Émile Zola

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Émile Zola
Autoportrait au béret, Émile Zola, 1902.
Naissance 2 avril 1840
Décès 29 septembre 1902
Activité écrivain
Nationalité France française
Langue français
Genre roman
Mouvement naturalisme
Influences Honoré de Balzac, La Comédie humaine
Œuvres principales Germinal, Nana, L’Assommoir, La Bête humaine
Séries Rougon-Macquart, Les 3 villes

Émile Zola, né à Paris le 2 avril 1840, mort à Paris le 29 septembre 1902, est un écrivain, journaliste et homme public français, considéré comme le chef de file du naturalisme.

C’est l'un des romanciers français les plus universellement populaires[1], l'un des plus publiés et traduits au monde, le plus adapté au cinéma et à la télévision[N 1]. Sa vie et son œuvre ont été étudiés dans le détail par la science historique. Sur le plan littéraire, il est principalement connu pour les Rougon-Macquart, monumentale fresque romanesque en vingt volumes dépeignant la société française du second empire.

Les dernières années de sa vie sont marquées par son engagement dans son époque, lors de l'affaire Dreyfus, dans laquelle il joue un rôle décisif par la publication du plus célèbre article de la presse française : « J’accuse… ! »

Sommaire

Biographie

Jeunesse et débuts dans la vie

Icône de détail Article détaillé : Jeunesse d'Émile Zola.
Émile Zola enfant avec ses parents vers 1845.
Émile Zola enfant avec ses parents vers 1845.
Le service des expéditions de la Librairie Hachette.
Le service des expéditions de la Librairie Hachette.

Émile Zola naît Italien à Paris le 2 avril 1840. Il est le fils unique de Francesco Zolla[2] et d’Émilie Aubert. Son père, ingénieur de travaux publics, ancien officier subalterne italien, meurt en 1847 après avoir été responsable de la construction du canal Zola à Aix-en-Provence. Émilie Aubert, sa mère, totalement démunie, s'occupe de l’orphelin avec la grand-mère de l’enfant, Henriette Aubert. Restée proche de son fils jusqu’à sa mort en 1880, elle a fortement influencé son œuvre et sa vie quotidienne.

Émile Zola est recalé par deux fois au baccalauréat ès sciences en 1859. Ces échecs marquent profondément le jeune homme qui désespère d'avoir déçu sa mère. Il est aussi conscient d'aller au devant de graves difficultés matérielles, sans diplôme et sans formation. Au collège à Aix-en-Provence, il se lie d'amitié avec Jean-Baptistin Baille[N 2],[3]et surtout Paul Cézanne qui reste son ami proche jusqu'en 1886. Ce dernier l'initie aux arts graphiques, et particulièrement à la peinture.

Émile Zola quitte Aix, et déménage à Paris en 1858 pour rejoindre sa mère dans des conditions matérielles et psychologiques misérables. Mais petit à petit, Zola se constitue un petit cercle d'amis, majoritairement aixois d'origine[N 3]. Dans la capitale, il complète sa culture humaniste en lisant Molière, Montaigne et Shakespeare, mais pas encore Balzac qui ne l'inspirera que plus tardivement. Il est aussi influencé par des auteurs contemporains, comme Jules Michelet, source de ses inspirations scientifiques et médicales[N 4].

C'est après des débuts sommaires comme employé aux écritures aux Docks de la douane, en 1860, et sa naturalisation française un an plus tard, que Zola parvient à entrer en contact avec Louis Hachette, qui l'embauche dans sa librairie le 1er mars 1862. Il reste quatre ans au service de publicité où il occupe un emploi équivalent à nos attachés de presse modernes. À la librairie Hachette l'idéologie positiviste et anticléricale le marque profondément et il y apprend toute les techniques du livre et de sa commercialisation. Travaillant avec acharnement pendant ses loisirs, il parvient à faire publier ses premiers articles et son premier livre, édité par Hetzel : Les contes à Ninon.

Le journaliste

Zola au Figaro, caricature de Hix, dans Le Grelot du 10 janvier 1881.
Zola au Figaro, caricature de Hix, dans Le Grelot du 10 janvier 1881.
Portrait d'Émile Zola vers 1880.
Portrait d'Émile Zola vers 1880.

Dès 1863, Zola collabore aux rubriques de critique littéraire et artistiques de différents journaux. Les quotidiens permettent au jeune homme de publier rapidement ses textes et ainsi, de démontrer ses qualités d'écrivain à un large public. C'est pour lui « un levier puissant qui [me] permet de me faire connaître et d'augmenter mes rentes[4] ».

Il bénéficie de l'essor formidable de la presse de la seconde moitié du XIXe siècle, qui assure l'émergence immédiate de nouvelles plumes[5]. À tous les apprentis romancier lui demandant conseil, et jusqu'aux derniers jours de sa vie, l'écrivain propose de marcher sur ses pas, en écrivant d'abord dans les journaux.

Il fait ses débuts véritables dans des journaux du nord de la France[N 5], opposants du second Empire. Zola met à profit sa connaissance des mondes littéraire et artistique pour rédiger des articles de critique, ce qui lui réussit. Dès 1866, à 26 ans, il tient les deux chroniques dans le journal l’Événement. À l' Illustration, il donne deux contes qui rencontrent un certain succès. Dès lors, ses contributions sont de plus en plus nombreuses : plusieurs centaines d'articles dans des revues et journaux très variés. On peut citer les principaux : L'Événement et L'Événement Illustré, La Cloche, Le Figaro, Le Voltaire, Le Sémaphore de Marseille et Le Bien Public à Dijon.[6]

Outre la critique (littéraire, artistique ou dramatique), Zola a publié dans la presse une centaine de contes, et tous ses romans en feuilletons. Il pratique un journalisme polémique, dans lequel il affiche ses haines, mais aussi ses goûts, mettant en avant ses positions esthétiques, mais aussi politiques. Il maîtrise parfaitement ses interventions journalistiques, utilisant la presse comme un outil de promotion de son œuvre littéraire. Pour ses premiers ouvrages, il a en effet rédigé des compte-rendus prêts à l'emploi qu'il a adressés personnellement à toute la critique littéraire parisienne, obtenant en retour de nombreux articles[7]. 1880 marque une année difficile pour Zola. Les décès d'Edmond Duranty[N 6], mais surtout de Gustave Flaubert, terrassé par une attaque, atteignent profondément le romancier. Ces disparitions qui se conjuguent avec la perte de sa mère à la fin de la même année, plongent durablement Zola dans la dépression. En 1881, parvenu à l'autonomie financière grâce à la publication régulière des Rougon-Macquart, il cesse son travail de journaliste. A cette occasion il publie des « adieux »[8] dans lesquels il dresse un bilan de quinze années de combat dans la presse. Il ne reprend la plume du journaliste, hormis quelques interventions çà et là, qu'à l'occasion de l'affaire Dreyfus en 1897, principalement au Figaro et à L'Aurore.

L’écrivain

Émile Zola à sa table de travail dans son cabinet de curiosités.
Émile Zola à sa table de travail dans son cabinet de curiosités.

Dès sa prime jeunesse, Émile Zola est passionné par les Lettres. Il accumule des lectures variées, et conçoit très tôt le projet d'écrire à titre professionnel, comme une véritable vocation. En sixième, il rédige déjà un roman sur les croisades[9]. Ses amis d'enfance, Paul Cézanne et Jean-Baptistin Baille sont ses premiers lecteurs. Il leur affirme plusieurs fois, dans ses échanges épistolaires, qu'il sera un jour un écrivain reconnu[10].

Un des atouts de Zola consiste en sa force de travail et sa régularité, résumées par sa devise qu'il a fait peindre sur la cheminée de son cabinet de travail à Médan : Nulla dies sine linea[N 7]. Sa vie obéit pendant plus de trente ans à un emploi du temps très strict[11], bien que sa forme ait varié dans le temps, notamment à l'époque où il conjuguait le journalisme avec l'écriture de romans[N 8]. En général, à Médan, après un lever à sept heures, une rapide collation et une promenade d'une demi-heure en bord de Seine avec son chien Pinpin, il enchaîne sa première séance de travail, qui s'étend sur environ quatre heures, et produit cinq pages[N 9]. L'après-midi est consacré à la lecture et à la correspondance, laquelle tient une large place chez Zola. À la fin de sa vie, il modifie cet ordre immuable pour consacrer plus de temps à ses enfants, les après-midis, reportant une partie de ses activités en soirée et dans la nuit.

Cette puissance de travail a fini par porter ses fruits. Alors que l'année 1867 a été la pire de toutes sur le plan financier, sa situation a commencé à se stabiliser à partir de la publication de L'Assommoir en 1877. Dès ce moment, ses revenus annuels oscillent entre quatre-vingt et cent-mille francs[N 10],[12]. Zola n'est pas fortuné à proprement parler, puisqu'après avoir eu sa mère à charge et ses deux foyers, les baisses de ventes de ses romans consécutives à l'affaire Dreyfus l'amènent une fois de plus à la gêne financière. Mais celle-ci n'est que momentanée. Journaliste, ses piges sont payées vingt-cinq centimes la ligne, ses romans publiés en feuilletons lui amènent mille cinq-cents francs en moyenne et ses droits d'auteurs cinquante centimes par volume vendu. Il tire aussi des revenus conséquents de l'adaptation de ses romans au théâtre ainsi que de leurs nombreuses traductions. En quelques années, les revenus de Zola augmentent rapidement au point d'atteindre des montants considérables, jusqu'à cent cinquante mille francs autour de 1895[N 11],[13].

L’homme public

Portrait d'Émile Zola à trente ans en 1870.
Portrait d'Émile Zola à trente ans en 1870.
Caricature politique de Zola par Lepetit dans Le Contemporain - 1887.
Caricature politique de Zola par Lepetit dans Le Contemporain - 1887.

L'écrivain n'a pas été mobilisé en 1870. Il aurait pu être intégré à la Garde nationale, mais sa myopie et son statut de soutien de famille (pour sa mère) l'en ont écarté[14]. Il suit la chute du Second empire avec ironie, mais ne se trouve pas à Paris pendant la Semaine sanglante. On sait toutefois que sans soutenir l'esprit de la Commune, dont il relate modérément les évènements dans la presse, il ne s'est pas associé à Flaubert, Goncourt ou Daudet dans leur joie d'une violente répression[15]. Au moment de l'avènement de la République, Zola a cherché à se faire nommer sous-préfet à Aix-en-Provence[16]. Malgré un voyage à Bordeaux, lieu de refuge du gouvernement, c'est un échec. Zola n'est ni un homme d'intrigues, ni de réseaux[17].

Avant tout observateur des hommes et des faits de son temps dans ses romans, Zola n'a cessé de s'engager dans des causes sociales, artistiques ou littéraires qui lui semblent justes, sans jamais faire de politique. Le personnel politique lui semble suspect et avant l'affaire Dreyfus, il n'aura pas d'amis dans le monde politique[N 12]. Républicain convaincu, il s'engage tôt dans un combat contre l'Empire. Les premiers romans du cycle des Rougon-Macquart ont ainsi une visée à la fois satirique et politique[N 13]. Aussi la censure dont il est l'objet dès 1871 avec La Curée, au retour de la République, le déçoit profondément. Mais il reste fervent républicain, « le seul gouvernement juste et possible[18] ».

C'est au travers de ses interventions dans la presse, que l'engagement de Zola est le plus marquant. Au pire moment de sa vie, alors qu'il mène une existence sans le sou, la libéralisation de la presse en 1868 lui permet de participer activement à son expansion. Par des amis de Manet, Zola entre au nouvel hebdomadaire républicain La Tribune, dans lequel il pratique ses talents de polémiste dans l'écriture de fines satires anti-impériales. Mais c'est à La Cloche que ses attaques les plus acides contre le Second empire sont publiées. Thérèse Raquin n'a pas enthousiasmé Louis Ulbach, son directeur, mais il admire l'insolence du chroniqueur. Courageux, voire téméraire, il s'attaque avec dureté aux ténors de l'Assemblée comme de Broglie ou de Belcastel. Il vilipende une Chambre peureuse, réactionnaire, « admirablement manipulée par Thiers»[19]. Pendant un an[N 14], il produit plus de deux cent cinquante chroniques parlementaires. Elles lui permettent à la fois de se faire connaître du monde politique et d'y fonder de solides amitiés (et inimitiés). Il collectionne aussi une foule de détails pour ses romans à venir[20]. Ces engagements sont quelque peu risqués pour l'écrivain. Il est tombé deux fois sous le coup de la loi, et fut mis en état d'arrestation en mars 1871[21]. Mais ces arrêts n'ont pas de conséquences et il est chaque fois libéré le jour même.

Zola reste soigneusement à l'écart du monde politique, auprès duquel il sait s'engager, mais avec retenue, recul et froideur. L'action politique ne l'intéresse pas et il n'a jamais été candidat à aucune élection. Il se sait avant tout écrivain, tout en exprimant une attitude de réfractaire[22]. Il agit donc en libre penseur et en moraliste indépendant, ce qui lui apporte une stature de libéral modéré. Il s'oppose radicalement à l'Ordre moral, notamment dans La Conquête de Plassans, interdit de vente dans les gares par la commission de colportage[N 15],[23], et par la publication de La Faute de l'abbé Mouret, une attaque en règle contre le dogme de la chasteté, renforcé alors par la mise en œuvre du culte du mariage par l'Église. Il défend aussi activement les communards graciés par la loi d'amnistie, en évoquant les parias de la Révolution de 1848 dans Le Ventre de Paris et en soutenant notamment Jules Vallès afin qu'il puisse publier ses propres textes. Ce seront les derniers articles politiques de Zola, puisqu'il a entrepris le cycle des Rougon-Macquart, qui va l'occuper pendant vingt-deux années.

L'engagement de sa vie reste évidemment l'Affaire Dreyfus à partir de 1897, au travers du célèbre article J'Accuse...! de janvier 1898, et sa conséquence directe, l'exil de l'écrivain à Londres pendant près d'une année. Mais pourquoi Zola entre-t-il dans ce combat ? C'est qu'à la fin du siècle, en 1897-1898, son image publique s'est encore renforcée. Romancier au sommet de son art, traduit dans plusieurs dizaines de langues, reconnu par le monde des lettres et le monde politique républicain, il est même parfois craint. Si Zola est devenu l'écrivain emblématique du régime républicain[24], ses succès littéraires populaires[N 16] en ont fait un homme des masses, doté d'une éloquence écrite proverbiale, un homme de combats victorieux. Il frappe aussi par sa conscience déterminée et constante sur les plans sociaux et moraux. Enfin, par son indépendance, son désintéressement, son détachement de tous les partis, il est libre de se lancer dans tous les combats. C'est ce qu'il décide de faire à la fin de 1897.

Les amours

En 1878, grâce au succès de L'Assommoir, Zola s'offre cette maison de campagne à Médan, qu'il ne cessera d'améliorer.
En 1878, grâce au succès de L'Assommoir, Zola s'offre cette maison de campagne à Médan, qu'il ne cessera d'améliorer.
Alexandrine Zola vers 1900
Alexandrine Zola vers 1900

Zola croit en l'amour, romantique dans l'âme, grand lecteur de George Sand dans sa jeunesse. Du reste, le mariage est un grand thème de son œuvre, qu'il décline en fonction des conditions et des classes sociales. Des thèmes résurgents s'expriment dans ses romans de par cette classification, par exemple dans les classes hautes de la société, où la propension de l'homme à prendre maîtresse est constante ou à l'existence de ce «  fossé entre l'homme qui sait tout et la femme qui ne sait rien ».

Le premier amour de Zola s'appelait Berthe[25]. Le jeune homme la surnommait lui même « une fille à parties », une prostituée dont il s'était entiché pendant l'hiver 1860-1861. Il avait conçu le projet de « la sortir du ruisseau », en essayant de lui redonner goût au travail, mais cet idéalisme s'est heurté aux dures réalités des bas quartiers parisiens. Il tire toutefois de cet échec la substance de son premier roman, Les confessions de Claude.

À la fin de 1864, Zola fait la connaissance d'Éléonore-Alexandrine Meley, qui se fait appeler Gabrielle. Ce prénom aurait été celui de sa fille naturelle, qu'à dix-sept ans, elle a été forcée d'abandonner à l'Assistance Publique. Lourd secret qu'elle révéla certainement à Zola après leur mariage[N 17],[26]. Née le 23 mars 1839 à Paris, elle est la fille d'une petite marchande de dix-sept ans et d'un ouvrier typographe, né à Rouen. L'écrivain consacre un portrait à sa nouvelle conquête, « L'amour sous les toits », dans Le Petit Journal[N 18],[27].

Cliché d'Émile Zola en compagnie de Jeanne Rozerot et leurs deux enfants, Denise et Jacques.
Cliché d'Émile Zola en compagnie de Jeanne Rozerot et leurs deux enfants, Denise et Jacques.

On ne connaît pas l'origine de cette liaison. Peut-être le hasard puisqu'Émile et Alexandrine habitaient tous deux les hauts de la montagne Sainte-Geneviève[N 19]. Des rumeurs font état d'une liaison préalable avec Paul Cézanne et du fait qu'elle ait pu être modèle pour le groupe de peintres que Zola fréquente, ou encore d'une relation avec un étudiant en médecine[28]. Mais aucune preuve n'existe à propos de ces ragots.

À partir de 1865, Zola quitte sa mère et emménage dans le quartier des Batignolles avec sa compagne, sur la rive droite, proche du faubourg Montmartre, le quartier de la Presse. Les réticences de Mme Zola mère[N 20] préviennent pour cinq ans l'officialisation de cette liaison. C'est aussi une période de vaches maigres, pendant laquelle Alexandrine effectue de menus travaux afin que le couple puisse joindre les deux bouts [N 21]. Le mariage est finalement célébré le 31 mai 1870 à la mairie du XVIIe arrondissement[N 22], à la veille du conflit franco-prussien. Alexandrine est un soutien indispensable dans des moments de doute nombreux de l'écrivain. Il lui en sera toujours reconnaissant.

En 1888, alors que Zola s'interroge sur le sens de son existence à la veille de la cinquantaine, sa vie bascule brutalement. N'avait-il pas soufflé à Goncourt : « Ma femme n'est pas là ... Eh bien je ne vois pas passer une jeune fille comme celle-ci sans me dire : "Ça ne vaut-il pas mieux qu'un livre ?" »[29]

Jeanne Rozerot, une jeune lingère de 21 ans, entre au service des Zola à Médan . Originaire du Morvan, orpheline de mère, elle monte à Paris pour se placer. Elle accompagne les Zola à la fin de l'été lors des vacances du couple à Royan. Le romancier en tombe immédiatement éperdument amoureux. Émile conçoit pour elle un amour d’autant plus fort qu’elle lui donne deux enfants qu’il n’avait jamais pu avoir avec sa femme Alexandrine. Jeanne élève Denise, née en 1889 et Jacques, né en 1891, dans le culte de leur père. Pour autant, celui-ci n’abandonne pas la compagne de sa jeunesse. L'idylle est secrète pendant trois ans, seuls quelques très proches amis de l'écrivain étant au courant. Zola installe sa maîtresse dans un appartement parisien et lui loue une maison de villégiature à Verneuil, à quelques encablures de Médan, où il se rend à vélo.

Alexandrine Zola apprend l'infidélité de son époux vers le mois de novembre 1891, et l'existence de ses deux enfants, par le biais probable d'une lettre anonyme[30]. La crise est grave pour le couple, qui passe au bord du divorce. Mais c'est un soulagement pour le romancier, après trois ans de secrets et de mensonges[31]. Contre l'assurance que le romancier ne l'abandonnera pas, Alexandrine se résigne à cette situation. Elle s'occupe même des enfants, leur offrant des présents, les promenant de temps à autre, reportant sur eux un amour maternel dont elle fut privée. Après la mort de l'écrivain, elle fera reconnaître les deux enfants afin qu'ils puissent porter le nom de leur père.

Zola essaye ainsi d'organiser sa double vie tant bien que mal en partageant son temps entre Alexandrine et Jeanne. En juillet 1894, il écrit : « Je ne suis pas heureux. Ce partage, cette vie double que je suis forcé de vivre finissent par me désespérer. J’avais fait le rêve de rendre tout le monde heureux autour de moi, mais je vois bien que cela est impossible. »

Les honneurs

À titre personnel, l'écrivain a rarement recherché les honneurs publics. Zola a accepté la croix de la Légion d'honneur à condition d'être dispensé de la demande écrite officielle. Après de nombreuses tergiversations, liées à des articles sévères du romancier sur ses semblables dans la presse en 1878, Édouard Lockroy lui accorde la rosette. L'écrivain est donc fait chevalier de la Légion d'honneur le 13 juillet 1888, au grand dam de certains de ses amis dont les Goncourt, Alphonse Daudet, voire son ami proche Paul Alexis. Octave Mirbeau intitule même un article sur Zola à la une du Figaro : « La fin d'un homme ». Le 13 juillet 1893, Henri Poincaré le fait officier de la Légion d'honneur. Mais, en raison de sa condamnation consécutive à J'Accuse...!, Zola est suspendu de l'ordre de la Légion d'honneur le 26 juillet 1898, et ne sera jamais réintégré.

Par ailleurs, il est présenté à la Société des gens de lettres par Alphonse Daudet en 1891, et accueilli en son sein « exceptionnellement par acclamation et à main levée à l'unanimité. » Il est élu au comité, puis élu et réélu président de l'association de 1891 à 1900. Ses fonctions sont très sérieusement exercées ; il intervient dans la presse pour présenter son organisation et ses valeurs[32]. Il fait reconnaître la société comme établissement d'utilité publique. Le droit de la propriété littéraire et la défense des auteurs en France progressent sous son autorité. Des conventions avec des pays étrangers, comme la Russie[33] sont signées.

Émile Zola a livré un combat, unique, pour les honneurs, celui qu'il a mené afin d'intégrer l'Académie française. Jeune, il l'avait qualifiée de « serre d'hivernage pour les médiocrités qui craignent la gelée »[34]. Vingt ans plus tard, il pose sa première candidature. Il affirme après son premier échec en 1890, « qu'il reste candidat et sera candidat toujours ». Jusqu'à sa dernière candidature le 23 août 1897, qui échoue en 1898, l'écrivain brigue dix-neuf fois le fauteuil d'Immortel[35]. Le 28 mai 1896, il obtient son record de voix avec seize suffrages alors que la majorité était fixée à dix-sept voix. Comprenant que son engagement dans l'affaire Dreyfus lui ferme définitivement les portes de l'Académie française, il renonce à se représenter.

Mort

Icône de détail Article détaillé : Mort d'Émile Zola.
Dessin sur la une de L'Assiette au Beurre du 30 mai 1908.
Dessin sur la une de L'Assiette au Beurre du 30 mai 1908.
Tombe de Zola au cimetière de Montmartre.
Tombe de Zola au cimetière de Montmartre.

Le 29 septembre 1902, de retour de Médan où il avait passé l'été, Émile Zola et son épouse Alexandrine sont intoxiqués dans la nuit, par la combustion lente résiduelle d'un feu couvert, produit par la cheminée de leur chambre[36]. Lorsque les médecins arrivent sur place, il n'y a plus rien à faire, Émile Zola décède officiellement à 10:00 du matin. En revanche, son épouse survit. Cette mort serait accidentelle, mais étant donné le nombre d’ennemis qu’avait pu se faire Zola (notamment chez les anti-dreyfusards) la thèse de l’assassinat ou de la « malveillance ayant mal tourné[N 23] » n’a jamais été totalement écartée[37]. Après sa mort, une enquête de police est réalisée mais n’aboutit à aucune conclusion probante.

Le retentissement de la mort d'Émile Zola est immense. La presse se fait l'écho de l'émotion qui gagne la population entière. La presse nationaliste et antisémite exulte[38]. L'émotion gagne l'étranger où de nombreuses cérémonies ont lieu en mémoire de l'écrivain français, et les presses germaniques, britanniques, américaines sen font largement l'écho. L'hommage est international. Lors des obsèques, Anatole France, qui avait insisté pour évoquer toutes les facettes de l'écrivain, y compris ses combats pour la justice, lit sa célèbre péroraison à l'auteur de J'accuse...! : « Il fut un moment de la conscience humaine ».

Les cendres de Zola ont été transférées au Panthéon de Paris le 4 juin 1908. À la fin de la cérémonie au Panthéon, un journaliste[N 24] anti-dreyfusard, Louis Grégori, ouvre le feu sur Alfred Dreyfus avec un révolver, qui n'est que légèrement blessé au bras.

Depuis 1985, sa maison de Médan est devenue un musée. Tous les premiers dimanche d’octobre, un pèlerinage est organisé par la Société littéraire des amis d’Émile Zola.

L’œuvre littéraire

Du réalisme au naturalisme

Icône de détail Article détaillé : Naturalisme (littérature).
Journal la Petite Lune d'avril 1879. La critique du Romantisme par Zola attire les caricaturistes.
Journal la Petite Lune d'avril 1879. La critique du Romantisme par Zola attire les caricaturistes.
Caricature de Gill vers 1880 représentant Zola en écrivain muni d'une loupe et de pincettes.
Caricature de Gill vers 1880 représentant Zola en écrivain muni d'une loupe et de pincettes.

« Notre héros, écrit Zola, n'est plus le pur esprit, l'homme abstrait du XVIIIe siècle. Il est le sujet physiologique de notre science actuelle, un être qui est composé d'organes et qui trempe dans un milieu dont il est pénétré à chaque heure »

Naturalisme : au début du XVIIIe siècle, ce dérivé savant de « naturel » distinguait le système symbolique d'interprétation de phénomènes naturels. L'expression naturalisme s'employa plus tard dans le cadre de théories excluant une cause surnaturelle. Au XVIIIe siècle, on utilise aussi ce mot dans le vocabulaire scientifique pour désigner le caractère naturel d'un phénomène. Ce terme tomba en désuétude jusqu'en 1857 au moment où la Revue Moderne publia une critique. Celle-ci qualifia la peinture de Gustave Courbet de naturaliste, dans le sens de « peintre de la nature réaliste ».

Naturalisme, par Louis Legrand dans Le Courrier Français, en mars 1890.
Naturalisme, par Louis Legrand dans Le Courrier Français, en mars 1890.

Henri Mitterand [39] distingue deux périodes dans le naturalisme théorique de Zola qu'il situe au carrefour du Romantisme (Jules Michelet et Victor Hugo), dont il a été imprégné par ses lectures de jeunesse, et du Positivisme qu'il a pratiqué à la Librairie Hachette (Taine et Littré). La première époque court de 1866 à 1878 avec un point de départ posé par la publication de Mes haines. Zola s'y veut moderniste, révolutionnaire dans l'âme, en réaction. Il rejette le romantisme démodé « comme un jargon que nous n'entendons plus »[40]. Au Congrès scientifique de France en 1866, Zola adresse un mémoire qui compare le roman naturaliste à l'épopée. L'écrivain y affirme que le genre épique est spécifique à la Grèce antique, et ce lien nécessaire entre un genre littéraire et un contexte spécifique donné, manifeste clairement un déterminisme littéraire proche de celui de Taine[N 25]. Cette démarche critique est ainsi définie par le philosophe : « la race, le milieu, le moment et la faculté maîtresse. » Mais Zola se distingue de Taine en affirmant la prédominance du tempérament. C'est la différence principale entre le réalisme et le naturalisme. Ainsi pour l'écrivain, « l'œuvre d'art est-elle un coin de nature vu à travers un tempérament ».

Après 1878, et la lecture de Claude Bernard[41], Zola, introduit la notion de méthode expérimentale[N 26]. Ceci afin que la littérature « obéisse à l'évolution générale du siècle ».[42] Zola applique cette définition à la technique romanesque transformée « en étude du tempérament et des modifications profondes de l'organisme sous la pression des milieux et des circonstances » [N 27],[43]. Il ne faut toutefois pas voir dans les textes de critique littéraire de Zola, l'exacte clé des thèmes et du style de l'écrivain, même si une relation évidente existe entre l'œuvre technique et l'œuvre dramatique.

Le naturalisme consiste donc en la recherche des causes du vice dans l'hérédité. De ce fait, le romancier naturaliste est « observateur et expérimentateur ». L'observateur accumule des renseignements sur la société et ses milieux, sur les conditions de vie et d'environnement. Il doit cerner de près la réalité qu'il transpose par un usage serré et acéré du langage. L'expérimentateur joue dès lors son rôle, par la construction d'une trame qui amalgame les faits et construit une mécanique où il enchaîne ces faits par une forme de déterminisme des principes liés au milieu et à l'hérédité. Le personnage naturaliste est ainsi la conséquence déterminée de constantes physiques, sociales et biologiques. Le romancier naturaliste a un but moral. Zola écrit : « nous sommes les juges d'instruction des hommes et de leurs passions, c'est à dire des moralistes expérimentateurs ».

