Organisation du traité de l'Atlantique Nord

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Otan (homonymie).
OTAN
Carte des pays membres de l’OTAN.

Création 4 avril 1949
Type Alliance militaire
Siège Bruxelles, Belgique
Langue(s) Français et anglais
Membre(s) 26 États membres :
Personne(s) clé(s) Jaap de Hoop Scheffer (secrétaire général)
Site web http://www.nato.int/

L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord - OTAN (NATO - North Atlantic Treaty Organisation en anglais) est une organisation politico-militaire créée à la suite de négociations entre les signataires du traité de Bruxelles (la Belgique, la France, le Luxembourg, les Pays-Bas et le Royaume-Uni), les États-Unis et le Canada ainsi que 5 autres pays d’Europe occidentale invités à participer (le Danemark, l’Italie, l’Islande, la Norvège et le Portugal), pour organiser la défense et la sécurité de l’Europe face à l’Union soviétique après la Seconde Guerre mondiale.

Le siège de l’OTAN se trouve à Bruxelles et son commandement militaire (SHAPE) à Mons (Belgique). Grâce à ses moyens logistiques, l’OTAN a su, durant la Guerre froide, « garder les Américains à l’intérieur, les Russes à l’extérieur et les Allemands sous tutelle. »[1] comme le souhaitait son secrétaire général d’alors, Hastings Lionel Ismay. Son rival côté soviétique fut le Pacte de Varsovie.

Sommaire

[modifier] Histoire

[modifier] La genèse (1948-1949)

L’OTAN semble être née d’abord d’une incapacité de l’ONU à assurer la paix mondiale, bloquée par les multiples vétos soviétiques. Pour réaliser l’Alliance qui permettrait la paix, les Occidentaux qui craignent un autre veto, trouvent une parade en ayant recours à l’article 51 de la charte des Nations unies comme le précise l’article 5 dans le cadre de la légitime défense collective. Une association de nations n’a pas besoin de l’autorisation du Conseil de sécurité pour voir le jour.

Les Européens veulent assurer leur sécurité, ils craignent un nouveau relèvement de l’Allemagne et, à l’Est la menace communiste se fait de plus en plus forte, surtout après le départ de la majorité des troupes américano-canadiennes qui stationnaient en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les alliés européens souhaitent l’aide des États-Unis pour assurer efficacement leur défense.

Mais les États-Unis veulent d’abord que les Européens réalisent eux-mêmes leur défense, quitte à les aider par la suite, craignant qu’une alliance brise le mouvement d’unification de l’Europe. On voit d’ailleurs que dans le traité, cette volonté que l’Europe prenne en charge sa défense elle-même est encore présente, et l’article 3 permet aux Américains d’aider au développement militaire de l’Europe pour que celle-ci développe son propre système défensif (sorte de plan Marshall militaire). Mais la situation internationale évolue après le coup de Prague du 12 mars 1948. Ainsi, le 17 mars 1948 est conclue l’alliance militaire du traité de Bruxelles qui préfigure la future alliance atlantique.

Après le blocus de Berlin, les appels des Européens (surtout français[réf. nécessaire]) se font de plus en plus insistants. Une entente secrète est réalisée entre les Anglo-saxons pour fixer les bases de l’Alliance Atlantique, c’est le « Pentagone paper ».

Une dernière étape reste néanmoins à franchir : toute alliance militaire des États-Unis en temps de paix est interdite par leur constitution. Le sénateur Vandenberg fait voter la résolution 239 pour établir l’alliance le 11 juin 1948. L’alliance devient constitutionnelle, à la condition d’être conforme à la Charte des Nations unies. Sur demande du sénat américain, on inscrit dans le traité (art. 5), que les mesures à prendre en cas d’agression sur un des membres soient laissées souverainement au choix de chacun des pays signataires. Le sénat voulait préserver le choix du Congrès américain de faire ou non la guerre.

Des pourparlers à Washington, du 6 juillet au 9 septembre 1948 définissent les bases du traité. Ce pacte militaire est donc né d’un accord signé le 4 avril 1949 à Washington ; il s’agit du Traité de l’Atlantique Nord[2] dont l’article 5 sur la solidarité entre ses membres en cas d’agression est le point primordial.

