Église (institution)

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L’Église (du grec ekklesia, l'assemblée du peuple ; le mot se trouve déjà dans la Septante pour traduire l'hébreu qahal - parfois traduit aussi par sunagoge synagogue - l'assemblée au sens Profane ou la communauté de Dieu) peut désigner une communauté chrétienne locale, puis par extension à partir du IIIe siècle, le bâtiment où elle se réunit, aussi bien que l'ensemble des croyants (Église universelle), ou l'institution qui les regroupe.
Il faut donc bien distinguer église, lieu de culte, et Église, communauté ou institution, en employant une majuscule pour la seconde uniquement[1].

Le mot Église est quelquefois également employé pour des mouvements non chrétiens. Il est notamment très utilisé aux États-Unis d'Amérique où les associations qui portent le nom d'« Églises » bénéficient d'avantages fiscaux.

En sociologie, le mot désigne toute institution de croyance indépendamment du sens chrétien.

Sommaire

[modifier] Organisation des communautés

Les institutions ecclésiastiques organisant les fidèles du christianisme ne sont pas toutes centralisées et ne l'ont pas toujours été à l'image de ce qu'on peut voir de nos jours par exemple dans le christianisme occidental.

Au début du christianisme, les assemblées se tienent dans des maisons, ceci au moins jusqu'au IIIe siècle [2]. Ils suivaient un maître, un peu selon le modèle des écoles pharisiennes ; le souvenir s'en transmet par l'invocation d'un apôtre à l'origine de telle ou telle église régionale (Pierre pour les occidentaux, Marc pour les coptes d'Égypte, Thomas pour les chrétiens d'Inde et certaines églises syriaques). Avec le nombre vint l'organisation dont les actes des apôtres donnent plusieurs exemples dont celui-ci :

« Les Actes des Apôtres donnent une description des pratiques de l’Église primitive : « Régulièrement et fidèlement, les croyants écoutent l’enseignement des apôtres. Ils vivent comme des frères et des sœurs, ils partagent le pain et ils prient ensemble. Les apôtres font beaucoup de choses extraordinaires et étonnantes, et les gens sont frappés de cela. Tous les croyants sont unis et ils mettent en commun tout ce qu’ils ont. Ils vendent leurs propriétés et leurs objets de valeur, ils partagent l’argent entre tous, et chacun reçoit ce qui lui est nécessaire. Chaque jour, d’un seul cœur, ils se réunissent fidèlement dans le temple. Ils partagent le pain dans leurs maisons, ils mangent leur nourriture avec joie et avec un cœur simple. Ils chantent la louange de Dieu, et tout le peuple les aime. Et chaque jour, le Seigneur ajoute à leur communauté ceux qui sont sauvés. » (Ac 2, 42s ; traduction Parole de Vie) »

Au IVe siècle, au moment de la crise arienne, on repère des organisations comprenant épiscopes et presbytres plus ou moins importantes en Orient (Nicomédie puis Constantinople, Césarée-Antioche, Tyr, Alexandrie, Rome, Cordoue). Chacune d'entre elle est indépendante des autres comme le montre la convocation de Constantin pour le concile de Nicée faite à toutes les églises.

La Pentarchie ou 5 gouvernements repère les Églises métropoles bénéficiant d'un staut spécial. Ce sont Constantinople, Césarée-Antioche, Alexandrie, puis Rome et plus tard Jérusalem.

Jusqu'au VIIIe siècle[3], l'empereur décide[4] de la convocation des conciles et de l'application du droit ecclésiastique ou droit canonique tandis que les fidèles et les prêtres puis les prêtres seulement, puis les prêtres et les autres évêques élisent l'évêque.

[modifier] En Orient

à compléter'

[modifier] En Occident

La situation change en Occident à partir de la dotation d'un temporel à l'évêque de Rome par Charlemagne.

[modifier] Selon l'Exégèse canonique catholique

[modifier] L'Église primitive ou communauté

Sur l'expression « Église primitive », voir Christianisme ancien.

L'Exégèse canonique de l'Église catholique affirme que Jésus de Nazareth a institué cette Église par une parole fondatrice : « Et moi, je te dis que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. » (Mt 16, 18 ; traduction Segond) Au départ, l'organisation des communautés locales est surtout centrée sur les anciens (Presbyteroi). D'autres fonctions apparaissent très vite, notamment les diacres, au service de la charité, et les épiscopes (surveillants). Les fonctions se spécialisent, notamment le ministère de la prédication. L'Épître aux Éphésiens énumère quatre ministères : Apôtres, Pasteurs, Diacres et Docteurs. L'épiscopat monarchique apparaît constitué à la fin du Ier siècle (Ignace d'Antioche), une hiérarchie se met en place, évêques, anciens, diacres...

Paul emploie le mot eklesia pour désigner des communautés locales (2 Co 11,8) aussi bien que « toute l'Église  » (Rm 16, 23). Il développe une théologie où elle est « corps du Christ » unifiée par l'Esprit (1 Co 12s ; Rm 12, 4-8), « épouse du Christ » (Ep 5, 23s), « temple » (Ep 2,20-22) ; dans ce cas, Paul parle de l'assemblée et non de l'institution.


[modifier] L'Église institutionnalisée

Dans les Évangiles, le Christ demande à ses apôtres de faire des disciples « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 18-20).

