Brique (matériau)

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Production traditionnelle (Afrique du Sud)
Production traditionnelle (Afrique du Sud)
Le sol d'une allée en briques
Le sol d'une allée en briques

La brique est un parallélépipède rectangle de terre argileuse crue et séché au soleil ou cuite au four, utilisé comme matériau de construction. L'argile est souvent mêlé de sable.

On distingue différent types de briques :

  • brique de terre crue (qui peut aussi contenir des fibres (pailles, lin, crin..),
  • brique cuite pleine matériau traditionnel très ancien,
  • brique cuite creuse, inventée au XIXe siècle, plus légère et isolante qui est de nos jours de loin la plus utilisée,
  • brique de chanvre, trés bon isolant thermique
  • brique non gélive,
  • brique réfractaires, pour la construction des fours, chaudières, foyers, cheminées, etc.

La brique pleine peut être laissée apparente ou être employée comme matériau de parement, tandis que la brique creuse, qui présente l'avantage d'être plus légère et plus isolante, est généralement enduite.

La ville de Toulouse doit son surnom de « ville rose » à l'utilisation généralisée de la brique apparente dans la plupart des constructions. Le monument de briques le plus remarquable de France est la cathédrale Sainte-Cécile d'Albi (Tarn).

Sommaire

[modifier] Histoire

La brique émaillée était déjà connue dans la Mésopotamie antique
La brique émaillée était déjà connue dans la Mésopotamie antique

L'origine de la brique remonterait à 7 000 ans avant J.C. dans la région du Tigre et de l'Euphrate. Son utilisation se généralise au IIIe millénaire comme matériau de construction avec la sédentarisation de l'Homme. La nécessité de se protéger de façon durable des intempéries et des prédateurs impose à l'Homme de trouver un matériau dur et résistant. De plus, la brique est facilement réalisable à partir d'argile ou de terre. Les premières maisons en brique ont été découvertes en Irak puis en Mésopotamie et son usage s'étend rapidement dans tout le Moyen-Orient[1].

Pendant longtemps, la brique (appelée « adobe ») était moulée puis séchée au soleil. Ainsi, elle permettait de monter des habitations ou des monuments comme la pyramide d'Amenemhat III. Mais elle restait fragile et ne résistait pas aux intempéries. Les hommes découvrent que la brique laissée au soleil devient plus dure et donc plus résistante. La cuisson de la brique est expérimentée 2500 avant J.-C. en Mésopotamie et dans la vallée de l'Indus[2]. La cuisson permet de réaliser des constructions plus importantes. En Assyrie et en Grèce, la cuisson de la brique permet de créer des frises et de réaliser des briques émaillées. Au XVe siècle, le nord de l'Italie devient maitre dans cet art avec la décoration des habitations et des monuments avec des frises, des guirlandes et des festons.

En 1830, Auguste Virebent dépose un brevet d'invention d'un système de presse de brique. C'est le début de l'industrialisation de la brique. Il met au point aussi une invention dénommée « plinthotomie » qui était une machine agissant comme un emporte-pièce pour découper diverses formes sur la glaise fraîche. Cette technique permet de s'affranchir de sculpteur et d'industrialiser sa fabrication[3].

Avec la révolution industrielle, des briqueteries se regroupent et forme de véritables usines. Des fours à charbons permettent de créer des fours plus grands et les grandes cheminées de briques deviennent des éléments caractéristiques de ces briqueteries. Toulouse devient une ville importante de la brique avec plus de 170 briqueteries[4]. Aujourd'hui, les briqueteries ont pratiquement disparu. L'après-guerre marque le remplacement de la brique par le béton et l'acier.

[modifier] Fabrication

L'extraction de la terre nécessaire à la fabrication de brique était faite à partir de puits rudimentaires, de mines ou de carrières. Avant la mécanisation, les hommes arrachaient l'argile à l'aide de fers à plats. Une fois l'argile extraite, un travail de broyage permet d'affiner la matière première. Ensuite, l'ajout d'eau en grande quantité permet d'obtenir une pâte homogène à la plasticité voulue. Le pétrissage, autrefois au pied et désormais avec de puissantes machines, permet d'éliminer les derniers cailloux. Cette préparation de l'argile se termine par une phase de pourrissage durant laquelle la terre glaise se « repose »[5].

