Action française

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Action française (homonymie).
Action française
Membres fondateurs

Jacques BainvilleLéon DaudetLouis DimierCharles MaurrasMarius PlateauMaurice PujoGeorges ValoisHenri Vaugeois

Presse

Revue d'Action françaiseL'Action française

Organisation

Ligue d'Action françaiseCamelots du RoiCercle Proudhon

• De 1945 à nos jours •
Principaux représentants

Pierre BoutangGérard LeclercPierre PujoBertrand Renouvin

Presse

Aspects de la FranceLa Nation françaiseNouvelle Action française
L'Action française 2000

Organisation et mouvements

Restauration nationaleNouvelle Action françaiseCentre royaliste d'Action française

v · d · m

L’Action française (AF) est un mouvement politique français nationaliste et royaliste fondé en 1898 lors de l'affaire Dreyfus par Henri Vaugeois, professeur de philosophie, et Maurice Pujo, journaliste et écrivain. Charles Maurras convertit, au début des années 1900 les membres de l'Action française à la nécessité d'une restauration monarchique. Ce mouvement eut une influence non négligeable tout au long de la Troisième République.

Il faut toutefois distinguer le monarchisme de Maurras, rallié au soutien à la branche orléaniste, du traditionalisme des légitimistes[1]. En effet, l'Action française ne se confond pas avec le vieux mouvement royaliste traditionnel, moins présent à la fin du XIXe siècle. Charles Maurras conçoit une combinaison du nationalisme, qui était, jusqu'à l'affaire Dreyfus, synonyme de républicanisme, avec le royalisme et le catholicisme. Il convertit ainsi à l'idée royaliste des futurs membres de l'Action française tels que Henri Vaugeois, Maurice Pujo, ou Léon Daudet, qui appartenaient plutôt aux cercles républicains nationalistes de centre gauche. Maurras lui-même ne s'était rallié à l'idée monarchique qu'en 1896.

Sommaire

Le maurrassisme

Icône de détail Article détaillé : Maurrassisme.

L'Action française n'est ainsi pas un parti qui se confond avec le traditionalisme et la réaction légitimiste, point particulièrement évident dans l'agnosticisme de Maurras, qui soutient le pouvoir de l'Église catholique en tant que force de cohésion sociale, c'est-à-dire pour une raison pratique, mais est peu intéressé par le discours évangélique lui-même.

Au sein de l'Action française, Charles Maurras insuffle une nouvelle synthèse idéologique, le maurrassisme ou l'intégralisme, qui reprend des éléments traditionnels tout en les mêlant étroitement avec des idées plus modernes à l'époque, tel le nationalisme. Cette synthèse nouvelle, construction logique bien charpentée, a eu une grande force de séduction sur les élites intellectuelles de la première moitié du XXe siècle.

Premières années

Icône de détail Article détaillé : L'Action française (quotidien).

L’Action française (qui fait suite à la Revue d'Action française) paraît pour la première fois le 21 mars 1908, et atteint une diffusion de 30 000 exemplaires. De nouvelles personnalités rejoignent les rangs du parti, qui compte sans doute 20 000 membres : le polémiste et romancier Léon Daudet (fils d'Alphonse Daudet), l'historien Jacques Bainville, le critique Jules Lemaître, l'économiste Georges Valois.

Le militantisme de l'Action française n'hésite pas à recourir à la violence physique, avec la création en novembre 1908 des Camelots du Roi, groupe de jeunes gens chargés de la vente du journal et des « coups de mains » dans la rue. L'Action française possède alors un très grand prestige parmi la jeunesse étudiante réactionnaire. Les Camelots du Roi se distinguent par de nombreux coups d'éclat.

En juin 1908, ils se manifestent bruyamment lors du transfert des cendres de Zola au Panthéon de Paris. Leurs affiches de l'époque dénoncent le régime républicain, « gouvernement de ces étrangers plus ou moins naturalisés ou métèques qui, ces jours-ci, souilleront du cadavre de leur Zola le Panthéon désaffecté ».

En décembre 1908, c'est l'Affaire Thalamas : les Camelots chahutent violemment les cours d'Amédée Thalamas à la Sorbonne – Thalamas avait déjà été la cible de l'Action française en 1904, alors qu'il n'était que professeur d'histoire au lycée Condorcet, pour avoir « insulté Jeanne d'Arc » en offrant à ses élèves une vision positiviste de sa vie.

