Histoire de la Creuse

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Creuse (23)
Localisation de la Creuse en France
Région Limousin Limousin
Préfecture Guéret
Sous-préfecture(s) Aubusson
Population totale 124 470 hab. (1999)
Densité 22 hab./km²
Superficie 5 565 km²
Arrondissements 2
Cantons 27
Intercommunalités 18
Communes 260
Président du
conseil général
Jean-Jacques Lozach
(PS)

Sommaire

[modifier] Préhistoire

Le peuplement humain, aussi ancien que dans l'ensemble du territoire français, remonte au Paléolithique inférieur : à Lavaud, près d'Argenton-sur-Creuse, les premiers vestiges liés à la présence de l'homme ont un million d'années. Depuis l'Acheuléen jusqu'au Néolithique, on connaît des sites, répartis tout le long de la vallée, en particulier à Péchadoire, où on a trouvé des silex, ou à Fressignes (17 000 av. J.-C.). La vallée de la Creuse a servi de refuge à la faune et aux hommes lors de la glaciation de Würm, époque à laquelle l'inlandsis descendait jusqu'à la vallée du Rhin, les territoires plus méridionaux étant péri-arctiques. Les grottes et abris ont été occupés pendant l'Aurignacien, le Solutréen et les différentes phases du Magdalénien, assurant une transition entre les cultures du bassin parisien et celles de la vallée de la Dordogne. Les hommes de Néandertal, Homo neanderthalensis, y ont précédé les hommes modernes, Homo sapiens. Les campagnes sont alors peuplées d'aurochs, de chevaux, de rennes, de renards polaires, de gloutons, de harfangs des neiges, de lemmings, de campagnols et de bouquetins. On y chasse le renne, le cheval, la saïga et le loup.

C'est au Néolithique que la sédentarisation conduit à un peuplement durable d'agriculteurs et d'éleveurs. On en veut pour preuve les mégalithes, dolmens et menhirs, dont il existe plusieurs dizaines d'exemplaires dans la Creuse, y compris un petit menhir sur la route de Chignaroche à Saint-Fiel, les tumuli et les oppida (Puy de Gaudy à Sainte-Feyre), et les objets en cuivre qui apparaissent au cours des troisième et second millénaires.

[modifier] Antiquité

Les peuples gaulois
Les peuples gaulois

Selon Jules César dans la Guerre des Gaules, l'actuelle région du Limousin était habitée par la tribu des Lémovices qui joua un grand rôle dans la résistance gauloise. La capitale de cette tribu était l'oppidum de Villejoubert, situé sur la commune de Saint-Denis-des-Murs en Haute-Vienne. Cette ville était le point de rencontre de nombreux itinéraires économiques, en effet, les Lémovices étaient connus pour leur production d'or extrait des mines à ciel ouvert qui étaient nombreuses dans la région. D'autres sites avaient leur importance comme le puy d'Yssandon, Ahun, Uzerche ou encore Saint-Gence.

[modifier] Les romains

César conquit le territoire des Lémovices en 52 av. J.-C., dès lors commença la romanisation du territoire qui ne bouleversa pas l'économie du pays. Seules les villes furent déplacées afin de faciliter le parcours des marchandises et le contrôle des autochtones par l'autorité romaine. Ainsi, la capitale des Lémovices fut transféré à Augustoritum, la future Limoges, cité entièrement créée par les Romains vers 10 av. J.-C. afin de faciliter la traversée de la Vienne.

Le Limousin possédait des cités secondaires comme Briva Curretia (Brive-la-Gaillarde) sur la route Lyon-Bordeaux, Acitodunum (Ahun) sur la route Bourges-Clermont. D'autres sites plus religieux, dont nous conservons les vestiges, furent créés ou romanisés comme Cassinomagus (Chassenon) et Evaux-les-Bains célèbrent pour leurs thermes, Tintignac sur la commune de Naves avec un sanctuaire qui regroupe notamment un temple et un théâtre mais aussi Les Cars sur la commune de Saint-Merd-les-Oussines.

Les campagnes du Limousin étaient exploitées par les Romains par de riches propriétaires qui vivaient dans des villae. La toponymie a gardé le souvenir de ces exploitations agricoles et parfois de leur propriétaire. De nombreux villages finissant en -ac sont d'anciennes villae comme Flavignac (villa de Flavinius), Solignac ou Solemniacum (villa de Solemnius). Des vestiges archéologiques furent retrouvés comme les Couvents sur la commune de La Chapelle-Montbrandeix, la villa de Pierre-Buffière, ou celle de Brachaud, au nord de Limoges.

