Vénète

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Le vénète est une langue indo-européenne éteinte, parlée autrefois en Vénétie, entre le delta du et le sud des Alpes par les Vénètes, appelés Veneti par les Romains et Enetoi par les Grecs.

La langue est attestée par plus de deux cent cinquante inscriptions remontant au Ve ou au VIe siècle av. J.-C., et disparaît aux alentours du Ier siècle av. J.-C., époque à laquelle les vénètophones sont assimilés aux Latins.

Il ne faut pas confondre le vénète avec le vénitien encore parlé aujourd'hui dans cette région.

Sommaire

[modifier] Classification linguistique

Le vénète est une langue centum, les inscriptions étant dans un alphabet proche de l'ancien italique. La relation exacte existant entre le vénète et les autres langues indo-européennes est encore à déterminer. Il longtemps été mis en relation avec l'illyrien, langue dont on sait très peu de choses parlée dans les Balkans, mais cette hypothèse est aujourd'hui rejetée par la plupart des spécialistes.

La plupart des savants classent aujourd'hui le vénète dans le groupe italique (comprenant le latin, l'osque et l'ombrien). En particulier, elle a beaucoup de similitudes avec le latin, ce qui peut faire supposer que le latino-falisque et le vénète constitue une couche ancienne de peuplement, séparée en deux groupes par l'arrivée des Osco-Ombiens (hypothèse soutenue par Beeler, Porzig, Hans Krahe, Hamp, Lejeune et Georgiev).

Des parallèles importants ont été mis en avant avec les langues germaniques, particulièrement au niveau des pronoms :

Vénète: ego = je mego = moi (accusatif)
Gotique : ik, mik
Allemand : ich, mich
Latin: ego, me
Vénète : sselboisselboi = à soi-même
Haut allemand : selb selbo
Allemand : sich selber
Latin : sibi ipsi

En se basant sur ces similarités, certains (Polomé, Safarewicz, Hirunuma, Campanile) affirment que le vénète est une langue indo-européenne à part. Cependant, ces similarités ne tiennent qu'au vocabulaire, et on peut les expliquer par des échanges datant de l'époque où les porteurs des langues italiques voisinaient ceux des langues germaniques et aussi slave.

Radoslav Katičić a également montré que l'anthroponymie de la zone nord-ouest de l'ancienne province romaine d'Illyrie (qu'il appelle « nord-adriatique »), soit le pays du peuple liburne fait partie d'un espace anthroponymique plus vaste, comprenant l'ensemble du pays vénète, l'Istrie, et allant jusqu'aux Alpes orientales. La zone anthroponomymique contiguë, qu'il appelle « dalmato-pannonienne », correspondant aux pays des Dalmates et des Iapodes à l'époque de la conquête romaine et se prolongeant jusqu'en Pannonie, a également de nombreux traits communs avec la première.

Ces découvertes dessinent un tout nouveau visage aux langues italiques, dont le territoire se prolongerait jusqu'en Europe centrale.

[modifier] Propriétés

Le vénète avait 6 ou 7 cas nominaux et 4 conjugaisons (de manière similaire au latin). On connaît une soixantaine de mots, certains ayant été empruntés au latin ou à l'étrusque. La plupart rappellent des racines indo-européennes, par exemple : fraterei < IE *bhraterei = au frère.

[modifier] Exemples

Une inscription en vénète, trouvé sur un clou en bronze à Este :

Vénète : mego donasto śainatei reitiiai porai egeotora aimoi ke louderobos
Latin : me donavit sanatrici Reitiae bonae Egetora pro-Aemo que liberis
Français :

Une inscription trouvée sur une situla à Cadore :

Vénète : eik goltanos doto louderai kanei
Latin : hic Goltanus dedit Liberae Cani
Français : Goltanus sacrifia cela pour la vierge Canis

[modifier] Source

  • Julius Pokorny (1959): Indogermanisches Etymologisches Wörterbuch. Bern, 1959. Pages 708-709, 882-884.
  • Bernard Sergent (1995): Les Indo-Européens, Payot, Paris.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes