Istrie

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Carte de l'Istrie
Carte de l'Istrie

L'Istrie (en croate et en slovène Istra, en italien Istria, anciennement Histria en latin) est une péninsule de l'Adriatique de forme triangulaire pointée vers le sud, attachée au continent par le nord-est. Sa superficie est de 2 820 km2. Son littoral commence au nord-ouest avec le golfe de Trieste, suit une ligne rectiligne nord-ouest/sud-est longue de 242,5 km jusqu'au cap Kamenjak où il s'infléchit et suit une ligne sud-ouest/nord-est longue de 212,4 km jusqu'à la baie de Kvarner. Son territoire est principalement compris dans la Croatie, dans une moindre mesure la Slovénie et l'Italie.

Sommaire

[modifier] Géologie et géographie

D’après sa situation géographique, l’Istrie est une région intermédiaire entre le massif alpin de l’Europe centrale et les Alpes dinariques et constitue de ce fait, le lien le plus direct entre la plaine de Pannonie et les régions méditerranéennes. La limite continentale se prolonge du golfe de Trieste, au nord-ouest jusqu’à Preluka dans le golfe de Rijeka (Fiume en Italie), au sud-est. Il existe trois régions différentes :

  • Au nord, la partie montagneuse de la Cicarija avec le mont Učka (1396 m), qui est reliée à la chaîne calcaire de la Dinara, qui elle-même se prolonge dans la direction du sud. Cette chaîne calcaire est une région isolée, déserte et pauvre en végétation, ce qui lui vaut le nom d’ « Istrie blanche » à cause de la couleur claire des roches.
  • L’Istrie, à proprement parler, donc la partie principale de la péninsule istrienne, s’étend entre la limite montagneuse Cicarija-Ucka et le bord de l’Adriatique au sud-ouest.
  • Le littoral d’Opatija est situé à l’est de l’Ucka, dans les environs du golfe de Rijeka. Bien protégée de l’influence rude du climat et de la Bora qui y souffle moins fort qu’autre part, cette région est propice au développement du tourisme balnéaire et est un des lieux les plus réputés de la côte Adriatique orientale.

[modifier] Climat et végétation

La partie calcaire du littoral est plateau, qui décline graduellement vers l’ouest, est recouverte d’une couche de terre rougeâtre qui a donné le nom d'« Istrie rouge » à cette région. Cette terre rougeâtre est cultivée, surtout dans la région de Puljstina qui est la plus étendue mais, bien que l'on soit à l’extrême sud de l’Istrie, les hivers y sont assez rigoureux à cause de la Bora. Outre les cultures méditerranéennes traditionnelles on y cultive des céréales. Sur le bord des côtes les hivers y sont moins rigoureux et les étés très chauds. On y trouve des vignobles, des champs cultivés, des oliviers et de belles forêts de chêne, de hêtres, de châtaigniers et de marronniers sur les versants de l’Ucka.

[modifier] Histoire

[modifier] Paléolithique et Néolithique

Des trouvailles paléolithiques faites dans la grotte de Sandalja à proximité de Pula, attestent la présence de l’homme dans cette région il y a 1 million d’années environ, prouvant ainsi le chemin parcouru par les populations humaines les plus anciennes venant d’Afrique. Dans cette grotte, l’époque supérieure (20.000 – 10.000 av.J-C) est bien représentée par un grand nombre de trouvailles, en particulier des bijoux travaillés dans les os ou des dents d’animaux. Des découvertes remontant au milieu du paléolithique, contemporaines de l’homme de Néandertal, ont été faites uniquement à Crni Kal près de Koper (Capodistria en Italien).

Pendant l’époque néolithique (6.000 – 2.000 av.J-C), l’homme s’adonnait à l’agriculture, à l’apprivoisement des animaux et à la fabrication d’outils ainsi que le montrent les poteries en céramique découvertes près de Pula, Kavran et Medulin en Croatie, ou encore des poteries décorées de coquillages et divers objets usuels. Les fouilles ont permis de découvrir le type d’habitations de l’époque et le mode de vie, surtout basé en bord de mer, sur la pêche et la culture (archipel des Brijuni). Plus de 2000 tombes ont été mises au jour, prouvant que l’Istrie a été une région ouverte jusqu’au début du règne de Rome (177 av. J-C).

[modifier] Age du bronze

Les premiers habitants, issus des tribus indo-européennes, s'installent : ce sont les Illyriens (Histres, Dalmates, Liburnes). Les Histres ont donné leur nom à la région. Elle est soumise en 178 av. J.-C. par les Romains, qui en font la Xe région romaine, puis par les Goths en 476. Elle devient possession de Byzance en 539 puis des Francs en 788.

[modifier] Moyen-âge

En 1060, elle est élevée au rang de margraviat autonome du Saint Empire romain germanique.

En 1420, elle passe sous l'autorité de la République de Venise jusqu'à la Révolution française.

[modifier] XIXe siècle

De 1806 à 1813, elle fait partie de l'empire napoléonien (Provinces illyriennes). Le maréchal Jean-Baptiste Bessières est fait duc d'Istrie par Napoléon Ier.

Après la chute de Napoléon, la péninsule est rattachée à l'Autriche.

En 1866, l'Italie s'allie à la Prusse en guerre contre l'Autriche. L'Italie subit une cruelle défaite navale près de l'île de Vis (Lissa pour les Italiens). L'Autriche n'en cède pas moins la Vénétie à l'Italie et la frontière se rapproche de Trieste et de l'Istrie.

