Vulgate

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La Vulgate, du latin Vulgata, vulgaire au sens de « commune », dénomination qui serait due à Roger Bacon, est la traduction de la Bible en latin réalisée en grande partie par Jérôme de Stridon au début du Ve siècle, et reconnue comme « authentique » par l'Église catholique lors du concile de Trente.

Prologue de l'évangile de Jean, Vulgate clémentine
Prologue de l'évangile de Jean, Vulgate clémentine

Sommaire

[modifier] Mise en oeuvre de la traduction

Au IVe siècle, les traductions latines des textes de la Bible, réalisées à partir de la version grecque et caractérisées, à l'origine, par leur littéralisme (elles seront désignées par la suite sous le terme générique de Vetus latina, vieille latine ; il en existe deux types de variantes : africaine, la plus ancienne, et européenne) finirent par devenir fort diverses en qualité et en précision à cause de la multiplication des manuscrits ; c'est pourquoi le pape Damase commanda à Jérôme une version plus uniforme et plus fidèle. Jérôme commence la traduction du Nouveau Testament en 382 et celle de l'Ancien Testament en 385. Faisant face à des difficultés d'interprétation, Jérôme se rendit alors en Palestine pour consulter les docteurs juifs, spécialistes du texte hébreu. Son désir le plus cher était de retrouver la veritas hebraica par delà l'héritage grec. Il lui faudra plus de quinze ans pour mener son travail à bien. Il achève son œuvre en 405.

Cette façon de recourir aux traditions rabbiniques pour établir le texte de la Bible chrétienne a été désapprouvée à son époque, par exemple par Rufin et Augustin d'Hippone qui pensaient qu'il fallait suivre la Septante[1], selon l'usage des Églises issues des milieux juifs hellénisés et païens, devenu prédominant dans le christianisme après la prédication de Paul.

[modifier] Le travail de Jérôme

Pour les Évangiles, la Vulgate reprend la révision qu'en a faite Jérôme, à Rome, entre 382 et 384. La traduction est ici faite sur des manuscrits grecs. Tous les autres livres du Nouveau Testament ne doivent rien à Jérôme. Leur révision latine est attribuée de façon très vraisemblable à des contemporains de Jérôme, le cercle Pélagien de Rome, dont Rufin le Syrien qu'il avait bien connu à Bethléem.

Le Psautier de la Vulgate est le psautier dit « gallican », parce que très utilisé en Gaule, révision attribuée à Jérôme . Elle a été effectuée à Bethléem sur la base du texte grec de la Septante d'Origène. La traduction effectuée sur le texte hébreu par ce même Jérôme, est postérieure et n'a jamais fait l'objet d'une utilisation liturgique. Elle ne s'est donc pas imposée lors de l'édition réalisée à Tours au IXe siècle, par Alcuin.

Jérôme n'a généralement pas traduit les textes que la tradition catholique nomme deutérocanoniques, à l'exception des livres de Tobie et de Judith à partir du texte de la Septante origéenne, puisque ces livres ne font pas partie du canon hébraïque. En conséquence, la traduction latine de ces autres textes absents de la Bible hébraïque : Sagesse, Siracide, les deux livres des Maccabées, Baruch ne doit rien à Jérôme et reflète d'anciennes versions d'inégale valeur. Tous les autres textes de l'Ancien Testament ont été traduits par Jérôme sur un texte hébreu très proche du texte massorétique, à Bethléem entre 392 et 405.

[modifier] La Vulgate, texte de référence

Dès le VIIIe siècle, les copies manuscrites recommencent à s'écarter du texte de Jérôme. C'est Alcuin, abbé de Saint-Martin de Tours qui, sur la demande de Charlemagne effectue un travail de restauration, qui sera mené à son terme par Théodulfe, evêque d'Orléans. Gutenberg, l'inventeur des caractères mobiles, réserva à la Bible latine de Jérôme l'honneur d'être le premier livre imprimé (1456).

Confrontée à la montée de la Réforme protestante qui a favorisé la diffusion du texte biblique auprès d'un large public, l'Église catholique ressent la nécessité de réaffirmer sa doctrine. Sur décision du Concile de Trente (1545-1563), un statut d'« authenticité » incontestable est donné à la version de saint Jérôme en 1546 :

«  Le sacro-saint synode [...] dispose et déclare que cette édition ancienne de la Vulgate qui a déja été approuvée dans l'Eglise par le long usage de tant de siècles, doit être tenue pour authentique dans les lectures, disputes, prédications et exposés publics. »
    — Denzinger 1506, Décret touchant l'Edition & l'usage des Livres Sacrés, IVe session du concile de Trente

La Vulgate ne fait référence que d'un point de vue doctrinal et dans l'usage public de l'Église latine :

« Si le concile de Trente a voulu que la Vulgate fût la version latine « que tous doivent employer comme authentique », cela, chacun le sait, ne concerne que l'Église latine et son usage public de l'Écriture, mais ne diminue en aucune façon - il n'y a pas le moindre doute à ce sujet - ni l'autorité ni la valeur des textes originaux... Cette autorité éminente de la Vulgate ou, comme on dit, son authenticité, n'a donc pas été décrétée par le concile surtout pour des raisons critiques, mais bien plutôt à cause de son usage légitime dans les Églises, prolongé au cours de tant de siècles. Cet usage, en vérité, démontre que, telle qu'elle a été et est encore comprise par l'Église, elle est absolument exempte de toute erreur en ce qui concerne la foi ou les moeurs... Une authenticité de ce genre ne doit pas être qualifiée en premier lieu de critique, mais bien plutôt de juridique. »
    — Pie XII, Encyclique Divino Afflante Spiritu

En 1593, une version révisée est publiée, la Vulgate sixto-clémentine.

La Vulgate est aujourd'hui encore la version de référence dans l'Église latine, après une révision promulguée en 1979 par Jean-Paul II : la Néo-Vulgate.

[modifier] Annexes

[modifier] Notes et références

  1. Voir l'article « La Bible latine : de la Vetus latina à la Néo-Vulgate » de Pierre Gandil dans Résurrection n°99-100

[modifier] Texte

[modifier] Bibliographie

  • P.-M. Bogaert, La Bible latine des origines au Moyen Age. Aperçu historique, état des questions, Revue théologique de Louvain, 19, 1988, 137-159.

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes