Empire byzantin

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Βασιλεία Ῥωμαίων
Imperium Romanorum
Empire byzantin

(Emblème de la dynastie Paléologue)

Titre impérial : Βασιλεὺς Βασιλέων
Βασιλεύων Βασιλευόντων


(en grec : roi des rois,
seigneur au-dessus des seigneurs)
Écu de l'Empire Byzantin
Écu de l'Empire Byzantin
Bannière des Paléologues in: Le grand livre de l’héraldique, Elsevier Séquoïa: Bruxelles 1977
Bannière des Paléologues in: Le grand livre de l’héraldique, Elsevier Séquoïa: Bruxelles 1977
Chronologie
667 av. J.-C. Fondation par des colons Doriens de la cité de Byzance (future Constantinople) est fondée.
330 L’empereur Constantin Ier le Grand fait de Constantinople la nouvelle capitale de l'Empire romain.
395 L’Empire romain est séparé définitivement entre l’Empire romain d'Orient et l’Empire romain d'Occident, après la mort de Théodose Ier.
527 Justinien est couronné empereur.
532537
Justinien construit la cathédrale de Sainte-Sophie (Ιερός Ναός Αγίας Σοφίας)
533554 Les généraux de Justinien reconquièrent l’Afrique du Nord, l'Espagne du Sud et l’Italie sur les Vandales et les Ostrogoths.
568 Les Lombards s'installent en Italie où l'Empire ne garde que Ravenne, Rome et le Sud-Est; les Slaves (futurs Serbes et Bulgares) commencent à s'installer dans la partie européenne de l'Empire où ils se mêlent aux Grecs, aux Illyres (futurs Albanais) et aux Valaques (futurs Aroumains et Roumains).
614627 Les Perses occupent le Levant et l'Égypte.
634641 Les armées arabes conquièrent la Syrie, la Palestine et l’Égypte. Dans la décennie suivante, elles prennent aussi l’Afrique du Nord puis Chypre et la Sicile.
755812 Les Bulgares s'emparent de la majeure partie de la partie Européenne de l'Empire (qui ne garde que la Grèce et les côtes).
730787 ; 813843 Controverses iconoclastes. En 827 les Arabes conquièrent la Crète.
8431025 La dynastie macédonienne s’impose. L’Empire renaît et reprend ses territoires européens aux Bulgares ainsi des îles (Crète et Chypre) aux Arabes. En 1014 à la Bataille de Kleidion, l'empereur Basile II devient le Bulgaroctone ("massacreur de Bulgares"). La frontière est à nouveau fixée sur le Danube. Les lettrés byzantins traduisent et sauvent nombre de précieux ouvrages romains et grecs anciens.
1025 Mort de Basile II. L’Empire commence à décliner.
1054 Par le Schisme Romain (connu en Occident sous le nom de "Schisme d'Orient") l’Église romaine se sépare de l'Église orthodoxe des sept Conciles et innove en matière de théologie (filioque, purgatoire...) et de droit canon (primauté temporelle du Pape, célibat des prêtres...).
1071 L’empereur Romain IV est battu par les Seldjoukides à la bataille de Manzikert. L'intérieur de l’Anatolie est perdu, l'Empire ne garde que les côtes. Cette même année, le dernières provinces ("Thèmes") d'Italie sont perdus face aux Normands.
1081 Établissement de la dynastie des Comnène par Alexis Ier. Le déclin s’interrompt, une nouvelle opulence liée à l’essor économique apparaît tandis que l’art et la littérature connaissent également un renouveau. Byzance est engagée dans les croisades, mais les Turcs s'établissent en Anatolie et convertissent les populations locales, peu enclines à payer une double taxation (les non-musulmans devaient un impôt spécial: le "haraç").
1091 Les armées impériales défont les Petchenègues dans le Levounion (sur le Bas-Danube).
1097 Récupération de Nicée sur les Turcs avec l'aide des premiers croisés.
1097-1176 Les armées de l'Empire reprennent une partie de l’Asie Mineure aux Turcs, et poussent vers l’Anatolie centrale; la Principauté croisée d’Antioche devient protectorat byzantin.
1176 Bataille de Myriokephalon. Manuel Ier Comnène tente de reprendre Ikônion/Konya, capitale des Seldjoukides mais échoue après la destruction de ses engins de siège. C'est l'échec de la tentative de récupération des plateaux Anatoliens.
1180 mort de Manuel Ier. Le déclin de l’empire recommence. Les frères valaques Asan et Petru Deleanu soulèvent la Bulgarie.
1186 Slaves et Valaques proclament l'indépendance de la Bulgarie. Les Serbes suivent: l'Empire est cette fois réduit à la Grèce et aux côtes de la péninsule des Balkans et de l'Anatolie.
1204 Constantinople est conquise par les croisés qui y proclament l’Empire latin de Constantinople, tandis que les Byzantins conservent les Empires de Nicée et de Trébizonde, et le despotat d'Épire. D'autres états croisés se forment dans le centre de la Gèce et dans les îles égéennes tandis que les vénitiens et les génois s'emparent de la plupart des ports, de l'Eubée, de la Crète et de Chypre.
1261 Constantinople est reconquise par Michel VIII Paléologue, empereur byzantin de Nicée. Mais Vénitiens et Génois sont toujours là, et l'Empire, privé de ses sources de richesse, est très affaibli.
1453 Les Turcs ottomans conquièrent Constantinople. Mort de Constantin XI Paléologue le dernier empereur de l’Empire romain d’Orient.
1461 Les ottomans conquièrent Trébizonde et Mistra. Fin des derniers états byzantins

