Roumains

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Cet article traite du peuple roumain (valaque, moldave). Si vous cherchez un article sur la langue roumaine, veuillez consulter la page roumain


Roumains
Population totale
32.000.000
Populations significatives par régions
Roumanie
République de Moldavie
Langues
roumain
Religions
orthodoxe
Voir aussi : Liste
Image:800px-Valaques.jpg
Parmi les "Valaques" du bas-Danube et des Balkans on distingue:
en gris = zone de rencontre inter-linguistique (tranhumance)
en blanc = Roumains et Diciens
en vert = Istriens et Dalmates
en jaune = Aroumains
en orange = Megleno-Roumains

Roumains désigne deux ensembles:

Ensemble politique défini par le Droit du sol, les Roumains sont les citoyens de la Roumanie, qu'ils soient roumanophones, magyarophones, rrôms ou autres. Leur nombre est de 22 millions (en diminution). Pour obtenir de l'information sur l'ensemble politique roumain, voir l'article sur la Roumanie.

Ensemble linguistique défini par la science du même nom, les roumanophones sont des populations vivant en Europe de l’Est, sur les deux rives du Danube et de part et d'autre des Carpates: ce sont des Thraces et des Daces romanisés, d'origine indo-européene iranienne, installés dans les Balkans et le bassin du bas-Danube. Ils ont été appelés Valaques dans l'Histoire, et Moldaves dans l'ex-URSS . Mais Valaques désignait aussi les Istriens ou Istro-Roumains, les Aroumains, les Mégléno-Roumains, et jadis les Diciens et les Dalmates (Morlaques ou Mavro-Valaques) issus des Thraço-illyriens antiques. Le nom de "Valachie" a la même origine. Les roumanophones vivent principalement en Roumanie où ils sont 89,5 % de la population (census roumain de 2002), et en République de Moldavie où ils sont 71,2 % de la population (census moldave de 2004). On estime leur nombre total à 24 millions. Le reste de cet article traite de l'ensemble linguistique roumain.

Sommaire

[modifier] Caractéristiques des Roumains

Aroumains et Roumains partagent des caractéristiques communes qui les rapprochent entre eux et les différencient des autres ethnies :

  • une langue latine qui a longtemps été leur seul lien (zone grise sur la carte) alors qu'ils vivaient dispersés au milieu d'autres populations et sur un territoire dominé par d'autres royaumes et empires. Ce lien constitua des îlots de latinité ("Romanies populaires" ou "Valachies") dans un espace où se côtoyaient des langues slaves, germaniques, magyare et turque. Chez les Valaques il n'y a que deux langues: l'aroumain au sud du Danube et le roumain au nord. En aroumain il y a deux dialectes: l'istro-roumain (encore parlé par une vingtaine de personnes) et la mégléno-roumain (quelques centaines de locuteurs). En roumain il n'y a pas de dialectes mais des accents et quelques mots régionaux: moldave, dobrogéen, maramureşène. On dit qu'il n'y a pas dialecte lorsqu'il n'y a pas d'isoglosse, c’est-à-dire lorsque la totalité des phrases d'un locuteur est parfaitement compréhensible par l'autre. Ainsi un maramureşène peut dialoguer avec un moldave avec la même facilité qu'un parisien avec un versaillais.
  • une religion commune, initialement celle des chrétiens orthodoxes fidèles à la théologie et au droit canon de l'église du Premier millénaire, encadrée par les églises orthodoxes issues de la communauté originelle de l'Empire Romain d'Orient (appelé Byzance par Hieronymus Wolf en 1557).
  • un terroir commun, qui couvre initialement un territoire plus vaste que la Roumanie moderne (issue des trois principautés dites roumaines: la Moldavie, la Valachie et la Transylvanie. Ce territoire, qui est l'aire de dispersion des "Romanies populaires" ("Valachies": pays où les latinophones étaient localement majoritaires) va des frontières orientales de la Moravie tchèque (au nord) à la Thessalie grecque (au sud) et de l'Istrie (à l'ouest) à la Mer Noire (à l'est). Les hasards de l'Histoire, particulièrement mouvementée dans cette région de passages entre les riches plaines de l'Ukraine et de l'Europe centrale et méridionale, ont fait que les Roumains se sont éparpillés entre la Hongrie, l'Ukraine, la République de Moldavie, et plus récemment le Canada, les É.-U., le Brésil, l'Allemagne, l'Italie, la France, l'Espagne, la Grèce, le Royaume-Uni, etc.
  • une culture commune, qui se traduit dans des domaines variés 'nobles' (littérature, art, architecture, musique...), ou 'populaires' (folklore, alimentation, croyances et légendes, humour...).

Citons quelques confusions fréquentes sur les Roumains:

  • l'appellation Moldave ne désigne pas une ethnie mais l'appartenance à un territoire: la Moldavie roumaine ou la République de Moldavie. Tous les Moldaves ne sont pas des Roumains (il y en a qui sont ukrainiens, russes, juifs), et tous les Roumains ne sont pas Moldaves (il y en a qui sont Transylvains, Valaques...).
  • l'appellation Rrôms (écrit avec deux r) est le nom politiquement correct des Gitans, Sintis, Manouches, Yéniches, Bohémiens, Romanichels ou Tsiganes qui parlaient initialement le romani ou "rômanès", langue indo-européenne de l'Inde du Nord. Il y a des Rrôms qui vivent en Roumanie (env. 2,6%), des Rrôms qui ont émigré de Roumanie vers des pays de l'Europe de l’Ouest, des Rrôms sédentarisés et intégrés qui parlent roumain et se considèrent comme des Roumains (plus des deux tiers de cette communauté) et d'autres qui au contraire se déclarent persécutés et ne se considèrent pas comme Roumains.

[modifier] Histoire ancienne

Voir Origine du peuple roumain.

Le groupe ethnique Roumain-Aroumain s'est formé jusqu'au VIIIe siècle. Les Roumains ont laissé des traces toponymiques aussi bien au nord qu'au sud du Danube. Les Thraces du sud (entre le Danube et la ligne découverte au XIXe siècle par l'historien et archéologue Konstantin Jirecek) ont été romanisés à partir de l'an 29. Ceux du nord (en Dacie) le furent après la conquête romaine de 106 de notre ère. Cette population a été influencée plus tard par les Slaves (des Slavons plus précisément), mais pas suffisamment pour adopter une langue slave comme langue véhiculaire.

La Ligne Jireček montre les zones de romanisation (au nord) et d'hellénisation (au sud) des Thraces, ancêtres des Aroumains et des Roumains.
La Ligne Jireček montre les zones de romanisation (au nord) et d'hellénisation (au sud) des Thraces, ancêtres des Aroumains et des Roumains.

La première mention de ces Thraces romanisés est faite en 579 par les chroniqueurs Théophane et Théophylacte Simokatta, dans la chronique d'une bataille contre les Avars, les Thraces romanisés faisant partie de l'armée byzantine. La deuxième mention écrite est celle du chroniqueur Kedrenos en 976 quand il raconte l'assassinat par des Valaques du frère du tsar bulgare Samuel. C'est la première mention des Roumains sous ce nom de Valaques.

Le terme Valaque est clairement et officiellement utilisé par le pape Innocent III en 1205 pour qualifier le "Regnum Valachorum" (1186-1261) fondé sur le bas-Danube (actuelles Bulgarie, Macédoine et sud de la Roumanie) par la dynastie des Caloianu Kalojan. Il ne s'agit plus cette fois de communautés latinophones ou de "romanies populaires" mais d'un véritable royaume médiéval, que les Bulgares appellent "Second empire bulgare", mais où la population était encore autant latine que slave, au sud comme au nord du Danube.

Pour les distinguer des Valaques du sud du Danube, les premiers Turcs appellent les Roumains du nord du Danube "kara-iflak", car chez les Turcs les points cardinaux avaient des couleurs, le noir ("kara") désignant le nord. C'est aussi l'origine du nom actuel de la mer Noire. Les Aroumains étaient les "ak-iflak", le blanc ("ak") désignant le sud. En turc la Méditerranée se dit Ak-Deniz, la mer Blanche.