Son façonnage se fait grâce à un moule en bois dont les bords et le fond sont ensablés pour que la glaise n'adhère pas. Un morceau de glaise est déposé dans le moule, puis égalisé. La surface est égalisée et arasée de son excédent à l'aide d'un archet ou d'une plane humide. Le tout est démoulé et déposé sur une grille pour aller au four. Ce travail manuel forme des briques caractéristiques. Aujourd'hui, ce travail est industrialisé et permet d'obtenir différents tailles de briques parfaitement identiques. Un système de coupes automatique produit des briques à partir de boudins de glaise. La brique subit ensuite une série de séchage qui éviteront les fissures et les éclats lors de la cuisson[6].

[modifier] Positionnement par rapport à d'autres matériaux de construction

Route Päwesin-Riewend pavée de briques, dans le Brandebourg, Allemagne
Route Päwesin-Riewend pavée de briques, dans le Brandebourg, Allemagne

Après s'être trouvé en perte de vitesse sur le marché de la construction, boudée au profit du bloc de béton face auquel la brique souffrait d'une image de matériau du pauvre, la brique retrouve depuis peu ses lettres de noblesse grâce à des innovations récentes. Ainsi, en 15 ans, la brique est passée de 4% à plus de 20% du marché des constructions neuves[réf. nécessaire].

La principale innovation est la brique dite "à joint mince". Ces briques ont des dimensions très régulières (tolérance de l'ordre du mm) qui permettent de les monter très facilement. L'assemblage ne se fait plus avec du mortier, mais avec un simple joint d'une colle spéciale.

La brique creuse peut être caractérisée par son effet de résonateur qui permet de diminuer l'influence acoustique si cette dernière est proche de la fréquence de résonance proprement dite. C'est-à-dire que le matériau vibre sous une gamme de fréquence acoustique bien définie d’où une perte d’énergie liée à ce mouvement. L'isolation acoustique est d’autant meilleure que l’on se trouve proche de la fréquence de résonance. Pour fabriquer un matériau résonateur, on construit celui-ci avec des caractéristiques géométriques particulières. On peut disposer perpendiculairement des cols à des briques pleines ou des briques ayant des cavités. Le principal intérêt de ce système est le réglage assez simple de la fréquence de résonance puisque, pour le cas des briques percées, la fréquence de résonance est directement liée au diamètre et à la profondeur des canaux. De plus, avec un ajustement correct, on peut balayer une gamme importante de fréquences pour isoler convenablement. En effet le principal problème de ces résonateurs est le spectre sonore réduit pour lequel il est destiné.

[modifier] Propriétés

Les briques creuses à petites alvéoles verticales (monomur), désormais devenues le principal produit des briquettiers français, permettent lorsque l'épaisseur du mur est suffisante, de se passer de toute isolation supplémentaire sous un climat tempéré Européen. Elles font de plus bénéficier les occupants de l'habitation de leur forte inertie thermique (conservation de la fraîcheur en été, de la chaleur en hiver) et des qualités propres à la terre cuite (régulation d'humidité, absence de fibres ou de produits chimiques…). Et à l'encontre de l'idée reçue selon laquelle une brique est fragile, certaines briques modernes sont appropriées pour la construction aux normes anti-sismiques. Des briques de formes variées permettent de construire une maison entièrement en brique dès lors que les fondations sont coulées : murs, planchers, linteaux, cheminées, cloisons (coupe-feu, coupe-bruit…) etc.

Remarquez qu'une des briques d'un mur d'une épaisseur de 38 cm pèse environ 20 kg, et peut supporter 200 tonnes.

[modifier] Fabrication

Pile de briques modernes, faites d'argile et de sable.
Pile de briques modernes, faites d'argile et de sable.

La fabrication d'une brique moderne passe par les grandes étapes suivantes :

  • Extraction de l'argile rouge et de l'argile verte. On mélange environ 10% d'argile verte avec 90% d'argile rouge. La terre argileuse, généralement extraite à proximité de la briquetterie, n'a pas le droit de comporter trop de sable.
  • Broyage de la terre pour obtenir la granulométrie désirée
  • Humidification et mélange des divers types de terres ; ajout d'une faible quantité de lignosulfite, résidu de l'industrie du papier, dérivé de la lignine contenue dans les arbres ; le lignosulfite facilite l'extrusion.
  • Extrusion au travers de filières correspondant à une forme donnée de brique
  • Coupage
  • Séchage dans un séchoir à gaz (durée entre 20 h et 50 h)
  • Cuisson à environ 900 °C, jusqu'à 30 heures
  • Éventuellement rectification (fraisage des bords jointifs pour faciliter le montage)

[modifier] Dimensions

La brique a une forme caractéristique de parallélépipède rectangle. Mais sa forme varie suivant son utilisation : plus ou moins épaisse si elle est utilisée dans un mur ou pour une toiture. De plus, la taille de la brique est adaptée à une prise par une seule main, ni trop grosse et ni trop lourde, tandis que l'autre main manipule le mortier. Une caractéristique fondamentale est que « la longueur (la panneresse) soit deux fois égale à l'épaisseur (la boutisse), plus un joint »[7]. Selon les régions et les époques, les briques traditionnelles ont des dimensions variables (sauf indication, les dimensions sont exprimées en cm dans l'ordre suivant : Longueur x largeur x hauteur) :

  • Brique de Ninive : 25x27x15
  • Brique de Toulouse : 33x25x6
  • Brique de Bourgogne : 22x11x6 (c'est un arrondi dans le système métrique de 8x4x2 pouces)
  • Brique de Paris : 21,5x11x5,5 (c'est un arrondi dans le système métrique de 8x4x2 pouces). Selon qu'on considère ou non l'épaisseur du joint, ces dimensions peuvent être 21,5x10,3x6,5 cm
  • Brique Saint-Bernard : 33x16,26x8,13 (c'est un arrondi dans le système métrique de 1x1/2x1/4 pieds)
  • Brique de Leers : 22x10,5x6 (ou 5 et 4)

[modifier] Appareils

La polychromie joue parfois un rôle esthétique important.
La polychromie joue parfois un rôle esthétique important.
Appareil à la française
Appareil à la française
Appareil sur champ
Appareil sur champ
Appareil à claire-voie
Appareil à claire-voie
Appareil en paneresses
Appareil en paneresses
Appareil en boutisses
Appareil en boutisses
Icône de détail Article détaillé : Appareil (architecture).

La brique pleine, par la régularité de ses dimensions, se prête à toute une gamme d'appareillages :

  • l'appareil en panneresses n'a qu'une demi brique d'épaisseur, il convient aux cloisons ;
  • l'appareil à la française, constitué de lits de briques identiques deux à deux, un lit de boutisses et un lit de panneresses ;
  • l'appareil à l'anglaise, les lits sont constitués d'une alternance de boutisses et de panneresses ;
  • l'appareil des moines, les lits sont constitués d'une alternance d'une boutisse et de deux panneresses ;
  • etc.

[modifier] Galerie d'illustrations

[modifier] Bibliographie

  • Pierre Chabat, La Brique et la Terre cuite, 1886, Paris
  • Sandrine Benassy et Jean-Jacques Germain, La Brique, L'or rouge du Midi toulousain, Tourisme Médias Editions, juin 2004 (ISBN 2-915188-04-1)
  • M.Kornmann et CTTB, Matériaux de construction en terre cuite, fabrication et propriétés, Edit. Septima, Paris (ISBN 2-904845-32-1)

[modifier] Notes et références

  1. Sandrine Banessy et Jean-Jacques Germain, La brique, l'or rouge du Midi Toulousain, Tourisme Médias Éditions, juin 2004, (ISBN 2-915188-04-1), p.12-13
  2. Sandrine Banessy et Jean-Jacques Germain, La brique, l'or rouge du Midi Toulousain, p.53
  3. La briqueterie de Virebent, Mairie de Launaguet. Consulté le 30/09/2007
  4. Sandrine Banessy et Jean-Jacques Germain, La brique, l'or rouge du Midi Toulousain, p.63
  5. Sandrine Banessy et Jean-Jacques Germain, La brique, l'or rouge du Midi Toulousain, p.48-50
  6. Sandrine Banessy et Jean-Jacques Germain, La brique, l'or rouge du Midi Toulousain, p.52
  7. Sandrine Banessy et Jean-Jacques Germain, La brique, l'or rouge du Midi Toulousain, p.51

Briquetterie d' Allone près de Beauvais

[modifier] Voir aussi

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