Dans le catholicisme, le baptême peut être donné aux jeunes enfants, selon une tradition ancienne née de sa nécessité pour le salut (Jn 3,5) mais qui trouve peut-être une confirmation scripturaire dans la pratique de baptiser toute une famille (Ac 16, 15 et 33 ; 1 Co 1-16). Mais l'engagement véritable est constitué par la confirmation (du baptême), et la profession de foi.

Dans le courant évangélique, le baptême n'est donné qu'aux adultes professants, le baptême marque l'engagement véritable pour suivre la voie du Seigneur.

Dans l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours on administre le baptême de repentance (voir Marc 1:4 ; Luc 3:3). Il faut avoir au moins huit ans pour recevoir ce sacrement. Le baptême est accompli par immersion. Il est suivi du don du Saint-Esprit (confirmation) par l'imposition des mains de quelques anciens (voir Actes 8:17 ; 19:5-6).

[modifier] L'Église universelle et apostolique

L'Église catholique romaine se dit universelle parce que les enfants de Dieu de tous les pays et de tous les milieux en font partie (Ac 2, 47 ; 9, 31) et qu’elle comprend également tous les rachetés déjà recueillis auprès du Seigneur (Heb 12, 22-23) ; si elle est en un sens invisible, elle est en même temps visible, car elle est incarnée sur la terre dans les membres vivants et agissants des églises locales, dont le monde doit constater l’amour fraternel, remarquer les bonnes œuvres, et entendre le fidèle témoignage (Jn 17, 21 ; 1 Pi 2, 12 ; Ph 2, 15-16).En ce sens, elle est multitudiniste.

L'Église[5] revendique une légitimité spécifique de la Parole de Jésus à l'apôtre Pierre, dans l'évangile de saint Matthieu : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église... Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux » (Mt 16, 15-19).[6]. Cette phrase est rappelée dans le premier message du pape Benoît XVI au terme de la concélébration eucharistique avec les cardinaux électeurs dans la chapelle Sixtine, le mercredi 20 avril 2005. Celui qui croit et confesse comme Pierre est le fondement de l'Église.

La mission confiée par le Christ à ses apôtres continue à être exercée dans l'Église jusqu'à la fin des temps.

Dans le catholicisme, le sacerdoce est le garant de cette mission grâce au sacrement de l'Ordre : l'Ordre comporte trois degrés : l'épiscopat, le presbytérat, et le diaconat. Le mot Ordre désignait, dans l'antiquité romaine, les corps constitués au sens civil[7], surtout le corps de ceux qui gouvernent. (Voir : Sacrement de l'Ordre).

[modifier] Gouvernance dans l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours ou Mormons

Dans l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, le sacerdoce compte deux subdivisions principales : la prêtrise d'Aaron et la prêtrise de Melchisédek. Douze grands prêtres forment le collège des douze apôtres. Le président de l'Église, ses conseillers et les Douze sont considérés comme prophètes, voyants et révélateurs. Voir article détaillé : Prêtrise (mormonisme).

[modifier] Annexes

[modifier] Articles connnexes

[modifier] Bibliographie

  • H. Skard, J. Palard, J.M. Woerling, J.F. Husson, J. Mahiels, P. Gaudin, F. Burchianti, X. Itçaina, N. Tietze, A. Anwar, C. Chivers, B. Pearce, A. Moniak-Azzopardi H. Skard, J. Palard, J.M. Woerling, J.F. Husson, J. Mahiels, P. Gaudin, F. Burchianti, X. Itçaina, N. Tietze, A. Anwar, C. Chivers, B. Pearce, A. Moniak-Azzopardi, Des Dieux dans la ville – Le dialogue interculturel et religieux au niveau local, Éditions du Conseil de l’Europe, 13 mars 2008. « Les croyances et les confessions religieuses occupent une place croissante à tous les échelons de l'espace public. Parce qu'elles commandent ainsi de plus en plus la construction et l'affirmation d'identités plurielles, les pouvoirs publics se doivent d'en tenir le plus grand compte dans la définition des régies démocratiques et l'organisation du “vivre ensemble” ».

[modifier] Notes et références

  1. Banque de dépannage linguistique - Église
  2. Maurice Sachot, l'invention du Christ, naissance d'une religion, Odile Jacob
  3. Marcel Simon Le Judaïsme et le Christianisme antique, d'Antiochus Epiphane à Constantin. PUF. et Yves-Marie Hilaire Histoire de la Papauté,
  4. Paul Veyne, Quand notre monde est devenu chrétien (312-394)
  5. Dans ce chapitre, « l'Église » est mise pour Église catholique apostolique et romaine
  6. Passage notoirement interpolé pour deux raisons qui ne sont visibles que dans la langue originale, le grec : l'une tient à la grammaire, plus précisément au cas du mot ekklesia suivant la préposition qui ne devient un usage standard qu'au IIIe siècle, l'autre tient à la sémantique : le verbe grec signifiant bâtir ne s'emploie que pour la maçonnerie (Lidell-Scott major), or, les églises « bâtiment pour le culte » n'existent que de puis le IIIe siècle. Par ailleurs, ce verset [hapax]] ne se trouve que dans Matthieu et est présent dans tous les codex contenant le passage, ce qui montre une recopie récente. Enfin, le IIIe siècle est l'époque où débute l'épiscopat monarchique à Rome qui se réclame de Pierre.
  7. Ordre sénatorial, ordre équestre, plèbe