A partir de l'an 395, à la mort de Théodose Ier, l'Empire romain est partagé en deux parties : l'Empire romain d'Occident qui disparaît en 476, et l'Empire romain d'orient ou Empire byzantin (en grec Βασιλεία Ρωμαίων / Basileía Rômaíôn) qui durera jusqu'en 1453.

Le mot byzantin vient de Byzance, l'ancien nom de la capitale impériale Constantinople. D'origine occidentale, ce terme exonyme n'est utilisé que depuis le XVIIe siècle: il a été créé par Hieronymus Wolf pour faire une distinction entre l'histoire de l'Empire romain dans l'Antiquité et celle l'Empire romain d'orient qui, depuis lors, est considérée comme une histoire grecque médiévale[1]. Majoritairement hellénophones, les habitants de ce pays, que nous appelons: les Byzantins, appelaient leur état par l'endonyme « Empire romain »[2]. Si leur religion, leur langue de communication, et leur culture étaient essentiellement grecques plutôt que romaines[2], eux se voyaient néanmoins comme des Romains (en grec Rhomaioi ), rejoints en cela par les Perses, les Arabes et les Turcs qui appelèrent les Byzantins « Rum », alors que les Européens les appellaient « Grecs » et leur Empire « Imperium Graecorum », « Græcia », ou aussi « Terra Græcorum »[2].

Au cours de ces mille ans, un certain nombre de lois et coutumes fut conservé des Romains, ainsi que certains aspects culturels ou techniques comme l'architecture. La disparition de la partie occidentale de l'Empire romain et celle des légions romaines, les menaces permanentes sur leurs frontières amenèrent les Byzantins à se doter d'une armée puissante, dont la tactique a évolué et commencé à s'élaborer de manière autonome dès le VIe siècle.

L'Empire byzantin fut aussi un empire chrétien qui, entre autres, aura défini certains dogmes du christianisme. L'Église officielle fut l'Église chrétienne universelle jusqu'au schisme de l'église romaine de 1054, ensuite cette partie de l'Église, qui conserva la théologie et le droit canon du premier millénaire (dite des sept conciles) prit le nom d'Église orthodoxe.

Sommaire

[modifier] Histoire

Icône de détail Article détaillé : Histoire de l'empire byzantin.

[modifier] Empire byzantin : héritier de l'Empire romain

En 293, l'empereur Dioclétien instaura, avec la tétrarchie, une division administrative de l'Empire romain. Cette division prit une dimension nouvelle avec Constantin Ier. En dotant l'empire d'une deuxième capitale en Orient à partir de 330, Constantin posait les bases qui allaient permettre à l'Empire romain de survivre aux invasions barbares. Ainsi, à la fin de l'Empire romain d'occident en 476, Constantinople, qui héritait de toute la moitié orientale de l'empire, devint le dernier centre politique et culturel où se perpétuaient les traditions romaines. L’Empire byzantin n'est en fait que la moitié orientale de l'Empire romain, qui poursuit son histoire. Il serait plus approprié d'utiliser l'expression Empire romain d'Orient pour le désigner: les empereurs se considéraient en effet toujours comme empereurs romains, et les chefs barbares qui devinrent maîtres des contrées occidentales recherchèrent et obtinrent souvent une investiture formelle de cet empereur pour asseoir leur autorité et leur prestige personnels.

