Roger Bacon

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Roger Bacon (1214 - 1294), surnommé doctor mirabilis (docteur admirable) en raison de sa science prodigieuse, philosophe et alchimiste anglais, considéré comme le père de la méthode scientifique.

Sommaire

[modifier] Biographie

Roger Bacon est né à Ilchester, dans le Somerset en Angleterre, en 1214. Il entra chez les Franciscains en 1240. Ayant étudié à Oxford et à Paris, il se fixa à Oxford, enseignant en particulier Aristote.

Il se livra avec ardeur à l'étude de toutes les sciences connues de son temps, surtout de la physique et acquit bientôt une instruction fort supérieure à son siècle. Quelques-uns de ses confrères, jaloux de son mérite et irrités de ce qu'il avait censuré leurs mœurs dissolues, l'accusèrent de sorcellerie : quoiqu'il eût écrit lui-même contre la magie, il fut condamné et passa dans les cachots la plus grande partie de sa longue vie. À l'avènement du pape Clément IV, qui l'avait en grande estime, il retrouva la liberté en 1265, mais après la mort de ce pape éclairé, il resta en butte à de nouvelles persécutions et fut enfermé à Paris, pendant dix ans, dans le couvent des Franciscains. Il ne sortit de prison que peu d'années avant sa mort.

On lui doit d'ingénieuses observations sur l'optique (il eût l'idée de la trichromie) et la réfraction de la lumière ; une réflexion sur l'arc-en-ciel - dont il mesure l'ouverture angulaire : 42° et recense les variantes : rosée, fontaines, prismes - qui prend position pour la vision de Robert Grossetête plutôt que celle d'Ibn al-Haytham, ainsi qu'une description de la chambre noire.

On lui a parfois attribué l'invention de la poudre à canon, celle des verres grossissants, du télescope, de la pompe à air et d'une substance combustible analogue au phosphore ; on trouve en tout cas dans ses écrits des passages où ces diverses inventions sont souvent décrites avec une bonne précision.

Il proposa dès 1267 la réforme du calendrier, sans avoir eu connaissance des travaux antérieurs d'Omar Khayyam.

Son plus grand mérite enfin est d'avoir renoncé à la méthode purement spéculative et d'avoir conseillé et pratiqué lui-même l'expérience. Cependant, bien que cela puisse surprendre, il pratiqua l'alchimie et s'intéressa à l'astrologie. Disparu mystérieusement des chroniques en 1292, sa fin est de celles qui commencèrent le mystère concernant l'immortalité des alchimistes. Un des frères franciscains de Bacon fut un médecin très célèbres, astrologue, alchimiste, frère catalan du nom d'Arnaud de Villeneuve, auteur du Rosarium philosophorum. Villeneuve inspira deux autres grands alchimistes franciscains, Raymond Lulle et Jean de Rupescissa.

[modifier] Son œuvre

Les œuvres de Bacon ont pour but l'intuition de la vérité, c'est-à-dire la certitude scientifique, et cette vérité à atteindre est pour lui le salut. La science procédant de l'âme est donc indispensable. Le moyen de cette recherche est l'expérience, car en éprouvant la vérité, elle la révèle. Ainsi, seule l'expérience est-elle source de certitude dans le domaine scientifique. Cette expérience se fait par l'autorité des savants et le raisonnement spontané qui se tient au contact des choses. Bacon rejette ainsi les raisonnements purement abstraits qui sont stériles pour l'avancement des sciences.

Roger Bacon a créé la science expérimentale en faisant de l’expérience la seule source de connaissance scientifique.

Cette expérience, qui unit ce qui est pensé et ce qui est senti, constitue la certitude scientifique. Mais cette certitude n'aurait encore aucune assurance, aucune immuabilité, si elle n'était aidée d'une illumination divine et intérieure.

Roger Bacon n'accorde pas autant d'importance que ses contemporains à la foi pour la recherche de la vérité dans le domaine scientifique. Pour lui, la connaissance du divin et la révélation ne peuvent pas entrer en conflit avec la connaissance de la nature.

