Isoglosse

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Le terme isoglosse signifie en grec: même langue. Lorsque deux locuteurs d'un ensemble linguistique peuvent se comprendre spontanément et sans traducteur, cela signifie qu'ils se situent à l'intérieur d'un même isoglosse: leur parler est (à peu de choses près) le même. A l'inverse, lorsque deux locuteurs ne peuvent pas se comprendre spontanément et sans traducteur, on dit qu'ils sont séparés par un isoglosse: ils font partie d'ensembles linguistiques différents, chacun est à l'extérieur de l'isoglosse de son voisin.

La notion d'isoglosse est un outil important de la dialectologie et de la géographie linguistique. Sur une carte, elle est souvent représentée par une ligne qui entoure les territoires couverts par des aires linguistiques mutuellement compréhensibles pour leurs locuteurs. Les isoglosses permettent d'isoler sur la carte des zones géographiques cohérentes. On peut alors dire que ces zones correspondent à des dialectes concrets.

On peut aussi tracer des isoglosses groupant plusieurs langues, pas nécessairement mutuellement compréhensibles pour leurs locuteurs, mais ayant la même origine historique (deux aboutissements différents de l'évolution d'une même voyelle, deux mots différents pour renvoyer au même concept, etc.): langues môn-khmères, langues romanes, languers na-dene, etc. L'isoglosse devient alors un isogène (en grec: même famille).

Quand plusieurs isoglosses se recouvrent on parle d'un faisceau d'isoglosses.

Les ensembles dialectaux de quelque consistance sont nécessairement séparés par un faisceau important d'isoglosses, dont l'un est souvent considéré comme emblématique. C'est le cas de la ligne de Benrath (séparant les parlers bas-allemands et haut-allemands, le trait emblématique de ce faisceau étant la seconde mutation consonantique »  : maken vs machen), de la ligne Joret (séparant les parlers normano-picards du nord et du sud : "quien" vs "chien"), de la ligne Massa-Senigallia ou ligne Carrare-Senigallia ou encore ligne La Spezia-Rimini (séparant les parlers de l'italien septentrional des parlers italiens centro-méridionaux, dont le trait emblématique est la marque du pluriel des substantifs : forme en -s au nord le plus souvent mais abandonnée dans de nombreux dialectes modernes sur le modèle de l'italien standard, alternance vocalique au sud).

Le mot est à ranger dans la série d'outils géographiques où l'on a isobare, isotherme, etc., également d'origine grecque ("même pression", "même température"...).