Sous le règne de Justinien Ier l'armée commandée par le général Bélisaire rétablit partiellement l'empire dans ses frontières occidentales, notamment en Italie en 536, ainsi que sur le pourtour méditerranéen. Mais cette restauration fut éphémère, et surtout ruineuse. À la fin du règne de Justinien, l'empire fut harcelé sur toutes ses frontières. Seul l'esprit militaire de Maurice permit de sauver ce qui pu l'être des conquêtes de Justinien. Il constitua pour cela les exarchats de Carthage en Afrique du Nord et de Ravenne en Italie.

C'est aussi au milieu du Ve siècle siècle que la chrétienté se divisa entre les partisans du monophysisme (Arméniens, Syriens, Palestiniens, Egyptiens et Ethiopiens) et ceux du Nicée II qui continuaient à croire que le Christ fut à la fois Dieu et Homme. il y eut à l'époque beaucoup d'autres controverses, car l'église n'était pas monolithique et les traditions de pluralisme religieux de l'Antiquité n'avaient pas disparu dans l'Empire.

À partir de 603, les Perses lancèrent une grande offensive en Orient. Ils s'emparèrent de l'Égypte, de la Palestine et de la Syrie. Pendant ce temps, les Slaves s'installaient dans les Balkans, et une nouvelle controverse, le monothélisme, était professée à Constantinople. Mais ce nouveau débat n'allait pas séparer l'Orient et l'Occident : un pape de Rome, Honorius Ier l'adopta, un autre Martin Ier la combattit, et tous deux restent vénérés comme saints en Orient comme en Occident.

[modifier] Période médiévale

Le règne d'Héraclius est celui de la transition. Jusqu'à présent l'empire byzantin était une continuation de l'Empire romain. Avec Héraclius, l'État byzantin entre dans l'ère médiévale. Le latin, qui était encore la langue officielle, bien que parlée uniquement par l'élite (latin savant) est définitivement abandonné au profit du grec, sauf par les Valaques (latin populaire). Les titres romains : imperator, césar, auguste, qui étaient les attributs de l'empereur byzantin sont également abandonnés. Dorénavant, les empereurs se font appeler par l'ancien titre royal hellénistique : basileus.

Les Perses sont à peine vaincus que l'Empire doit faire face à de nouveaux ennemis, plus déterminés encore. Du vivant même d'Héraclius, les Arabes ou "Sarrasins" conquièrent toutes les provinces orientales qui avaient été reprises aux Perses.

La crise la plus importante au VIIIe siècle fut la controverse des iconoclastes, quand les icônes furent interdites par Léon III. Cette crise fut temporairement résolue par l'impératrice Irène en 787 et définitivement par l'impératrice Théodora en 843. Cette controverse marqua le début de la détérioration des relations entre les papes et Byzance : les papes, en effet, ont toujours pris le parti des défenseurs des images. Toutefois la véritable cause du schisme de Rome est théologique et politique : elle commence sous le règne de Charlemagne durant lequel les papes ajoutèrent le filioque au credo. Le schisme entre Occident et Orient y était en germe. Mais en 1054, lorsque le pape et le patriarche de Constantinople s'excommunièrent mutuellement, l'événement n'apparut aux contemporains que comme une péripétie : personne n'imagina un schisme définitif entre ce qui fut appelé plus tard le catholicisme et l'orthodoxie.

Le Saint Empire romain germanique en Occident eut pourtant une impératrice grecque, Théophano qui fit rayonner les arts de Byzance en Occident : la séparation des deux Églises ne semblait pas encore inéluctable.

L'Empire atteignit son apogée sous les empereurs macédoniens aux IXe, Xe et XIe siècles. Pendant ces années, l'empereur Basile II le Bulgaroctone (le tueur de Bulgares) vainquit les Bulgares en 1014, et s'allia avec l'État kiévien, nouvelle puissance russe et orthodoxe du nord.

Au XIe siècle, l'Empire fut pris en tenaille entre deux mondes hostiles, l'un catholique, à l'ouest, incarné par les Normands qui conquirent la Sicile et l'Italie du Sud, l'autre musulman, à l'est, incarné par les Turcs Selçuks ou Seldjoukides qui conquirent l'Asie Mineure, suite à la bataille de Manzikert.