Icône de détail Articles détaillés : Les Soirées de Médan et Maison d'Émile Zola.

La littérature naturaliste est une littérature de synthèse du type balzacien et de l'anti-héros flaubertien ce qui donne des personnages vidés d'individualité[44]. La prépondérance de Zola dans le milieu naturaliste est indiscutable et le débat se catalysera d'ailleurs essentiellement autour de lui. L'école naturaliste est le plus souvent appelée École de Médan du nom de la maison appartenant à Zola, où les écrivains proches du mouvement naturalistes comme le premier Huysmans[45] et Maupassant, avaient l'habitude de se réunir lors de soirées dites de Médan. Le volume collectif de ces Soirées paraît deux ans plus tard. En dehors de l'œuvre zolienne, le naturalisme a donné peu d'œuvres majeures.

Méthode de travail et style

Un écrivain minutieux

Pour La Bête humaine, Émile Zola effectue un voyage en locomotive à des fins de documentation.
Pour La Bête humaine, Émile Zola effectue un voyage en locomotive à des fins de documentation.
Plan de la Bourse de Paris de la main de Zola pour son roman L'Argent vers 1890.
Plan de la Bourse de Paris de la main de Zola pour son roman L'Argent vers 1890.

Zola se présente comme un écrivain à la fois minutieux et méthodique. Il décrit ainsi sa méthode de travail[46] : « Ma façon de procéder est toujours celle-ci : d'abord je me renseigne par moi-même, par ce que j'ai vu et entendu ; ensuite, je me renseigne par les documents écrits, les livres sur la matière, les notes que me donnent mes amis ; et enfin l'imagination, l'intuition plutôt, fait le reste. Cette part de l'intuition est chez moi très grande, plus grande, je crois, que vous ne la faites. Comme le disait Flaubert, prendre des notes, c'est être simplement honnête ; mais les notes prises, il faut savoir les mépriser ». Zola a toujours insisté sur sa démarche consciente et tranquille qui s'apparente à celle du maçon qui construit sa maison, sans fébrilité [47]. Il veut donner l'image de la quiétude dans l'écriture, avec une construction de premier plan, puis de second plan, une description des personnages précise par l'établissement de fiches pour chacun d'eux. La rédaction du chapitre doit immédiatement suivre. Cependant, cette démarche théorique est quelque peu contredite par l'examen des dossiers de préparation laissés par l'auteur des Rougon-Macquart. En effet, dans le cas de la documentation, plutôt que de réaliser ses recherches dans un premier temps, puis de réaliser la totalité de son travail d'écriture dans un second temps, on constate que Zola se documentait tout au long de la réalisation de ses romans.

Le travail de Zola romancier commence donc par la constitution d'un dossier préparatoire[N 28]. Leur taille est variable en fonction du roman et du sujet, mais va plutôt en s'accroissant avec le temps. D'une cinquantaine de folios pour la Fortune des Rougon, le dossier de Pot-Bouille en atteint 450, pour compter entre 900 et un millier de pages pour Germinal, L'Argent ou La Terre, et enfin culminer à près de 1 250 feuilles pour La Débâcle[48]. Le dossier préparatoire est aussi utile au romancier lorsqu'il doit se défendre des attaques assez nombreuses qui lui sont portées quant au sérieux de sa documentation. Zola viserait, à en croire ses contradicteurs, au superficiel et au spectaculaire. Il n'hésite pas, dès lors, à convoquer des journalistes et leur prouver le sérieux de ses recherches, en leur exposant ses dossiers.

Zola s'appuie ainsi sur une solide documentation, mais aussi sur des enquêtes pour lesquelles il se déplace dans les régions qu'il veut décrire. Les voyages du romancier vers un lieu précis, ont souvent provoqué moqueries et quolibets. La critique voit, dans ces « mouvements puérils », un manque d'imagination de l'écrivain. C'était en effet très nouveau dans la seconde moitié du XIXe siècle, que de vouloir coller à la réalité d'aussi près. Mais le romancier souhaite absolument s'imprégner de l'ambiance d'un lieu, pour y capter le détail véridique. C'est dans cet esprit qu'il part visiter le Valenciennois pendant une dizaine de jours pour Germinal, ou qu'il produit trois cents pages d'observations sur les Halles pour Le Ventre de Paris, entre autres. Il croque les scènes vécues, mais toujours dans l'optique de son roman en cours, jamais gratuitement. Il sélectionne ses observations et les utilise quasiment toutes dans le roman qu'il est en train d'écrire, ainsi qu'un peintre ferait avec son carnet de croquis[49].

Les dossiers préparatoires de Zola font aussi état de réflexions théoriques sur le roman en cours d'écriture, via une forme de dialogue avec lui-même. L'écrivain prend soin de définir le schéma narratif, la position des personnages dans chaque scène, le niveau de dramatisation, la véracité de la situation. Il porte une attention toute particulière au rythme de la narration et à l'équilibre de chacun des chapitres.

Un travail sans brouillon ?

Zola préparait des brouillons avant d'écrire ses pages définitives. Mais il n'en a légué pratiquement aucun, et comme il travaillait toujours en solitaire, il n'existe aucun témoignage à ce sujet. Quelques bribes d'essais concernant un paragraphe ou une phrase ont été retrouvés, mais rien de systématique. Il est certain que cette étape intermédiare a été détruite volontairement, comme chez Hugo[50]. Les historiens de la littérature s'interrogent encore sur cette absence[51], en supposant que peut-être, Zola a cherché à masquer une certaine réalité qui aurait pu nuire à l'édification de son personnage « d'écrivain omniscient ».

En revanche, Zola fait de nombreuses retouches, après la première publication, et dispose d'une méthode originale. Comme pratiquement tous ses romans sont parus d'abord sous la forme de feuilletons dans la presse, il découpe la page, et y porte directement ses corrections en vue de l'édition en volume. Il a ainsi parfois apporté d'importantes corrections à ce qu'il a considéré comme un premier jet[N 29],[52]. Il lui est aussi arrivé d'avoir l'idée d'ajouter des personnages nouveaux dans le cycle des Rougon-Macquart, et dans ce cas, il pouvait reprendre un volume déjà paru et le modifier en vue d'une réédition[N 30].

Le style

L'écriture dans cette perspective naturalistes, est un outil puissant. Frappé par le scientisme, Zola entend donc résoudre les problématiques philosophiques par un recours marqué à la science. Zola recherche la simplicité, avec la volonté de « sentir la nature et la rendre telle qu'elle est », avec une langue qui ne soit pas un obstacle. Il n'est pas de nature à remettre cent fois l'ouvrage sur le métier comme un Balzac ou un Flaubert. Ce qu'il demande avant tout, c'est que la personnalité de l'écrivain transparaîsse dans le style. Ainsi écrit-il[53] : « Le pis, selon moi, est ce style propre, coulant d'une façon aisée et molle, ce déluge de lieux communs, d'images connues, qui fait dire au grand public : « C'est bien écrit ». Eh non, c'est mal écrit, du moment où cela n'a pas une vie particulière, une saveur originale, même aux dépens de la correction et des convenances de la langue. »

Aux débutants, il affirme dans une préface[54] que l'on ne saurait acquérir un style « puisqu'on naît avec, comme on a les cheveux blonds ou bruns ». Il recommande d'exercer le style d'un jeune écrivain par la rédaction d'articles de presse qui l'aiguiseront. Le choix des mots semble aléatoire, répondant à une harmonie dans la phrase. Zola ayant été dans sa jeunesse un énorme producteur de strophes, cette expérience l'amène à écrire par euphonie. Il semble avoir attaché une place toute particulière à l'équilibre et au rythme dans la construction de ses phrases. Mais la simplicité l'a toujours guidé : « Il nous faut de la simplicité dans la langue si nous voulons en faire l'arme scientifique du siècle »

Les œuvres de jeunesse et premières publications

Affiche pour le lancement de Thérèse Raquin en fascicules hebdomadaires en 1877
Affiche pour le lancement de Thérèse Raquin en fascicules hebdomadaires en 1877

L'itinéraire littéraire d'Émile Zola est initialement marqué par une hésitation. Poésie ? Théâtre ? Roman ? Éssai ? L'homme tergiverse. La poésie l'attire, il en a beaucoup écrit, il est même remarqué chez Hachette après avoir livré un poème. Mais il n'y a aucun parti à en tirer à court terme. Le théâtre permet d'accéder vite à la notoriété et à la fortune. Le jeune homme s'y essaye, aidé de rencontres dans le petit monde des auteurs dramatiques. Sans succès. La Laide, conte moral inspiré de Milton, et Madeleine[N 31] sont refusés. Les Mystères de Marseille, un roman-feuilleton épique qui avait paru un peu plus tôt, est adapté pour le théâtre avec Marius Roux, mais la pièce ne vécu que le temps de quelques représentations.

Son premier ouvrage publié est un recueil de contes, Les contes à Ninon, dont la substance a pour origine des textes écrits dès 1859. Le Zola de vingt ans s'y exprime, déjà avec talent, sous une forme facile à publier dans la presse, et dont l'administration impériale est friande. Les contes sont tout d'abord publiés dans La Revue du Mois, feuille littéraire et artistique de Géry Legrand, que Zola avait connu lors de sa collaboration avec lui dans la presse lilloise. Le volume imprimé par l'éditeur Jules Hetzel[55] paraît à mille cinq-cents exemplaires en novembre 1864. C'est au plus un succès d'estime, mais Zola a pu faire jouer ses relations et obtient plus de cent articles dans la presse sous trois mois[56].

Le 31 janvier 1866, Émile Zola décide de démissionner de la Librairie Hachette et de ne plus vivre que de sa plume. La dispersion du jeune homme, les publications des Contes à Ninon et surtout, de son roman à dominante autobiographique La confession de Claude, semblent avoir joué un rôle prépondrant, dans ce qu'il est convenu d'appeler une séparation amiable[57]. La Confession de Claude est achevée à la fin de l'été 1865, publié chez Lacroix à quinze-cents exemplaires, mi novembre. C'est un roman écrit en réaction contre la mode du rachat « de la femme perdue »[N 32], où Zola évoque déjà des thèmes récurrents de son œuvre comme la peur de la souillure et de la déchéance, ou encore l'attrait maléfique de la Femme[58]. La censure, très active sous le Second empire, s'intéresse immédiatement à ce premier roman, sans lui trouver matière à poursuites. Mais on lui reproche déjà la « crudité de l'observation », « le cynisme du détail » et son appartenance à une « école réaliste » prompte à « analyser de honteuses passions ».

Dans le courant de l'année 1866, Zola parvient à contribuer régulièrement à L'Événement. Il y propose son deuxième roman, Le vœu d'une morte, qui paraît en feuilleton du 11 au 26 septembre. Devant la faiblesse des livraisons, Villemessant, le directeur du journal, interrompt la publication à la fin de la première partie. La seconde partie, pourtant prévue, ne sera jamais écrite. « On trouve cela très pâle, bien écrit, de bons sentiments, mais embêtant. Vite, vite, arrêtez les frais » écrit-il à Zola fin septembre 1866. Le roman, complété des Esquisses parisiennes est publié en novembre 1866[59]. À l'occasion de la réédition chez Charpentier en 1889, le roman est totalement revu par l'écrivain. Le naufrage est évité par quelques belles pages de description parisiennes, de souvenirs bien sentis et par l'expression d'un thème majeur chez Zola avec la perversion par l'argent[60].

Vivre de sa plume, vite dit ! Ces deux premier romans ne rapportent rien d'autre qu'une certaine estime, et la situation matérielle de Zola en reste au point mort. Le journaliste sauve toutefois le romancier pendant ces années sèches. Mais le succès littéraire approche.

Avec Thérèse Raquin, l’entreprise se dessine. Première grande œuvre à succès de Zola, le roman illustre la théorie des tempéraments, le déséquilibre entre le sang et la personnalité[61]. Le romancier a d'abord livré une nouvelle publiée dans Le Figaro du 24 décembre 1866, intitulée Dans Paris. Un mariage d'amour. Il s'agit plus d'une trame, dans laquelle les éléments principaux du roman à venir sont encore absents. Il propose ensuite au directeur de la Revue du XIXe siècle, Arsène Houssaye, le développement de cette nouvelle en un roman de six chapitres. Ce sont finalement trois livraisons qui sont publiées en août, septembre et octobre 1867 dans L'Artiste sous le titre Un mariage d'amour. Pour la publication en volume, Zola décide de changer le titre en Thérèse Raquin, le nom de l'héroïne du roman, s'inspirant ainsi de Madame Bovary de Flaubert et Germinie Lacerteux des Goncourt, dont l'influence est forte au delà des seuls titres de roman. Le volume est édité par Lacroix, mis en vente en novembre 1867, tiré à quinze-cents exemplaires et réimprimé dès avril 1868. La réception du roman est variée. Il marque véritablement le début de la carrière d'écrivain de Zola[62].

Mais la polémique et la passion vont rapidement faire rage. Zola répond aux accusations de pornographie dans la préface à la seconde édition du roman, texte précieux puisque l'auteur s'y dévoile et emploie pour la première fois le concept de « Roman naturaliste ». Louis Ulbach,[63], sous le pseudonyme de Ferragus, parle de « littérature putride [...] d'une flaque de boue et de sang [...] qui s'inspire directement du choléra, son maître, et qui fait jaillir le pus de la conscience.» Taine, dont Zola se considère le disciple, offre un regard bienveillant à l'auteur de Thérèse Raquin. Il lui écrit : « Vous avez fait une œuvre puissante, pleine d'énergie, de logique, et très morale ; il vous reste à en faire une autre qui embrasse plus d'objets et ouvre plus d'horizons. » Zola va rapidement s'y employer en concevant un monument littéraire : Les Rougon-Macquart. La voie de la Littérature s'ouvre enfin à lui. Il s'y engouffre. Il vient d'avoir 27 ans.

Les Rougon-Macquart

Caricature Gill pour un hommage de Zola à Balzac vers 1880.
Caricature Gill pour un hommage de Zola à Balzac vers 1880.
Placard publicitaire annonçant la parution de La Terre en 1887
Placard publicitaire annonçant la parution de La Terre en 1887

« Je veux expliquer comment une, famille, un petit groupe d'êtres, se comporte dans une société, en s'épanouissant pour donner naissance à dix, à vingt individus qui paraissent, au premier coup d'oeil, profondément dissemblables, mais que l'analyse montre intimement liés les uns aux autres. L'hérédité a ses lois, comme la pesanteur. »[64]

Icône de détail Article détaillé : Rougon-Macquart.

Une nouvelle Comédie Humaine

À partir de 1868, Émile Zola conçoit un projet, qu'il avait déjà en germe depuis quelques temps : L'histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second Empire. Il envisage une fresque romanesque traversant toute la période, du Coup d'État du 2 décembre 1851 à la défaite de Sedan en 1870. L'idée lui vient d'abord de sa passion pour Honoré de Balzac, et de son œuvre immensément variée, à laquelle Taine avait consacré un article très remarqué[65]. Cet article va influencer l'œuvre de Zola de manière déterminante. La Bibliothèque nationale conserve d'ailleurs, un texte contemporain de l'initialisation des Rougon-Macquart intitulé : « Différences entre Balzac et moi » dans lequel le jeune écrivain exprime sa volonté de bien se distinguer de son prédécesseur[66] :

« Balzac dit que l'idée de sa Comédie lui est venue d'une comparaison entre l'humanité et l'animalité. (Un type unique transformé par les milieux (G. St Hilaire): comme il y a des lions, des chiens, des loups, il y a des artistes, des administrateurs, des avocats, etc.). Mais Balzac fait remarquer que sa zoologie humaine devait être plus compliquée, devait avoir une triple forme: les hommes, les femmes et les choses. L'idée de réunir tous ses romans par la réapparition des personnages lui vint. [...] Mon œuvre sera moins sociale que scientifique. [...] Mon œuvre, à moi, sera tout autre chose. Le cadre en sera plus restreint. Je ne veux pas peindre la société contemporaine, mais une seule famille, en montrant le jeu de la race modifiée par les milieux. [...] Balzac dit qu'il veut peindre les hommes, les femmes et les choses. Moi, des hommes et des femmes, je ne fais qu'un, en admettant cependant les différences de nature et je soumets les hommes et les femmes aux choses.  »
    — Émile Zola: Différences entre Balzac et moi[67] rédigé en 1869

À la différence de La Comédie humaine, rassemblée en une œuvre compilée sur le tard[N 33], les Rougon-Macquart est, dès avant le départ de l'œuvre, un projet conscient, déterminé, réfléchi. Les travaux du docteur Lucas, dont son traité sur l'hérédité[68], sont une autre source de l'œuvre à venir[N 34],[69]. Les Rougon-Macquart sont ainsi la rencontre de Balzac avec la science de ce milieux du XIXe siècle, un scientisme positiviste[N 35], principalement illustrée par la physiologie[70].

Initialement prévu en dix volumes, le cycle évolue pour en compter successivement douze, puis quinze, puis enfin, le succès venant, vingt tomes. Il est pensé dans le détail avec une ossature précise dès l'origine, dotée d'une vision ensembliste et systématique[71]. Ce plan décrit les personnages, les grands thèmes de chaque ouvrage (l'argent, le monde ouvrier, l'armée), le lieu de l'action (Provence ou Paris). Zola ne cache pas non plus le côté rémunérateur de l'opération. Assurer la stabilité de sa vie matérielle est l’une de ses obsessions, après ses difficiles années de vache maigre.

Page manuscrite de Zola décrivant le plan de son cycle Les Rougon-Macquart, adressé à son éditeur, Lacroix.
Page manuscrite de Zola décrivant le plan de son cycle Les Rougon-Macquart, adressé à son éditeur, Lacroix.

Il a conservé à l'esprit toutes les ficelles de l'édition moderne , apprises chez Hachette, dont la publication en série. L'écrivain a compris que chacun y gagne, l'éditeur comme le romancier. Mais Zola se sent aussi à un tournant littéraire après la publication de ses quatre premiers romans. Il prend conscience d'être arrivé aux limites d'un modèle. Si le Naturalisme veut survivre comme nouveau genre littéraire, il ne doit pas se laisser enfermer dans les limites étroites imposées par ses premiers essais. Il a parfaitement assimilé les leçons que lui ont faites Taine et Sainte-Beuve sur ses premières œuvres, en termes d'équilibre et de vérité. L'initialisation des Rougon-Macquart marque donc un changement complet de stratégie dans l'œuvre naissante du romancier[72].

Un cycle construit sur l'outil hérédité

Le cycle repose sur l'histoire d'une famille issue de deux branches : les Rougon, la famille légitime, petits commerçants et petite bourgeoisie de province ; et les Macquart, la branche bâtarde, paysans, braconniers et contrebandiers, qui font face à un problème général d'alcoolisme. Cette famille est originaire d’Aix-en-Provence qui deviendra Plassans dans la série de romans. Les Rougon-Macquart mettent en scène une descendance s'étendant sur cinq générations. Certains membres de cette famille vont atteindre des sommets de la société d'Empire, alors que d'autres vont sombrer, victimes d'échecs sociaux et de leur hérédité. Il s'agit donc une entreprise de dévoilement du corps social, mais aussi du corps humain dans ses recoins les plus sombres[73]. Zola veut aussi montrer comment se transmet et se transforme, dans une même famille, une tare génétique. Ce qui implique l'usage d'une généalogie que le romancier ne cessera de perfectionner au fil de l'élaboration de son œuvre. Si bien qu'une relation directe entre chaque personnage existe de roman en roman, trait absent des romans précédents.

C'est par Émile Deschanel que Zola apprend l'existence des travaux des aliénistes Benedict-August Morel et Joseph Moreau à propos de l'hérédité vue sous un angle morbide. L'écrivain n'a de cesse de compléter ses connaissances sur ce sujet au point qu'on peut considérer qu'il a fait passer dans les Rougon-Macquart « à peu près l'état contemporain du savoir »[74]. Au contraire de Balzac, Zola se sert de l'hérédité comme d'un outil, fil conducteur de son cycle, qui lui permet une classification scientifique de ses romans.

Une production constante et méthodique

Tableau d'hérédité de la famille Rougon-Macquart dessiné par Zola vers 1870
Tableau d'hérédité de la famille Rougon-Macquart dessiné par Zola vers 1870

L'écriture de cette série, constitue la principale préoccupation de l'écrivain pendant les vingt-cinq années suivantes. Avec un régularité à toute épreuve, Zola écrit trois à cinq pages par jour ce qui représente chaque année un roman de deux volumes. Il fait paraître six romans entre 1871 et 1876 avec La Fortune des Rougon, La Curée, Le Ventre de Paris, La Conquête de Plassans, La Faute de l'abbé Mouret et Son Excellence Eugène Rougon. Mais ce n’est pas encore le succès attendu. Il est évidemment reconnu, mais pas au niveau souhaité par le romancier.

Arbre généalogique des Rougon-Macquart
Arbre généalogique des Rougon-Macquart

Ferme dans son projet, l'écrivain s'attèle à l'écriture de son grand roman « sur le peuple, ayant l'odeur du peuple », L'Assommoir, qu’il publie en 1877. Il y décrit, tel un reportage, les drames de la classe ouvrière, au travers de ses misères et des ravages de l'alcool. C'est un texte dans lequel il met beaucoup de lui même, sur sa vie passée et ses expériences dans les quartier populaires[75]. Le roman a un retentissement considérable, qui lui amène enfin la gloire attendue, mais aussi le scandale. La description de la réalité froide de l'alcoolisme, « monstrueusement détaillée » par un auteur instruit par une documentation précise, soulève et indigne une critique, presque unanime. À droite, les critiques habituelles de trivialité et de pornographie, mais à gauche, on lui reproche de « salir le peuple ». Les attaques contre Émile Zola sont nombreuses et violentes si bien que la parution du roman dans Le Bien Public, journal républicain, est interrompue au chapitre VI[76]. Mais le roman a un succès immense qui amène enfin au romancier l'aisance matérielle après laquelle il aspirait. Plusieurs de ses amis s'éloignent de lui à ce moment là, par peur du scandale mais aussi, parfois, par jalousie.

Zola poursuit imperturbablement la production de son cycle, en publiant Une page d'amour en 1878, puis Nana en 1879. C’est à nouveau un scandale puisque l'œuvre porte sur les demi-mondaines et leurs frasques. Gustave Flaubert admire ce talent à multiples facettes et félicite une fois de plus Zola . Ses adversaires l’accusent d’être un écrivain « pornographique » de par son « goût du sordide et du détail cru ». Mais le public s’arrache les exemplaires de Nana qui devient un immense succès de librairie en France et à l'étranger. Toujours constant dans l'effort, Émile Zola publie de 1882 à 1884 cinq nouveaux romans : Pot-Bouille, Au Bonheur des Dames, La Joie de vivre, Germinal et hors le cycle des Rougon-Macquart, Naïs Micoulin.

Germinal, le roman sur les « Gueules noires » et la grève, paraît en 1885. C’est très certainement le roman le plus travaillé, le plus préparé et documenté de Zola[77]. Le romancier s'est déplacé dans le bassin houiller de Valenciennes, dans le nord de la France, à Anzin. Zola choisit le Nord plutôt que Saint-Étienne sur les conseils du député Alfred Giard qui le guidera dans la région. Sa visite de huit jours, en pleine grève des douze mille mineurs du carreau d'Anzin, transforme totalement sa vision du monde des « ouvriers de l'industrie. » Il n'a pas hésité à descendre au fond de la mine[N 36],[78], en février 1884, où il a échangé avec les mineurs, les cadres et ingénieurs, les personnels divers. Il assiste à des réunions syndicales, entre dans les maisons, les cafés, tous les lieux de convivialité, observe la détermination, le calme et la discipline des grévistes. Il est aussi témoin du drame social, « la débauche des filles qui ne se marient qu'au deuxième ou troisième enfant », la prostitution, le jeu, l'alcoolisme. Le livre est un immense succès alors que les ennemis de l'écrivain, de moins en moins nombreux, sont bien forcés à une reconnaissance de son immense talent.

Il publie en 1890 son ultime chef-d’œuvre : La Bête Humaine, et achève le cycle des Rougon-Macquart sur une note optimiste en publiant le Docteur Pascal en 1893.[79]

Après les Rougon-Macquart, un nouveau Zola ?

L'achèvement des Rougon-Macquart approchant, Émile Zola a changé. Le contraste est fort entre une reconnaissance internationale inégalée et une hostilité générale en France, exprimée par des attaques continues et le refus obstiné de le voir entrer à l'Académie française. Il s'interroge sur son activité littéraire : « L'avenir appartiendra à celui ou à ceux qui auront saisi l'âme de la société moderne, qui, se dégageant de théories trop rigoureuses, consentiront à une acceptation plus logique, plus attendrie de la vie. Je crois à une peinture de la vérité plus large, plus complexe, à une ouverture plus grande sur l'humanité, à une sorte de clacissime du naturalisme[80]. » Cette évolution est dans l'air du temps, avec un « néonaturalisme » illustré par les productions d'Anatole France et Maurice Barrès qui connaissent une évolution vers le roman à thèse.

Les trois villes

« Enfin ! M. Zola arrive au bout de son rouleau en mettant au monde Paris. Le père et l'enfant se portent bien tout de même ». Caricature de C. Léandre vers 1898
« Enfin ! M. Zola arrive au bout de son rouleau en mettant au monde Paris. Le père et l'enfant se portent bien tout de même ». Caricature de C. Léandre vers 1898
Théophile Alexandre Steinlen, Émile Zola au pélerinage de Lourdes, paru dans Gil Blas illustré du 22 avril 1894
Théophile Alexandre Steinlen, Émile Zola au pélerinage de Lourdes, paru dans Gil Blas illustré du 22 avril 1894
Icône de détail Article détaillé : Les Trois Villes.

Dès avant la fin des Rougon-Macquart, Émile Zola décide de se lancer dans la rédaction d'un roman ayant pour objet la religion en cette fin de XIXe siècle. La révélation se fait à l'occasion d'un voyage dans le sud-ouest de la France en septembre 1891, où le romancier assiste interloqué au grand pèlerinage de Lourdes et à tout son décorum, avec « ce monde de croyants hallucinés[N 37] ». Le but du romancier est, de dresser une forme de « bilan religieux, philosophique, et social du siècle » au travers d'un, puis deux, puis finalement trois romans, intitulés chacun du nom d'une ville : Lourdes, Rome et Paris. Son héros, l'abbé Pierre Froment, personnage sceptique et désabusé, en crise face à la religion, sert de fil conducteur au cycle, mais aussi de porte-parole au romancier[81]. C'est le nouveau souffle que recherchait Zola, apte à le relancer après l'énorme travail fourni sur les vingt volumes des Rougon-Macquart[82].

Le dernier trimestre de l'année 1893 et la première moitié de 1894 sont consacrés à l'écriture de Lourdes, appuyé sur un texte de Zola, Mon voyage à Lourdes. Il s'agit d'une sorte de journal, qui décrit ses observations lors de son second voyage à Lourdes, en septembre 1892. Le volume paraît le 25 juillet 1894, tiré à 88 000 exemplaires[83], ouvrage présenté en avant-première dans Le Figaro[84]. La critique littéraire reçoit correctement l'ouvrage, en regrettant parfois l'absence de renouvèlement entre les deux cycles[85]. La presse conservatrice et religieuse incendie le roman amenant même des réponses sous forme de roman ou d'étude-réaction. L'ouvrage est mis à l'index le 21 septembre mais c'est, en revanche, un immense succès de librairie.

Rome et Paris suivent à peu de distance, écrits rapidement dans la foulée de la parution de Lourdes. Rome a pour objet la description du haut clergé moderne, avec le Pape à son sommet, et son positionnement dans le modernisme social de cette fin siècle. La rédaction du roman s'étale entre 1895 et 1896, publié en volume le 8 mai 1896, déclenchant les même foudres que Lourdes. Enfin Paris est le roman de la capitale contemporaine. C'est le contraste entre la richesse et la misère, la bourgeoisie et le monde ouvrier, l'ordre contre l'anarchie. Le volume est mis en vente en pleine affaire Dreyfus, juste après le procès intenté contre Émile Zola à la suite de la publication de J'Accuse...!

Les Quatre Évangiles

Raymond Tournon, affiche créée pour la parution de Fécondité en feuilleton dans L'Aurore, en 1899
Raymond Tournon, affiche créée pour la parution de Fécondité en feuilleton dans L'Aurore, en 1899
Icône de détail Article détaillé : Les Quatre Évangiles.

Les quatre romans de ce nouveau cycle, (Fécondité, Travail, Justice et Vérité) découlent directement de la série précédente, bâtis autour de chacun des fils de Pierre et Marie Froment. Mais la mort prématurée de l'écrivain prévient la réalisation du dernier ouvrage, resté à l'état d'ébauche. Zola a voulu ce cycle ouvertement utopique, dans lequel il peut donner libre cours à ses rêves. Mais c'est aussi une conception du monde, au plan social, qui a très mal vieilli.

Dans Fécondité, Zola expose ses thèses natalistes. Le roman est basé sur une opposition stricte et rigoureuse, manichéenne, entre le couple Froment et leurs douze enfants, incarnant le bonheur, et les autres personnages qui se limitent volontairement à une progéniture réduite, voire inexistante. A ceux là, la déchéance sociale et les malheurs de la vie. Le roman est publié en feuilleton dans L'Aurore de mai à octobre 1899, puis en volume le 12 octobre chez Fasquelle. La valeur morale de l'œuvre est remarquée, plus que ses qualités littéraires, malgré les fortes critiques de la droite nationaliste.

Travail est l'évangile socialiste, dans lequel Zola inaugure un nouveau genre pour lui-même, puisque c'est une œuvre d'anticipation, construite sur la volonté générale de progrès social et sur les évolutions industrielles de la fin du XIXe siècle. Alors que les idéaux socialisants appellent à une lutte des classes sanglante, Zola aspire à une entraide. La rédaction du roman débute en mars 1900 et s'achève en février 1901, et paraît en volume chez Fasquelle en mai 1901. L'œuvre est reçue avec bienveillance à gauche, avec des critiques enthousiastes, de Jaurès notamment. Les associations coopératives, disciples de Fourier, voient en Zola un allié de poids et lui organisent un banquet le 9 juin 1901.

Vérité, le troisième roman du cycle[N 38] est l'adaptation de l'affaire Dreyfus dans le monde de l'Instruction publique qui s'oppose à l'école privée catholique. L'œuvre est conçue dans le contexte du projet de séparation des Églises et de l'État. C'est la description d'un cléricalisme qui, envers et contre tout, cherche à conserver coûte que coûte son emprise sur la société civile[86]. Le volume, qui paraît en mars 1903 chez Charpentier, est liseré de noir en signe de deuil. La critique s'attache à élucider les messages relatifs à l'affaire Dreyfus, en faisant remarquer que la transposition de la trahison militaire à l'affaire de mœurs fait perdre beaucoup au récit[87]. Mais la critique salue le traitement de l'éducation laïque.

Justice, le dernier roman de la série de Quatre Évangiles ne fut jamais commencé. On sait que Jean Froment devait en être le héros, militaire anti militariste, certain de la nécessité du désarmement mondial pour assurer la paix des peuples et leur bonheur. Le but ultime devait être la création d'une République universelle par la victoire contre les nationalismes et le militarisme.

Amitiés, haines et passions d'Émile Zola

Les relations et l'amitié

Émile Zola, tableau d'Édouard Manet en 1868.
Émile Zola, tableau d'Édouard Manet en 1868.
La lecture de Paul Alexis à Zola, toile de Paul Cézanne, 1870.
La lecture de Paul Alexis à Zola, toile de Paul Cézanne, 1870.

Émile Zola est un homme éminemment social, multipliant les amitiés de tous ordres et tous milieux, tou en refusant les mondanités. Passionné par ses semblables, il privilégie cependant les amitiés artistiques et littéraires, et fuit les politiques. Dès 1868 et grâce à ses travaux journalistiques, il se lie avec les frères Goncourt, Edmond et Jules. Puis en 1871, il rencontre Gustave Flaubert. Celui-ci, à l'occasion de réunions dominicales, l'introduit auprès d'Alphonse Daudet et Ivan Tourgueniev. Toute sa vie, Zola gardera la nostalgie de ce « petit groupe » dans lequel de « trois à six, on entreprenait un galop à travers tous les sujets, où la littérature revenait chaque fois, le livre ou la pièce du moment, les questions générales, les théories les plus risquées. »[88]

Zola se rapproche aussi de jeunes écrivains comme Guy de Maupassant, Paul Alexis, Joris-Karl Huysmans, Léon Hennique et Henri Céard qui deviennent les fidèles des soirées de Médan, près de Poissy, où il possède une petite maison de campagne, acquise en 1878. C'est le « groupe des six » à l'origine des Soirées de Médan parues en 1880. Le groupe lui offre le célèbre « dîner Trapp » le 16 avril 1877.

Le monde de la peinture fascine Zola, très proche du mouvement impressionniste, avec des peintres qu'il a sans cesses défendus dans ses chroniques. Il gagne l'amitié d'Édouard Manet, grâce à qui Zola fait la connaissance de Stéphane Mallarmé, et qui représente plusieurs fois Zola dans ses œuvres. Il est proche aussi de Camille Pissarro, Jean Renoir, Alfred Sisley et Johan Barthold Jongkind. Paul Cézanne, son ami d'enfance, tient évidemment une place à part. Pendant des dizaines d'années, le peintre et l'écrivain se côtoient, échangent une correspondance riche et s'entraident même financièrement. Mais avec le temps, et surtout la publication de L’Œuvre, roman dans lequel l'artiste croit se reconnaître dans le personnage du peintre raté Claude Lantier, leur amitié s'éteint. Il adresse sa dernière lettre à l'écrivain en 1886, et ils ne se reverront jamais plus.

Avec la réussite, et surtout les scandales, ces grandes amitiés se distendent. L'immense succès de Thérèse Raquin agace Daudet et Goncourt. Des campagnes de presse sont lancées contre l'écrivain, notamment avec un pamphlet publié dans Le Figaro en 1887 : le Manifeste des cinq[89]. Cinq romanciers d'inspiration naturaliste[N 39] et proches de Daudet et Goncourt, opèrent une attaque en règle contre l'écrivain et La Terre, son nouveau roman en cours de parution dans la presse. Ils lui reprochent violemment ses faiblesses documentaires, « la niaiserie de ses leçons d'hérédité », « le superficiel dans l'observation », « le discours décadent », en affirmant que « le maître est descendu au fond de l'immondice » ! Zola décide de ne pas répondre mais la presse se fait globalement le défenseur de l'écrivain. Les relations entre Zola, Goncourt et Daudet se refroidirent dès lors[N 40],[90].

Le monde des Arts

Henri Fantin-Latour, Un atelier aux Batignolles, Huile sur toile, 1870. Zola est représenté 4e depuis la droite.
Henri Fantin-Latour, Un atelier aux Batignolles, Huile sur toile, 1870. Zola est représenté 4e depuis la droite.
Frédéric Bazille, L'atelier de Bazille, 9, rue la Condamine, Huile sur toile, 1870. Zola est représenté sur l'escalier.
Frédéric Bazille, L'atelier de Bazille, 9, rue la Condamine, Huile sur toile, 1870. Zola est représenté sur l'escalier.

Avec Charles Baudelaire et les Goncourt, Zola a été l'un des trois plus importants critique d'art de la seconde moitié du XIXe siècle[91] et grand défenseur des nouvelles tendances picturales en opposition avec l'académisme. Émile Zola a toujours été un passionné de l'image, depuis sa plus tendre enfance, attiré spontanément par les arts graphiques, puis par la photographie.[92] A partir de 1863, en compagnie de « son presque frère », Paul Cézanne, Émile Zola intègre le Groupe des Batignolles et visite les ateliers d'artistes parisiens. Il fait la connaissance de tout ce qui compte dans le monde artistique. Tous sont déjà impressionnés par le talent immense d'Édouard Manet avec sa nouvelle manière de voir la peinture, dont les sujets sont contemporains, et les paysages chatoyants rendus avec la technique du « plein air ». Gustave Courbet est l'autre source artistique du jeune Zola, qui restera toujours, pour l'écrivain, un de ses modèles. La petite population d'artiste se retrouve au quartier général de ce nouveau mouvement, le célèbre café Guerbois, aux Batignolles. Aux beaux jours, le groupe se déplace dans le petit village de Bennecourt près de Mantes. Zola y fait l'éducation de sa vision esthétique, forme complémentaire de ses apprentissages. Bien plus tard, dans l'Œuvre, en 1886, l'écrivain fera revivre de manière romancée toutes les scènes de cette époque.

Émile Zola se fait le défenseur virulent de ce nouveau mouvement artistique dès 1863. L'efficacité et la pertinence de ses critiques dans L'Événement sont vite reconnus. Il y attaque sévèrement le jury du salon de 1866, s'en prenant « aux fausses gloires », les peintres de salon (Alexandre Cabanel ou William Bouguereau) ou les peintres d'histoire (Jean-Louis-Ernest Meissonier ou Jean-Léon Gérôme). Il crée le scandale en suggérant que la place de l'œuvre de Manet est au Louvre, à l'occasion d'un manifeste en faveur du peintre en 1866. Après 1875, Zola s'écarte de ce mouvement (baptisé Impressionniste à partir du salon de 1874), comme évoluant vers un art qui « ne produit pas d'œuvres assez solides, assez travaillées.[93] »

Pour Zola, le peintre est avant tout une personnalité. Il affirme : « Ce n'est pas l'arbre, le visage, la scène qu'on me présente qui me touchent ; c'est l'homme que je trouve dans l'œuvre »[94]. Cette personnalité doit exercer un effet unificateur puissant sur le tableau, dans lequel le peintre transpose toute son énergie. Le centre de l'œuvre devient alors non plus le sujet choisi, mais l'expression de la personnalité de l'artiste Dans une lettre à Valabrègue[95], son ami, Zola y expose une théorie qui repose sur une métaphore dite des trois écrans. Ceux-ci s'interposant entre l'artiste et l'observateur, la reproduction exacte du réel est impossible pour l'écrivain. Il a une préférence pour l'écran réaliste, mais s'insurge contre la représentation picturale de type photographique : le tempérament de l'artiste doit toujours s'exprimer dans l'œuvre.

Loin de tout dogmatismes ou idées préconçues, Zola affirme très tôt une sûreté de jugement remarquable, acceptant de reconnaître la qualité voire le génie, dans des tableaux réalisés par ceux même qu'il critique sévèrement dans leur conception picturale. Ses critiques ont été assez visionnaires puisque ceux qu'il admirait sont toujours connus aujourd'hui, et ceux qu'il honnissait, sont désormais oubliés[96].

L'influence des arts plastiques sur l'œuvre de Zola est patente. L'écrivain semble avoir structuré ses romans tel le peintre sa toile, avec l'emploi constant de dossiers préparatoires. Souvent, dans ceux-ci, Zola ébauche des représentations des lieux qu'il veut décrire, ou certains objets, ou encore des plans. Il déploie aussi un art de la composition éprouvé dans les descriptions. Il paraît avoir traité l'espace romanesque comme le peintre son espace pictural. Zola a donc apporté au groupe des impressionnistes sa force de conviction et son talent de critique pour convaincre. Sa proximité avec ces mouvements artistiques l'ont lui même très fortement influencé dans sa démarche littéraire. Ses conceptions novatrices de la « personnalité » de l'artiste et de la transformation de l'objet en un réel artistique peuvent préfigurer le surréalisme, que Zola ne connaîtra jamais[97].

La photographie

Zola photographe vers 1890.
Zola photographe vers 1890.

Émile Zola semble s'être intéressé à la photographie à partir de 1888. Il est initié par Victor Billaud, rédacteur et imprimeur de la Gazette des bains de mer de Royan-sur-l'Océan, alors que l'écrivain est invité en vacances à Royan par son éditeur Charpentier. Mais ce n'est qu'à l'issue de l'achèvement des Rougon-Macquart, en 1894, que l'écrivain s'adonnera pleinement à cette passion[N 41]. Possédant jusqu'à une dizaine d'appareils photographiques, il a produit autour de dix mille plaques dont il ne reste plus qu'un vestige de quelques centaines[98].

Amateur éclairé, quasi professionnel, Zola installe trois laboratoires photo (à Paris, Médan et Verneuil[N 42]). Il développe lui même ses négatifs, procède aux agrandissements et réalise toutes sortes d'essais avec des papiers de couleur, ou des formats exotiques.[99] Minutieux, il note ses temps de pose et les autres détails de chaque cliché dans de petits carnets.

Il est passionné par l'expression de la réalité quotidienne que lui fournissent ces moments figés, cette vérité. L'ensemble de ces photographies forment un témoignage unique sur la seconde moitié du XIXe siècle, observée avec un regard d'une modernité étonnante. Ses sujets de prédilection sont les scènes de la vie quotidienne, prises à Paris, Médan ou Verneuil. Il effectue un véritable reportage photographique lors de l'exposition universelle de 1900. Il aime aussi à photographier de nombreux paysages, notamment lors de ses voyages en Italie, ou pendant son exil londonien. Dernier thème de prédilection : ses familles et ses enfants qu'il a sur-abondamment représenté en images. Dans ce cadre, il met lui-même au point un déclencheur à distance afin de se représenter avec ses enfants sur les clichés.

La photographie n'a pas été un outil employé par l'écrivain pour la préparation de ses romans. Cette passion reste un outil de représentation du réel, passif, illustré par une dédicace sur un de ses albums consacré à ses deux enfants : « Denise et Jacques. Histoire vraie par Émile Zola ». Le rôle de la photographie est en général négatif dans ses romans. Ainsi dans La Curée, ou Madeleine Férat, roman dans lequel le malheur est annoncé par une photo. La photographie, trait longtemps ignoré de l'écrivain, fait partie intégrante de l'œuvre zolienne, constitutive de sa personnalité.[100].

Émile Zola dans l’affaire Dreyfus

Cet article fait partie d'une série sur
l’affaire Dreyfus

Articles de base
Chronologie · L’Armée ·
Aspects sociaux · Le droit ·
Hypothèses ·
Politique et diplomatie ·
La presse et l’édition

Documents
L’acte d'accusation·
Le bordereau · J'accuse

Personnalités
Alfred Dreyfus · Mathieu Dreyfus ·
Ferdinand Esterházy ·
Hubert-Joseph Henry ·
Bernard Lazare ·
Auguste Mercier ·
Georges Picquart ·
Joseph Reinach ·
Auguste Scheurer-Kestner ·
Émile Zola

Articles connexes
Antisémitisme (en France) ·
Crises de la Troisième République

Catégorie
Affaire Dreyfus

v · d · m
Icône de détail Article détaillé : Affaire Dreyfus.

Les cinq dernières années de la vie d'Émile Zola sont marquées par un engagement sans relâche dans l'affaire Dreyfus, alors qu'il est au faîte de sa gloire littéraire.