Roger Bacon comprit avant d'autres qu'Aristote avait commis quelques erreurs à propos des phénomènes naturels, ce qui ne l'empêcha nullement d'intégrer la pensée d'Aristote, ainsi que celle de Platon, qu’il considère comme pères de l’Église dans l’histoire de la religion.

Il critique la théologie de son temps sur les aspects scientifiques. Il fut persécuté car il remettait en cause l’équilibre entre foi et raison, à l’avantage relatif de la raison. Pour lui, la seule sagesse est celle des livres. [réf. nécessaire]

Roger Bacon a dénoncé les Croisades, qu'il concevait comme une entreprises de domination sur des peuples : plutôt que de massacrer les « infidèles », il aurait fallu leur prêcher l'Évangile. [réf. nécessaire] Mais il constata alors que personne à son époque n'avait encore étudié de façon systématique les langues et les croyances des peuples à atteindre.

Roger Bacon est considéré comme l'un des auteurs possibles du manuscrit de Voynich, un ouvrage chiffré qui n'a pas livré tous ses secrets à ce jour et dont la paternité reste controversée.

Roger Bacon est l'un des précurseurs de la Renaissance. Il inspira Auguste Comte qui, dans le prisme des idées du XIXe siècle, interpréta son œuvre d'une façon peut-être réductrice et partiale.

[modifier] Publications

Roger Bacon a laissé des écrits sur presque toutes les parties de la science. Ses principaux ouvrages sont :

  • l' Opus Majus (publié par Samuel Jebb, Londres, 1733, in-ful.), qu'il adressa au pape Clément IV, et où il s'était proposé de rassembler toute sa doctrine; il en fit deux refontes successives sous les noms d' Opus Minus et d' Opus tertium (ces deux ouvrages n'ont été publiés qu'en 1860, à Londres, par J. S. Brewer).

Dans ses œuvres, Opus Majus, Opus Minus et Opus Tertium, il se dégage de l'autorité en matière de théologie ainsi que de sciences.

Il a écrit :

  • Epistola de secretis operibus naturae et artis et de nullitate maguae, Paris, 1542
  • De retardandis senectutis accidentibus, Oxford, 1590, et plusieurs traités d'alchimie, dont le principal est le Speculum alchemicum.

Girard de Tournus a traduit en français, 1557, l'Epistola de secretis sous ce titre : De l'admirable pouvoir de l'art et de la nature et le Miroir d'alchimie.

On doit à Émile Charles : R. Bacon, sa vie, ses ouvrages et ses doctrines, 1862.

[modifier] Bibliographie : textes

  • Anheim (Etienne), Grevin (Benoît), Mortard (Martin), Exégèse judéo-chrétienne, magie et linguistique : un recueil de notes inédites attribuées à Roger Bacon, in : Archives d'histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age 68 (2001), 95-154.
  • Libera (Alain de), Les summulae dialectices de Roger Bacon, I-II. De termino, De enuntiatione, in : Archives d'histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age 53 (1986), 139-289.
  • Libera (Alain de), Les summulae dialectices de Roger Bacon, III. De argumentatione, in : Archives d'histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age 54 (1987), 171-278.

[modifier] Bibliographie : études critiques et commentaires

  • Roger Bacon and the sciences / ed. Jeremiah Hackett. Leiden : Brill, 1997. (Studien und Texte zur Geistesgeschichte des Mittelaters ; 57). ISBN 90-04-10015-6.
  • Hackett (Jeremiah), Maloney (Thomas S.), A Roger Bacon Bibliography, New scholasticism 61 (1987), 184-207.
  • Lindberg (David C.), Science as handmaiden : Roger Bacon and the patristic Tradition, Isis 78 (1987), 518-536.
  • Maloney (Thomas S.), The extreme realism of Roger Bacon, Review of metaphysics 38 (1985), 807-837.
  • Lindberg (David C.), On the Application of mathematics to nature : Roger Bacon and his predecessors, British Journal for the History of Science 15 (1982), 3-25.
  • Delorme (G.), article Roger Bacon, in : Dictionnaire de Théologie catholique (Paris 1932), vol. 2, p. 8-31.

[modifier] Source partielle

« Roger Bacon », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions] (Wikisource)

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