État libre de Fiume

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État libre de Fiume
1920 — 1922 (de facto) - 1924 (de jure)
Démocratie parlementaire
Drapeau
Carte montrant l'évolution de la région en 1919 (partie de la Hongrie), entre 1919 et 1923 (État indépendant) et après 1923 (partage entre Italie et Yougoslavie)
Carte montrant l'évolution de la région en 1919 (partie de la Hongrie), entre 1919 et 1923 (État indépendant) et après 1923 (partage entre Italie et Yougoslavie)

Traité de Rapallo 12 novembre 1920
Établissement 30 décembre 1920
Coup d'État 3 mars 1922
Accord de Rome Janvier 1924
Annexion italienne et dissolution 16 mars 1924
Annexion de la région par la Yougoslavie 11 décembre 1947

Capitale Fiume (actuelle Rijeka, en Croatie)
Langue(s) Italien
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Entité précédente
Régence italienne de Carnaro
Entités suivantes
Royaume d'Italie
Royaume des Serbes, Croates et Slovènes
RFP Yougoslavie


L’État libre de Fiume, aussi connu sous le nom d’État libre de Rijeka (en croate : Slobodna Država Rijeka ; en italien : Stato libero di Fiume) est un État indépendant qui a existé de 1920 à 1924 dans la ville de Fiume (aujourd’hui Rijeka, en Croatie) et la région alentour.

Sommaire

[modifier] Le contexte historique

L'autonomie de Rijeka remonte à 1719, lorsque la ville est proclamée port franc dans un décret promulgué par Charles VI d'Autriche. En 1779, au cours du règne de l'impératrice Marie-Thérèse, Rijeka acquiert le statut de corpus separatum. À partir de cette date, et jusqu'en 1924, Rijeka existe plus ou moins en tant qu'entité autonome, et dispose de certains attributs d'un État indépendant.

Elle perd cependant brièvement son autonomie en 1848, après avoir été occupée par le ban de Croatie Josip Jelačić, et la recouvre en 1868, lorsqu'elle rejoint le royaume de Hongrie, à nouveau en tant que corpus separatum.

Au XIXe siècle, Fiume est principalement peuplée d'Italiens, de Croates et de Hongrois. Les affiliations nationales varient d'un recensement à l'autre, le critère retenu pour déterminer la nationalité étant le plus souvent la langue parlée par la personne recensée. Le statut particulier de la ville, ainsi que sa localisation au carrefour de plusieurs États, contribuent à la formation d'une identité locale « fiumienne » dans laquelle se reconnait la majorité de la population. Les langues officielles en usage sont le hongrois et l'allemand, mais les correspondances commerciales se font généralement en italien, langue également parlée au quotidien par les habitants. Le dialecte populaire dit « fiumien » est une variante du vénitien. Aux environs de la ville, une partie des ruraux parlent un dialecte proche du croate.

[modifier] Une solution à un problème politique

Après la Première Guerre mondiale et l'éclatement de l'Autriche-Hongrie, le statut de Rijeka devient un enjeu majeur de la politique internationale. À l'apogée des tensions entre le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (futur royaume de Yougoslavie), les puissances alliées prennent position en faveur de la création d'un État tampon indépendant. Le président des États-Unis d'Amérique Woodrow Wilson, qui entend arbitrer le conflit opposant les Yougoslaves aux Italiens au sujet de la ville, suggère qu'on en fasse un État indépendant, qui pourrait éventuellement accueillir le siège de la Société des Nations.

Le désaccord au sujet de Fiume conduit à l'absence de statut clairement défini, et la ville change plusieurs fois de mains, passant de celles du Comité national yougoslave à celles du Comité national italien. Finalement, des troupes britanniques et françaises débarquent et prennent le contrôle de la ville. Le poète italien Gabriele D'Annunzio tire parti de cette situation confuse, et entre dans Fiume le 12 septembre 1919, à la tête d'un mouvement d'orientation anarcho-fasciste ; il gouverne pendant quinze mois. Après l'échec des négociations avec le gouvernement italien, D'Annunzio proclame la Régence italienne du Carnaro.

Le 12 novembre 1920, le royaume d'Italie et le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes signent le traité de Rapallo, par lequel les deux parties s'engagent à « reconnaître et à respecter éternellement la liberté et l'indépendance complètes de l'État de Fiume ». L'État libre de Fiume est donc officiellement créé, mais ne dure qu'un an de facto et quatre de jure. L'État est aussitôt reconnu par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni. D'Annunzio refuse de reconnaitre l'accord, et est expulsé de la ville par les troupes régulières italiennes au cours des derniers jours de décembre 1920 - appelés en italien Natale di sangue, Noël sanglant.

[modifier] La brève existence de l'État libre de Fiume

En avril 1921, les premières élections parlementaires ont lieu. Le Movimento Autonomista (Mouvement autonomiste), soutenu par la plupart des Croates, obtient 6 558 voix, tandis que le Blocco nazionale (Bloc national), composé de partis fascistes, libéraux et démocratiques, en reçoit 3 443. Le chef du Parti autonomiste, Riccardo Zanella, devient chef du gouvernement.

Cependant, le 3 mars 1922, un coup d'État fasciste renverse le gouvernement légal, qui doit se réfugier à Kraljevica. En janvier 1924, par l'accord de Rome, le royaume de Serbes, Croates et Slovènes reconnait l'annexion de la ville par l'Italie, qui prend effet le 16 mars - en fait, une petite partie du territoire de l'État libre est annexée par les Yougoslaves. Le gouvernement en exil de l'État libre de Fiume ne considère pas cet accord comme valide et continue ses activités.

[modifier] Après la Seconde Guerre mondiale

Avec la reddition de l'Italie fasciste, le problème de Rijeka se pose à nouveau ; en 1944, un groupe de citoyen publie le « Mémorandum de Liburnia », dans lequel ils recommandent la création d'un État confédéré regroupant les cantons de Rijeka, Sušak et Bistrica. Les îles de Krk, Cres et Lošinj devaient également faire partie de la nouvelle entité. De son côté, le président du gouvernement en exil, Zanella, souhaitait toujours la restauration de l'État libre.

Mais les autorités communistes yougoslaves, qui avaient libéré la ville de l'occupation allemande le 3 mai 1945, rejettent ces projets. En 1947, par le traité de Paris, Rijeka et l'Istrie sont officiellement intégrées à la République fédérale populaire de Yougoslavie.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien externe