Ce traité a alors été ratifié par les États-Unis, le Canada, la Belgique, le Danemark, la France, les Pays-Bas, l’Islande, l’Italie, le Luxembourg, la Norvège, le Royaume-Uni et le Portugal, qui à cette époque constituaient une partie du bloc de l’ouest.

[modifier] Les missions selon le traité de l’Atlantique Nord (1949)

Le drapeau de l’OTAN flottant lors d’un sommet en Pologne.

Avec ce traité, les Américains rompent avec leur tradition d’isolement et entrent dans une alliance permanente avec le continent européen. Les Européens ont tout fait pour amener les Américains à participer à leur défense et, même si le traité les laisse libres en théorie, en pratique, en cas d’attaque d’un des membres, les États-Unis n’auraient pas d’autre solution que d’entrer en guerre.

L’OTAN veut une paix active, il encourage la coopération de ses membres dans tous les domaines, économique, social, culturel et pas seulement militaire (art. 2). Selon Saint-Laurent, « le but de l’alliance nord-atlantique ne serait pas simplement négatif ; elle créerait un contre-courant dynamique s’opposant au communisme. » On y retrouve, dès le préambule, des idées de liberté, de démocratie et de bien être.

Les Soviétiques s’opposent au traité, l’accusant d’être « un instrument de l’impérialisme américain ». Le traité repose en effet sur les principes que les Américains ont tentés d’imposer après la guerre. Principe de libre échange économique issu de la conférence de Bretton Woods (art. 2 sur la collaboration économique).

Le traité va finalement être l’élément qui va réellement souder le bloc occidental derrière les États-Unis, installant peu à peu une certaine hégémonie américaine. Sur demande des Américains, l’OTAN ne vise pas un adversaire en particulier. Il n’a pas pour but de provoquer les Soviétiques.

Conformément à la Charte des Nations unies, et notamment à l’article 51, les pays de l’alliance s’en remettent à la décision du Conseil de sécurité (art. 5 et 7) lors de tout règlement de différend. Le traité réaffirme sa subordination à l’ONU et le rôle important de celle-ci dans les relations internationales (art. 1er).

[modifier] L’extension pendant la Guerre froide (1949-1991)

Situé à Londres puis à Paris à partir de 1952, le siège de l’Alliance atlantique occupe initialement des locaux temporaires au Palais de Chaillot. Le siège sera ensuite transféré Porte Dauphine avec l’inauguration du Palais de l’OTAN (actuelle Université Paris-Dauphine) en 1959.

Le siège de l’OTAN quittera la capitale française pour Bruxelles en décembre 1966 après que le général de Gaulle eut annoncé le retrait de la France du commandement militaire intégré au mois de mars de la même année.

Les États-Unis ont déployé de nombreuses forces terrestres en Europe pendant toute la durée de la Guerre froide, la 7e Armée ou USAREUR a dirigé ces forces divisées entre le V Corps et le VII Corps, ce dernier ayant été désactivé en 1991 après la guerre du Golfe.

L’Alliance est rejointe par la Grèce et la Turquie (1952), l’Allemagne de l’Ouest (1955), et l’Espagne de l’après-Franco (1982).

[modifier] La période de transition de l’après Guerre froide (1990-2001)

La fin de la Guerre froide à partir de 1989, la disparition de l’URSS et de l’adversaire « naturel » de l’Alliance Atlantique, le Pacte de Varsovie, pose très vite la question de l’intégration des anciens satellites de l’URSS et des Républiques soviétiques nouvellement indépendants.

Les armées de ces pays sont héritées du système soviétique. Elles disposent généralement d’un matériel pléthorique souvent mal adapté, 10 % seulement étant compatible avec les standards OTAN (Serge Enderlin) et d’un budget militaire en chute rapide. Il est également urgent de diviser les troupes en brigades OTAN plus réduites, plus mobiles, bien équipées et plus rapides.

