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Histoire de France

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Époque moderne

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Voir aussi :

Chronologie de la France

La Quatrième République est le nom donné au régime politique de la France d'octobre 1946 à octobre 1958.

Sommaire

[modifier] Mise en place

[modifier] L'élection de la première Assemblée Constituante

Ce n'est qu'à partir de la fin de l'année 1944 qu'il n'y a plus de combats sur le territoire français[1]. Cependant dès le 2 juin 1944 se forme le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), une institution politique sensée régir le pays qui est à l'époque ruiné et affaibli par des périodes de guerre et d'occupation. Le GPRF va notamment jusqu'en 1945 commencer l'épuration et la reconstruction du territoire français. Le Général de Gaulle, président du GPRF, désire également rendre la pouvoir aux français. Pour ce faire, il organise des élections législatives et un référendum conjoints le 21 octobre 1945. Deux questions sont posées aux français : « L'Assemblée doit-elle être constituante ? » (c'est-à-dire est-ce qu'elle aura la charge de rédiger une nouvelle constitution ?) et « Son mandat doit-il être limité à sept mois, temps nécessaire à l'élaboration d'une nouvelle constitution qui sera proposée aux Français par référendum ? ». Le résultat de la première question du référendum, oui à 96,4% des votants (parmi eux les femmes pour la deuxième fois de leur histoire), met officiellement un terme à la Troisième République, qui avait déjà concrètement disparu avec le vote des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain en juin 1940 (cet évènement avait fortement décridibilisé cette République, d'où son abrogation).

Assemblée constituante élue au 21 octobre 1945
Assemblée constituante élue au 21 octobre 1945

La deuxième question n'est approuvée qu'à 65,5% des votants, les radicaux et les communistes ayant appelés à voter non[2].

À l'issue des élections législatives les trois partis de la Résistance, deux étant des partis « historiques » de la Troisième République, le PCF (26% des suffrages) et la SFIO (23,3%), et l'autre étant un nouveau parti de centre-gauche, le MRP (créé les 25 et 26 novembre 1944, 24%), sont majoritairement élus et cumulent les trois quarts des voix. L'ensemble de la droite, qui a durement souffert de son image de « collabo », ne recueuille que 16% des suffrages, alors que le parti communiste bénéficie du prestige de la Résistance (de nombreux grands résistants étaient en effet communistes) et de l'Armée rouge (triomphale libératrice de l'Europe de l'Est et qui a une grande popularité) ainsi que de la dure situation sociale du pays après-guerre. Cette Assemblée constituante, présidée par le socialiste Félix Gouin et ancrée à gauche a la charge d'élaborer un nouveau régime : ce sera la Quatrième République.

[modifier] Les problèmes du gouvernement De Gaulle

Le 13 novembre 1945, De Gaulle est élu à l'unanimité président du Conseil par l'Assemblée et constitue le 16 un cabinet ministériel de coalition : des ministères sont attribués à chaque parti majoritaire à l'Assemblée (PCF, MRP et SFIO), six sont alloués à d'autres partis. Cependant De Gaulle refuse de céder des ministères importants aux communistes, même si Maurice Thorez, secrétaire général du PCF, obtient le poste de vice-Président du Conseil et ministre d'État. On retrouve ainsi dans le gouvernement De Gaulle des personnalités politiques telles que Vincent Auriol (ministre d'État), Edmond Michelet (ministre des armées) ou André Malraux (ministre de l'information).

Icône de détail Article détaillé : Gouvernement Charles de Gaulle (2).

L'élaboration d'une nouvelle constitution se révèle très difficile, notamment à cause des divergences entre les différents partis sur des points importants du futur régime : De Gaulle aimerait un régime bicaméral (à deux chambres) et avec un président de la République puissant et « au dessus des partis » (il précisera ses idées en juin 1946 dans son discours de Bayeux), alors que les socialistes condamnent l'idée d'un retour du Sénat (chambre haute) et que les communistes préféreraient également s'orienter vers un régime monocaméral. La plupart des élus condamnent un pouvoir fort du chef de l'État, prétextant une tentative de mainmise de De Gaulle sur le jeu politique[2].

Les relations entre le président du Conseil et la majorité de l'Assemblée deviennent tellement mauvaises que De Gaulle finit par remettre sa démission le 20 janvier 1946, dénonçant le « régime exclusif des partis ».