Les deux composantes de l'Autriche-Hongrie (1867-1918) étaient séparées par une ligne douanière. Le Küstenland ou Pays Côtier relevait de l'Autriche et avait Trieste pour chef-lieu. Ce Kustenland regroupait le comté princier de Görz (Gorizia en italien, Gorica en slovène), Gradisca, et le margraviat d'Istrie ; les cartes de l'époque montrent que trois îles situées dans le golfe de Fiume (Veglia, Cherso et Lussino) appartenaient à l'Istrie. Il n'y avait pas continuité territoriale entre le Küstenland et la Dalmatie, laquelle relevait aussi de l'Autriche : la Hongrie possédait en effet un débouché maritime dont Fiume (les Hongrois utilisaient cette forme) était le port principal.

[modifier] XXe siècle

Après la Première Guerre mondiale, l'Autriche-Hongrie est démantelée et l'Istrie passe à l'Italie lors du traité de Rapallo, laquelle réussit peu après à annexer Fiume (Rijeka). L'Italie annexe également les îles de Cherso (Cres) et Lussino (Lošinj) tandis que la Yougoslavie annexe l'île de Krk (Veglia en italien). Les Italiens annexent en outre l'enclave de Zara (Zadar) sur la côte dalmate ainsi que l'île de Lagosta.

Après la Seconde Guerre mondiale l'Istrie est disputée entre l'Italie, qui ne garde au bout du compte (en 1954) que Trieste (ainsi coupée de son arrière-pays), et la Yougoslavie, qui annexe le reste. La région, au relief karstique riche en grottes et cavités naturelles, est le théâtre des massacres des foibe en mai et juin 1945, lesquels poussent la minorité italienne à se réfugier en Italie, comme l'évoque Marisa Madieri, femme de Claudio Magris, dans son livre 'Vert d'eau'.

La Slovénie et la Croatie, deux composantes (républiques) de la Yougoslavie fédérale (et communiste) deviennent indépendantes dans les années 1991-1992 en conservant les frontières yougoslaves internes de 1954 de l'Istrie (règlement de la question de Trieste) : la Slovénie dispose désormais d'un débouché sur la mer comprenant Koper (Capodistria en italien) et Piran (Pirano en italien). L'Istrie appartient donc maintenant presque complètement à la Croatie.

[modifier] XXIe siècle

La Slovénie intègre l'Union européenne en 2004. La frontière italo-slovénienne est ouverte le 21 décembre 2007 lors de l'adhésion de fait de la Slovénie au traité de Schengen. Trieste est donc « réunie » à son arrière-pays dont elle avait été séparée en 1944.

La candidature de la Croatie à l'Union européenne devrait supprimer à terme tout problème de frontières pour l'Istrie.

[modifier] Population

Les habitants de l'Istrie sont les Istriotes (appelés aussi les Istriens).

En 1910, 41,6 % des Istriotes parlaient croate, 36,5 % italien, 13,7 % slovène, 3,3 % allemand, 0,2 % roumain, et 0,5 % parlaient un autre langue. Depuis la seconde guerre mondiale, la composition ethnique a radicalement changé en faveur des Croates puisque selon les données du recensement fait en 2001 en Croatie le comitat d’Istrie est peuplé de 206 344 habitants. Parmi eux, 71,88 % de Croates, 6,92 % d'Italiens, 4,3 % d'Istriens, 3,2 % de Serbes et 1,49 % de Bosniaques.

On note la présence d'une minorité parlant un dialecte roman, apparenté au roumain et connu sous le nom d'istro-roumain.

Glas Istre, publié à Pula, est l'organe de presse principal.

[modifier] Statut de l’Istrie croate

Signalisation routière multilingue aux environs de Koper (Slovénie) : l'indication pour Pula (Croatie) est écrite en slovène, croate et italien, alors que les autres localités de l'Istrie ne sont affichées qu'en slovène et italien.
Signalisation routière multilingue aux environs de Koper (Slovénie) : l'indication pour Pula (Croatie) est écrite en slovène, croate et italien, alors que les autres localités de l'Istrie ne sont affichées qu'en slovène et italien.

En avril 2001, le ministère de la Justice, de l’Administration et des Collectivités locales a décidé de suspendre 10 dispositions du nouveau statut de la joupanie (comitat, c’est-à-dire région) d'Istrie : celles qui consistent à ajouter des noms italiens aux noms croates des villes et des communes en Istrie ; celles qui sont relatives à l’utilisation de la langue italienne ; celles qui introduisent le terme « istriotisme » comme expression de l’appartenance régionale.

L'IDS-DDI (parti démocrate d'Istrie, en croate Istarski Demokratski Sabor, en italien Dieta democratica istriana) réclame la régionalisation de la joupanie ou au moins un statut spécial pour l'Istrie. Le débat concerne également la ville de Rijeka/Fiume et ses environs.

[modifier] Économie

La région possède des gisements de charbon et de bauxite. Elle tire également des revenus du tourisme, et des industries du bois et agro-alimentaire.

[modifier] Villes istriennes

  • Umag (Umago en italien)
  • Buje (Buie en italien)
  • Motovun
  • Novigrad (Cittanova en italien)
  • Poreč (Parenzo en italien)
  • Pazin (Pisino en italien)
  • Rovinj (Rovigno en italien)
  • Labin (Albona en italien)
  • Vodnjan (Dignano en italien)
  • Pula (Pola en italien)
  • Labin (Albona en italien)

[modifier] Bibliographie

  • (it) Benussi, Bernardo. L' Istria nei suoi due millenni di storia. Treves-Zanichelli. Trieste 1924.

[modifier] Liens externes