Pudeur

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Les longueurs de jupes appropriées selon le Harper's Bazaar en 1868 : vers le milieu de l'époque victorienne, une jupe se portait aux genoux à quatre ans et pratiquement aux chevilles à seize
Les longueurs de jupes appropriées selon le Harper's Bazaar en 1868 : vers le milieu de l'époque victorienne, une jupe se portait aux genoux à quatre ans et pratiquement aux chevilles à seize

La pudeur est un phénomène éminemment social, à dimension à la fois individuelle et collective.

Sommaire

[modifier] Philosophie et sociologie

Pour le philosophe, la pudeur est à la fois un droit et une convention.
Un droit assimilé à celui de la protection de la vie privée de l'individu : chacun a droit au respect de sa pudeur.
Divers philosophes, sociologues et auteurs (dont Kundera) montrent que derrière l'idée de transparence, comme derrière celle d'une pudeur imposée peut régner le totalitarisme. La pudeur est une dimension de la psychée précocement construite par l'éducation, importante pour l'insertion sociale. C'est aussi un vécu subjectif, fortement lié au sentiment de honte sur laquelle jouent, consciemment ou non, de nombreuses religions, sectes, forces de l'ordre, ou encore les auteurs de torture.
Via le fantasme ou le retour du refoulé, certains y voient une dimension importante de la sexualité « La pudeur est le parfum de la volupté ; la satiété est l'arôme du dégoût. Et la pudeur accroît la volupté, comme la satiété l'écœure » (André Suarès, dans « Voici l'homme »)

[modifier] Variations dans l'espace, dans le temps et selon les sociétés ou groupes sociaux

[modifier] « Tribus primitives »

La pudeur semble pouvoir prendre de nombreuses formes et cibles, généralement orientées vers le corps, le sexe et les fonctions excrétoires. Elle existe au sein de la tribu primitive, où le regard peut indiquer que l'individu s'est comme retiré en lui-même, quand bien même son corps nu reste à la vue de tous. En forêt tropicale chaude et humide, vivre nu présente de nombreux avantages, en particulier en réduisant le risque de mycoses. La tribu peut vivre dans une maison commune, les enfants peuvent parfois avoir une activité sexuelle partagée précoce, dans le Ghotul en Inde par exemple, mais il est fréquent que les adultes s'isolent à l'extérieur de la maison commune pour faire l'amour, sans d'ailleurs que la motivation de cet isolement soit nécessairement identique à la définition commune de « pudeur ». Il est également fréquent que les enfants aillent nu mais qu'à l'âge adulte ou après les cérémonies d'initiation de l'adolescent, le port du pagne ou d'un vêtement devienne la règle.

[modifier] Des Grecs et Gaulois anciens à la culture occidentale

Les gaulois ont un rapport à la nudité, à la sexualité et à l'érotisme différents et le concept de pudeur, ne s'installera que beaucoup plus tard . D'ailleurs à l'antiquité certains Grecs et Gaulois se battaient nus.

Icône de détail Article détaillé : Sexualité des Gaulois.

Dans l'Europe du Moyen Âge on se baignait nu et sans complexes dans la mer ou les rivières, on couchait nu avec toute la maisonnée, et souvent dans un même lit valets compris.

Mais avec l'Inquisition, et le retour d'une religion qui veut cacher la sexualité, jusque sur les tableaux et fresques où des voiles pudiques sont ajoutés pour cacher les sexes. Malgré quelques expressions libertines, une vague prude gagne l'Europe bourgeoise au XVIIIe, consacrée au XXe siècle avec l'apparition du bidet, des toilettes (WC) et la salle de bain qu'on peut verrouiller de l'intérieur, privatisant des gestes jusque-là publics : Certains voient là la naissance de l'intimité. Certains mouvements hippies, libertaires, de mai 1968, et le naturisme ont cherché à casser une forme de pudeur qu'ils jugeaient excessive. Le naturisme contemporain accorde néanmoins une grande importance à la notion de la pudeur, qui s'exprime par le regard et l'attitude, et non plus par le fait de cacher telle ou telle partie du corps qui serait "honteuse".

La pudeur serait donc la volonté de soustraire à la vision d'autrui un certain nombre d'actes, de présentation de soi et éventuellement de pensée, en s'isolant de l'espace public, par des moyens variés et variant selon les époques, les lieux et les individus.

[modifier] Culture musulmane

Dans la culture musulmane, le terme awra désigne toute chose restée à découvert ou toute partie du corps que l’être humain cache par pudeur et faisant partie de sa vie privée, car la pudeur est considérée comme "une branche de la foi".

C’est le même sens qu’on trouve dans le Coran, sourate Al Ahzab, verset 13 : «Certains d’entre eux demandaient au Prophète la permission de se retirer: «Nos maisons sont restées à découvert (awra) et sont menacées ».

Cette notion d’intimité est citée dans le Coran, sourate al a‘raf, verset 26 : « O fils d’Adam ! Nous vous avons octroyé l’usage des habits pour couvrir vos nudités ainsi que de riches parures ».

Il existe entre deux aspects de la awra aussi bien pour l’homme que pour la femme, à couvrir pour la prière et à couvrir en temps normal.

En ce qui concerne la prière, on distingue la awra majeure dite moghalladhah (La partie du corps qui, si elle se découvre, le croyant doit absolument refaire sa prière) et la awra mineure dite moukhaffaffah ( La partie du corps qui, si elle se découvre, le croyant doit refaire la prière pendant l’heure qui lui est fixée).

1 - La awra à couvrir pour la prière:

awra majeure

Pour l'homme : L'appareil génital et les fesses

Pour la femme : la partie située entre le nombril et le genou.

awra mineure

Pour l'homme : La partie située entre le nombril et le genou (la awra majeure étant couverte).

Pour la femme : Tout son corps à part le visage et les mains.

2 - La awra à couvrir en temps normal

2-1: Pour l'homme:

La partie située entre le nombril et le genou.

2-2: Pour la femme:

En présence d'une femme musulmane : Entre le nombril et le genou.

En présence d'une femme non musulmane : Entre le haut de la poitrine et le genou.

En présence d'un mahram (avec qui elle ne peut pas se marier)* : Entre le haut de la poitrine et le genou.

En présence d'un musulman non mahram : Tout son corps à part le visage et les mains.

En présence d'un non musulman : Tout son corps à part le visage et les mains.

[modifier] Psychologie

Dans les contextes socioculturels où elle est valorisée, la pudeur apparaît (plus ou moins consciente) chez l'enfant de 3 à 5 ans. Alors qu'il usait auparavant sans honte d'une sexualité autoérotique, parfois assimilée à de l'exhibitionnisme mais qui était déjà pratiquée dans le ventre maternel, il prend peu à peu conscience que ces actes de plaisir ne sont pas admis, en tous cas en public. Il est contraint d'apprendre à cacher sa sexualité, qui devient éventuellement une source durable de honte (selon la réponse éducative). Alors qu'il construit ensuite une sexualité adolescente puis adulte, il explore les notions complexes d'esthétique, de bien-être, de plaisir, de désir, de morale, d'amour, en développant des rapports éventuellement ambigus d'attirance et/ou dégoût pour son propre corps et celui des autres, et tout particulièrement pour ce qu'on lui a appris le plus à cacher ; les organes génitaux (qui ont été durant quelques décennies couramment qualifiés de « parties honteuses ») les seins, les poils (longtemps censurés au japon). L'adolescent et l'adulte prennent plus ou moins conscience de leur pudeur, refoulent tout ou partie de l'autoérotisme infantile, jusqu'à en faire une barrière solide qui prendra tout son sens lors de l'adolescence. Cette barrière lui servira à contrôler sa nouvelle sexualité, toujours en usant de la pudeur.

On distinguera la pudeur corporelle de la pudeur verbale ; cette dernière se trouve être le point de mire du psychiatre qui invite son patient "sur le divan" à être le plus totalement impudique verbalement, à se dévoiler le plus possible.

[modifier] Voir aussi

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