[modifier] Le projet de Constitution du 19 avril 1946 et son rejet

Vincent Auriol est alors élu président de l'Assemblée et le 23 janvier le MRP, le PCF et la SFIO signent une charte de coalition gouvernementale, qui fonde le tripartisme. Ainsi chacun de ces trois partis obtient un tiers des postes ministériels dans le nouveau Gouvernement Félix Gouin investi le 26.

Un premier projet de Constitution est alors conçu. Ce projet prévoit une représentation populaire monocamérale, c'est-à-dire qu'une seule assemblée, élue au suffrage universel direct, voterait les lois. L'ancien Sénat de la Troisième République aurais été remplacé par deux organes consultatifs, le Conseil Économique (précurseur du Conseil économique et social) et le Conseil de l'Union Française.
L'exécutif aurait été divisé entre un Président de la République et un Président du Conseil. Le Président de la République aurait été élu par l'Assemblée, disposant de pouvoirs honorifiques. Le Président du Conseil, également élu par l'Assemblée, devais faire approuver la composition et le programme de son Cabinet ministériel par un vote d'investiture.
Ce projet est durement critiqué par le MRP et toute la droite, parmis laquelle De Gaulle.
Finalement cette proposition, proposée à référendum, est rejetée par 53% des français le 5 mai 1946.

[modifier] La deuxième Assemblée Constituante et l'adoption de la Constitution définitive

Assemblé nationale élue au 2 juin 1946
Assemblé nationale élue au 2 juin 1946

À cause du refus de la première proposition de constitution, de nouvelles élections législatives sont organisées le 2 juin 1946, dont les résultats confirment les tendances politiques précédentes. Le PCF obtient 26% des voix mais est dépassé par les centristes du MRP qui totalisent 28,2% des suffrages. La SFIO reçoit 21% des sièges et les résultats de la droite reculent encore par rapport à la première Assemblée Constituante (13% contre 16% en octobre 1945). Un élu du MRP, Georges Bidault devient président du Conseil, dont le cabinet obéit toujours au tripartisme.

Durant l'été 1946 l'Assemblée imagine un nouveau projet de constitution malgré tout peu différent de la première proposition même s'il propose un système bicaméral (deux chambres distinctes possédant le pouvoir législatif). Une Chambre basse, l'Assemblée Nationale, voterait les lois en première lecture alors qu'une Chambre haute, le Conseil de la République, indépendant de l'Assemblée Nationale, les ratifierait. Le régime est d'inspiration parlementaire, le pouvoir exécutif réel échéant du Président du Conseil (à la manière du Premier ministre britannique) et non au Président de la République qui a un rôle honorifique, même s'il demeure chef des armées. Ce projet, durement critiqué par De Gaulle dans son discours d'Épinal (22 septembre), est définitivement adopté par référendum le 13 octobre 1946 avec 53,5% de « oui ».

[modifier] Situation politique et institutionnelle

[modifier] Les institutions de la Quatrième République

Schéma institutionnel de la Quatrième République
Schéma institutionnel de la Quatrième République

Les institutions de la Quatrième République restent proches de celle de la Troisième République : le président de la République a un rôle faible. Élu par le parlement réuni à Versailles et rééligible une seule fois (septennats), il est théoriquement responsable de l'exécutif, mais ne fait en réalité que nommer le Président du Conseil, et représenter le peuple français.
Il n'y eut que deux présidents de la République sous la Quatrième, Vincent Auriol (1947-1953), ancien ministre socialiste du Front populaire, et René Coty (1953-1958), de centre-droit.

Le pouvoir exécutif est en réalité dans les mains du Président du Conseil, proposé par le Président de la République puis investi (accepté par vote à la majorité absolue) par l'Assemblée nationale, qui forme une fois confirmé dans ses fonctions un gouvernement s'appuyant sur la majorité de l'Assemblé. Cependant Paul Ramadier, premier président du Conseil, inaugure la coutume d'une seconde investiture devant l'Assemblée une fois le gouvernement composé, comme cela se faisait sous la Troisième République. Une révision de la Constitution en 1954 établi officiellement une investiture du gouvernement une fois formé par l'Assemblée nationale.
Le Président du Conseil nomme à tous les emplois civils et militaires, exécute les lois, contresigne tout acte du Président de la République. Vingt-quatre gouvernements se sont succédés sous la Quatrième République, dirigés par seize présidents du Conseil différents.

