Toilette

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Une toilette.
Une toilette.

Les toilettes désignent les « lieux d'aisance » conçus pour permettre aux personnes de se soulager de leurs déjections corporelles telles que l'urine, la matière fécale et le vomi.

Le terme « toilettes » désigne les appareils sanitaires et/ou la pièce dans laquelle elles sont installées. De manière générale, elles désignent un système où les déjections sont évacuées avec de l'eau vers un égout ou une fosse septique. Un système plus rudimentaire (comme un simple trou dans le sol) est appelé « feuillée » (en langage militaire notamment) ou « latrine ». On parle également de toilette sèche lorsqu'il n'y a pas de chasse d'eau et que les excréments sont réutilisés pour faire du compost.

Dans une maison, les toilettes sont aujourd'hui placées dans une pièce dédiée ou dans une salle de bains. Elles étaient souvent autrefois extérieures ; les toilettes sont aussi une composante du système d'assainissement.

Comme d'autres modes françaises des années 1680, le mot « toilette » était employé dans de nombreux pays, et désignait à l'origine les objets de coiffure et de soin du corps disposés sur une table à habiller couverte de tissu et de dentelle, sur laquelle se tenait un miroir qui pouvait également être drapé de dentelle : l'ensemble était une toilette.

Le mot toilette a été adopté par euphémisme pour « water closet » depuis l'expression « salle de toilette », bien que « powder room » (salle à poudre) puisse être employée de façon pudique ou euphémistique aujourd'hui. Ce changement était lié à l'introduction des toilettes publiques (comme dans les trains) qui nécessitaient une indication sur la porte. L'utilisation originale est devenue indélicate et a en grande partie été remplacée par la table à habiller. Des vestiges du sens original sont reflétés dans des termes comme les articles de toilette et l'eau de toilette. Le mot « toilettes » lui-même peut être considéré comme impoli dans certaines régions, et ailleurs employé sans embarras.

En France, on dit couramment les toilettes (au pluriel), alors qu'en Belgique francophone on dit plutôt la toilette (au singulier). On dit aussi les « cabinets », les « latrines », les WC, ou les « vécés » (prononcé « wécés » en Belgique francophone). Au Québec, on utilise indistinctement la toilette ou les toilettes, bien que les expressions salle de bain et salle de toilette soient aussi utilisées.

En argot, on parle de chiottes. L'expression « cabinet de toilette » désigne plutôt la salle de bains. « WC » est l'abréviation de l'anglais water closet, mais cette expression est inusitée dans les pays anglophones, où l'on parle avec euphémisme de rest room (« salle de repos », surtout aux États-Unis; mais quand on parle de l'appareil lui-même il est dit "water closet").

En se rapportant à la salle ou à l'équipement de plomberie, le mot toilette est souvent remplacé par d'autres euphémismes (et dysphémismes) comme salle de bains, commodités, la selle, nécessaire, salle des messieurs ou des dames, la plus petite pièce ou le petit coin, le trône ou la salle de trône, salle de toilette, chambre à l'eau (de l'anglais, W.C. ou « water closet ») ou cabinet d'aisance.

L'origine de « loo » (l'euphémisme britannique) est inconnue, mais on le soupçonne de venir de « Gardy loo! », une corruption de « gardez l'eau », l'expression qui a servi d'avertissement aux passants quand des pots de chambre et d'autres réceptacles de rebut se vidaient d'une fenêtre sur la rue, pratique courante avant que les villes aient des réseaux d'égouts.

Sommaire

[modifier] Toilettes publiques

La dernière vespasienne de Paris, située boulevard Arago.
La dernière vespasienne de Paris, située boulevard Arago.

Les toilettes publiques peuvent être individuelles ou collectives.

Quand les toilettes sont collectives, elles présentent des boxes fermés par des cloisons individuelles, ainsi que des lavabos dans un secteur séparé, où typiquement d'autres personnes du même sexe sont présentes, mais parfois totalement mixtes.

Les équipements réservés aux hommes ont souvent des urinoirs séparés, fixés au mur conçus pour un utilisateur seul, ou un bassin ou une cuvette pour l'usage collectif. Des urinoirs fixés au mur sont parfois séparés par de petites cloisons pour préserver l'intimité, c'est-à-dire pour masquer la vue des parties génitales de l'utilisateur.

À Paris, elles étaient dénommées vespasiennes, ou encore tasses dans l'argot homosexuel, et ne présentait que des urinoirs. Elles apparaissent en 1834 par la volonté du préfet de la Seine, le comte Claude-Philibert de Rambuteau. Raillé par l’opposition, qui a bien vite baptisé l’édicule « colonne Rambuteau », ce dernier lance l’expression « colonne vespasienne », en mémoire de l’empereur Vespasien, à qui l’on avait attribué l’établissement d’urinoirs publics, à Rome. Les sobriquets se multiplient. « “Les édicules Rambuteau” s’appelaient des pistières. Sans doute dans son enfance n’avait-il pas entendu l’o, et cela lui était resté. Il prononçait donc ce mot incorrectement mais perpétuellement » (Marcel Proust, Le Temps retrouvé, p. 749). Contemporains de Proust, des homosexuels du 16e arrondissement utilisaient le terme codé de baies, plus chic que l’argotique tasses, d’autres, plus populaires, les avaient baptisées Ginette. Celui de pissotière, en référence au « trou dans la muraille d’un navire pour laisser s’écouler l’eau de surface », est resté.

La fin de la gratuité des toilettes publiques parisiennes fut votée par le Conseil de Paris le 28 janvier 1980, et les quatre premières sanisettes payantes furent construites, et un contrat de concession de ces sanisettes (marque déposée en 1980) entre la Mairie de Paris et la société JC Decaux fut signé en 1991.

Toilettes payantes

Quelques toilettes publiques peuvent être utilisées gratuitement, mais d'autres exigent un paiement. Celui-ci peut être réalisé de plusieurs façons :

  • dépôt sur un plat sans surveillance,
  • dépôt dans une boîte avec une fente,
  • dépôt dans la fente d'un tourniquet ou d'un ressort porte,
  • via un préposé, communément appelé Dame-pipi qui est souvent également responsable du nettoyage.

L'utilisation des toilettes publiques payantes est à l'origine de l'euphémisme britannique pour la miction, « to spend a penny » (dépenser un sou).

Dans beaucoup de gares et de stations de bus, des toilettes payantes ont été installées pendant les années 1950 et 1960, mais nombre d'entre elles ont été supprimées par la suite en raison du vandalisme sur le mécanisme des monnayeurs.

Toilettes publiques séparées par sexe

La séparation par sexe est si caractéristique des toilettes publiques que des pictogrammes symbolisant un homme ou une femme sont employés pour les distinguer. Ils ont parfois été critiqués pour perpétuer des stéréotypes.

Les toilettes publiques séparées par sexe sont une source de difficulté pour certains, par exemple, les personnes accompagnées d'enfants du sexe opposé ou des hommes s'occupant de bébés quand seule la salle de toilette réservée aux femmes a été équipée d'une table à langer prévue pour le changement de couche culotte.

Il est souvent difficile de négocier les toilettes publiques séparées par sexe pour les transgenres ou les personnes androgynes, qui sont souvent sujettes à l'embarras, au harcèlement, voire à des problèmes avec la police. Des personnes transgenre ont été arrêtées pour l'usage non seulement des salles de bains qui correspondent à leur genre d'identification, mais également de ceux qui correspondent au genre qu'elles ont été assignées à la naissance.

Un certain nombre de bâtiments ont des toilettes publiques additionnelles de genre neutre. On en trouve également (mais rarement) dans les institutions homosexuelles ou transgenres et dans les universités ; plus souvent ces toilettes existent pour une raison différente — elles sont marquées, pas pour être pour des femmes ou des hommes, mais pour les personnes handicapées, et sont en juste proportion équipées pour permettre aux personnes se déplaçant en fauteuil roulant de les employer.

Un autre problème soulevé est celui du nombre insuffisant des toilettes pour femmes. En effet, les architectes prévoient habituellement une superficie et un nombre de cabines égal pour les deux sexes, alors que les hommes utilisent moins les cabines que les femmes. Par ailleurs les femmes passent en moyenne plus de temps dans les toilettes que les hommes, allongeant encore les temps d'attente. Certains lieux publics aux États-Unis et en Chine en tiennent compte et attribuent les cabines selon un rapport H/F variant de 2/3 à 1/5 selon le lieu.[1]

Les toilettes des logements privés ne sont pratiquement jamais séparées par sexe.

