Trotskisme en France

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En France, plusieurs groupes (à peu près une vingtaine) et trois organisations se réclament du trotskisme.

Sommaire

[modifier] Historique

Léon Trotsky est expulsé d'Union soviétique en 1929 et s'installe en Turquie, puis en France où la Ligue communiste de France est fondée. En 1933, la moitié des membres (35) de celle-ci sont exclus et forment l'Union communiste (mouvement non trotskiste[1]). Les trotskistes se retrouvant à moins d'une quarantaine pour toute la France en tirent la conclusion qu'ils « ne peuvent devenir une force sérieuse dans le mouvement ouvrier » et ne peuvent construire une IVe Internationale qu'en entrant « avec audace, rapidité et unanimité » dans le Parti socialiste. Ce faisant, il ne font que suivre les directives de Léon Trotsky de se fondre dans le Front unique PCF-PS :

« Le Front unique des PS et PC renferme en soi de grandioses possibilités. Si seulement il le veut sérieusement, il deviendra demain le maître de la France, mais il doit le vouloir. La clef de la situation est maintenant dans le Front unique. » (Léon Trotsky, 9 septembre 1934)

Ainsi, les débuts du trotskisme en France sont marqués par des rapprochements et des ruptures avec d'autres partis, comme la Section française de l'Internationale ouvrière ou le Parti socialiste ouvrier et paysan qui en est issu (ancien courant « Gauche révolutionnaire » de la SFIO).

Après avoir fondé en France la Quatrième Internationale en 1938, Léon Trotsky est assassiné au Mexique en 1940.


Les trotskistes français se perdent dans la guerre entre stratégie d'entrisme dans les mouvements collaborationnistes et résistance internationaliste par un travail envers les soldats de la Wehrmacht (« derrière chaque soldat allemand se trouve un travailleur allemand »). Si les deux principaux partis et quelques groupuscules se retrouvent à la Libération dans le PCI, un groupuscule (quatre puis sept personnes) dirigé par David Korner refuse de s'y joindre, qui sera le précurseur de Lutte ouvrière (LO).

En 1946, la « tendance Chaulieu-Montal » (Cornelius Castoriadis-Claude Lefort) du Parti communiste internationaliste (PCI) se constitue et prend le nom de « Socialisme ou Barbarie », avant de rompre avec le PCI deux ans plus tard. En 1952, c'est la séparation entre les lambertistes de Pierre Boussel (qui mènera au Parti des travailleurs) et le PCI, qui sera influencé par mai 1968 pour mener à la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). En 1975, une des tendances de la LCR rejette l'électoralisme de l'organisation, ainsi que son analyse de l'URSS. Elle rompt avec la LCR et constitue l'Union ouvrière qui évoluera vers des positions proches de l'ultra-gauche.

La fin du XXe siècle voit une notoriété importante du porte-parole de LO (Arlette Laguiller), et le début du XXIe siècle celui de la LCR (Olivier Besancenot). Ces deux organisations font même liste commune aux élections régionales de 2004. Au tournant du siècle, la LCR prend plusieurs positions issues de l'Altermondialisme (antinucléaire, anti-OGM, etc.)