Le Parlement est constitué de 2 chambres distinctes. Le Conseil de la République (chambre haute du parlement), renouvellé à moitié tous les 3 ans par suffrage indirect (par des grands électeurs et les conseillers généraux, eux-mêmes élus par les électeurs) n'a que peu de pouvoirs et peut être comparé au Sénat de la Cinquième République).
L'Assemblée nationale (chambre basse) est élue au suffrage universel direct proportionnel pour cinq ans. Elle possède la majeure partie du pouvoir législatif (avec le Conseil de la République) et contrôle directement les gouvernements à cause des investitures. Le mode de scrutin (proportionnel) choisi pour l'élection des députés favorise l'existence d'un nombre assez élevé de partis politiques dont les incessants revirements d'alliance entraînent de régulières chutes de gouvernements. La Quatrième République connaît environ un jour de crise ministérielle sur neuf[3] et ce climat entraînera à terme sa perte.

Enfin les électeurs sont tous les hommes et les femmes citoyens de plus de vingt-et-un ans.

Le texte de la Constitution instaure donc un régime parlementaire inégalitaire au profit du Parlement, qui se verra en pratique transformé en un régime d'assemblée.

[modifier] Les partis et mouvements politiques de la Quatrième Républiques

Voir la catégorie « Parti politique de la Quatrième République »

[modifier] La gauche

[modifier] Le PCF

Crée en 1920 sous le sigle de SFIC, le Parti communiste français (PCF) recueille environ un quart des voix sous la Quatrième République. Il doit son succès à la grande proportion de communistes dans la Résistance française au nazisme. Cependant l'électorat communiste va peu à peu s'effriter à cause de la déstalinisation (révélation des crimes de Staline par Khrouchtchev) et de différents évènements liés à l'URSS, comme la violente prise de pouvoir des staliniens en Tchécoslovaquie (Coup de Prague, 1948), l'écrasement de révoltes anti-communistes en RDA le 17 juin 1953[4], puis en Hongrie en octobre 1956 (Insurrection de Budapest).
Le dirigeant emblématique du PCF sous la Quatrième République est Maurice Thorez (1900-1964). De la libération à 1947, le PCF va participer aux gouvernements successifs puis prendre part au tripartisme. À partir de 1947, les communistes s'opposent à l'action des gouvernements puis vont être isolé par la troisième force (union de centre-gauche) tout au long de la guerre froide. Il n'y a plus de ministres communistes à partir de 1947 et il faudra attendre 1981 et l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République pour voir le retour de communistes aux cabinets gouvernementaux.
Le PCF existe encore sous la Cinquième République, avec un électorat bien moindre (moins de 2 à 3 % des suffrages au début des années 2000) depuis la fin de la Guerre Froide.

[modifier] La SFIO
Logotype de la SFIO dans les années 1930-1940
Logotype de la SFIO dans les années 1930-1940

Créé en 1905, la section française de l'Internationale ouvrière (SFIO), ancêtre du Parti socialiste, est un des partis majeurs de la Quatrième République. Un des deux président de la Quatrième République (Vincent Auriol) et de nombreux présidents du Conseil (Léon Blum, Félix Gouin) en sont issus. Son dirigeant lors de la Quatrième République fut Guy Mollet, par ailleurs également président du Conseil.
Il recueille un quart de l'électorat et participe successivement au tripartisme puis à la troisième force, ce qui explique son grand rôle dans cette période.
La SFIO bénéficie d'une bonne popularité principalement grâce à l'image que les Français conservent du Front populaire. Cette union nationale des années 1930 sous l'égide de la SFIO reste gravée dans les mémoires et beaucoup espèrent une telle période de prospérité après la guerre.
La SFIO survivra jusqu'en 1969, année où elle fusionne pour créer le Parti socialiste.

