Roumain

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  roumain
(română)
 
Parlé en Roumanie, République de Moldavie, Russie, Ukraine, Serbie, Hongrie, Balkans, Canada, États-Unis, Allemagne
Région
Nombre de locuteurs 25-30 millions, 24 millions natifs
Typologie SVO + OSV [1] Syllabique
Classification par famille

 -  Langues indo-européennes
    -  Langues italiques
       -  Langues romanes
          -  Langues romanes orientales
             -  Roumain

(Dérivée de la classification SIL)
Statut officiel et codes de langue
Officielle
en
Roumanie, République de Moldavie, Serbie-et-Monténégro (Voïvodine)
Régi par Academia Română
ISO 639-1 ro
ISO 639-2 rum (B), ron (T)
ISO/DIS
639-3
(en) ron
type : L (langue vivante)
étendue : I (langue individuelle)
SIL RUM
Échantillon

Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'Homme (voir le texte en français)
Articolul 1. Toate fiinţele umane se nasc libere şi egale în demnitate şi în drepturi. Ele sunt înzestrate cu raţiune şi conştiinţă şi trebuie să se comporte unele faţă de altele în spiritul Frăţiei.

Voir aussi : langue, liste de langues, code couleur

Le roumain (limba română /'limba ro'mɨnə/) est une langue appartenant au groupe des langues romanes orientales de la branche romane de la famille des langues indo-européennes. Il est parlé par plus de 30 millions de locuteurs, principalement en Roumanie et Moldavie. Appelé daco-roumain par les linguistes scientifiques, il est officiellement dénommé roumain en Roumanie, et moldave en République de Moldavie (limba moldovenească /'limba mol'doveněaskə/).

Une grande partie du vocabulaire roumain de base est issue directement du latin (75% du vocabulaire total). Mais il existe également un substrat thrace - ~60 ou 300 mots - antérieur à la conquête romaine (voir Origine du peuple roumain), un superstrat slave - 10% ou 20% des mots, et un apport de mots français entre 1850 et 1950 encore plus superficiel que le superstrat slave. Le fond de base est latin avec des influences multiples. Pourtant les mots latins ont évolué différemment que dans la branche occidentale des langues romanes.

Par rapport aux autres langues latines, le roumain est "asymétrique": il est très facile pour un Roumain de comprendre l'italien, le français et l'espagnol, mais l'inverse n'est pas le cas en raison des influences slaves et de mutations phonétiques multiples.

L'orthographe du roumain est, à l'instar de celle de l'italien, très simple, car phonétique : à chaque phonème correspond une lettre. Pour des phonèmes que d'autres langues écrivent avec plusieurs lettres, le roumain utilise des diacritiques. Il y a cependant quelques exceptions : les sons /ke/, /ki/, /ge/ et /gi/ s'écrivent che, chi, ghe et ghi - trois lettres pour seulement deux phonèmes. Pour les deux premières il est possible d'utiliser la lettre k au lieu de ch mais elle ne fait pas normalement partie de l'alphabet, sauf pour kilogramme, kilomètre et autres mots de la même famille.

Pétition des Valaques de Transylvanie (en latin)
Pétition des Valaques de Transylvanie (en latin)

Sommaire

[modifier] Classification et langues apparentées

Le roumain est une langue indo-européenne appartenant au groupe roman ou latin et à la famille orientale de ce groupe. Il a beaucoup de traits en commun avec le français, l'italien, l'espagnol et le portugais.

Mais les langues les plus proches du roumain sont les autres langues romanes orientales parlées au sud du Danube :

Image:800px-Valaques.jpg
Roumain et langues apparentées:
en gris = zone de rencontre inter-linguistique (tranhumance)
en blanc = roumain et dicien
en vert = istrien et dalmate
en jaune = aroumain
en orange = mégléno-roumain

Certains linguistes roumains revendiquent également l'istro-roumain et le dalmate comme appartenant à ce groupe.

Un autre nom que les linguistes utilisent pour bien distinguer le roumain est daco-roumain, qui fait référence à la zone où il est parlé (correspondant pratiquement à l'ancienne province romaine de Dacie). Le daco-roumain nommé officiellement roumain en Roumanie (română, limba română) et moldave en Moldavie (limba moldovenească) est partiellement attesté au XIIe s., complètement attesté au XVe s. Les superstrates slave et turc restent d'importance faible et le roumain s'avère assez conservateur ; c'est en cela qu'il est relativement différent des autres langues romanes et dyssimétrique par rapport à elles (il est beaucoup plus facile à un roumanophone de comprendre l'italien ou le français, que l'inverse); il est langue co-officielle en Voïvodine serbe, mais est également parlé en Serbie (Portes de Fer et vallée du Timoc). Des minorités roumanophones vivent également en Ukraine, et une importante diaspora vit depuis les années 2000-2005 en Espagne et en Italie.

Le roumain parlé en République de Moldavie a été appelé moldave par les autorités soviétiques. Les autorités post-soviétiques l'ont reconnu comme étant du roumain. Quelques années plus tard et après l'échec du référendum d'unification avec la Roumanie, les autorités moldaves sont revenues à l'appellation soviétique de 'moldave', mais les linguistes ne reconnaissent pas le roumain et le moldave comme des langues différentes.

[modifier] Origine du vocabulaire

  • 75 - 80% mots romans (latins)
    • 35,33% hérités du latin, donnant la plupart du vocabulaire de base
    • 15,26% empruntés au latin (mots savants)
    • 22,12% du français
    • 3,95% de l'italien
    • 3,91% formations internes (la plupart d'origine latine)
  • 10,17% slaves
    • 6,18% slave ancien
    • 2,6% bulgare moderne
    • 1,12% russe
    • 0,85% serbe et croate
    • 0,23% ukrainien
    • 0,19% polonais
  • 2,47% allemand
  • 1,7% grec moderne
  • 0,96% substrat dace probablement
  • 1,43% hongrois
  • 0,73% turc
  • 0,07% anglais (en croissance rapide)
  • 0,19% onomatopées
  • 2,71% origine incertaine ou inconnue

[modifier] Exemples

[modifier] Exemples de mots

Voici quelques mots intéressants qui se retrouvent en français aussi avec la même signification ou pas :

Français Roumain Prononciation standard Mot français de même origine
pays ţară ['tsa.rə] terre
terre pământ [pə'mɨnt] pavé (latin pavimentum)
ciel cer [ʧer] ciel
eau apă ['a.pə] eau (latin aqua)
feu foc [fok] feu
homme(*) om [om] homme
homme bărbat [bər'bat] barbu
femme femeie [fe'me.je] (ie : diphtongue) famille
action de mouiller muiere [mu'je.re] mouiller
mou moale ['mǒa.le] (oa : diphtongue) mou (latin mollis, -e)
manger a mânca [a.mɨn'ka] manger
boire a bea [a'běa] (ea : diphtongue) boire
mer mare ['ma.re] mer
petit mic [mik] micro
nuit noapte ['nǒap.te] (oa : diphtongue) nuit
jour zi [zi] -di (lundi, mardi, etc. - latin dies)
front frunte ['frun.te] front
tempe tâmplă ['tɨm.plə] tempe
temple templu ['tem.plu] temple
menuisier tâmplar [tɨm'plar] templier

(*) homme au sens de "être humain" seulement

[modifier] Exemples de phrases

en français :

Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
(Déclaration Universelle des Droits de l'Homme)

Roumain contemporain - les mots en surbrillance sont des emprunts au français ou à l'italien :

Toate fiinţele umane se nasc libere şi egale în demnitate şi în drepturi. Ele sunt înzestrate cu raţiune şi conştiinţă şi trebuie să se comporte unele faţă de altele în spiritul fraternităţii.

Roumain, avec des mots en surbrillance qui sont des emprunts slaves :

Toate fiinţele omeneşti se nasc slobode şi deopotrivă în destoinicie şi în drepturi. Ele sunt înzestrate cu cuget şi înţelegere şi trebuie să se poarte unele faţă de altele după firea frăţiei.

Roumain, sans emprunts, avec seulement des mots hérités du latin ou dérivés de tels mots :

Toate fiinţele omeneşti se nasc nesupuse şi asemenea în preţuire şi în drepturi. Ele sunt înzestrate cu cuget şi înţelegere şi se cuvine să se poarte unele faţă de altele după firea frăţiei.