[modifier] L’Empire face aux menaces

En 1081, Alexis Ier usurpa le trône, et c'est pendant son règne que les croisades commencèrent. L'opposition entre les croisés et les Byzantins s'accentua tout le XIIe siècle et culmina avec la prise de Constantinople par les croisés et les Vénitiens en 1204 qui marqua une rupture douloureuse entre l'Église d'Orient et l'Église d'Occident, et inaugura en Occident neuf siècles de dénigrement ou d'occultation de la civilisation byzantine (non seulement dans les cercles catholiques pour lesquels les Grecs sont des « schismatiques », mais aussi chez Hieronymus Wolf, Voltaire, Thouvenel et beaucoup d'autres).

L’empire byzantin en 1265
L’empire byzantin en 1265

Les familles impériales byzantines fondèrent dans les territoires restées sous leur contrôle leurs propres États: l'Empire de Nicée dirigé par Théodore Ier Lascaris, le despotat d'Épire dirigé par la dynastie des Anges, et l'empire de Trébizonde dirigé par la dynastie des Comnènes. Pendant ce temps les croisés établirent l'Empire latin de Constantinople qui dura jusqu'à la reconquête de la ville en 1261 par Michel VIII Paléologue parti de Nicée.

Au cours des deux siècles suivants, l'Empire, difficilement rétabli après avoir été systématiquement pillé par les Vénitiens et les Croisés, fut attaqué constamment par l'Empire ottoman. L'Europe catholique n'était pas disposée à aider les Byzantins, bien au contraire les Génois et les Vénitiens n'ont eu de cesse de profiter des difficultés de cet empire. Les Ottomans conquirent l'empire morceau par morceau jusqu'à s'emparer finalement de Constantinople en 1453. Trébizonde et Mistra tombent en 1461.

Avec la chute de Constantinople, l'Empire romain disparut définitivement, mais il eut de nombreux héritiers (voir plus bas "L'héritage de Byzance").

[modifier] Le commerce

Mesures commerciales byzantines  Musée archéologique de Varna
Mesures commerciales byzantines Musée archéologique de Varna

Constantinople, porte de l'Orient, fut longtemps la ville la plus peuplée d'Europe, dépassant un million d'habitants quand Rome, Paris et Londres n'en groupaient pas même 100 000 à elles trois. C'était le carrefour commercial où passaient tous les produits d'autres pays, et était donc une ville très convoitée. Son luxe et sa propreté éblouissaient les Vikings (qui n'ont pu y entrer que comme mercenaires) et les occidentaux. Flotte et armée en imposaient à tous les chefs étrangers en visite. La ville n'avait jamais été prise avant 1204 (et même là, c'est par traîtrise que les Croisés y entrèrent). C'est par la capitale de l'empire byzantin que passait la mythique route de la soie. Et bien avant sa découverte en occident, le commerce de la soie et des pourpres faisait de Constantinople une des trois villes les plus importantes d'Orient avec Bagdad et Alexandrie. Avant 603, l'Empire avait même un comptoir dans l'océan Indien: c'était l'île de Dioscoride (aujourd'hui Socotra), et ses dromons (vaisseaux long-courriers) abordaient couramment les côtes occidentales de l'Inde et les côtes orientales de l'Afrique, ramenant or, pierres précieuses, ivoire et épices (mais pas esclaves, comme on l'a faussement affirmé : la traite orientale ne débute qu'au IXe siècle, bien après).

Plus encore que le commerce de la soie, c'est celui des épices qui vaut à Constantinople de devenir le centre de gravité économique du bassin méditerranéen. Les visiteurs y découvraient des fruits inconnus tels les abricots, les pêches ou les oranges, et des oiseaux exotiques tels les paons ou les pintades (et non les dindes comme on le dit souvent par erreur : le dindon est américain, de même que le maïs et la tomate). Mais cette prospérité excite les convoitises, et en 1204 les Vénitiens détournent la quatrième croisade sur Constantinople. À la fin de l'occupation occidentale en 1261, l'empire byzantin qui n'a pas pu reconstituer sa grande flotte de jadis, est endetté auprès des républiques maritimes italiennes, et les concessions commerciales accordées aux Génois, aux Vénitiens et aux Pisans finissent par appauvrir la ville qui ne profite plus du commerce avec l'Asie.