Dès lors, les forces armées de l’Europe de l’Est doivent se réformer en profondeur et de manière structurelle, mais en période de pénurie financière :

La budget tchèque de la défense s’effondre, de 7 % du PIB en 1989, à 2,5 % en 1996. Le matériel militaire stocké dans les vastes bases héritées de l’époque soviétique est dans un état déplorable. (Serge Enderlin)

Le premier membre intégré à l’organisation après la Guerre froide fut l’ex-RDA, lors de la réunification de l’Allemagne le 3 octobre 1990. Pour s’assurer de l’accord russe à une entrée de l’Allemagne réunifiée dans l’OTAN, il fut décidé qu’aucune troupe étrangère et aucune arme nucléaire ne seraient stationnées à l’Est, et également que l’OTAN ne s’étendrait jamais plus à l’Est.[3]

En 1999, tournant dos aux promesses tenues lors de la réunification allemande, l’OTAN intègre la Hongrie, la Pologne et la République tchèque, donc deux anciens satellites de l’URSS. Cette intégration fut très populaire, vécue avant tout comme la garantie de leur totale indépendance future. Les sondages en Pologne affirmaient par exemple, que plus de 80 % des citoyens polonais étaient favorables à l’intégration à l’OTAN (Jerzy Baczynski).

Dès 1999, l’OTAN engage ses forces dans sa première grande opération militaire, participant à la guerre du Kosovo en bombardant la Serbie-et-Monténégro pendant 11 semaines (du 24 mars au 10 juin 1999).Cela pose déjà la grande question de l’avenir de l’OTAN, qui a perdu son ennemi naturel, le Pacte de Varsovie, et alors que la Fédération de Russie traverse une crise qui est souvent interprétée comme une période de décadence.

[modifier] La nouvelle OTAN face aux dangers d’un monde instable (après 2001)

Le 29 mars 2004, sept nouveaux pays (l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie) sont entrés dans l’organisation, en portant à 26 le nombre de membres. Ce sont des États militairement peu puissants, mais 3 d’entre-eux, les Pays baltes étaient d’anciennes républiques soviétiques à l’époque de la Guerre froide, et les autres des satellites du pouvoir soviétique. Ces États doivent réformer leur organisation militaire en profondeur, accepter les standards OTAN, développer les capacités politico-militaires afin de pouvoir intervenir sur des crises et conflits différents d’une agression armée classique. (Lieutenant-colonel Francisco Stoica)

À la suite des révolutions de couleur survenues en Géorgie (révolution des Roses) puis en Ukraine (révolution orange), ces 2 autres anciens États soviétiques ont fait part de leur volonté d’adhérer à l’alliance, également rejoints en ceci par la Moldavie, ce qui a été refusé par l’alliance Atlantique lors du sommet de Bucarest de 2008.

Cependant, une certaine opposition envers l’OTAN demeure au sein des populations concernées (manifestations anti-OTAN en Crimée, par exemple). Les fortes minorités russophones condamnent une volonté présumée essentielle de contrôler la nouvelle puissance russe, dont le taux de croissance économique autorise une certaine modernisation des armées. Dans le cadre de l’enlisement américain en Irak, et des difficultés de l’OTAN en Afghanistan, des évolutions stratégiques semblent se concrétiser.

[modifier] Structure des commandement politique et militaire

[modifier] Le Commandement politique

  • Le Conseil de l’Atlantique Nord est l’organe principal de décision. Composé de représentants permanents des États membres (ayant rang d’ambassadeurs), il se réunit au moins une fois par semaine sous la présidence du secrétaire général de l’OTAN. Il prend ses décisions à l’unanimité. Les représentants permanents agissent sur instructions de leur pays, et rendent compte aux autorités nationales des positions des autres gouvernements.
  • Plusieurs comités, créés par le Conseil, sont responsables de domaines particuliers :
    • Comité des plans de défense : planification de la défense collective ;
    • Groupe des plans nucléaires : questions politiques liées aux forces nucléaires ;
    • Comité militaire : recommande aux autorités politiques de l’OTAN les mesures jugées nécessaires à la défense commune et établit des directives sur les questions militaires ;
    • Assemblée parlementaire de l’OTAN.
  • Le Secrétariat international et l’état-major militaire international apportent leur concours au Conseil et aux comités.