[modifier] Phrases communes

Français Roumain Transcription phonétique Traduction mot à mot
Salut ! Salut! /sa'lut/ -
Salut ! Bună! /'bu.nə/ (elle est) Bonne (la journée) !
Comment t'appelles-tu ? Cum te cheamă? /'kum.te'kěa.mə↘/ Comment on t'appelle ?
Comment vous appelez-vous ? Cum vă numiți? /'kum.və.nu'miʧʲ↘/ Comment vous vous nommez ?
Comment vas-tu ? Ce mai faci? /'ʧe.maj.faʧʲ↘/ Que encore fais-tu ?
Au revoir ! La revedere! /la.re.ve'de.re/ -
À plus tard ! Pa! /pa/
S'il vous plaît. Vă rog. /və'rog/ Je vous en prie. (latin rogare).
Je suis désolé(e). Îmi pare rău. /ɨmʲ'pa.re'rəǔ↘/ (ceci/il) me paraît mal.
Merci. Mulțumesc. /mul.ʦu'mesk/ -
Oui. Da. /da/ -
Non. Nu. /nu/ -
Je ne comprends pas. Nu înțeleg. /'nu.ɨn.ʦe.leg↘/ -
Où sont les toilettes ? Unde e toaleta? /'un.de.je.to.a'le.ta↘/ Où est le WC ? ?
Parlez-vous français ? Vorbiți franceza ? /vor'biʦʲ.fraŋ'ʧe.za↗/ Parlez-vous le français ?
Parlez-vous roumain ? Vorbiți românește ? /vor'biʦʲ.ro.mɨ'neʃ.te↗/ Parlez-vous de manière roumaine ?
Très bien. Foarte bine. /'fǒar.te'bi.ne/ Fort bien.
Comme je suis content(e) de te revoir ! Ce mă bucur că te văd din nou! /'ʧe.mə'bu.kur.kə.te'vəd.din'noǔ/ Qu'est-ce que je me réjouis que je te vois de nouveau !

[modifier] Le terme moderne de "roumain" (milieu du XIXe siècle)

Icône de détail Article détaillé : Origine du peuple roumain.

Un document écrit de 1521 serait le premier document en valaque, nom médiéval du roumain moderne. La Valachie y est nommée Ţeara rumânească (Ţara Românească en roumain moderne). Historiquement, c'est la première apparition de la forme "rumân" pour désigner la langue parlée romane. Les formes "rumân" et "român" coexistent jusqu'en 1746 quand le prince Constantin Mavrocordat décide de choisir "român" qui sera utilisé de façon unique par la suite.

Place du roumain dans la famille des langues romanes
Place du roumain dans la famille des langues romanes

Le territoire roumain fut anciennement habité par les Daces, un peuple indo-européen. Ils furent vaincus par l'Empire romain en 106 et les régions de la Dacie (Olténie, Banat, Transylvanie) devinrent provinces romaines. Dans les 165 années qui suivirent, il est prouvé qu'il y eut une colonisation romaine importante dans la zone, qui était en communication étroite avec le reste de l'Empire. Le latin vulgaire devint le langage de l'administration et du commerce.

Sous la pression des Daces libres et des Goths, l'administration romaine et les légions se retirèrent de la Dacie entre 271 et 275. La question de savoir si les Roumains sont les descendants de ces peuples qui abandonnèrent la zone et s'installèrent au sud du Danube, ou bien de la population qui resta en Dacie, est encore sujette à débat (voir Origine du peuple roumain).

Du fait de son isolement géographique, le roumain fut certainement la première langue qui se sépara du latin, et qui, jusqu'aux temps modernes, n'a pas été influencée par les autres langues romanes, ce qui expliquerait pourquoi c'est l'une des langues les plus uniformes d'Europe. Concernant la morphologie des noms, il apparaît plus conservateur que les autres langues romanes. Le roumain a gardé la déclinaison, mais tandis que le latin a six cas, le roumain en a cinq : le nominatif, l'accusatif, le datif, le génitif et le vocatif, et il a aussi gardé un neutre. Cependant, la morphologie du verbe roumain a évolué vers un parfait et un futur composés, comme dans les autres langues romanes.

Carte des Balkans avec les régions habitées par les daco-roumains, les Istro-roumains, les Aroumains dits Valaques et les Mégléno-Roumains
Carte des Balkans avec les régions habitées par les daco-roumains, les Istro-roumains, les Aroumains dits Valaques et les Mégléno-Roumains

On pense que le roumain était unitaire jusqu'à la période située entre le VIIe siècle et le Xe siècle, lorsque la zone fut influencée par l'Empire byzantin. Le roumain subit à cette époque l'influence de la langue slave. L'aroumain par contre possède très peu de mots slaves. En outre, les variations dans le dialecte daco-roumain (parlé dans toute la Roumanie et en République de Moldavie respectivement sous les noms de "roumain" et de "moldave") sont très faibles, ce qui est vraiment remarquable. L'usage de ce dialecte daco-roumain dépasse largement les frontières de l'État de Roumanie : un roumanophone de la République de Moldavie parle la même langue qu'un roumanophone du Banat serbe. Cette unité linguistique, bien antérieure à l'unité politique de la Roumanie (commencée en 1859 et achevée en 1918) est due à l'importance du pastoralisme et de la transhumance dans l'économie ancienne roumaine.

Si les roumanophones ont beaucoup communiqué entre eux, le roumain s'est développé isolément par rapport aux autres langues romanes. C'est la raison pour laquelle il a été influencé par les langues slaves (pour cause de migration/assimilation, et de relations féodales/religieuses), par le grec moderne (surtout à l'époque des Phanariotes), le turc, et le hongrois, alors que les autres langues romanes ont adopté des mots et des caractéristiques germaniques.

C'est tardivement, à partir du XVIIIe siècle, que les termes de "Roumain" et "langue roumaine" ont été adoptés internationalement. Avant la création de l'État roumain moderne au milieu du XIXe siècle, les habitants roumanophones des principautés historiques de Transylvanie, de Moldavie et de Valachie, ainsi que ceux des régions voisines et des Balkans, étaient appelés "Valaques" (Walachen, Wallachians, Valacchi, Volokhs, Vlaques, Vlahi, Oláhok...), jusqu'à ce qu'Émile Ollivier et Élisée Reclus imposent la dénomination de l'endonyme "Roumains" (Rumänen, Romanians, rumeni, rumyny, roumanoi, románok...) dans un contexte où la France soutenait la constitution d'un État-"tampon" et "tête-de-pont" francophile entre l'Autriche-Hongrie, la Russie et l'Empire ottoman. Cet ancien terme de Valaques constituait un exonyme souvent péjoratif. Appeler un peuple par le nom non-péjoratif qu'il se donne lui-même (endonyme), est le principe de base de l'ethnonymie "politiquement correcte" (Roms plutôt que Tziganes ou Gitans, Inuits plutôt qu'Esquimaux, Roumains plutôt que Valaques, Moldaves ou Moldovalaques). Toutefois, encore aujourd'hui, des auteurs tels Jacques Bertin dans son "Atlas historique universel", s'obstinent à refuser d'employer le terme "Roumain" avant 1878 et écrivent : Moldovalaques.

[modifier] Contacts avec les autres langues

[modifier] La langue dace

La langue dace était une langue indo-européenne parlée par les anciens Daces. Elle pourrait être la première langue à avoir influencé le latin parlé en Dacie, mais il y a peu de certitude. Il n'y a qu'à peu près 300 mots daces en roumain (dans tous les dialectes), qui se retrouvent aussi en albanais, beaucoup liés à l'activité pastorale (par exemple brânză = fromage), puis balaur = dragon, ou mal = rive; voir : substrat roman de l'est). Quelques linguistes ont supposé que les Albanais étaient des Daces non romanisés, et qu'ils avaient migré au sud.

Une autre façon de voir est que ces mots non latins ne sont pas forcément daces, mais qu'ils ont été plutôt apportés sur le territoire de la Roumanie moderne par des bergers parlant une langue romane, les Thraco-Romains, migrant depuis l'Albanie, la Serbie et le nord de la Grèce et qui sont devenus le peuple roumain. De toutes façons, le substrat roman de l'est apparaît comme avoir été une langue satem, alors que les langues paléobalkaniques parlées dans le nord de la Grèce (ancien macédonien) et en Albanie (illyrien) étaient plutôt des langues centum. Un possible rapprochement du dace avec la langue latine n'a pas pu être confirmé non plus, car le latin est une langue centum.

La vue communément admise est que le dace était une langue satem, comme l'était le thrace. Le dace était soit proche de l'albanais (qui est satem) voisin, ou des branches indo-européennes balto-slaves, soit un membre d'une branche distincte.

[modifier] Union linguistique balkanique

Alors qu'une grande partie de la grammaire et de la morphologie du roumain est basée sur le bas latin, certaines caractéristiques ne sont partagées qu'avec d'autres langues des Balkans, et ne se retrouvent pas dans les autres langues romanes.