En 1911, ils relancent l'antisémitisme dans le Quartier latin en s'insurgeant contre une pièce d'Henri Bernstein, juif et accusé d'avoir déserté pendant son service militaire.

Dès 1919, Charles Maurras demande le droit de vote des femmes, qui ne leur a été accordé que par l'ordonnance du 21 avril 1944 du gouvernement provisoire de la République française (GPRF). Maurras considérait en effet, non sans fondements, que les femmes seraient plus sensibles aux arguments traditionalistes et catholiques que les hommes.

La condamnation par la Papauté (1926-1939)

Le principal reproche fait au maurrassisme par Rome est de subordonner la religion au politique et au nationalisme ; car Maurras, rationaliste, se définit comme agnostique, et ne soutient le catholicisme que comme le moyen d'unifier la Nation.

Retardée plusieurs fois (même si certaines œuvres ouvertement agnostiques de Maurras sont déjà mises à l'Index), la condamnation de l'Action française par Rome aura lieu le 29 décembre 1926. Le pape Pie XI condamne l'Action française qui, à ses yeux, dispose d'une trop grande influence sur la jeunesse catholique : les livres de Maurras ainsi que le Journal sont mis à l'Index par décret du Saint-Office. Le 8 mars 1927, les adhérents de l'Action française sont interdits de sacrements. Ceci porte un coup très dur au mouvement, et traumatise une certaine droite catholique le soutenant sincèrement. Beaucoup de ses membres le quittent comme Georges Bernanos ou Jacques Maritain et il entre dans une période de déclin. Pie XII lèvera cette condamnation en 1939, suite à la guerre d'Espagne, qui voit un renouveau de l'anticommunisme au sein de l'Église, et la pression d'un fort courant ecclésiastique.

L'entre-deux-guerres

Durant l'entre-deux-guerres, l'Action française se développe. Aux élections législatives de 1919, la liste d'Union nationale, soutenue par l'Action française, obtient 30 élus, dont Léon Daudet à Paris.

L'Action française continue de recruter de nouvelles générations (Georges Bernanos, Robert Brasillach, Thierry Maulnier, Lucien Rebatet, etc.) mais est frappée par de multiples dissidences (Georges Valois qui part avec 2000 adhérents pour fonder le Faisceau, Louis Dimier, La Cagoule, etc.).

Le 6 février 1934, les ligueurs d'Action française sont au premier rang de la manifestation, pseudo-coup d'État mort-né. En politique étrangère, Maurras et Bainville préconisent l'alliance italienne contre l'Allemagne nazie.

Le 1er février 1935, des étudiants de faculté rallient l'Action française et manifestent contre l'« invasion des métèques » et font grève.

La guerre

Charles Maurras qualifie de « divine surprise » l'arrivée au pouvoir du Maréchal Pétain. Il soutient alors activement la politique de Vichy, et en qui il voit le symbole de l'unité, dans le prolongement de l'Union Sacrée de 1914. Cependant, l'Action française se divise profondément :

L'après-guerre

En 1944, Maurras est arrêté et condamné à la détention perpétuelle pour « intelligence avec l'ennemi », bien qu'il n'ait pas lui-même collaboré avec les Allemands. Il sera gracié en 1952.

L'Action française se reconstitue en 1947 autour du journal Aspects de la France (initiales transparentes) et du mouvement « Restauration nationale ». Après la mort de Maurras, en 1952, deux journaux rivaux, Aspects de la France et La Nation française de Pierre Boutang revendiquent l'héritage maurrassien, jusqu'en 1967 où la Nation française disparaît.

En 1971, une scission voit partir quatre membres du Comité directeur (Yves Lemaignen, Bertrand Renouvin, Jean Toublanc, Georges-Paul Wagner) ainsi que de nombreux cadres du mouvement, pour fonder la Nouvelle Action française, qui deviendra bientôt la Nouvelle Action royaliste (orléaniste). Ce mouvement appellera à soutenir François Mitterrand en 1981. Au début des années 1980, d'autres figures de l'Action française, tels Georges-Paul Wagner ou Philippe Colombani rejoignirent les rangs du Front national.