La vérité en marche

Le romancier, a été étranger à l'affaire Dreyfus de ses origines à la fin de l'année 1897. Approché par Bernard-Lazare dès 1895, le dossier semble trop solide contre Dreyfus pour être remis en cause. Il est vrai que le verdict, rendu à l'unanimité des sept juges du premier Conseil de Guerre de Paris, a emporté la conviction de nombreux progressistes, jusque là sceptiques. Les campagnes de haine antisémite, qui se déclenchent à l'occasion de révélations sur l'Affaire dans la presse en révélant l'innocence de Dreyfus, incitent Émile Zola à intervenir en faveur des Juifs. Aussi, en mai 1896, Zola publie-t-il un article intitulé Pour les juifs[101], dans lequel il stigmatise le climat « indigne de la France » qui s'installe depuis trois ans, attisé par une presse complaisante.

Approché par l'avocat Louis Leblois, confident du lieutenant-colonel Georges Picquart, Zola est mis en présence d'Auguste Scheurer-Kestner, vice-président du Sénat, Alsacien. Ce dernier tente de convaincre le romancier de l'innocence du capitaine juif. Mais Zola reste sceptique sur son rôle éventuel. Lors de ce déjeuner, le 13 novembre 1897, les convives, dont l'écrivain Marcel Prévost et l'avocat Louis Sarrut[N 43], conviennent tout de même d'une stratégie de communication autour de révélations des dessous de l'affaire Dreyfus[102]. Le premier article est plublié dès le lendemain dans Le Figaro[103].

Avouant être totalement ignorant de l'affaire Dreyfus, hésitant à propos de sa légitimité à intervenir, Zola se décide en moins de quinze jours, entre le 13 et le 25 novembre 1897, en partie poussé à bout par les violentes attaques dont est victime Scheurer-Kestner dans la presse[104]. Le 25 novembre 1897, Zola écrit un premier article d'une série de trois [105]. Il le conclut par la phrase prophétique, restée célèbre : « La vérité est en marche et rien ne l'arrêtera », qui va devenir le leitmotiv des Dreyfusards. Le véritable traître en lieu et place d'Alfred Dreyfus, le commandant Walsin Esterházy, est dénoncé puis jugé par un Conseil de guerre à Paris le 10 janvier 1898. Il est acquitté le lendemain, à la suite d'un délibéré de trois minutes. Après la condamnation d'un innocent, c'est l'acquittement du coupable, ce qui amène Zola à la réaction. Elle fut extrêmement énergique.

J’accuse… !

Icône de détail Article détaillé : J'accuse.
Première des 32 pages autographes du manuscrit de J'Accuse...!, janvier 1898
Première des 32 pages autographes du manuscrit de J'Accuse...!, janvier 1898

Émile Zola avait préparé depuis plusieurs semaines un résumé de l’affaire Dreyfus, aidé par un mémoire rédigé par Bernard-Lazare[106] à la fin de l'année 1896. Le publiciste, premier dreyfusard, y avait même suggéré la fameuse adresse litanique des « j’accuse »[N 44],[107]. Zola avait envisagé la publication de son long plaidoyer comme un livret, à l’image de son « Adresse à la jeunesse ». Le choc de l’acquittement d’Esterházy[N 45],[108] le pousse vers une méthode de communication plus « révolutionnaire » ainsi qu’il l'exprime lui-même dans son pamphlet. Le Figaro ayant refusé ses derniers articles afin de conserver son lectorat le plus conservateur, l’écrivain se tourne vers L’Aurore. Il termine la rédaction de l’article dans les quarante-huit heures suivant le verdict. Initialement nommé « Lettre à M. Félix Faure, Président de la République », Ernest Vaughan (le directeur de L'Aurore) et Clemenceau lui trouvent un autre titre, plus ramassé et percutant. Vaughan écrit : « Je voulais faire un grand affichage et attirer l'attention du public. Clemenceau me dit : « Mais Zola vous l'indique, lui même, le titre. Il ne peut y en avoir qu'un : J'Accuse...! »[109] »

Généralement diffusé autour de 30 000 exemplaires, le numéro du jeudi 13 janvier 1898 de L'Aurore décuple son tirage. Les trois cent mille exemplaires s’arrachent en quelques heures. Zola n’a pas cherché à écrire un texte d’histoire, ni une plaidoirie juridique. Son article est un brûlot, destiné à provoquer une prise de conscience face à la double iniquité. C’est aussi la première synthèse de l’affaire Dreyfus, que le public découvre enfin dans sa globalité. Mais le texte, très enflammé, n’est pas une relation fiable de l’affaire, car Zola ignorait certaines réalités dans ce fatras embrouillé. Il donne un rôle beaucoup trop important à certains acteurs et ignore le rôle considérable de certains autres [N 46].

Le retentissement de l’article est considérable en France comme dans le monde. Dans les jours qui suivent, l'écrivain reçoit plus de deux mille lettres, dont la moitié en provenance de l'étranger. L’objectif de Zola est de s’exposer personnellement à des poursuites judiciaires civiles. Le romancier souhaite ainsi relancer le débat et exposer l’affaire au sein d’une enceinte judiciaire civile, au moment où tout semble perdu pour la cause dreyfusarde. Et ainsi désavouer les deux conseils de guerre successifs ayant l’un condamné Alfred Dreyfus pour un crime de trahison qu’il n’avait pas commis, et l’autre acquitté le commandant Esterházy pourtant convaincu de trahison. La réaction du gouvernement ne se fait pas attendre, en assignant Émile Zola pour diffamation.

Les procès Zola

Photographie anthropomorphique d'Émile Zola au moment de ses procès
Photographie anthropomorphique d'Émile Zola au moment de ses procès

Le général Billot, ministre de la Guerre, porte plainte contre Émile Zola et Alexandre Perrenx, le gérant de L'Aurore. Ils sont jugés devant les Assises de la Seine du 7 au 23 février 1898, soit quinze audiences (au lieu des trois initialement prévues). Le ministre ne retient que trois passages de l'article[N 47],[110], soit dix-huit lignes sur plusieurs centaines.

Le procès s’ouvre dans une ambiance de grande violence : Zola fait l'objet « des attaques les plus ignominieuses »[N 48], tout comme d'importants soutiens et félicitations[N 49]

Fernand Labori, l’avocat de Zola, fait citer environ deux cents témoins. La réalité de l'Affaire Dreyfus, inconnue du grand public, est diffusée dans la presse. Plusieurs journaux[N 50] publient les notes sténographiques in extenso des débats au jour le jour, ce qui instruit leurs lecteurs. Cependant, les nationalistes, derrière Henri Rochefort, sont alors les plus visibles et organisent des émeutes, forçant le préfet de police à intervenir afin de protéger les sorties de Zola[N 51],[111] à chaque audience[112].

Ce procès est aussi le lieu d'une véritable bataille juridique, dans laquelle les droits de la défense sont sans cesse bafoués[113]. De nombreux observateurs prennent conscience de la collusion entre le monde politique et les militaires. À l'évidence, la Cour a reçu des instructions pour que la substance même de l'erreur judiciaire ne soit pas évoquée. La phrase du président Delegorgue « la question ne sera pas posée », répétée des dizaines de fois[114], devient célèbre. Toutefois, l'habileté de Fernand Labori permet l'exposition de nombreuses irrégularités et incohérences, et force les militaires à en dire plus qu'ils ne l'auraient souhaité. Le général de Pellieux, annonce à la neuvième audience, l'existence « d'une preuve décisive »[N 52]. L'impossibilité qui est faite aux militaires de présenter leur preuve force le général de Boisdeffre, chef de l'état-major, à effectuer un chantage moral aux jurés[115] en déclarant : « Vous êtes le jury, vous êtes la nation ; si la nation n'a pas confiance en les chefs de son armée, dans ceux qui ont la responsabilité de la défense nationale, ils sont prêts à laisser à d'autres cette lourde tâche. Vous n'avez qu'à parler ».

Zola aux outrages, huile sur toile de Henry de Groux, 1898
Zola aux outrages, huile sur toile de Henry de Groux, 1898

Zola est condamné à un an de prison et à 3 000 francs d'amende[N 53], la peine maximale. Cette dureté est imputable à l'atmosphère de violence entourant le procès : « La surexcitation de l'auditoire, l'exaspération de la foule massée devant le palais de Justice étaient si violentes qu'on pouvait redouter les excès les plus graves si le jury avait acquitté M. Zola.[116] » Cependant, le procès Zola est plutôt une victoire pour les dreyfusards[117]. En effet, l’Affaire et ses contradictions ont pu être largement évoquées tout au long du procès, en particulier par des militaires. De plus, la violence des attaques contre Zola, et l'injustice de sa condamnation renforcent l'engagement des dreyfusards : Stéphane Mallarmé se déclare « pénétré par la sublimité de [l']Acte [de Zola][118] » et Jules Renard écrit dans son journal : « À partir de ce soir, je tiens à la République, qui m'inspire un respect, une tendresse que je ne me connaissais pas. Je déclare que le mot Justice est le plus beau de la langue des hommes, et qu'il faut pleurer si les hommes ne le comprennent plus[119]. » C'est à ce moment que le sénateur Ludovic Trarieux et le juriste catholique Paul Viollet fondent la Ligue pour la défense des droits de l'homme.

Le 2 avril, une demande de pourvoi en cassation reçoit une réponse favorable. Il s'agit de la première intervention de la Cour dans cette affaire judiciaire. La plainte aurait en effet dû être portée par le Conseil de guerre et non par le ministre. Le procureur général Manau est favorable à la révision du procès Dreyfus et s’oppose fermement aux antisémites. Les juges du Conseil de guerre, mis en cause par Zola, portent plainte pour diffamation. L’affaire est déférée devant les assises de Seine-et-Oise à Versailles où le public passe pour être plus favorable à l’armée, plus nationaliste. Le 23 mai 1898, dès la première audience, Me Labori se pourvoit en cassation en raison du changement de juridiction. Le procès est ajourné et les débats sont repoussés au 18 juillet. Labori conseille à Zola de quitter la France pour l'Angleterre avant la fin du procès, ce que fait l'écrivain. Les accusés sont de nouveau condamnés.

L'exil à Londres

Première page du Pilori d'avril 1898 avec une caricature anti-dreyfusarde.
Première page du Pilori d'avril 1898 avec une caricature anti-dreyfusarde.

Émile Zola a cruellement ressenti l'obligation qui lui était faite de quitter la France afin d'échapper à l'emprisonnement. Il a écrit à ce sujet : « ce fut le plus cruel sacrifice qu'on eût exigé de moi »[120]. Zola s'était pourtant fait à l'idée de la prison[N 54],[121]. Il y voyait une forme de déterminisme social, une sorte d'expérience qui serait nécessaire à l'édification de ses connaissances romanesques. Mais ses amis, son avocat Fernand Labori, son éditeur Charpentier, les frères Clemenceau et Desmoulins en ont voulu autrement[122]. L'idée est de faire partir Zola immédiatement au soir du verdict, avant que celui-ci ne lui soit officiellement signifié et ne devienne exécutoire. Le jugement ne lui sera, en fait, jamais signifié, et les poursuites s'éteindront avec la loi d'amnistie de 1900. À l'image d'Hugo, Voltaire ou Vallès, cet exil déclenche un important mouvement d'opinion qui tend à ridiculiser le gouvernement.

C'est donc le 18 juillet 1898, que seul, Zola prend le train de 21h00 pour Calais, sans aucun bagages[N 55]. Le départ avait été totalement improvisé et décidé le jour même. Il traverse la Manche en pleine nuit et arrive à Londres au matin du 19 juillet, où il descend à l'hôtel Grosvernor sous le nom de M. Pascal. Alexandrine et Jeanne sont restées en France. Zola vit reclus, dans le secret, dans une solitude entrecoupée des visites de ses amis, dont Desmoulins, Clemenceau, Ernest Vizetelly, son traducteur et éditeur anglais[N 56]. Il reçoit aussi Jeanne et les enfants en août et Alexandrine en novembre. L'écrivain laisse libre cours à ses passions comme la photographie ou la bicyclette, et travaille avec acharnement à son nouveau roman, Fécondité.

Cette fuite est interprété comme un aveu de culpabilité par toute la presse, sauf exceptions. Zola est recherché dans toute la France et aux frontières. On ignore où il est parti, les informations les plus contradictoires circulent dans la presse. Un signalement[123] est diffusé dans le but de procéder au plus vite à l'arrestation de l'écrivain. Mais les recherches restent vaines, le secret étant bien gardé.

Zola avait écrit dans Le Figaro[124] : « La vérité est en marche et rien ne l'arrêtera ». Expression prophétique. Le suicide du lieutenant-colonel Henry, principal ouvrier des forfaitures militaires dans l'affaire Dreyfus, lui redonne l'espoir d'achever rapidement cet exil. Espoir vain, du fait des lenteurs de la justice. Le désespoir le gagne, alimenté par la nouvelle de la disparition de son chien Pinpin. La révision du procès Dreyfus est enfin démarrée, avec l'enquête de la Chambre criminelle de la Cour de cassation en décembre 1898. La procédure connaît de nombreux épisodes et s'étend sur tout le premier semestre 1899. La décision de la cour doit intervenir en juin. Zola décide de rentrer sans attendre, et quelle que soit la décision.

La décision, positive, est rendue le 3 juin, et, le lendemain, l'écrivain rentre à Paris au terme de onze mois d'exil, avec Fécondité, son dernier roman achevé le 28 mai précédent. Dès les premier jours de son périple, Zola tient un journal. Ces notes, très fournies le premier mois, plus réduites après, s'achèvent le 21 octobre 1898. Il gardera longtemps le projet de les publier par la suite sous le titre de Pages d'exil. Mais cet ouvrage ne verra jamais le jour, du vivant de Zola, et restera à l'état de manuscrit[125].

Émile Zola dans la révision et le second Conseil de guerre

Zola, resté en Angleterre, n'est pas intervenu dans le processus de révision ; en revanche, il s'est tenu au courant dans le détail. Très pessimiste, il ne croit ni à la possibilité d'une révision, ni à l'indépendance des magistrats de la Cour de cassation, dont la chambre criminelle vient d'être dessaisie au profit des chambres réunies[126]. Il en fait part à de nombreuses reprises dans ses échanges épistolaires[127]. Mais le décès subit du président de la République, Félix Faure[N 57], le 16 février 1899, ouvre la voie à la révision. Le jugement de 1894 est ainsi finalement cassé, le capitaine Dreyfus étant renvoyé devant un nouveau Conseil de guerre à Rennes.

La première action de Zola est d'écrire à Alfred Dreyfus, un peu après le retour de celui-ci en France métropolitaine, le 30 juin 1899. Une lettre de quatre pages[128] dans laquelle il s'explique su son léger retard : « Capitaine, si je n'ai pas été l'un des premiers, dès votre retour en France, à vous écrire toute ma sympathie, toute mon affection, c'est que j'ai craint que ma lettre ne reste pour vous incompréhensible. Et j'ai voulu attendre que votre admirable frère vous ait vu et vous ait dit notre long combat... ». Entre-temps, l'écrivain a pris sa décision. Afin de ne pas hypothéquer les chances de succès au Conseil de guerre de Rennes, Zola n'interviendra pas publiquement. Ni dans la presse, ni au procès. Il a décidé de rester dans sa maison de Médan, où il ronge son frein.

Le procès s'ouvre le 7 août 1899 dans la salle des fêtes du lycée de Rennes, transformée en tribunal. Le romancier est tenu au courant des débats quotidiennement, parfois par des dépêches qui lui parviennent plusieurs fois par jour[129]. Il intervient discrètement à distance, afin que l'attaché militaire italien, Pannizardi, puisse venir témoigner à l'audience, ou au moins produire des pièces qui innocenteraient Dreyfus. Mais c'est un échec[130], l'espion refusant d'intervenir. Fernand Labori, l'un des avocats de Dreyfus, est l'objet d'une tentative d'assassinat à Rennes, qui l'écarte des débats pendant près d'une semaine. Zola lui apporte plusieurs témoignages d'affection, Labori ayant été son défenseur aux assises.

Un verdict de culpabilité, avec circonstances atténuantes, est rendu le 9 septembre. Nouvelle iniquité. Dans L'Aurore du 12 septembre[131], Zola explose : « Je suis dans l'épouvante, [...] la terreur sacrée de l'homme qui voit l'impossible se réaliser, les fleuves remonter vers leurs sources, la terre culbuter sous le soleil. Et ce que je crie, c'est la détresse de notre généreuse et noble France, c'est l'effroi de l'abîme où elle roule. » Le gouvernement décide finalement de grâcier Dreyfus, du fait de son état de santé.

Le dernier combat de Zola en faveur d'Alfred Dreyfus sera de contester la loi d'amnistie prévue par la Chambre des députés afin d'absoudre l'ensemble des acteurs de l'Affaire. Destinée à pacifier les esprits, dans le contexte de l'exposition universelle de 1900[132], cette loi permet au général Mercier, « le criminel en chef[133] » et ses complices d'échapper à la justice[134]. Zola, au travers d'articles violents, dans l'Aurore, prend position contre cette loi, et déroge même à ses principes en prononçant un discours au Sénat. La loi est votée le 27 décembre 1900, au grand soulagement des militaires[N 58] et au grand dépit des dreyfusards, qui par amalgame sont associés aux vrais coupables.

Conséquences de l’engagement

Le roi des porcs, caricature ordurière représentant Émile Zola dans le Musée des horreurs
Le roi des porcs, caricature ordurière représentant Émile Zola dans le Musée des horreurs

Les conséquences de l'engagement de Zola ont été à la fois positives et négatives pour l'écrivain. Il apparaît évident que J'Accuse...! a totalement relancé l'Affaire, et lui a donné une dimension sociale et politique qu'elle n'avait pas jusqu'alors. Tout semblait perdu après l'acquittement du véritable traître, et l'article de Zola révèle alors à toute la France et au monde, l'ampleur de la mascarade politico-judiciaire en provoquant l'adhésion d'une grande partie des intellectuels[N 59]. La ligue des droits de l'homme est créée juste après la première condamnation d'Émile Zola, et traduit une prise de conscience d'une forme générale d'intolérance au sein même de la République. Zola sort donc de ses démêlés judiciaires avec une stature du justicier pour toute une frange de la population, défenseur de valeurs de tolérance, de justice et de vérité. En témoignent les innombrables hommages qui lui sont rendus dès février 1898. On notera le Livre d'Hommage des Lettres françaises à Émile Zola, gros ouvrage de 500 pages réalisé à l'initiative d'Octave Mirbeau. Une centaine de contributions individuelles le composent, écrites par pratiquement tout ce qui compte en littérature française et belge[135]. Il fait le point sur sur le combat intellectuel et son important retentissement à l'étranger.

Mais cet engagement coûte très cher au romancier. Sur le plan financier, tout d'abord, puisqu'en fuite, donc dans l'impossibilité de payer ses condamnations, la justice fait saisir ses biens et les revend aux enchères. C'est l'un de ses éditeurs, Fasquelle, qui se porte acquéreur de ses meubles et lui sauve la mise à plusieurs reprises. Sur le plan moral, Zola souffre aussi. Alors que le dreyfusisme s'exposait sous un jour immatériel pour les nationalistes anti-dreyfusards, ceux-ci trouvent en Zola leur tête de turc. Il concentre dès lors toutes les attaques et incarne à lui seul le traître à la patrie et à l'armée. C'est ainsi que dès 1898, l'écrivain est l'objet d'un torrent d'articles satyriques, de caricatures, de chansons et de livrets le traînant dans la boue, l'insultant, le diffamant. Dans certains journaux, il est même l'objet d'attaques quotidiennes.

L'attaque la plus cruelle est lancée par Ernest Judet, rédacteur en chef du Petit Journal au moment du premier procès de l'écrivain. Elle se traduit par une véritable campagne de presse composée d'articles en série, qui remettent en cause l'honnêteté de François Zola, au moment où celui-ci s'était engagé à la Légion étrangère vers 1830. Le père de Zola est ouvertement accusé de détournement de fonds et d'avoir été chassé de l'armée. L'idée est d'atteindre Zola au travers d'une attaque ad hominem, en prenant l'auteur des Rougon-Macquart au piège de ses principes d'hérédité, et en insinuant un « Tel père, tel fils » de principe et en expliquant sa soit-disant aversion de l'armée de cette manière. Zola se lance alors dans une enquête fouillée sur son père, dont il ne connaissait pas toute la vie[N 60], et démonte point à point les arguments du journaliste nationaliste de manière factuelle. Il prouve en outre que les documents, sur lesquels Judet s'appuie, sont des faux grossiers[136]. Il s'en suit un procès, duquel Zola est acquitté, ayant réussi à établir les mensonges du journaliste. Jamais Zola n'a regretté son engagement, quel en ait été le prix. Il a écrit dans ses notes[137] : « Ma lettre ouverte [J'Accuse...!] est sortie comme un cri. Tout a été calculé par moi je m'étais fait donner le texte de la loi, je savais ce que je risquais. »

Liste des œuvres d'Émile Zola


Voir aussi

Anecdotes

  • Émile Zola se présenta dix-neuf fois à l'Académie Française, sa candidature étant toujours refusée.

Articles connexes

Annexes

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Bibliographie

Bibliographie de référence

Henri Mitterand, Biographie d'Émile Zola, 3 vol, Sous le regard de l'Olympia 1840-1870 - L'Homme de Germinal 1871-1893 - L'Honneur 1893-1902, Fayard, 1999-2001-2002Source de l'article
Colette Becker, Gina Gourdin-Servenière, Véronique Lavielle, Dictionnaire d'Émile Zola, Robert Laffont - Coll Bouquins, 1993 (ISBN 2-221-07612-5)Source de l'article

Autres ouvrages

Biographies
Jean Bedel, Zola assassiné, Flammarion, 2002
Henri Guillemin, Zola, légende et vérité, Utovie, Collection H.G., 200 pages, 1997 (première édition en 1960)
Armand Lanoux, Bonjour Monsieur Zola, Amiot-Dumont, Paris, 1954
Henri Mitterand, Zola - La vérité en marche, Découvertes Gallimard, 1995 (ISBN 2-07-053288-7)Source de l'article
Alain Pagès, Émile Zola - de J'accuse au Panthéon, Editions Lucien Souny, 2008 (ISBN 2-84886-183-8)Source de l'article
Alain Pagès et Owen Morgan, Guide Émile Zola, Paris, Ellipses, 2002
François-Marie Mourad, Zola critique littéraire, Honoré Champion, 2003
Evelyne Bloch-Dano, Madame Zola, Grasset, 1997 (ISBN 2-246-52141-6)

Littérature
Jean Pierre Leduc-Adine, Henri Mitterrand, Lire/Délire Zola, Nouveau Monde éditions, ISBN 2-84736-051-4.
Guillemin Henri, Présentation des Rougon-Macquart, Gallimard, 1964, 414 pages.
Henri Mitterand, Zola et le Naturalisme, PUF – Que sais-je ?, 1986 (ISBN 2-13-052510-5)Source de l'article
Henri Mitterand, Emile Zola, Carnets d'enquêtes, Ethnographie inédite de la France, Coll. Terre Humaine, Paris, France Loisirs, 1987, 687p.
Michèle Sacquin et al, Zola, Bibliothèque nationale de France - Fayard, 2002 (ISBN 2-213-61354-0)Source de l'article

Affaire Dreyfus
Compte rendu in extenso du procès d’Émile Zola aux Assises de la Seine et à la Cour de Cassation (1898) Source de l'article
Cour de Cassation, collectif, De la justice dans l’affaire Dreyfus, Fayard, 2006 (ISBN 978-2213629520) Source de l'article
Michel Drouin, Zola au Panthéon - la quatrième affaire Dreyfus, Perrin, 2008 (ISBN 978-2-262-02578-6) Source de l'article
Vincent Duclert, Biographie d'Alfred Dreyfus, l'honneur d'un patriote, Fayard, Paris, 2006 (ISBN 2213627959) Source de l'article
Pierre Miquel, L’affaire Dreyfus, Presses Universitaires de France - PUF - Coll. Que sais-je ?, 1961, réédité 2003 (ISBN 2130532268) Source de l'article
Collectif, Dreyfus Alfred né le 9 octobre 1859 à Mulhouse, Éditions Bruno Leprince, 2007 (ISBN 2916333304) Source de l'article
Michel Winock, Le Siècle des intellectuels, Le Seuil, coll. « Points », 1999 Source de l'article

Articles

Filmographie

L’œuvre d’Émile Zola a connu une large adaptation cinématographique, avec plus de cent cinquante films et téléfilms réalisés d’après ses œuvres, en diverses langues. La première adaptation fut celle de l'Assommoir, par Ferdinand Zecca, l’année même du décès de l’auteur, en 1902.

Outre l’Assommoir, plus de la moitié des titres de la série des Rougon-Macquart ont été adaptés à l’écran. Certains, comme Nana ou Germinal ont fait l’objet de plusieurs adaptations, avec une fidélité plus ou moins conforme aux œuvres d’origine. Hors des Rougon-Macquart, le seul ouvrage de Zola largement traité à l’écran est Thérèse Raquin.

Enfin, on peut relever les adaptations suivantes :

Liens externes

Notes et références

Notes
  1. Plus de cent cinquante films et téléfilms sont répertoriés
  2. Qui est reçu à Polytechnique en 1861. Il devient astronome adjoint à l'Observatoire de Paris, puis passe en charge des ateliers d'optique de son beau-père.
  3. Comme Georges Bernard, George Pajot, Joseph Villevielle, Albert Coupin (cousin de Cézanne).
  4. C'est en lisant L'Amour et La Femme de Michelet que Zola découvre les théories du Docteur Lucas
  5. Le Journal populaire de Lille, L'Echo du Nord
  6. Pionnier du Naturalisme, ami de Zola depuis la période Hachette
  7. Pas un jour sans une ligne.
  8. Il travaillait alors la matin pour la presse et l'après-midi sur ses romans. Ce qui lui a permis de livrer jusqu'à deux romans par an ainsi que des articles quotidiens au Sémaphore de Marseille, d'après Maupassant.
  9. Soit quatre pages de roman.
  10. À peu près entre 250 000 à 300 000€. Pour comparer, un instituteur gagnait entre sept-cents et mille francs par an, un bon journaliste environ dix-mille francs.
  11. Environ 450 000€.
  12. Voir à ce titre la correspondance de l'écrivain des années 1871 à 1897.
  13. La Fortune des Rougon est une reproduction à l'échelle de la ville de Plassans du Coup d'État de 1851.
  14. De février 1871 à août 1872
  15. Conséquence de l'offensive de l'Église catholique en 1873, soutenue par le gouvernement.
  16. Nana, L'assommoir, Germinal, La Débâcle
  17. Elle abandonne ce prénom vers 1877, époque où l'aisance venue, elle réalise une enquête qui lui apprend que son bébé est décédé quelques semaines après l'abandon. Le secret espoir de retrouver cet enfant abandonné s'évapora.
  18. . Le 13 mars 1865. Réédité dans Esquisses parisiennes
  19. Lui rue St Jacques et elle rue Monsieur-le-Prince.
  20. Les lois de 1803 exigent un accord parental pour le mariage d'un garçon jusqu'à 25 ans. de 25 à 30 ans, il peut passer outre, mais à condition que le refus des parents soit notifié trois fois de suite par acte notarié à un mois d'écart. Au delà de 30 ans, un seul acte suffit.
  21. Notamment, elle rédige à la chaîne des adresses sur des enveloppes
  22. Les témoins des époux sont Paul Cézanne, Paul Alexis, Marius Roux et Philippe Solari.
  23. Selon la formule de Jacques Émile-Zola, fils de l'écrivain
  24. Spécialiste des questions militaires au journal Le Gaulois
  25. Dont Zola a fait la connaissance chez Hachette, et a lu les œuvres maîtresses.
  26. Jusqu'en politique où il s'écrie « La République sera naturaliste ou elle ne sera pas ».
  27. Dans cette préface, Zola emploie pour la première fois l'expression de « groupe d'écrivain naturaliste »
  28. Ces dossiers sont conservés à la BNF pour les Rougon-Macquart et les Évangiles, et à la bibliothèque Méjanes d'Aix-en-Provence pour Les Trois Villes.
  29. Dans Nana, il a repris totalement certaines phrases et même ajouté des épisodes.
  30. C. Beckert cite l'exemple d'Élisa Macquart, apparue dans Le Ventre de Paris et introduite après-coup dans La Fortune des Rougon.
  31. Qu'il transformera en roman, Madeleine Férat
  32. Comme dans La dame aux Camélias d'Alexandre Dumas fils ou Marion Delorme d'Eugène de Mirecourt
  33. Après 1835
  34. Zola prit une soixantaine de pages de notes sur le traité du docteur Lucas.
  35. Principes scientifiques réfutés dès le dernier quart du XIXe siècle, notamment sur les questions d'hérédité.
  36. Dans la fosse Renard, à moins 675 mètres, Zola visite pendant cinq heures, habillé en mineur, jusque dans ses recoins les plus étroits.
  37. Selon la formule d'Edmond de Goncourt dans une lettre à l'éditeur Charpentier
  38. La dernière œuvre d'Émile Zola, puisqu'il décède quelques jours après le début de la parution en feuilleton
  39. Paul Bonnetain, J.-H. Rosny dit Rosny aîné, Lucien Descaves, Gustave Guiches et Paul Margueritte
  40. Ces jeunes auteurs exprimèrent tous des regrets après-coup, Rosny parlat même « d'acte absurde ».
  41. Passion restée longtemps ignorée du grand public, révélée dans le dernier quart du XXe siècle. V. F. Emile-Zola, Zola photographe, Denoël, 1979
  42. Où Jeanne Rozerot passe les vacances d'été avec les enfants de Zola
  43. juriste auprès de la cour de cassation, il aura un rôle fondamental au moment de la révision de la cassation du procès Dreyfus
  44. « Quant à moi, j'accuse le général Mercier, ancien ministre de la Guerre, d'avoir manqué à tous ses devoirs, je l'accuse d'avoir égaré l'opinion publique, je l'accuse d'avoir fait mener dans la presse une campagne de calomnies inexplicables contre le capitaine Dreyfus, je l'accuse d'avoir menti. J'accuse les collègues du général Mercier, de ne pas avoir empêché cette iniquité, je les accuse d'avoir aidé le ministre de la Guerre à entraver la défense, je les accuse de n'avoir rien fait pour sauver un homme qu'ils savaient innocent »
  45. Verdict sans surprise, auquel s'attendait Zola depuis début janvier.
  46. Le commandant du Paty de Clam, chef d’enquête initial passe pour être le pivot de la collusion, alors que le général Mercier, véritable responsable voit son rôle minoré, et le commandant Henry est totalement ignoré.
  47. Première colonne, première page : « Un Conseil de guerre vient, par ordre, d'oser acquitter un Esterhazy, soufflet suprême à toute vérité, à toute justice. Et c'est fini, la France a sur sa joue cette souillure. L'histoire écrira que c'est sous votre présidence qu'un tel crime social a pu être commis ».
    Sixième colonne, première page : « Ils ont rendu cette sentence inique qui à jamais pèsera sur nos Conseils de guerre, qui entachera désormais de suspicion tous leurs arrêts. Le premier Conseil de guerre a pu être intelligent, le second est forcément criminel ».
    Deuxième colonne, deuxième page : « ...J'accuse le second Conseil de guerre d'avoir couvert cette illégalité par ordre, en commettant à son tour le crime juridique d'acquitter sciemment un coupable ».
  48. Il est traité d'italianasse, d'émigré et d'apatride.
  49. Le 2 février, Octave Mirbeau, Laurent Tailhade, Pierre Quillard et Georges Courteline, entre autres, signent dans L'Autore une « Adresse à Émile Zola » l'assurant de leur soutien « au nom de la Justice et de la Vérité ».
  50. Le Siècle et L'Aurore entre autres.
  51. Qui se font par une porte latérale du Quai des Orfèvres.
  52. Il parle du faux Henry
  53. Octave Mirbeau qui paie de sa poche les 7 525 francs, représentant le montant de l'amende et des frais de justice, le 8 août 1898.
  54. Zola a résisté à l'idée de la fuite mais s'est finalement rangé aux arguments de son avocat, Fernand Labori
  55. Sauf une chemise de nuit pliée dans un journal. E. Zola, Pages d'exil.
  56. Dont la fille habite avec l'écrivain afin de lui servir d'interprète puisque Zola ignore l'anglais
  57. À qui J'Accuse...! était adressé, anti-dreyfusard convaincu, qui bloquait systématiquement toute velléité de révision.
  58. Le général de Boisdeffre s'attendait à être fusillé pour avoir couvert des faux
  59. Néologisme réactivé à l'occasion de l'affaire Dreyfus
  60. Ces événements remontent à une période antérieure à la rencontre du père et de la mère d'Émile Zola.
Références
  1. C. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola Avant-propos
  2. Zolla avec deux "L". H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola, Vol 1, Sous le regard d'Olympia, p. 18-30
  3. C. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, p. 47
  4. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, p. 200.
  5. Histoire de la Presse en France, PUF, p. 397 et s.
  6. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, pp. 202-203.
  7. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 1, Sous le regard d'Olympia, pp. 408-409
  8. Dans Le Figaro du 22 septembre 1881
  9. Ajourd'hui perdu. H. Mitterand, Zola, la vérité en marche, Découvertes Gallimard, p. 19.
  10. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 1, Sous le regard d'Olympia, pp. 110 et s.
  11. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, p. 128-129.
  12. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, p. 362.
  13. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, p. 364.
  14. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, p. 462
  15. M. Sacquin et al, Zola, BNF, p. 51
  16. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 1, Sous le regard d'Olympia, pp. 766 et s.
  17. Ibid, p. 773
  18. in Adieux, dans le Figaro du 22 septembre 1881
  19. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, p. 357
  20. Principalement Son Excellence Eugène Rougon
  21. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, p. 357.
  22. H. Mitterand, Zola, la vérité en marche, Découvertes Gallimard, p. 31
  23. M. Sacquin et al, Zola, BNF, p. 76
  24. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 3, L'honneur, p. 333
  25. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 1, Sous le regard d'Olympia, pp. 470 et s.
  26. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 1, Sous le regard d'Olympia, pp. 380 et s.
  27. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, p. 244.
  28. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 1, Sous le regard d'Olympia, pp. 376-379
  29. M. Sacquin et al, Zola, BNF, p. 89
  30. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, p. 377
  31. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 2, L'homme de Germinal, pp. 1062 et s.
  32. Par exemple dans Le Figaro du 4 avril 1896 La Société des gens de lettres. Ce qu'elle est., du 11 avril La Société des gens de lettres. Ce qu'elle devrait être., du 25 avril La Propriété littéraire ou du 13 juin Auteurs et éditeurs. L'ensemble de ces articles sera rassemblé dans Nouvelle campagne.
  33. Qui ne respectait pas les règles du copyright. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, p. 164-165
  34. Le 11 mai 1868 dans L'Événement illustré.
  35. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, pp. 8-9.
  36. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 3, L'honneur, pp. 795 et s.
  37. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 3, L'Honneur, pp. 807 et s.
  38. La libre Parole titre : Scène naturaliste : Zola meurt d'asphyxie.
  39. H. Mitterand, Que sais-je, Zola et le naturalisme, pp. 18-20
  40. Zola, in Mes haines, 1866
  41. C. Bernard, Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, 1865
  42. Zola, in Le roman expérimental, 1880
  43. Zola, Préface de la deuxième édition de Thérèse Raquin, 1878.
  44. H. Mitterand, Que sais-je, Zola et le naturalisme, p. 87
  45. Huysmans abandonnera peu à peu le Naturalisme
  46. Lettre du 27 juin 1890 à Jules Héricourt, un ami écrivain.
  47. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, Méthode de travail, p. 260-261
  48. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, v. tableau p. 112.
  49. H. Mitterand, Carnets d'enquêtes - Une ethnographie inédite de la France, Plon, 1987.
  50. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, p. 264
  51. V. à ce titre les commentaires des Rougon-Macquart dans l'édition de La Pléiade et Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, pp. 260 et s.
  52. Les Rougon Macquart, Bibliothèque de la Pléiade, Vol II, notes de H. Mitterand sur les ajouts.
  53. in L'expression personnelle dans le Roman expérimental
  54. in La Morasse, recueil de nouvelles, 1889
  55. L'éditeur de Erckmann-Chatrian et de Jules Verne
  56. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 1, Sous le regard d'Olympia, p. 412.
  57. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 1, Sous le regard d'Olympia, pp. 479 et s.
  58. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, p. 86
  59. Chez Achille Faure
  60. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, p. 450
  61. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, p. 416
  62. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 1, Sous le regard d'Olympia, pp. 572 et s.
  63. Article du 23 janvier 1868 dans Le Figaro. Zola lui répond dans Une Lettre à Ferragus le 31 janvier dans le même journal par une défense vigoureuse du naturalisme naissant.
  64. Émile Zola in préface de la Fortune des Rougon, 1er juillet 1871. Flaubert reprochera gentiment à Zola de s'être dévoilé dès le premier roman, ne laissant plus de surprise au lecteur.
  65. Dans la revue Les nouveaux essais de critique et d'histoire, 1865
  66. Zola et Balzac, par C. Becker.
  67. BNF, Manuscrits, NAF 10345, f. 14-15
  68. Prosper Lucas, Traité philosophique et physiologique de l'hérédité naturelle dans les états de santé et de maladie du système nerveux, avec l'application méthodique des lois de la procréation au traitement général des affections dont elle est le principe. Ouvrage où la question est considérée dans ses rapports avec les lois primordiales, les théories de la génération, les causes déterminantes de la sexualité, les modifications acquises de la nature originelle des êtres, et les diverses formes de névropathie et d'aliénation mentale., 2 volumes, 1847-1850
  69. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, p. 128-129
  70. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, p. 373
  71. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 1, Sous le regard d'Olympia, p. 705.
  72. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 1, Sous le regard d'Olympia, p. 708.
  73. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, p. 373
  74. Michel Serres, Feux et signaux de brume, Zola, 1975
  75. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 2, L'homme de Germinal, pp. 286 et s.
  76. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, pp. 39-40
  77. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 2, L'homme de Germinal, pp. 713 et s.
  78. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 2, L'homme de Germinal, pp. 727-729
  79. L'Année balzacienne,n°17, p 37-48,1996
  80. Émile Zola, interview sur l'évolution littéraire à Jules Huret, dans L'Écho de Paris du 31 mars 1891
  81. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 3, L'honneur, p. 34.
  82. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 2, L'homme de Germinal, p. 1058.
  83. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 3, L'honneur, p. 77
  84. Article de Philippe Gille dans l'édition du 23 juillet
  85. Comme A. Hallays dans le Journal des Débats du 27 juillet 1894
  86. M. Sacquin et al, Zola, BNF, p. 211
  87. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, p. 442
  88. M. Sacquin, Zola p. 80
  89. Article paru au moment de la parution de La Terre dans Le Figaro du 18 août 1887
  90. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, p. 240-241
  91. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, p. 312
  92. JP Leduc-Adine, Zola et les arts plastiques, in Zola p. 56-61
  93. Becker et al, Dictionnaire d'Émile Zola, p. 314-315
  94. E. Zola, Mes haines, 1866
  95. écrite le 18 août 1864
  96. JP Leduc-Adine, Zola et les arts plastiques, in Zola p. 59
  97. Ibid
  98. D. Coussot, Zola photographe de son temps, in Zola p. 221
  99. C. Becker et al, Dictionnaire Émile Zola, article photographie p. 320
  100. C. Becker et al, Dictionnaire Émile Zola, article photographie p. 321
  101. Dans Le Figaro du 16 mai 1896
  102. Alain Pagès, Émile Zola - De J'accuse au Panthéon, Editions Alain Souny, pp. 40-41
  103. Le dossier de M. Scheurer-Kestner, du dimanche 14 novembre 1897.
  104. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola, T3, L'Honneur, p. 338
  105. M. Scheurer-Kestner Suivi de Le Syndicat le 1er décembre et de Procès-verbal le 5 décembre.
  106. Pour plus de précision sur l'apport de Bernard-Lazare, lire Philippe Oriol, Bernard Lazare, Stock, 2003
  107. Ibid, p. 182.
  108. Alain Pagès, Émile Zola - De J'accuse au Panthéon, Editions Alain Souny, p. 82
  109. Ernest Vaughan, Souvenirs sans regrets, éditions Félix Juven, 1902, p. 71
  110. Alain Pagès, Émile Zola - De J'accuse au Panthéon, Editions Alain Souny, p. 114
  111. Winock, Le Siècle des intellectuels, p. 36
  112. Duclert, L'affaire Dreyfus, p. 44
  113. Repiquet, bâtonnier de l'ordre, in Edgar Demange et Fernand Labori, Cour de cassation, p. 273 et s.
  114. Voir l'intégralité des débats de 1898
  115. Alain Pagès, Émile Zola - De J'accuse au Panthéon, Editions Alain Souny, p. 121
  116. Selon les souvenirs de l'antidreyfusard Arthur Meyer, Ce que mes yeux ont vu, Plon, 1912, p. 149.
  117. Winock, Le Siècle des intellectuels, pp. 39-41.
  118. F. Brown, Zola, une vie, Belfond, 1996, p. 779.
  119. Jules Renard, Journal 1887-1910, Gallimard, 1965, p. 472.
  120. Justice, article paru dans L'Aurore du 5 juin 1899
  121. Alain Pagès, Émile Zola - De J'accuse au Panthéon, Editions Alain Souny, p. 208.
  122. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 3, L'honneur, pp. 535 et s.
  123. V. la fiche signalétique sur le site Dreyfus du ministère de la culture
  124. Dans M. Scheurer-Kestner, article du 25 novembre 1897
  125. Texte publié dans les Œuvres complètes, vol 14, Cercle du livre précieux
  126. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 3, L'honneur, p. 584
  127. Ibid p. 587
  128. Lettre du 6 juillet 1899 sur le site Dreyfus du ministère de la culture
  129. H. Mitterand, Biographie d'Émile Zola Vol 3, L'honneur, p. 626 et s.
  130. Ibid, p. 633
  131. Article titré Le cinquième acte
  132. Collectif, Dreyfus Alfred néle 9 octobre 1859, M. Drouin, L'amnistie de 1900, honte ou nécessité ?, Editions Bruno Leprince, p. 185 et s.
  133. Formule d'Alfred Dreyfus in Cinq années de ma vie
  134. Ibid sous l'impusion du ministre de la guerre, le général marquis de Galiffet
  135. Alain Pagès, Émile Zola - De J'accuse au Panthéon, Editions Alain Souny, p. 216
  136. Articles dans L'Aurore du 23, 24 et 31 janvier 1900. Ceux-ci sont réalisés en partie par le commandant Henry, quelques mois avant son suicide.
  137. M. Sacquin et al, Zola, BNF, p. 187