Les langues de ce groupe linguistique appartiennent à des branches de différentes langues indo-européennes : le bulgare et l'albanais, et dans certains cas le grec et le serbe.

Parmi ces similarités, il y a la postposition de l'article défini, la confusion entre cas génitif et datif, la formation du futur et du passé, et l'évitement de l'infinitif.

[modifier] Langues slaves

L'influence slave fut d'abord due à la migration des tribus slaves, qui traversèrent le territoire de la Roumanie d'aujourd'hui pendant la formation de la langue roumaine. Il est intéressant de noter que les Slaves furent assimilés au nord du Danube, alors qu'ils assimilèrent complètement les populations roumaines (valaques) qui vivaient au sud du Danube. Une partie importante de cette population était encore valaque au Xe siècle, pour disparaître ensuite en même temps que la puissance politique valaque. Voir aroumain et mégléno-roumain pour plus de détails.

L'influence slave continua pendant le Moyen Âge, particulièrement parce que le slavon était la langue liturgique jusqu'au XVIIIe siècle. Les autres langues environnantes (toutes slaves, sauf le hongrois) ont aussi influencé le roumain.

Jusqu'à 20% du vocabulaire a une origine slave, y compris des mots comme : a iubi = aimer (on utilise aussi le nom "amor", emprunt relativement récent au latin ou à l'italien, et "a preţui" = apprécier, dérivé de "preţ" = prix, hérité du latin pretium, ou "a ţine la", hérité du latin tenem); glas = voix (on utilise "voce" d'habitude); nevoie = besoin (on utilise aussi "necesitate", emprunté au latin ou au français, et "cerinţă", dérivé du verbe "a cere", hérité du latin quaerere); prieten = ami (on utilise aussi "amic", emprunté au latin ou à l'italien); Malgré cela, de nombreux mots slaves sont devenus des archaïsmes et on estime à seulement 10% de mots slaves en roumain moderne.

D'autres influences slaves se rencontrent sur le plan phonétique et sur le plan lexical, par exemple le roumain a pris le da slave pour dire oui.

[modifier] Autres influences

Bien avant le XIXe siècle, le roumain vint en contact avec d'autres langues. Les plus notables sont :

  • le grec (par exemple :drum < drommos = route ; folos < ófelos = utilité ; buzunar < buzunára = poche ; proaspăt < prósfatos = frais)
  • le hongrois (par exemple : oraş < város = ville ; a cheltui < költeni = dépenser ; a făgădui < fogadni = promettre)
  • le turc (par exemple : cafea < kahve = café ; cutie < kutu = boîte ; papuc < papuç = pantoufle)
  • l'allemand (par exemple : cartof < Kartoffel = pomme de terre ; bere < Bier = bière ; şurub < Schraube = vis)

[modifier] Mots courants

Souvent les mots d'origine latine ont une prononciation proche du mot latin d'origine et sont semblables aux mots français:

  • frate = frère / fratern = fraternel / soră = sœur
  • apă = eau / acvatic = aquatique / ud = humide / înmuiat = mouillé
  • frig = froid / frigid = frigide
  • ochi = œil / ocular = oculaire / vedere = vue
  • ureche = oreille / auz = l'ouïe / aud = j'entends / auditiv = auditif
  • sunet = son / a cânta = chanter
  • a tăcea = se taire / tăcere = silence / tacit = tacite
  • bun = bon ou bienveillant / rău = mauvais ou méchant (du latin reus, coupable)
  • bucuros = joyeux / Bucureşti = Bucarest

[modifier] Emprunts modernes

Depuis le XIXe siècle, de nombreux mots ont été empruntés aux autres langues romanes, particulièrement le français et l'italien (par exemple : birou < bureau ; pireu < purée ; avion ; exploata = exploiter, etc.) Il a été estimé que près de 38% des mots roumains sont d'origine française ou italienne. Avec les vocables hérités du latin et les mots empruntés à cette langue, on arrive à un total de 75 à 85% des mots roumains originaires directement ou indirectement du latin.