[modifier] Nos ancêtres, les barbares

Ce sont les Wisigoths, chrétiens ariens venus d'Orient par l'Italie, qui s'installent en Aquitaine (419-507) avec l'accord de l'empereur Honorius. Le Limousin, qui était resté romain, passe petit à petit sous le contrôle du roi wisigoth Euric.

La victoire du roi des Francs, Clovis, à Vouillé décide du sort de l'Aquitaine et du Limousin qui passent sous son contrôle en 507. À sa mort en 511, le partage de son royaume l'attribue à Thierry, roi de Metz et de Reims, mais ce rattachement "contre nature" ne dure qu'aussi longtemps que vit son roi. Le pouvoir mérovingien met en place son administration, qui s'appuie sur les comtes (comes) et le Limousin est dirigé par l'un de ceux-ci.

[modifier] Les Mérovingiens

La région qui sera la France connaît une période troublée quand meurt Clotaire 1er, le dernier fils de Clovis, en 561. Le royaume est divisé entre les héritiers avec des épisodes variés et guerriers, qui dévastent en particulier le Limousin et Limoges. Le royaume de Clovis est ensuite partagé durablement entre la Neustrie et l'Austrasie et le Limousin est rattaché à la Neustrie dont Chilpéric est le roi (567). Despotisme et révoltes se succèdent suivis par des périodes plus clémentes comme sous le règne de Brunehilde, de Clotaire II (613-628) et de Dagobert (628-638), dont le ministre des finances Eloi, qui sera canonisé, vient de la région et y fonde l'abbaye de Solignac. Le Limousin a alors rejoint le royaume franc des rois mérovingiens.

Quand l'Aquitaine se sépare du royaume mérovingien vers 670, le Limousin est annexé manu militari par le duc Lupus de Toulouse (674), puis Limoges prête serment au duc Eudes. Les villes sont fortifiées et sont ainsi épargnées quand les Sarrasins montent vers le nord, avant d'être arrêtés en 732 par Charles Martel à Poitiers, mais les campagnes sont saccagées par les bandes sarrasines qui refluent vers la Méditerranée après leur défaite.

[modifier] Moyen âge

La vicomté d'Aubusson est située dans la Marche et sera dépendante de la généralité de Moulins. Elle tire son nom de la ville d’Aubusson. Selon Alfred Leroux[1], le territoire de cette vicomté inclue la vallée supérieure de la Creuse, jusqu'aux approches de Guéret, la vallée du Thaurion et de la Vienne, ainsi que le plateau de Millevaches avec ses dépendances méridionales.

La dignité de vicomte d’Aubusson, à partir du IXe siècle va demeurer plus de quatre cents ans dans la maison d’Aubusson et passe toujours de père en fils, jusqu’à ce que Raymond, premier Aubusson ayant point d’enfants, vende sa vicomté au comte Hugues XI de Lusignan au désavantage de Ranulphe d’Aubusson, son frère[2]. A partir de la seconde moitié du Xe siècle siècle, les vicomtes d'Aubusson prennent le titre de marquis, marchio, et Géraud, évêque de Cahors, écrivant en l’an 1155 à l’empereur Frédéric Barberousse pour obtenir sa mise en liberté et celle de son parent, le vicomte d’Aubusson, qui avait été fait, comme lui, prisonnier en Italie, par les gens de cet empereur, appelle le vicomte, marquis de ce pays illius terrœ marchionem[3].

Icône de détail Article détaillé : Vicomté d'Aubusson.

La via Lemovicensis (ou voie limousine ou voie de Vézelay) est le nom latin d'un des quatre chemins de France du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle passe par Limoges, d'où son nom mais son le lieu de rassemblement et de départ est l'abbaye de la Madeleine à Vézelay. Elle traverse le pays d'étape en étape jusqu'au village basque d'Ostabat, où elle fusionne avec la via Turonensis. Le chemin passe sur sa première section par Bourges et Châteauroux. Il existe cependant une variante plus au sud par Nevers. Dans la Creuse, son parcour est le suivant : Crozant et son château, La Chapelle-Baloue, Lourioux (Commune de Saint-Germain-Beaupré), La Maisonbraud (Commune de Saint-Germain-Beaupré), Saint-Germain-Beaupré, Saint-Agnant-de-Versillat, Les Chassagnes (Commune de Saint-Agnant-de-Versillat), Bousseresse (Commune de La Souterraine), La Souterraine, Saint-Priest-la-Feuille, La Rebeyrolle (Commune de Saint-Priest-la-Feuille), Le Grand Neyrat (Le Grand Nérat commune de Chamborand), Bénévent-l'Abbaye, Marsac, Les Rorgues (commune de Marsac), Arrènes, Saint-Goussaud, Redondessagne (Commune de Saint-Goussaud) et Millemilange (Commune de Saint-Goussaud).