[modifier] Le centre

[modifier] Le Parti radical
Félix Gaillard, Président du Conseil radical entre 1957 et 1958
Félix Gaillard, Président du Conseil radical entre 1957 et 1958

Le Parti radical, ou Parti républicain, radical et radical-socialiste, créé en 1901, est le plus vieux parti politique existant encore sous la Quatrième République. Il souffrira tout au long de la Quatrième République du discrédit de la Troisième où il eut un très grand rôle politique. Le PR combine des idéaux radicaux, pro-républicains, archi-laîques et donc anti-ecclésiastiques (un des plus importants défenseurs de la loi sur la Séparation des Églises et de l'État de 1905, Émile Combes était d'ailleurs radical).
Discrédité, comme la Troisième République, à la Libération, le Parti radical participe cependant à la troisième force entre 1947 et 1951 avant de participer, de par sa position charnière entre la gauche et le centre, à tous les gouvernements de la Quatrième République.
Les hommes politiques les plus connus issus du PR sont le radical de gauche Pierre Mendès France et le radical centriste Edgar Faure, qui s'opposèrent idéologiquement au milieu des années 1950. Le Parti radical est le parti de la Quatrième République qui a donné le plus de Présidents du Conseil (André Marie, Henri Queuille, René Mayer, Maurice Bourgès-Maunoury et Félix Gaillard).
Sous la Cinquième République, le Parti radical fut dissous entre le Parti radical valoisien, de droite et le Parti radical de gauche, bien qu'en 2007 un éventuel rapprochement des deux mouvements fut évoqué.

[modifier] L'UDSR

L'Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR) est un des nouveaux partis de la Quatrième République. Issus de la Résistance, tout comme le MRP, elle voulait prendre le contre-pied d'une SFIO vieillissante, mais ne devint qu'un parti « charnière », comme le Parti Radical, en participant à diverses unions ou coalitions gouvernementales et parlementaires dont la troisième force (1947-1951).
L'UDSR, malgré son nom est généralement classé au centre (voire au centre-droit) à cause de ses positions travaillistes ou sociales-libérales.
René Pleven fut le seul Président du Conseil issu de l'UDSR mais une des personnalités les plus connues de ce parti reste François Mitterrand, plusieurs fois ministres et qui deviendra Président de la République sous la Cinquième République (sous l'étiquette PS).
L'UDSR exista jusqu'en 1967 où elle se fondit dans la Convention des institutions républicaines, celle-ci ayant été elle-même intégrée au Parti socialiste en 1971.

[modifier] Le MRP
Logotype du MRP
Logotype du MRP

le Mouvement républicain populaire (MRP) est, comme l'UDSR, un nouveau parti issu des organisations de la Résistance. Ayant une idéologie chrétienne-démocrate de centre-droit, il sera plébiscité par les électeurs tout au long de la Quatrième République et participera ainsi au tripartisme (1946-1947) puis la troisième force (1947-1951).
Différents Présidents du Conseil furent ainsi issus du MRP, Georges Bidault, Robert Schuman (précurseur avec Jean Monnet de l'Europe) et enfin Pierre Pflimlin, dernier chef du gouvernement de la Quatrième avant le retour de De Gaulle et la création de la Cinquième République.
Le parti étant divisé sur la question algérienne, certain de ses membres rejoindront le gaullisme alors que d'autres fonderont le Centre démocrate, qui lui-même se fondra dans l'UDF en 1978.

[modifier] La droite

[modifier] Le RPF
La croix de Lorraine, symbole du gaullisme

Charles de Gaulle n'a pas de parti politique au lendemain de la Libération. Se rapprochant vers 1945 du MRP, il en diverge à propos des institutions à donner à la Quatrième République. Finalement, il démissionne du gouvernement et lance les bases d'une nouvelle politique dans son discours de Bayeux (1946) avant de créer un nouveau parti, le Rassemblement du peuple français (RPF) en avril 1947. Se voulant un parti au dessus des autres partis (De Gaulle était parti du gouvernement en 1946 en dénonçant le « régime exclusif des partis »), il va inventer les bases du gaullisme. Opposé dès sa création à la Quatrième République et à ses institutions, il sera l'un des deux partis, avec le PCF, à s'opposer à la troisième force (coalition gauche-centre-droite pro-Quatrième République). Le RPF réalise tout de même de bons résultats aux élections législatives (21,6% des voix aux élections de 1951) mais ne participa à aucun gouvernement. Dès 1952, des dissensions apparaissent dans le mouvement gaulliste. Certains élus soutiennent les prérogatives des élus CNIP, ce qui aboutit à plusieurs scissions successives. Essoufflé le RPF sera définitivement dissous en 1955. Ce n'est qu'en 1958 avec le retour de De Gaulle à la Présidence du Conseil qu'est créé un nouveau parti gaulliste, l'UNR.
Les personnalités emblématiques du RPF furent Jacques Chaban-Delmas ou encore Michel Debré.
Au cours de la Cinquième République le parti gaulliste changea beaucoup d'appellation (UNR, UNR-UDT, UDVe, UDR, puis RPR) avant de se fondre dans l'UMP en 2002. Certaines idées défendues par l'UMP (certain atlantisme, libéralisme) ne sont cependant pas très proches des idées du gaullisme original et de plus petits mouvements comme DLR tentent de conserver une ligne gaulliste-souverainiste.