Certains mots sont même passés deux fois du latin au roumain, une fois au début de la formation de la langue (souvent des substantifs), la deuxième fois en tant que mots savants (souvent des adjectifs qui tiennent la place de dérivés inexistants de ces substantifs). Exemple :

  • apă = eau – acvatic = aquatique

Parfois il est apparu des synonymes par suite d'emprunts de mots romans occidentaux à côté de mots hérités du latin ou dérivés de tels mots. Exemple :

  • frate = frère > frăţesc, syn. fratern = fraternel

Plus récemment, un nombre important de mots anglo-saxons ont été empruntés (comme : gem < jam ; interviu < interview ; meci < match ; manager < manager). Ces mots ont un genre assigné en roumain, et respectent les règles de cette langue : "le directeur" se dit "managerul".

[modifier] Distribution géographique

Le roumain dans le monde
Le roumain dans le monde

On parle roumain surtout en Roumanie, en République de Moldavie, en Ukraine, en Hongrie, en Serbie, en Bulgarie, mais il y a des locuteurs roumains dans des pays comme le Canada, les États-Unis, l'Allemagne, Israël, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, principalement à cause de l'immigration après la Seconde Guerre mondiale.



Pays et territoires où l'on parle le roumain
Pays Locuteurs
(%)
Locuteurs
(natifs)
Population
(2005)
Asie
non officiel:
Israël 3,7% 250 000 6 800 000
Kazakhstan 1 0,1% 20 054 14 953 126
Russie 1 0,12% 178 000 145 537 200
Europe
Roumanie 91% 19 736 517 21 698 181
République de Moldavie ² 78,2% 2 649 477 3 388 071
Transnistrie ³ 31,9% 177 050 555 500
Voïvodine (Serbie) 1,5% 29 512 2 031 992
non officiel:
Timočka Krajina (Serbie) 4 5,9% 42 075 712 050
Ukraine 5 0,8% 327 703 48 457 000
Hongrie 0,08% 8 482 10 198 315
Amériques
non officiel:
Canada 0,2% 60 520 32 207 113
États-Unis 6 0,11% 300 000 281 421 906

1 Beaucoup sont des Moldaves déportés
² Données seulement pour les districts sur la rive droite du Dniestr (sans la Transnistrie et la ville de Tighina)
En République de Moldavie, appelé "moldave"
³ L'indépendance de la Transnistrie n'est pas reconnue internationalement
appelé "moldave" et écrit en cyrillique
4 Officiellement divisés en Valaques et Roumains
5 Beaucoup en Bucovine du nord et en Bessarabie du sud ; selon une étude Moldova Noastră (basée sur le dernier recensement ukrainien); l'étude dit aussi qu'il y a 409 000 roumains en Ukraine.
6 Voir Roumains américains

[modifier] Statut officiel

Le roumain est la langue officielle de Roumanie. En Voïvodine aussi le roumain est officiel à côté du serbe et des langues des autres minorités nationales, les droits des langues officielles étant théoriquement les mêmes, mais en fait le statut des langues minoritaires est inférieur à celui du serbe.

La langue officielle de la République de Moldavie est appelée moldave, mais la forme officielle de cette langue est identique au roumain, avec quelques différences de prononciation.

Dans d'autres parties de la Serbie et en Ukraine, les communautés roumaines ont très peu de droits quant à l'usage et à la conservation de leur langue dans les écoles, la presse, l'administration et les institutions.

Le roumain est l'une des cinq langues dans lesquelles se déroulent les services religieux au Mont Athos, parlé dans le sketae de Prodromos et Lacu (un sketa est une communauté de moines ; sketae est le pluriel).

Le roumain est aussi l'une des langues officielles de l'Union européenne.

[modifier] Variétés régionales

Selon la plupart des linguistes[1], le roumain a quatre dialectes : au nord du Danube le daco-roumain dit "roumain" en Roumanie et "moldave" en République de Moldavie, et au sud du fleuve l'aroumain (dit aussi "macédo-roumain"), le mégléno-roumain et l'istro-roumain (ces deux derniers étant parlés par très peu de locuteurs). Selon d'autres linguistes[2], ce seraient quatre langues à part.

Dans la vision des linguistes du premier groupe, les variétés actuelles du daco-roumain ne sont pas des dialectes, mais des parlers. Les différences entre ces variétés sont en effet très minces, consistant en quelques douzaines de mots régionaux et quelques différences phonétiques. Deux locuteurs de parlers différents se comprennent totalement entre eux.