[modifier] Epoque moderne

[modifier] La formation du département

Le département de la Creuse est l'un des 83 départements créés par l'Assemblée constituante, le 4 mars 1790, en application de la loi du 22 décembre 1789.

La formation de la nouvelle circonscription administrative fut assez difficile. Les régions qui allaient composer le département de la Creuse étaient convoitées par d'autres villes que Guéret. D'autre part, elles-mêmes s'opposaient parfois à un tel rattachement. Ainsi Bourganeuf et La Souterraine, dépendant de la généralité de Limoges, souhaitaient faire partie du département dont cette ville serait le chef-lieu.

[modifier] Epoque contemporaine

[modifier] XIX siècle

La cascade des Jarrauds en 1907
La cascade des Jarrauds en 1907
  • Depuis le Moyen Âge, dans toutes les communes du département, beaucoup d'hommes partaient tous les ans dans les grandes villes sur les chantiers du bâtiment pour se faire embaucher comme maçon, charpentier, couvreur...C'est ainsi que les maçons de la Creuse devinrent bâtisseur de Cathédrale, en 1624, ils construisirent la digue de La Rochelle, au XIX siècle, ils participèrent à la construction du Paris du baron Haussmann. Initialement temporaire de mars à novembre, l'émigration devint définitive : ainsi la Creuse a perdu la moitié de sa population entre 1850 et 1950. On retrouve dans les livres de Léa Védrine avec Jeantou, le maçon creusois et Martin Nadaud avec "Mémoires de Léonard", la description de cet exode qui marqua si fortement les modes de vie.
  • La ville de Bourganeuf a été la troisième ville Française à recevoir l'électricité en 1886. Puis en 1889, les installations de la Cascade des Jarrauds, distantes de 14 kilomètres, assurèrent la production d'électricité. Ainsi, grace à l'ingénieur Marcel Deprez qui supervisa les travaux électrique, c'était la première fois en France où on transporta l'électricité sur une distance aussi importante. Pour couronner cette prouesse technique, le premier téléphone de la région reliait les installations de la cascade et de la ville de Bourganeuf. La première utilisation commerciale du téléphone en France datait de 1879.
  • L'École de Crozant est située sur les rives des deux Creuses à proximité des communes de Crozant et de Fresselines dans le département de la Creuse. C'est une école "sans maître", qui n'est rien d'autre qu'une commode appellation, imaginée ultérieurement, pour désigner tous ceux qui ont trouvé l'inspiration sur les rives de la Creuse. Claude Monet en 1889 au cours d'un séjour à Fresselines réalisait sa première série sur le site du confluent des deux Creuses. Il réalisera 23 toiles dans la vallée.

[modifier] XX siècle

  • La guerre de 1914-1918 : La France a été le pays le plus touché, proportionnellement : 1,4 million de tués et de disparus, soit 10 % de la population active masculine. Cette saignée s'accompagne d'un déficit des naissances. Le monument aux morts de la commune de Gentioux reste le témoin de cette hécatombe qui développa un fort sentiment pacifiste dans tout le pays.
  • En 1917, une Mutinerie des soldats russes à La Courtine s'installe dans le camp militaire creusois.
  • Pendant la deuxième guerre mondiale, le maquis du Limousin était l'un des plus grands et actifs maquis de France. Georges Guingouin joua un rôle de premier plan dans la Résistance Française à la tête de ce maquis. La région a été profondément marquée par les 99 pendus de Tulle et le massacre d'Oradour-sur-Glane en juin 1944 à la suite du débarquement en Normandie et du passage de la 2e division SS Das Reich, plusieurs organisations interviennent dans le Limousin, dans la Creuse c'est essentiellement le maquis de l'Armée Secrète de Guéret. De nombreux creusois requis pour le Service du travail obligatoire rejoignent les camps des maquisards. Parmi eux, 7 maquisards furent tués par les allemands, le 7 septembre 1943 dans le bois du Thouraud et 5 autres sont morts en déportation[4]. Guérêt sera libéré par les maquisard le 7 juin 1944.

[modifier] Pour approfondir

[modifier] Bibliographie

  • Paul d'Hollander, Pierre Pageot, La Révolution française dans le Limousin et la Marche, Bibliothèque historique Privat, Editions Privat, 1989

[modifier] Notes et références

  1. Géographie historique du Limousin, Limoges, Ducourtieux et Gout, 1909.
  2. Histoire de pierre d'aubusson grand maistre de rhodes - Page 24, 1739.
  3. Mémoires présentés par divers savants. - Page 304, France – 1863
  4. Mémorial GenWeb