x Ligue communiste de France (1930- 1934, rejoint la SFIO)
│
├─> x Parti communiste internationaliste (Raymond Molinier) (non reconnu par Léon Trotsky, 1936 - 1943)
│   │
│   └─> Comité communiste internationaliste (1943 - 1944)
│
└─> x Parti ouvrier internationaliste (exclus de la SFIO en 1936 - 1944)
    │
    ├─> x Parti communiste internationaliste IVe Internationale (fusion entre le CCI et le POI, 1944 - 1969)
    │   │ 
    │   │   Jeunesse communiste révolutionnaire (exclue du PCF 
    │   │    et de l'UEC, 1966 - 1969)        
    │   │                                                                                                                                              
    │   ├─> x Parti communiste internationaliste - Secrétariat Unifié (pabliste) (1952-1969)  
    │   │   │                                                                      
    │   │   └─> x Ligue communiste (fusion des deux précédents, 1969 - 1973)   
    │   │       │
    │   │       └─> x Ligue communiste révolutionnaire (1974 - ...)
    │   │           │
    │   │           ├─> x Ligue trotskiste de France (1975 - ...)
    │   │           │   │
    │   │           │   └─> Ligue pour la quatrième Internationale (1998 - ...)
    │   │           │   
    │   │           ├─> x Jeunesses communistes révolutionnaires (1979- ...)
    │   │           │   │    
    │   │           │   ├─> x Jeunesses communistes révolutionnaires - Égalité (1989 - 1993)
    │   │           │   │   │  
    │   │           │   │   ├─> Gauche révolutionnaire (1993 - ...)
    │   │           │   │   │   
    │   │           │   │   └─> x  Jeunesses communistes révolutionnaires - Égalité sociale (1993 - 1994, forme les JCR-RED avec les JCR - Autre chose, voir plus bas)
    │   │           │   │       │
    │   │           │   │       └─> Jeunesses communistes révolutionnaires Red (1994 - ...)
    │   │           │   │    
    │   │           │   └─> x Jeunesses communistes révolutionnaires - Autre chose (1989 - 1994 )
    │   │           │       │
    │   │           │       └─> Jeunesses communistes révolutionnaires Red (1994 - ...)
    │   │           │       
    │   │           ├─> x Socialisme international (influencé par le Socialist Workers Party anglais, 1982 - 1997)
    │   │           │   │
    │   │           │   ├─> Gauche ! (1997 - 2002, rejoint la Ligue communiste révolutionnaire, voir plus haut)
    │   │           │   │
    │   │           │   └─> Socialisme par en bas (1997 - 2004, rejoint la Ligue communiste révolutionnaire, voir plus haut)
    │   │           │
    │   │           └─> Unité et révolution (2002, rejoint le Parti des travailleurs, cf infra)
    │   │
    │   │
    │   └─> x Organisation communiste internationaliste courant « lambertiste », 1952 - 1981)
    │       │
    │       ├─> x Parti communiste internationaliste « lambertiste » (1981 - 1985)
    │       │   │
    │       │   ├─> x Mouvement pour un parti des travailleurs (1985 - 1991)
    │       │   │   │
    │       │   │   └─> x Courant communiste internationaliste du Parti des travailleurs (1991 - dissous dans le Parti ouvrier indépendant, 2008)
    │       │   │       │
    │       │   │       ├─> Groupe communiste révolutionnaire internationaliste (2002 - ...)
    │       │   │       │
    │       │   │       ├─> x Groupe La Commune (1992 - ...)
    │       │   │       │   │
    │       │   │       │   └─> Groupe socialiste internationaliste (1992 - ...)
    │       │   │       │
    │       │   │       └─> Parti ouvrier indépendant (2008 - ...) - référence au trotskisme non encore dégagée
    │       │   │
    │       │   ├─> x Comité pour le redressement politique et organisationnel du Parti communiste internationaliste (1984 - 1987)
    │       │   │   │
    │       │   │   └─> x Comité pour la construction du Parti ouvrier révolutionnaire, pour la reconstruction de la IVe internationale (1987 - 1991)
    │       │   │       │
    │       │   │       └─> x Comité pour la construction du Parti ouvrier révolutionnaire, la construction de l’Internationale ouvrière révolutionnaire (1991 - 1997)
    │       │   │           │  
    │       │   │           └─> x Cercle pour la construction du Parti ouvrier révolutionnaire, de l'Internationale ouvrière
    │       │   │               │
    │       │   │               ├─> ? (1999 - ...)
    │       │   │               │
    │       │   │               └─> Groupe bolchevik (2001 - ...)
    │       │   │
    │       │   └─> Groupe trotskiste pour la reconstruction de la IVe Internationale (1986 - ...)
    │       │
    │       └─> Groupe bolchévique-léniniste (1955 - fin des années 1950), rejoint le Parti socialiste unifié
    │
    │
    ├─> x Union communiste (1939 - 1950)
    │   │
    │   └─> x Voix ouvrière (1956 - 1968)
    │       │
    │       └─> x Union communiste (trotskiste) : Lutte ouvrière (1968 - ...)
    │           │
    │           └─> x Voix des travailleurs (1997 - 2001, rejoint la Ligue communiste révolutionnaire, cf infra)
    │
    ├─> Pouvoir ouvrier (1994 - 2003) - section française de la Ligue pour une Internationale communiste révolutionnaire puis Ligue pour la cinquième Internationale
    │
    ├─> Ligue communiste (influencé par le Socialist Workers Party, 1999 - ...)
    │
    └─> Fraction trotskyste pour la Quatrième internationale (France) (section française de la Fraction trotskyste - Stratégie internationale

[modifier] Formations importantes

[modifier] D'autres formations

Mais aussi une nébuleuse d'agrégats minuscules ne représentant au total que peu de militants :

  • Amis de l'Égalité. Groupe se rapprochant de la mouvance libertaire.
  • Carré rouge, collectif marxiste animé par l'économiste François Chesnais
  • Combattre pour le Socialisme (CPS) - Cercle pour la construction du parti ouvrier révolutionnaire. Le cercle édite le bulletin « CPS », fondé par Stéphane Just
  • Combattre pour le Socialisme (CPS) - Comité pour la construction du parti ouvrier révolutionnaire
  • Le Comité Communiste Internationaliste-Trotskyste ou CCI-T issu de CPS qui édite le bulletin Combattre pour en finir avec le capitalisme
  • Le Groupe Bolchevik qui édite le bulletin Révolution socialiste
  • Le Groupe communiste révolutionnaire internationaliste (CRI) qui édite le journal le CRI des travailleurs
  • Le Groupe socialiste internationaliste (GSI), animé par Antonio Gusmann, section française de la Ligue internationale des travailleurs (LIT) qui publie L'Internationaliste.
  • Le Groupe La Commune, fondé par Pedro Carrasquedo et Alexis Corbière
  • La Gauche révolutionnaire, fondée par Raymond Debord
  • La Ligue trotskiste de France, édite le journal Le Bolchévik et est connue pour sa défense inconditionnelle de l'URSS. La LTF est la section française de la Ligue communiste internationale (International Communist League, Fourth Internationalist), surtout présente aux États-Unis.
  • Prométhée (dans la mouvance du PCF)
  • Liaisons (dans la mouvance du PS)
  • La Riposte. Formation marxiste indépendante dont les idées et orientations ont néanmoins trouvé des points d'appui dans le PCF et le MJC. La Riposte soutient le PCF aux élections, encourage la participation active au parti, mais critique le caractère « réformiste » de son programme actuel. Son influence dans le parti est marginale.
  • Le Militant. Bulletin et site internet trotsko-luxemburgiste qui dispose d'une certaine audience dans le PCF et le PS. Militant a une assise significative dans les milieux ouvriers immigrés maghrébins et malien en région parisienne.

L'ensemble des mouvements trotskistes en France représenterait un total d'environ 12500 adhérents, dont la plus grande partie sont à la LCR et à LO. Le trotskisme représente depuis une dizaine d'années un phénomène politique qui se retrouve dans les urnes avec un potentiel de 4 à 10 % des votants.

Parmi les phénomènes sociaux et politiques susceptible de développer les idées trotskistes (augmentation du nombre d'adhérents, score aux élection), on trouve la défection d'adhérents du PC, consécutive à la chute de l'URSS, le climat néolibéral dénoncé par les militants révolutionnaires, très actifs dans le paysage social, mais aussi par certains syndicats, mouvements altermondialistes, associations diverses (DAL, AC !, etc.), milieu universitaire, etc.

[modifier] Références

  1. À ne pas confondre avec l'Union communiste fondée par Barta en 1939
  2. Les chiffres mentionnés dans cette page sont les chiffres traditionnellement donnés par les journaux.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • Robert Barcia, La Véritable Histoire de Lutte ouvrière, Denoël, 2003.
  • Jean-Jacques Marie, Le Trotskysme, 1977
  • Jean-Jacques Marie, Le Trotskysme et les trotskystes, Armand Colin, 2002
  • Daniel Bensaïd, Les Trotskysmes, PUF, 2001.
  • Olivier Besancenot en collaboration avec François Sabado, Révolution, 100 mots pour changer le monde, Gallimard, 2003.
  • Frédéric Charpier, Histoire de l’extrême gauche trotskiste. De 1929 à nos jours, Éditions n°1, 2002, 402 p.
  • Daniel Erouville, Qui sont les trotskystes (d'hier à aujourd'hui), L'Harmattan, 2004.
  • Christophe Nick, Les Trotskistes, Fayard, 2002, 380 p.
  • Jacques Roussel, Les Enfants du prophète, Paris, Spartacus, 106p.