Aujourd'hui

L'Action française, aujourd'hui dénommée Centre royaliste d'Action française (CRAF), est le principal mouvement politique royaliste en France. Elle se définit comme « royaliste, nationaliste et souverainiste ». Elle prône le rétablissement de la monarchie en France (avec la famille d'Orléans à sa tête) et s'oppose à l'Europe fédérale, à la mondialisation ainsi qu'au « système des partis » autour de la défense inconditionnelle de l'« intérêt national ». L'Action française a évacué l'antisémitisme et la xénophobie de sa doctrine, thèmes soutenus dans la ligne éditoriale du journal à la suite de l'affaire Dreyfus et de la Première Guerre ou dans le discours de certains de ses membres avant l'apparition d'Hitler sur la scène politique.

L'attitude à adopter vis-à-vis du Front national divise les militants de l'Action française : une partie des militants du mouvement royaliste considère que les royalistes doivent se tenir à l'écart des partis républicains. Pour d'autres, le Front national est le principal parti de la droite souverainiste et nationaliste et voter pour lui constitue un moyen de faire avancer les idées nationales. Alors qu'en 2002, l'Action française avait choisi de soutenir la candidature de Jean-Pierre Chevènement (ce qui provoqua une crise interne), elle a choisi en 2007 de soutenir Jean-Marie Le Pen.

Aujourd'hui, l'Action française est organisée en sections locales. Elle diffuse toutes les deux semaines son journal L'Action française 2000, longtemps dirigé par Pierre Pujo (disponible en kiosque). Le titre L'Action française avait pourtant été interdit à perpétuité à la Libération de la France. Après s'être nommé L'Action française hebdo, le quotidien fut contraint de se nommer L'Action française 2000, titre jugé acceptable par la cour.

Les jeunes d'Action française sont rassemblés autour de l'Action française étudiante qui réunit étudiants, lycéens et jeunes travailleurs. Ayant à leur tête Thibaud Pierre de Bernis, ils comptent une quinzaine de sections locales ; leur militantisme est axé autour de la formation politique : cercles de formation, débats, conférences, etc., et de l'action : campagnes, tractages, meetings. Chaque année, les jeunes nationalistes se réunissent pour leur université d'été : le Camp Maxime-Real del Sarte (créé en 1953) qui propose 10 jours de formation politique et militante. Antimondialiste, antilibéral, le mouvement revendique la défense sous toutes ses formes de l'« intérêt national » et prône un nationalisme hérité des idées de Charles Maurras.

Citations

  • « L'Action française dont le nationalisme ne pouvait pas se cantonner sur le terrain constitutionnel, résolue à réaliser son nationalisme dans la constitution politique de l'État français, se dit intégrale parce que la solution monarchique satisfait à tous les besoins du pays, comme une intégrale en mathématiques, représente la somme de toutes les valeurs d'une fonction algébrique. » Bernard de Vesins - Congrès d'Action française - novembre 1926, cité par Lucien Thomas dans L'Action française devant l'Église.

Bibliographie

  • Jean-François Chiappe, Histoire des droites françaises, tome 2 : De 1889 à la condamnation de l'Action française, Rocher, coll. « Documents », 2003 ;
  • Jean-Paul Gautier, La Restauration nationale : Un mouvement royaliste sous la 5e République, préface de Nonna Mayer, Paris, Syllepse, 2002 ;
  • Raoul Girardet, Le Nationalisme français, 1871-1914, Seuil, coll. « Points », Paris, 1983 ;
  • François Huguenin, À l'école de l'Action française, Lattès, Paris, 1998 ;
  • Jacques Prévotat, L'Action française, Paris, PUF, collection "Que sais-je?", 2004, 127 p. ;
  • Jacques Prévotat, Les Catholiques et l'Action française, histoire d'une condamnation 1899–1939, Fayard, coll. « Histoire du XXe siècle », Paris, 2001 (ISBN 2213603332) ;
  • Paul Renard, L'Action française et la vie littéraire (1931–1944), Septentrion, coll. « Perspectives », 2003 ;
  • Eugen Weber, L'Action française, Hachette, coll. « Pluriel », Paris, 1990 ;
  • Michel Winock, Histoire de l'extrême-droite en France, Seuil, coll. « Points », Paris, 1994.

Voir aussi

Liens externes

Notes

  1. Un mouvement politique royaliste plus traditionnel, fondé sur les premiers principes de la monarchie notamment et constitué d'un réseau de cercles légitimistes, a d'ailleurs perduré à l'écart de l'Action française.