[modifier] Le CNIP

La droite à la Libération est très fortement discritée car elle est assimilée à la Collaboration et au régime de Vichy. Quelques mouvements existent cependant, comme le PRL ou les Républicains indépendants, malgré un très faible score aux premières élections. En 1949 la plupart des courants de droite classique, lassés des alliances de centre-gauche (tripartisme), se regroupent dans un parti unique, le Centre national des indépendants (et paysans) (CNIP).
Ce parti va au long de la Quatrième République rester autour de 10-15% de l'Assemblée nationale et participera entre 1947 et 1951 à la troisième force. Le deuxième Président de la Quatrième République, René Coty, est issu du CNIP, de même que deux Présidents du Conseil, Antoine Pinay et Joseph Laniel.
Le CNIP existe encore sous la Cinquième République et a déclaré son soutien pour l'élection présidentielle de 2007 à Nicolas Sarkozy.

Jean-Marie Le Pen, élu député de l'UDCA-UFF à 27 ans, ici en 2007
Jean-Marie Le Pen, élu député de l'UDCA-UFF à 27 ans, ici en 2007

[modifier] L'UDCA

L'Union de défense des commerçants et artisans (UDCA) est à l'origine un syndicat créé par Pierre Poujade en 1953. Opposé aux impôts qui touchent alors commerçant et artisans, il défend une politique d'extrême droite (poujadisme). Profitant de la lassitude des français vis-à-vis des institutions de la Quatrième République qui se font succéder les gouvernements, l'UDCA devient vite populaire et obtient lors des élections de janvier 1956 plus de 11% des suffrages à travers l'Union et fraternité française (UFF), parti politique affilié à l'UDCA et dont le plus jeune député était Jean-Marie Le Pen, personnage important de la Cinquième République. L'UDCA resta un mouvement d'opposition et ne participa ainsi à aucun gouvernement.
Le mouvement poujadiste s'essouffle en tant que tel avec la fin de la Quatrième République en 1958 mais on peut retrouver des ressemblances politiques entre l'UDCA et certains partis d'extrême droite contemporains (FN, MNR).


[modifier] Les défis et les actions de la Quatrième République

[modifier] La reconstruction

Place de Falaise (Calvados), détruite lors de la Bataille de Normandie
Place de Falaise (Calvados), détruite lors de la Bataille de Normandie

Bien que nettement plus meurtrière pour la France, la Première Guerre mondiale n’avait principalement affecté que le Nord et l’Est de la France où les combats s’étaient déroulés. En comparaison la Seconde Guerre mondiale laisse le pays dans une situation économique désastreuse. Les destructions liées aux opérations militaires de 1940, aux sabotages de la résistance, aux représailles des allemands, aux bombardements alliés et à la libération ont touché trois fois plus de départements qu’en 1914-1918. Les réseaux de transports sont dévastés; la production industrielle et la production agricole se sont effondrées; certaines villes sont pratiquement rasées comme Le Havre qui est détruite a 80%.

carte de rationnement(1947) telle qu'en circulation en France entre 1945 et 1947
carte de rationnement(1947) telle qu'en circulation en France entre 1945 et 1947

Dans ces conditions, la reconstruction de l'infrastructure et de l'économie françaises sont à mettre au crédit de la Quatrième République qui parvient à rapidement ramener la croissance. Pendant cette période, la population française devra accepter un certain nombre de sacrifices pour en payer le prix : maintien du rationnement jusqu’en 1949, habitations en baraquements provisoires pour les 5 millions de français qui ont vu leur logement détruit, baisse du pouvoir d’achat, dévaluation du franc.

Dans les premiers mois suivant la libération la contribution des populations civiles est sollicitée afin de participer au déblaiement des villes détruites. Les réfugiés font appel à la solidarité familiale ou à celle de leurs voisins. Par la suite la planification gouvernementale (plan Monnet) prend le relais, financées par l’aide américaine à travers le plan Marshall qui apportera plus de 2,6 milliards de dollars au pays.