Parlers du daco-roumain (graiuri)en bleu – parlers du sud : d'Olténie et de Valachie;en rouge – parlers du nord : du Banat, transylvain, du Maramureş et moldave
Parlers du daco-roumain (graiuri)
en bleu – parlers du sud : d'Olténie et de Valachie;
en rouge – parlers du nord : du Banat, transylvain, du Maramureş et moldave

Ce sont :

  • le parler valaque (graiul muntenesc), surtout en Valachie et dans le sud de la Dobrogée ;
  • le parler moldave (graiul moldovenesc), surtout en Moldavie, au nord de la Dobrogée et en République de Moldavie (<p> écrit se prononce comme /k/ ; <c> écrit se prononce comme /ʃ/ devant une voyelle frontale, <ă> écrit en position finale est palatisé) ;
  • le parler du Maramureş (graiul maramureşean), surtout dans cette région ;
  • le parler transylvain (graiul ardelean), surtout en Transylvanie ;
  • le parler du Banat (graiul bănăţean), parlé surtout dans cette région (<t> écrit se prononce comme /ʧ/ devant une voyelle frontale) ;
  • le parler d'Olténie (graiul oltenesc), parlé surtout dans cette région et par la minorité roumaine de la région de Timok, en Serbie. La caractéristique notable de ce parler est l'usage du passé simple plutôt que celui du passé composé dans les autres parlers.

Les parlers régionaux ont bien sûr tendance à s'amenuiser du fait des communications de masse et de la mobilité croissante de la population.

[modifier] La langue moldave

Icône de détail Article détaillé : moldave.

Le moldave est la langue officielle de la République de Moldavie, comme défini dans l'article 12 de sa constitution. Ses locuteurs et les roumanophones de Roumanie se comprennent spontanément et complètement sans traducteur ni dictionnaire. Du point de vue strictement linguistique, roumain et moldave sont une seule et même langue, une langue abstand en termes de sociolinguistique, c’est-à-dire une langue dont les dialectes passés ou actuels présentent assez de traits structurels communs scientifiquement établis pour constituer une langue unitaire. Mais toujours du point de vue sociolinguistique, c’est un diasystème, terme utilisé en dialectologie. Le terme le plus adéquat, parce que le plus neutre, pour cette entité linguistique, c’est celui de diasystème roman de l'est ou ERO (ensemble roman oriental), dont font partie aussi l'aroumain, le mégléno-roumain, l'istro-roumain, le dicien et le dalmate (ces deux derniers éteints).

Toutefois, si les linguistes scientifiques s'accordent à admettre que le fond lexical de base et la structure grammaticale sont identiques, il existe un accent régional et des expressions spécifiques (qui se retrouvent d'ailleurs des deux côtés de la frontière séparant Roumanie et Moldavie). Comme le constate Vasile Stati (linguiste et fervent défenseur de l'identité moldave), les formes littéraires du moldave et du roumain sont identiques et la graphie du moldave est identique à celle du roumain d'avant la réforme de 1993. La prononciation est la même que celle du parler moldave de Roumanie.

Des différences plus notables se trouvent dans l'usage linguistique des zones russifiées de la République de Moldavie, comme Chişinău et la Transnistrie. Le parler de ces zones utilise des mots et des expressions empruntés au russe, que n'utilise pas un locuteur natif de Roumanie (qui a tendance, lui, à utiliser des mots empruntés aux langues romanes occidentales et à l'anglais). Les locuteurs qui utilisent ces mots le font parfois sciemment, pour marquer leur identité non-roumaine.

De tous les Moldaves qui déclarent le "roumain" ou le "moldave" comme étant leur langue maternelle, 45,2% déclarent leur langue être le "moldave", et 54,8% la déclarent le "roumain".

[modifier] Grammaire

Icône de détail Article détaillé : Grammaire roumaine.

Les substantifs roumains sont variables en genre (féminin, masculin et neutre), en nombre (singulier et pluriel) et en cas (nominatif/accusatif, datif/génitif et vocatif). Les articles, de même que les adjectifs et les pronoms, s'accordent en genre avec les substantifs auxquels ils font référence.

Le roumain est la seule langue romane où les articles définis sont enclitiques, c'est-à-dire attachés à la fin du mot qu'ils déterminent (substantif ou adjectif), comme dans d'autres langues balkaniques (bulgare, macédonien, albanais), ou dans les langues germaniques du nord (uniquement pour les substantifs), au lieu d'être placés devant (proclitiques). Ils se sont formés, comme dans les autres langues romanes, à partir des pronoms démonstratifs latins.