Les secrétaires généraux de l’OTAN :

  1. Hastings Lionel Ismay ou Lord Ismay (Royaume-Uni) : du 4 avril 1952 au 16 mai 1957.
  2. Paul-Henri Spaak (Belgique) : du 16 mai 1957 au 21 avril 1961.
  3. Dirk Stikker (Pays-Bas) : du 21 avril 1961 au 1er août 1964.
  4. Manlio Brosio (Italie) : du 1er août 1964 au 1er octobre 1971.
  5. Joseph Luns (Pays-Bas) : du 1er octobre 1971 au 25 juin 1984.
  6. Peter Carington (Royaume-Uni) : du 25 juin 1984 au 1er juillet 1988.
  7. Manfred Wörner (Allemagne) : du 1er juillet 1988 au 13 août 1994.
    Sergio Balanzino (Italie) aura en charge la fonction de Secrétaire général pendant 2 mois, à la mort de Manfred Wörner en août 1994.
  8. Willy Claes (Belgique) : du 17 octobre 1994 au 20 octobre 1995.
  9. Javier Solana (Espagne) : du 5 décembre 1995 au 6 octobre 1999.
  10. George Robertson (Royaume-Uni) : du 14 octobre 1999 au 1er janvier 2004.
  11. Jaap de Hoop Scheffer (Pays-Bas) : depuis le 1er janvier 2004.

[modifier] Le Commandement militaire

Un des 18 E-3 AWACS de l’OTAN.
Un des 18 E-3 AWACS de l’OTAN.
Boeing CT-49A NATO Trainer/Cargo Aircraft (LX-N20000, Boeing 707-307C, ex Deutsche Luftwaffe 10+04)
Boeing CT-49A NATO Trainer/Cargo Aircraft (LX-N20000, Boeing 707-307C, ex Deutsche Luftwaffe 10+04)

Auparavant, la structure de commandement militaire reposait sur une division géographique : une pour l’Europe (Commandement allié pour l’Europe), une pour l’Atlantique (Commandement allié pour l’Atlantique) ; 13 quartiers généraux étaient subordonnés à ces commandements.

  • Depuis 2003, toute la fonction opérationnelle est concentrée en un seul commandement : le Commandement allié des opérations (Allied Command for Operations - ACO), plus communément appelé Shape (Supreme Headquarters Allied Powers in Europe, Quartiers généraux suprêmes puissances alliées en Europe) basé à Mons, en Belgique et il n’y a plus que 6 quartiers généraux subordonnés.
    Le Commandement allié des opérations dirige : 3 état-majors interarmées basés à Brunssum (Pays-Bas), à Oeiras dans la banlieue de Lisbonne (Portugal) et à Naples (Italie) et 6 états-majors de composante (air, terre, mer) :
    • états-majors air : Izmir (Turquie) et Ramstein (Allemagne) ;
    • états-majors terre : Heidelberg (Allemagne) et Madrid (Espagne) ;
    • états-majors mer : Northwood (Royaume-Uni) et Naples (Italie).
  • Quant au Commandement allié pour la transformation (ACT, Allied Command for Transformation) basé à Norfolk (Virginie, États-Unis), il a remplacé le Commandement Allié pour l’Atlantique et dirige les efforts militaires visant à adapter les forces de l’Alliance à un environnement en mutation rapide.

Les deux commandements ACO (alias Shape) et ACT sont tous deux rattachés au Comité militaire (MC) de l’OTAN.

[modifier] Les autres acteurs de l’OTAN

La structure permanente de l’OTAN (par opposition aux moyens apportées ponctuellement par les Nations dans le cadre d’opérations comme l’ISAF en Afghanistan par exemple) intègre un grand nombre d'agences et de comités (politiques, financiers, techniques) qui sont dédiés au soutien du commandement politique et militaire de l’OTAN :

  • le Secrétariat International de l’OTAN en charge d’assurer la bonne réalisation des travaux menés à l’OTAN ;
  • la NC3A (NATO Consultation, Command and Control Agency) en charge de l’acquisition de moyens de SIC (Systèmes d’Information et de Communication) ;
  • la NCSA (NATO CIS Service Agency, Agence des services SIC de l’OTAN) qui s’occupe du déploiement et du soutien des systèmes SIC ;
  • la NAMSA (NATO Maintenance and Supply Agency, Agence de maintenance et approvisionnement de l’OTAN) qui s’occupe du soutien des moyens OTAN déployés ;
  • la CEPMA (Central Europe Pipeline Management Agency, Agence de gestion de pipeline en Europe centrale) qui est le « service des essences » de l’OTAN ;
  • la CNAD (Conference of National Armament Directors, Conférence des directeurs nationaux de l’armement) qui est en charge de la gestion de programmes comme la DAT (Defense anti-terroriste) ou la DAMB (Défense anti-missile) ;
  • la RTA (Research and Technology Agency, Agence de recherche et technologie) en charge d’animer la recherche technologique à l’OTAN ;
  • la NSA (NATO Standardisation Agency, Agence de normalisation de l’OTAN) en charge d’animer l’activité de normalisation à l’OTAN ;
  • le NURC (NATO Undersea Research Center, Centre de recherche sous-marine de l’OTAN) qui est situé à La Spezia (Italie) et qui mène des activités de recherche en matière de lutte sous la mer ;
  • le NATO Defense College de Rome qui est une des plus prestigieuses universités militaires d’Europe ;
  • etc.

Cette structure permanente de soutien emploie environ 10 000 personnes, civils ou militaires.

[modifier] Le dispositif militaire

[modifier] Le budget

Le budget global de l’OTAN atteint 1,735 milliard d’euros pour 2005 :

  • le budget civil (175,9 millions d’€) ;
  • le budget militaire de fonctionnement (919,7 millions d’€) ;
  • le budget militaire d’investissement au service de la sécurité NSIP (environ 640 millions d’€).

Les cinq principaux contributeurs sont, dans l’ordre décroissant de leur participation financière (pourcentage en 2004) :

  • États-Unis : 29,16 %
  • Allemagne : 19,95 %
  • Royaume-Uni : 11,59 %
  • Italie : 7,33 %
  • France : 6,40 % (110 millions d’€)[4]; sa part théorique dans le budget OTAN est d’environ 13 % mais la France, en vertu de son positionnement particulier dans l’OTAN, bénéficie d’un régime dérogatoire de « financement à la carte » c’est-à-dire qu’elle peut choisir au cas par cas les opérations (budget militaire) ou programmes (budget NSIP) qu’elle finance ; en contrepartie, les industriels français ne peuvent candidater qu’aux appels d’offre OTAN que la France finance.

[modifier] Les forces terrestres

Les États-Unis ont déployé de nombreuses forces terrestres en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Pendant toute la durée de la Guerre froide, la 7e Armée ou USAREUR a dirigé ces forces divisées entre le V Corps et le VII Corps, ce dernier ayant été désactivé en 1991 après la guerre du Golfe.

Ces forces sont basées en totalité en Allemagne. Il s’agit principalement de la 1st Infantry Division et de la 1st Armored Division respectivement basées à Würzburg et Wiesbaden, la 7e Armée étant basée à Heidelberg tout comme le V Corps.

En 2002 a été décidée la fondation du CBRN (bataillon de défense chimique, biologique, radiologique et nucléaire) et d’un laboratoire d’analyse NBC (nucléaire, bactériologique et chimique) déployable sur le terrain.

[modifier] Les infrastructures aériennes

L’United States Air Forces in Europe qui avait son quartier-général à Wiesbaden, en Allemagne depuis 1945, avait dans les années 1950, quatre escadres déployées au Royaume-Uni, trois en Allemagne de l’Ouest et six en France, soit 18 000 personnes et 800 avions de tous types.

Les États-Unis, engagés massivement dans la guerre de Corée depuis juin 1950 ne purent pas accomplir comme prévu leur installation en Europe. En conséquence, le Canada dut pallier ce problème. Il a donc été décidé de créer une force aérienne canadienne performante, réservée à l’Europe, qui consistait en quatre escadres de trois escadrons (équipés du nouveau North American F-86 Sabre) chacune. Le 1(F) Wing (escadre) était implanté à Marville, le 2(F) à Grostenquin (tous deux en France), le 3(F) à Zweibrücken et le 4(F) à Baden-Söllingen (tous deux en Allemagne de l’Ouest).

L’Islande est le seul membre de l’OTAN qui n’a pas sa propre force militaire (la défense est assurée par la Force de défense islandaise (IDF) qui est tenue par les États-Unis et basée à Keflavik). Elle fut acceptée sans obligation d’en établir une, sa contribution à l’Alliance se faisant sous d’autres formes (bases militaires et contributions financières pour l’essentiel).

[modifier] Les bases navales

Les États-Unis ont déployé deux grands commandements navals après la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit du commandement des forces navales en Europe (USNAVEUR), organe naval du commandement européen des forces armées américaines (USEUCOM), et de la Sixième flotte américaine déployée en permanence en Méditerranée depuis 1947 et la guérilla communiste en Grèce et en Turquie.

Cela a donc donné des installations navales américaines en Europe, principalement en Méditerranée :

[modifier] Le rôle complexe de la France

La France, membre fondateur de l’OTAN, s’est retirée de la structure militaire intégrée et de sa direction en 1966. C’était une décision du général Charles de Gaulle qui souhaitait être vraiment indépendant des États-Unis sur le plan militaire. Cette indépendance devait concerner en particulier la force de frappe nucléaire dans le cadre de la stratégie de la dissuasion du faible au fort. Le général de Gaulle se méfiait beaucoup de l’atlantisme qu'il soupçonnait d’être une forme de domination américaine.

Dans le cadre d’un conflit majeur contre le Pacte de Varsovie, la république française serait restée un allié fidèle et maintient donc régulièrement des exercices militaires coordonnés avec entre autres ses forces françaises en Allemagne. A cette date, on peut donc dire que la France n’est pas membre de l’OTAN, mais reste membre de l’Alliance Atlantique, ce qui n’a pas la même signification. Les américains ne peuvent donc pas agir sur les forces de l’armée française.

La politique du président gaulliste Jacques Chirac modifie pourtant cela en 1996, autorisant un représentant français au comité militaire depuis 1996. C’est le début d’une évolution de la politique française héritée du gaullisme. Le président Nicolas Sarkozy annonce en 2008 le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN.

Il est à noter que si le poids américain est considérable, l’OTAN reste une organisation de démocraties qui agissent sur le base du consensus. (Jaap de Hoop Scheffer, 2006)

[modifier] Les opérations militaires

  • Adriatique (1992–1996) : l’OTAN s’engage dans une opération de surveillance maritime baptisée opération Sharp Guard, destinée à contrôler l’embargo sur les armes de l’ONU imposé à la République fédérale socialiste de Yougoslavie.
  • Bosnie-Herzégovine (1995–2004) : campagne de bombardement pour faire cesser le conflit puis 1re mission de maintien de la paix. Ce fut l’occasion pour les Tchèques et les Polonais de participer à l’IFOR et d’en tirer une expérience précieuse, en particulier au niveau de l’interconnexion des armées. La IFOR puis la SFOR (Force de stabilisation) de l’OTAN ont passé le relais à l’EUFOR de l’Union européenne le 2 décembre 2004 : c’est l’opération Althéa engageant 7 000 hommes dans le cadre des accords de Berlin plus.
  • Albanie (avril–août 1999) : 7 000 militaires sont déployés pour une opération humanitaire pour venir en aide aux réfugiés kosovars venus en Albanie après le début de la guerre sur leur territoire.
  • Kosovo (1999–...) : après une campagne aérienne durant la guerre du Kosovo, l’opération Allied Force, la force multinationale de paix de l’OTAN au Kosovo (KFOR) se déploie avec 43 000 hommes. Au 7 décembre 2004, elle représente 17 733 personnes.
  • Macédoine (2001-2003) : force de maintien de la paix, chargée du désarmement, de la protection des observateurs civils, de la stabilisation et sécurisation du pays. L’Union Européenne reprend le relais le 31 mars 2003 : c’est l’opération Concordia organisée dans le cadre des accords de Berlin plus.
  • Active Endeavour (2001–...) : opération d’interdiction maritime suite aux attentats du 11 septembre 2001. La force navale permanente de la mer Méditerranée (Stanavformed) est déployée pour participer à la lutte anti-terrorisme. Elle dispose en particulier d’aéronefs AWACS. 1 200 militaires concernés.
  • Afghanistan (2003–...) : le 11 août 2003, l’OTAN prend le commandement de la Force internationale d'assistance et de sécurité (FIAS ou ISAF), c’est la première intervention de l’OTAN hors du cadre euratlantique; y contribuent 37 pays[5] ; elle s’emploie à étendre l’autorité du pouvoir central et à faciliter la reconstruction du pays. Une force de 8 125 hommes au 7 décembre 2004 (effectifs pouvant aller à 20 000 hommes en 2006).
  • Irak (2003–...) : apporte un soutien logistique à la division multinationale et participe à la formation des forces de sécurité irakiennes avec 300 personnes dont des instructeurs sur place et dans les écoles de l’OTAN.
  • En juin 2006, les ministres de la Défense de l’OTAN, réunis à Bruxelles, ont décidé de doubler les effectifs de l’ISAF, la Force internationale d'assistance et de sécurité, déployée en Afghanistan, forte actuellement de 9 000 hommes.

[modifier] Les stratégies de la nouvelle alliance

Sommet de l’OTAN à Prague (2002).
Sommet de l’OTAN à Prague (2002).
L’Alliance aujourd'hui n’a plus grand-chose à voir avec celle de la Guerre froide. (Jaap de Hoop Scheffer, 2006)
Soyons clair : il ne saurait être question de jouer au gendarme du monde. L’Alliance n’en a ni les moyens, ni la volonté politique. (Jaap de Hoop Scheffer, 2006)

Dans le monde multipolaire actuel, le rôle et les missions de l’OTAN sont difficiles à interpréter. Elles sortent donc du traditionnel espace euratlantique. Cependant, l’OTAN n’a pas vocation de se substituer aux Nations Unies et de compenser ses incapacités structurelles. Ce n’est pas une nouvelle forme de troupes Casques Bleus. Les stratégies de la nouvelle OTAN ont été élaborées à partir de la fin des années 90, et développées après l’attaque du 11 septembre 2001 sur les États-Unis :

  • Sommet de Washington (1999) : engagement d’un processus de transformation de l’OTAN autour d’un concept stratégique orienté vers la gestion des crises.
  • Sommet de Prague (novembre 2002) : décision de l’adaptation de l’outil militaire à la nouvelle donne internationale, autour du concept de réaction rapide.
  • Accords de Berlin plus (mars 2003) : l’Union européenne peut faire appel à certains moyens de l’OTAN lorsque ceux-ci sont nécessaires à la réalisation des missions décidées par le Conseil de l’Union.

Le Comité des plans de défense a décidé en 2006 que l’OTAN devait se préparer à mener de front deux opérations de grande envergure mobilisant 60 000 hommes chacune et six opérations moyennes (30 000 hommes). Au total, jusqu’à 300 000 hommes entraînés et préparés devront donc être disponibles pour intervenir dans n’importe quelle région du monde pour maintenir la paix. Il est à noter que l’OTAN est aujourd'hui trés loin de tenir ces objectifs si l’on se réfère aux difficultés chroniques de l’ISAF à obtenir les moyens nécessaires à une stabilisation de la situation en Afghanistan (considérée selon les critères OTAN comme une opération de moyenne envergure).

Les alliés se sont engagés à consacrer à leur défense au moins 2 % de leur PIB pour y parvenir, un chiffre que seuls 7 des 26 alliés (dont les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Turquie) parviennent à atteindre.

Carte des nations de l’OTAN.
Carte des nations de l’OTAN.
Expansion de l’OTAN en Europe.
Expansion de l’OTAN en Europe.

Le Partenariat pour la Paix ou PPP : l’OTAN a signé de nombreux accords de coopération avec la plupart des États européens non membres et tous les pays de la CEI. Ce sont des accords bilatéraux et extrêmement souples : chaque État souhaitant participer au partenariat décide, en collaboration avec les États membres, du niveau de collaboration qu'il souhaite entreprendre avec l’OTAN. L’objectif est avant tout de maintenir des échanges d’informations avec les anciens États membres de l’URSS.

Les pays adhérents au PPP sont :

Les seuls États européens qui ne font pas partie du PPP, en plus des micro-états (Andorre, Liechtenstein, Monaco, Saint-Marin et Vatican), sont Chypre et Malte. D’autres partenariats, généralement plus distendus, existent : c’est le cas par exemple du Dialogue Méditéranéen qui réunit la Mauritanie, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et l’Égypte.

Il est entendu que chaque État organise avant tout une surveillance efficace de son territoire. A ce titre, chaque État a sa propre spécificité géopolitique. Par exemple, la Roumanie est une sorte de pont entre l’Europe centrale et l’Europe du Sud-Est. À ce titre, elle lutte contre les trafics de stupéfiants, le crime organisé, les risques de prolifération d’armes de destruction massive ; sa flotte même réduite se modernise et contribue à la surveillance de la mer Noire et des abords des Dardanelles ; les forces fluviales roumaines participent à la sécurisation du Danube en accord avec les autres États riverains. (Lieutenant-colonel Francisco Stoica)
L’OTAN joue-t-elle de facto le rôle de force de police internationale dans les territoires qu'elle occupe ? La question se pose en fait de plus en plus même si ce n’est pas sa fonction. Par exemple, la question s’est posée de la lutte commune entre l’OTAN et les forces nationales afghanes, contre la production de drogue. Le rôle de l’OTAN reste limité à un soutien du gouvernement afghan. (Jaap de Hoop Scheffer, 2006)

[modifier] Le plan d’action pour l’adhésion

Les pays candidats à l’OTAN participent au programme Plan d’action pour l’adhésion afin de les aider à avancer dans de processus conduisant à une future adhésion formelle. Ces États ont en effet besoin de réformer en profondeur leurs forces armées, et même une certaine conception de la défense :

  • entretien durable de relations pacifiques avec les pays voisins ;
  • assurance de la paix intérieure par rédaction d’un cadre légal régissant les minorités ethniques éventuelles ;
  • le commandement en chef de l’armée doit être entre les mains d’un civil : c’est la démilitarisation de l’armée qui met fin à des héritages totalitaires ;
  • généralisation de la langue anglaise ;
  • réalité structurelle de la croissance économique.

Pays participants : les pays ayant adhéré en juin 2004 (voir ci-dessus) faisaient partie de ce programme ainsi que les pays candidats (2008) :

Pays candidats au programme Plan d’action pour l’adhésion :

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie et articles

  • Pour entrer dans l’Alliance, la Pologne se met à l’Anglais, Jerzy Baczynski, article paru dans Polityka, Varsovie, traduction Courrier international, n°311, 17–23 octobre 1996, p.14.
  • Armées de l’Est : la longue marche vers l’OTAN, Serge Enderlin, article paru dans L’Hebdo, Lausanne, traduction Courrier international, n°311, 17–23 octobre 1996, p.14.
  • L’Alliance n’est pas le gendarme du monde, Jaap de Hoop Scheffer (interview : Claudie Baran), Le Figaro Magazine, 14 octobre 2006, p.30.
  • La réforme de l’armée roumaine, Lieutenant-colonel Francisco Stoica, Armée d’aujourd'hui, n°273, septembre 2002, pp.25–28.

[modifier] Notes et références

  1. (citation originale : « keep the Americans in, the Russians out and the Germans down. »)
  2. Texte du Traité de l’Atlantique nord
  3. (en)Stephen F. Cohen, « Gorbachev's Lost Legacy », The Nation, 24 février 2005.
  4. Source : OTAN
  5. « l’OTAN réunie à Bruxelles pour assurer le succès de sa mission en Afghanistan » dans Le Monde, 8/06/2006 [lire en ligne]
  6. Suite à l’élection jugée frauduleuse du président biélorusse Aliaksandr Loukachenka, l’OTAN a décidé le 30 mars 2006 de réévaluer son partenariat avec la Biélorussie : NATO to Review Partnership Pact With Belarus, MosNews, 30 mars 2006

[modifier] Liens externes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Organisation du traité de l'Atlantique Nord.

[modifier] Articles connexes