La priorité est donnée dans un premier temps à la reconstruction des infrastructures et à la remise en marche de l’appareil productif. Dans une deuxième phase la reconstruction des villes permit la mise en pratique des théories de l’urbanisme moderne à l’instar notamment de Le Corbusier et des concepts développés lors des congrès internationaux d’architecture moderne

Paradoxalement, l'instabilité gouvernementale n’aura que peu freiné cette œuvre de reconstruction. Les divers ministres, n'ayant qu'à peine le temps de se familiariser avec leurs dossiers avant la chute de leur gouvernement, laissent en fait l'essentiel de l'élaboration et l'exécution de la politique à leurs hauts fonctionnaires, lesquels agissent en général efficacement et dans la durée. C'est ainsi que la reconstruction des infrastructures nationales (électricité, chemin de fer, routes, téléphone, etc.) se sera effectuée à peu près aussi rapidement que dans les autres démocraties d'Europe de l'Ouest (Royaume-Uni, RFA).

[modifier] La recherche d'un régime politique stable

[modifier] Se situer dans un monde bipolaire - La création de la CEE

La fin de la Seconde Guerre mondiale marque également les prémices de la Guerre Froide. Au cours des années de la Quatrième République vont en effet émerger deux superpuissances rivales, les États-Unis et l'URSS. Ces deux pays vont tenter de rallier à eux et à leur modèle idéologique chacun des États du Monde et l'Europe est un des principaux enjeux de la Guerre Froide.
La France de la Quatrième République, ayant adhérée à l'OECE (en 1948 et afin de bénéficier du Plan Marshall) et à l'OTAN (1949) est placée de fait dans le bloc occidental, allié aux États-Unis. Cependant un fort sentiment national et souverainiste (renforcé par une propagande du PCF décrivant l'invasion américaine de la France, alors que des mouvement d'extrème-droite font de même vis-à-vis de l'URSS) va pousser les gouvernements successifs à envisager une certaine indépendance, même si la France restera toujours plus proche des USA que de l'URSS.

Tout d'abord en 1945 est créée par De Gaulle le commissariat à l'énergie atomique (CEA). Cette création marque le début de l'effort de constitution d'une force de frappe nucléaire française. Si cette recherche en armement, qui sera finalisée sous De Gaule au début des années 1960, est antérieure à la Quatrième République, c'est sous celle-ci que sont atteints les principaux palliers dans la constitution d'armes. Ceci marque un certain retour de la France au rang de puissance indépendante, puisque les bombes atomiques sont indépendantes de l'OTAN, ce qui rend la France plus autonome vis-à-vis des USA.

D'autre part dès 1951, la France organise les débuts d'une zone d'alliance continentale en Europe en organisant le traité de Paris qu'elle signe avec la RFA, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Belgique et l'Italie afin de créer la CECA. Six ans plus tard le Traité de Rome dessine les bases de l'actuelle Union européenne. Même si la CEE est présentée comme uje union de plusieurs pays alliés, il s'agit surtout de créer une aire de puissance supplémentaire pour la France. La France domine en effet cette CEE : le Benelux est dévasté par la Seconde Guerre mondiale et cumule peu d'habitants par rapport à la France alors que l'Italie et la RFA sont en quête de n'importe quel allié, n'ayant plus aucune crédibilité sur la scène internationalle à cause des régimes fascistes et nazis. Par cette union continentale la France de la Quatrième République réussit à se démarquer partiellement de la logique d'affrontement Est-Ouest et à retrouver quelque peu sa puissance passéeque la guerre avait détruite.

[modifier] La décolonisation et les guerres d'indépendances

[modifier] Guerre d'Indochine (1945-1954)

Image:Dien Bien Phu.JPG
Bataille de Dien Ben Phu
  • fin de la colonisation française en Indochine ;

La Quatrième République est marquée par les deux principales guerres de décolonisation qu'a connues la France : la guerre d'Indochine (1945-1954)

[modifier] Guerre d'Algérie (1954-1962)

[modifier] Chute de la Quatrième République

[modifier] Crises politiques

Une nouvelle crise gouvernementale plus grave que les autres a lieu le 15 avril 1958 avec la chute du gouvernement dirigé par Félix Gaillard. La crise se termina le 13 mai 1958 par l'investiture de Pierre Pflimlin pressenti le 8 et qui finit par accepter.