Toilette d'un Boeing 747.
Toilette d'un Boeing 747.

Toilettes aux transports en commun

On trouve habituellement des toilettes dans les avions et les aéroports, dans les trains (sauf le cas de trains à parcours limité, du type trains de banlieue) et les gares, souvent dans les autobus interurbains et les bacs, mais pas dans les métros, ni dans les trams et les autobus urbains.

Dans les trains, les toilettes traditionnelles évacuent directement les déjections sur la voie, d'où la notification qui apparaît dans beaucoup de toilettes de train : « SVP, n'utilisez pas les toilettes lorsque que le train est à l'arrêt ». Dans les trains modernes, les toilettes sont équipés de WC chimiques qui font l'objet de vidange dans les stations d'entretien des gares terminus.

Dans les avions, du fait de la pressurisation, les eaux usées sont stockées durant le vol et sont évacuées lors de l'atterrissage par des camions destinés à cet effet.

Les toilettes publiques dans l'Histoire

Toilettes antiques à Ostie.
Toilettes antiques à Ostie.

Les toilettes sont apparues très tôt dans l'Histoire. En 2500 avant J.-C., les habitants de Harappa en Inde ont eu des toilettes fonctionnant par eau dans chaque maison, liées par des drains couverts de briques d'argile cuite. Il y avait également des toilettes en Égypte et en Chine ancienne.

Icône de détail Article détaillé : Hygiène sous la Rome antique.

Dans la Rome antique, les toilettes faisaient parfois partie des bains publics, lieux généralement mixtes. Les vespasiennes, premières toilettes publiques payantes, furent inventées par l'empereur romain Vespasien (9-79) en vue de collecter l'urine (alors utilisée par les teinturiers et blanchisseurs) ainsi qu'un impôt. Moqué pour ces économies de bouts de chandelles, il aurait répondu que « l'argent n'a pas d'odeur ». (pecunia non olet) Cette phrase est par la suite devenue un proverbe.

L'invention de la toilette à chasse d'eau est attribuée à l'Anglais John Harrington en 1596.

C'est seulement après les améliorations apportées pendant l'ère victorienne (dues probablement à Alexander Cummings plutôt qu'à Thomas Crapper comme c'est généralement rapporté) que les toilettes ont été plus largement utilisées.

Toilette dite « à la turque », en Indonésie.
Toilette dite « à la turque », en Indonésie.

Avant et pendant cette période de transition (qui s'est prolongée jusqu'au XXe siècle dans certaines régions), beaucoup de gens ont employé les « bécosses » extérieures (ce mot joual vient de l’anglais « back house ») en particulier dans des régions rurales. Ce mot est encore utilisé aujourd'hui dans la langue familière, au Québec, bien qu'il soit considéré impoli.


[modifier] Toilettes dans le monde

Toilettes extérieures amish.
Toilettes extérieures amish.

Les formes et dispositions des toilettes varient selon les pays et les cultures, notamment en raison des habitudes de défécation : la posture varie (assise ou accroupie), de même que la méthode de nettoyage anal (avec du papier toilette, de l'eau, ou des objets divers) et l'attitude fécophile ou fécophobe (qui influence l'utilisation ultérieure des excréments).

Allemagne et Hongrie

En Allemagne, ainsi qu'en Hongrie, on utilise plus volontiers la cuvette à fond plat, qui évite les projections et qui permet d'examiner les fèces à la recherche d'éventuelles anomalies ; accessoirement, cela permet aussi de pratiquer beaucoup plus facilement des tests de recherche du cancer du côlon.

Japon

Les toilettes japonaises actuelles sont connues pour leurs fonctionnalités avancées, qui peuvent inclure un jet d'eau de lavage, une commande électronique, une ventilation, etc.

Bidonvilles

Dans les bidonvilles où l'assainissement est souvent défectueux, le terme de « toilettes volantes » décrit l'utilisation de sacs plastiques pour la défécation, jetés au hasard une fois la nuit tombée.

[modifier] Divers

[modifier] Notes et références

  1. China.org.cn 27-4-2006 Nouvelles règles taiwanaises Les toilettes publiques de Shanghai China.org.cn 11-2005

[modifier] Voir aussi

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[modifier] Articles connexes


[modifier] Liens externes

Documentaire: