à manifester contre le changement de nom de la Place du parvis Notre-Dame en Place Jean-Paul II, considérant qu'« en 26 ans de règne, Jean-Paul II a peut-être fait tomber certains murs mais il en a réellement consolidé d’autres : sexisme et misogynie ; homophobie, lesbophobie, transphobie ; non assistance à populations en danger[11] ».
  • Pendant la campagne présidentielle 2007, Act-Up a à nouveau attaqué le candidat Nicolas Sarkozy, présentant sa photo entouré d'une tête de mort et du slogan suivant : "2007-2012 - Nous n'y survivrons pas - Vous non plus".

[modifier] Bibliographie

[modifier] Act Up raconté par ses présidents

  • Emmanuelle Cosse, « Savoir = Pouvoir. Savoir et expertise dans l'activisme d'Act Up », Alice, n°2 : « Les savoirs constituants », 1999 [lire en ligne].
  • Didier Lestrade, Act Up. Une histoire, Denoël, 2000.
  • Didier Lestrade, « Pour une communauté civique », Cosmopolitiques, n°4 : « Ce sexe qui nous dépasse », 2003 [lire en ligne].
  • Philippe Mangeot, « Impureté de la politique », Alice, n°1, 1998 [lire en ligne].
  • Philippe Mangeot, « Foucault sans le savoir », in Didier Eribon (éd.), L’infréquentable Michel Foucault, EPEL, 2001.
  • Phillipe Mangeot, « Le sida n'a pas eu lieu », Cahiers de la Villa Gillet, n°16 : « L'événement », 2002.
  • Christophe Martet, Les Combattants du sida, Flammarion, 1993.
  • Voir aussi Cleews Vellay

[modifier] Act Up dans les revues généralistes et spécialisées

Outre Le Sida. Combien de divisions ? (Éditions Dagorno, 1994), qui retrace l'engagement initial de l'association, on trouvera diverses contributions d'Act Up dans les revues :

  • Multitudes : « Propriété intellectuelle » [1], « Garantir le revenu » [2]
  • Mouvements : « Sexe : sous la révolution, les normes »
  • Pratiques : « L'information et le patient », « La santé, un enjeu public », « Faire autrement pour soigner », « Le temps de la parole »...

[modifier] Articles sur Act Up

  • Philippe Artières, « Mémoires vives » in Sept images d'amour, Les Prairies Ordinaires, 2006.
  • Janine Barbot, « Entre soi et face aux autres. La réunion hebdomadaire d'Act Up », Politix, n°31 : « Parler en public », 1995 [lire en ligne].
  • Vincent Bonnet, « Puissance du groupe. Ce que fait un collectif de malades (Act Up) », Cosmopolitiques, n°14 : « Comment rendre la santé publique ? », 2007.
  • Victoire Patouillard, « Une colère politique. L'usage du corps dans une situation exceptionnelle : le zap d'Act Up », Sociétés contemporaines, n°31 : « Le corps protestataire », 1998.

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

  1. Pour en savoir plus, voir la présentation de l'association par elle-même. On peut également consulter les archives d'Act Up de 1989 à 1998.
  2. Principes de Denver (déclaration fondatrice de la coalition des personnes atteintes du sida) (1985)
  3. « Les malades acteurs de la recherche », États généraux de la recherche, 2004
  4. Sur la question de l'identité : « Communautés » et « communautarisme ». La rhétorique « anti-communautariste » à l’épreuve des « communautés homosexuelles » par Philippe Mangeot
  5. « Sida : envie d'en être ? » : biolines militantes
  6. Act Up : laboratoire des devenirs minoritaires
  7. Pratique de la guerre symbolique par Act Up
  8. Le corps comme outil militant à Act Up
  9. Act Up et l’action publique
  10. Act Up et l'outing
  11. « Jean-Paul II n’a pas sa place à Paris », communiqué d'Act Up.
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