Au Moyen Âge le mot Valaques (Vlasi) est utilisé aussi par les catholiques croates pour désigner leurs voisins orthodoxes. À l'époque les Grecs utilisaient le mot "vlahos" avec un sens péjoratif et il n'est pas rare d'entendre aujourd'hui en Grèce des blagues où le personnage du vlahos joue le rôle du fruste, du simplet. Toutefois, en Grèce, c'est aussi un nom de famille répandu.

[modifier] Expansion

Les Roumains dans l'espace danubien-pontique sont 22.230.000, dont 19 millions habitent en Roumanie, les autres dans les pays voisins :

  • en Ukraine vivent environ 500.000 Roumains (souvent appelés Moldaves) :
    • en Bucovine du nord (Région de Cernivcy: 181.800),
    • dans la région d'Odessa (153.000),
    • dans la région transcarpatique (Ruthénie) vivent des Maramureşens (60.000),
    • ailleurs en Ukraine (105.200) ;
  • en Voïvodine et Serbie orientale (180.000, dont seuls les 80.000 de Voïvodine sont reconnus; ceux de la Kraïna orientale sont classés "Serbes de langue valaque") ;
  • en Bulgarie (10.000) ;
  • en Hongrie (9.000) ;
  • en République de Moldavie, sous le nom de Moldaves (2.600.000).

Au sud du Danube, les Aroumains habitent le nord de la Grèce, le sud-est de l'Albanie, le sud-ouest de la Macédoine. Les Roumains qui vivent dans le nord de la Bulgarie et la vallée du Timok en Serbie ne sont pas des Aroumains, mais des roumains comme ceux de Roumanie. Ils font l'objet d'une politique d'assimilation dans les pays où la situation politique est fortement influencée par les nationalismes (Serbie, Albanie, Macédoine). La Grèce ne publie pas de données (les dernières remontent à 1951) et ne reconnait qu'une seule minorité, turque, les autres étant considérées comme des grecs bilingues.

Les organisations des Aroumains estiment leur nombre à environ 1 million dispersés dans les Balkans et le Conseil de l'Europe fait mention en 1997 de 500 000 Aroumains.

L'émigration des Roumains a été (et est) importante, et se dirige majoritairement vers les pays suivants :

  • États-Unis d'Amérique : 1 million. Les communautés se trouvent en Ohio, Indiana, Michigan, Illinois, Californie, Pennsylvanie et New York ;
  • Italie : plus de 300.000 (en 2006) ;
  • Israël : 140.000 (en 1970), sans compter les juifs comptés comme russes ou ukrainiens originaires de Bucovine ou de Bessarabie (encore autant) ;
  • Canada : 110.000 ;
  • Allemagne : 90.000, sans compter les membres des minorités germanophones nés en Roumanie (500.000) : Saxons et Souabes ;
  • France : 70.000 (en 2006).

Fait remarquable, alors que la plupart des exilés roumains se fondent rapidement dans leurs nouveaux pays (le taux de changements de patronyme en témoigne), une partie des germanophones zurückgekommte en Allemagne et des juifs ayant fait aliya en Israël maintiennent vivant le souvenir de leurs origines roumaines, ont des restaurants et des journaux roumains, écoutent de la musique roumaine.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • Mihnea Berindei et Gilles Veinstein : L'empire ottoman et les pays roumains. EHESS, Paris, 1987
  • Dimitrie Cantemir : Chronique de l'ancienneté des Romano-Moldo-Valaques (1708, réédité Bucarest 1901)
  • Georges Castellan : Histoire des Roumains. P.U.F., Paris (plusieurs rééditions)
  • Neagu Djuvara : Les pays roumains entre orient et Occident. P.U.F., Paris, 1989
  • Catherine Durandin : Histoire des Roumains. Fayard, Paris. ISBN 2-213-59425-2
  • Nicolae Iorga : Histoire des Roumains et de la romanité orientale. Université de Bucarest, 1945
  • Claude Karnoouh: L'invention du peuple, chroniques de la Roumanie. Arcantère, paris, 1990
  • Alexandre Xenopol : Histoire des roumains de la Dacie Trajane. Cartea Româneasca, Bucarest 1925
  • Nicolas Trifon : Les Aroumains, un peuple qui s'en va. Acratie, Paris, 2005

[modifier] Lien externe