[modifier] Culture byzantine

église orthodoxe du monastère des Météores, Grèce
église orthodoxe du monastère des Météores, Grèce

[modifier] Théologie

Les Byzantins ont hérité des Grecs de l'Antiquité un goût prononcé pour les questions idéologiques. Leur sens du paradoxe comme seule réalité pouvant rendre compte de l'infinie complexité du monde et de l'infini mystère de Dieu, leur permettait de réfléchir sur "l'économie de la Trinité". Les controverses religieuses traverseront l'histoire et la société byzantines et elles passionneront également les foules. L'iconoclasme ou le monothélisme ont beaucoup agité les esprits et ont eu un impact non négligeable dans la politique intérieure byzantine. Ces controverses auraient pu contribuer à resserrer les relations entre l'Orient et l'Occident dans la mesure où la papauté est restée longtemps fidèle à l'orthodoxie. Théodore Stoudite fait appel à l'aide du pape lors du second iconoclasme. On peut dire que, historiquement, les Occidentaux ont été Orthodoxes avant de devenir Catholiques. Mais les différences culturelles, les tensions liées à des sensibilités différentes acheminèrent progressivement ces deux chrétientés vers le séparation des deux Églises en 1054.

Après le schisme entre Église romaine et l'Eglise Byzantine de 1054, les deux Eglises restèrent fidèles (orthodoxe) à la théologie des sept conciles du premier millénaire, tandis que la partie occidentale de l'Église, sous l'obédience de Rome, ajouta certains dogmes et modifia le droit canon : le pape ajouta le filioque au credo. Cet ajout aura des conséquences théologiques importantes : il impliquait que le Saint-Esprit procédait aussi du Verbe éternel, et pas seulement du Père. Au plan disciplinaire, l'Eglise latine fit du pape le chef unique de l'Eglise universelle (catholique), imposa le célibat des prêtres. Au plan dogmatique et jusqu'à aujourd'hui, l'Eglise latine ne cessa de promulguer de nouveaux dogmes sur la grâce, l'Immaculée Conception, l'existence d'un Purgatoire après la mort, l'infaillibilité des papes et Conciles en matière de doctrine sur le salut. Chacune des deux Eglise se considère comme l'unique héritière de l'église primitive. Chacune a tendance à considérer l'autre comme schismatiques. Mais de réels progrès dans l'écoute mutuelle sont apparus depuis la levée des excommunications mutuelles en 1968 (Pape Paul VI, patriarche Athenagoras).

L'Église byzantine connut une autre controverse d'importance en 1338-1351. Un moine grec calabrais, Barlaam, reproche aux hésychastes du Mont Athos de prétendre voir et sentir Dieu dans leur chair. Grégoire Palamas défend les hésychastes en se référant à la Transfiguration du Christ et sa doctrine est reconnue comme celle qui est anciennement confessée par l'Église. Par cette dernière victoire doctrinale, Byzance déclinante a essaimé dans toute l'Europe orientale un grand dynamisme monastique et des écoles hymnographiques et iconographiques de grande qualité. (Voir concile, orthodoxe).

[modifier] Langues de Byzance

Icône de détail Article détaillé : Les langues de Byzance.

[modifier] La littérature byzantine

Icône de détail Article détaillé : Littérature byzantine.

Les Byzantins se sont également fortement appuyés sur la littérature grecque dans leurs œuvres, rédigées pour la plupart dans la koinè, langue grecque commune de l'époque hellénistique, devenue depuis langue littéraire. Les genres littéraires les plus prisés sont l'histoire, la rhétorique ou encore les récits d'imagination. À cela il faut ajouter leur cartographie étonnamment précise pour l'époque, comme le montre le Grand Atlas découvert à Istanbul en 1924 et exposé au musée Topkapi.

[modifier] Arts

Icône de détail Article détaillé : Art byzantin.

[modifier] Sciences et techniques

[modifier] Sports, jeux et courses

Les sports et les jeux tels que les avait connus l'Antiquité avec par exemple les jeux olympiques ou les combats de gladiateurs ont progressivement disparu dans l'empire byzantin, sous la pression du christianisme. Toutefois les cirques ambulants étaient nombreux et se produisaient parfois officiellement à l'occasion de fêtes, tandis que combats contre des animaux, diverses formes de boxe, joutes navales ou à cheval, jeux de dés, de cartes et différentes formes de jeux d'adresse étaient très prisés.

Mais rien ne soulevait autant de passions que les courses de chars. Au point que la rivalité entre les principales écuries, les Bleus et les Verts, prend parfois une dimension politique, comme en témoigne l'exemple de la Sédition Nika, qui a embrasé la ville de Constantinople pendant six jours en 532, et dans le déclenchement de laquelle les courses de chars jouèrent un rôle.

[modifier] L’héritage de Byzance

L'Empire romain d'Orient nous a transmis, en lui faisant traverser les âges obscurs qui ont suivi la chute de l'empire d'occident, l'héritage le plus universel de l'Empire romain, à savoir la codification du droit, grâce au corpus juris civilis ou code de Justinien.

Ce sont également les Byzantins qui ont perpétué l'usage du grec et sauvegardé les anciennes bibliothèques grecques recélant les trésors que l'on sait.

Les Arabes et les Turcs ont été fortement influencés sur les plans technique, intellectuel, architectural, musical et culinaire. Les Egyptiens chrétiens (Coptes), les Éthiopiens, les Arméniens, bien que monophysites, se rattachent également à la tradition byzantine, de même que les Arabes orthodoxes de Syrie, du Liban et de Palestine.

En Italie les réfugiés byzantins tels Jean Bessarion ou Jean Lascaris facilitèrent la transmission du savoir et de la philosophie antiques, transmission qui suscita la Renaissance du XVe siècle au XVIIe siècle. Venise regorge de trésors pris à l'Empire et son architecture est d'inspiration byzantine.

L'Empire byzantin a contribué à sédentariser et à christianiser les peuples slaves venus de l'est de l'Europe. Byzance a ainsi eu, pour les actuels pays d'Europe de l’est, autant d'influence que Rome sur ceux d'Europe occidentale. Les Byzantins ont en effet donné à ces peuples un alphabet cyrillique adapté à leurs langues, un modèle politique qui permettra à certains d'entre eux (Russie) de rivaliser avec Byzance elle-même, et une religion qui est encore la leur aujourd'hui.

Les Roumains, les Bulgares, les Serbes, les Ukrainiens, les Biélorusses, les Russes et les Géorgiens ont choisi la forme orthodoxe du christianisme, qui les rattache également à Byzance; d'ailleurs, à la chute de Constantinople, Moscou s'est proclamée la Troisième Rome. Les familles impériales byzantines (Cantacuzènes, Paléologues…) donnèrent des souverains aux Principautés roumaines de Moldavie et Valachie.

Les Grecs, naturellement, s'enorgueillissent d'avoir continué la civilisation byzantine même sous la férule Ottomane, et cela dans Constantinople même où une université grecque a fonctionné jusqu'en 1924, et ce n'est qu'en 1936 que la poste turque cessa définitivement d'acheminer les lettres portant la mention "Constantinople".

Aujourd'hui, le dernier héritier de l'Empire dans son ancienne capitale est le patriarche de Constantinople.

[modifier] Notes

  1. G. Ostrogorsky - "Histoire de l’État byzantin"
  2. abc Encyclopaedia Universalis - "Empire byzantin"

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens et documents externes

  • Jean-Michel Cantacuzène, Mille ans dans les Balkans Ed. Christian, Paris (1992) ISBN 2-86486-054-0.
  • Charles Diehl, Histoire de l'Empire byzantin (1919), Paris, Editions du Trident, 2007.
  • Alain Ducellier, Les Byzantins (1963), Paris, Le Seuil, collection « Points histoire ».
  • Alain Ducellier (dir.), Byzance et le monde orthodoxe, Paris, Armand Colin, "U", 2e édition, 1996.
  • Paul Lemerle [1902-1989], Histoire de Byzance, Paris, PUF, collection « Que sais-je ? », 1956.
  • Louis Bréhier, Vie et mort de Byzance [pdf] version numérisée de l'ouvrage paru dans la Collection l’Évolution de l’Humanité, Éd. Albin Michel, 1946 et 1969, Paris, 596 pages.
  • Cécile Morrisson (dir.), Laurent Albaret, Jean-Claude Cheynet, Constantin Zuckerman, Le Monde byzantin, tome 1: L’empire romain d’Orient (330-641), Coll. Nouvelle Clio, PUF, Paris, 2004
  • Jean-Claude Cheynet (dir), Laurent Albaret, Angeliki Laiou, Cécile Morrisson, Constantin Zuckerman, Le Monde byzantin, tome 2: Le Moyen Âge byzantin (641-1204), Coll. Nouvelle Clio, PUF, Paris, 2007
  • Angeliki Laiou (dir), Laurent Albaret, Jean-Claude Cheynet, Cécile Morrisson, Constantin Zuckerman, Le Monde byzantin, tome 3: Le déclin de l'Empire (1204-1453), Coll. Nouvelle Clio, PUF, Paris, attendu pour 2009
  • Paul Tannery, Mémoires scientifiques, tome IV: Sciences exactes chez les Byzantins, Jacques Gabay, Paris, ISBN 978-2-87647-186-3.