[modifier] Les incidents d'Algérie

Le même jour a lieu à Alger une émeute de Pieds-Noirs qui craignaient que Pflimlin, soupçonné d'être favorable à des négociations avec le FLN, ne « brade l'Algérie ». Des généraux y prennent part, comme Raoul Salan, qui « prend en main les destinées de l'Algérie française », et Jacques Massu. Le gouvernorat général à Alger est occupé par les activistes, un Comité "de salut public" institué, défiant l'autorité de la métropole. Ce comité est soutenu par une partie de l'armée, d'où sa force.

À partir du 15 mai le Comité — rencontré par des gaullistes, et très probablement influencé à faire cela — réclame le retour de de Gaulle, en qui ils voient probablement l'homme providentiel du 18 juin capable de sauver la situation. L'armée va jusqu'à menacer le gouvernement d'une attaque aéroportée en métropole. Trois pouvoirs s'affrontent alors : le Gouvernement Pierre Pflimlin, le Comité de salut public et de Gaulle, dont le poids moral est en France à cette époque immense. Le 15 mai de Gaulle se déclare «prêt à assurer les pouvoirs de la République».

[modifier] Le retour de De Gaulle - La création de la Cinquième République

Ainsi, le 27 mai 1958, de Gaulle déclare « J'ai entamé hier le processus régulier nécessaire à l'établissement d'un pouvoir républicain capable d'assurer l'unité et l'indépendance du pays » ; il demande par ailleurs aux force armées de ne prendre part à aucune manifestation.

Pierre Pflimlin, qui a rencontré secrètement de Gaulle en pleine nuit pour s'assurer de ses intentions (sans rien obtenir d'ailleurs), démissionne finalement le 28 mai 1958. Le président de la République René Coty appelle alors Charles de Gaulle à la présidence du Conseil, et, fait exceptionnel pour l'homme réservé qu'il était, menace de démissionner si de Gaulle n'est pas investit par l'Assemblée nationale. L'Assemblée nationale suit l'avis du président de la République, et investit effectivement le 1er juin le Gouvernement Charles de Gaulle par 329 voix contre 224 et 37 abstentions.

Le 3 juin est votée par l'Assemblée nationale et le Conseil de la République la loi constitutionnelle qui annonce une révision de la constitution de la IVe République, en dérogeant à la procédure de révision constitutionnelle. Une loi de pleins pouvoirs pour six mois est également votée.

Le projet de constitution est rédigé pendant l'été puis soumis au référendum le 28 septembre 1958. Il est adopté à une large majorité, instaurant la Ve République.



[modifier] Voir aussi


Constitutions
Textes
Régime politique
Constitution de 1791 texte Monarchie constitutionnelle
Constitution de l'an I - 1793 texte Ire République
Constitution de l'an III - 1795 texte Directoire
Constitution de l'an VIII - 1799 texte Consulat
Constitution de l'an X - 1802 texte Consulat à vie
Constitution de l'an XII - 1804 texte Ier Empire
Charte de 1814 texte Restauration
Acte additionnel de 1815 texte Cent-Jours
Charte de 1830 texte Monarchie de Juillet
Constitution de 1848 texte IIe République
Constitution de 1852 texte, IInd Empire
Lois constitutionnelles de 1875 texte IIIe République
Loi constitutionnelle de 1940 texte État français
Loi constitutionnelle de 1945 texte GPRF
Constitution de 1946 texte IVe République
Constitution de 1958 texte Ve République
voir aussi: Site source et Constitution

[modifier] Articles connexes

[modifier] Documentation externe

Bibliographie:

[modifier] Navigation

France - Formes de gouvernement successives depuis le Haut Moyen Âge

[modifier] Notes et références

  1. Voir l'article Chronologie de la Seconde Guerre mondiale
  2. ab D'après le Petit Larousse de l'histoire de France, de Pierre Bezbakh, éditions Larousse, 2004, 895 p., ISBN 2035053692
  3. D'après l'étude de Constantin Melnik, The House Without Windows, pour la RAND Corporation
  4. (de) Voir l'article en allemand « Siebzehnter Juni 1953 ».
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Histoire de France
1946-1958
Cinquième République

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