Le roumain a quatre conjugaisons du verbe, qui se séparent en plusieurs formes de conjugaison. Les verbes peuvent être mis à cinq modes personnels (indicatif, conditionnel/optatif, impératif, subjonctif, présomptif) et quatre modes impersonnels (infinitif, gérondif, supin et participe passé).

[modifier] Phonétique

Icône de détail Article détaillé : Phonétique roumaine.

Le roumain a sept voyelles : /a/, /e/, /i/, /o/, /u/, /ə/, et /ɨ/. Dans quelques mots étrangers on peut rencontrer les voyelles /ø/ et /y/.

En position finale après une consonne (rarement au milieu d'un mot) un court /i/ non syllabique peut apparaître, marqué comme /ʲ/ et qui produit une palatalisation de la consonne précédente. Un son similaire, le u muet, existait en vieux roumain, mais a disparu dans le langage standard.

Il y a aussi quatre semi-voyelles et vingt consonnes.

[modifier] Diphtongues

Diphtongues descendantes : ai, au, ei, eu, ii, iu, oi, ou, ui, ăi, ău, îi, îu.

Diphtongues ascendantes : ea, eo, ia, ie, io, iu, oa, ua, uă.

[modifier] Triphtongues

Modèle S-V-S (voyelle principale entre deux semi-voyelles) : eai, eau, iai, iau, iei, ieu, ioi, iou, oai.

Modèle S-S-V (deux semi-voyelles glissées avant la voyelle principale) : eoa, ioa.

[modifier] Évolutions phonétiques

En raison de son isolement des autres langues romanes, l'évolution phonétique du roumain a été assez originale, mais il partage certains changements avec l'italien, comme [kl] > [kj] (Lat. clarus > Roum. chiar, Ital. chiaro) et quelques-uns avec le dalmate, comme [gn] > [mn] (Lat. cognatus > Roum. cumnat, Dalm. comnut).

Parmi les évolutions notables, le roumain connaît :

  • la confusion de i bref et de e long latins en e, comme dans la plupart des langues romanes
    Lat. ligo > Roum. leg (je lie)
    Lat. lege(m) > Roum. lege (loi)
  • la confusion de u long et bref latins en u et de o long et bref latins en o, comme en sarde et en lucanien
    Lat. cruce(m) > Roum. cruce (croix)
    Lat. mensura > Roum. măsură (mesure)
    Lat. ovu(m) > Roum. ou (oeuf)
    Lat. populus > Roum. plop (peuplier)

à quelques rares exceptions près, restées sans explication : Lat. autumnus > Roum. toamnă (automne), Lat. cogito > Roum. cuget (je pense)

  • la diphtongaison, spontanée, comme en castillan, de ae et de e bref latins : [ae], [e] bref → [ie], en syllabe ouverte comme en syllabe fermée
    Lat. haedus > Roum. ied
    Lat. herbae > Roum. ierbii (de l'herbe)
    Lat. lepore(m) > Roum. iepure (lièvre),

bloquée toutefois par l'entrave nasale, ainsi que, dans les mots proparoxytons, par la position nasale ; dans quelques autres cas d'exception on peut invoquer l'action dissimilatrice de iot ou l'analogie : Lat. dente(m) > Roum. dinte, Lat. teneru(m) > Roum. tânăr (jeune), Lat. vetulus > Roum. vechi (vieil) (si l'on avait eu diphtongaison, on aurait eu comme résultats *zinte, *tsiner, *viechi)

  • la diphtonguaison métaphonique des e, o accentués, suivis par a, e ou ă
    Lat. cera > Roum. ceară (cire)
    Lat. sole > Roum. soare (soleil)
  • confusion, en syllabe atone, des timbres [e] et [i] en [e], ainsi que des timbres [o] et [u] en [u] et passage de [a] à [ə] ; le timbre [o] se trouve parfois rétabli analogiquement en daco-roumain
  • en initiale absolue [a] et [i] long se sont toutefois gardés, tandis que [e] (et [i] bref (?) passe à [a] ; [i] long garde également son timbre en finale absolue, pour sauvegarder la flexion
  • les vélaires [k], [g] (?), [ng] → labiales [p], [b] (?), [m] dans les groupes consonantiques latins [ct], [nct], [x], [gd] (?), [gn],
    Lat. octo > Roum. opt (huit)
    Lat. sancti > Roum. Sâm(p)ţi (Toussaint)
    Lat. coxa > Roum. coapsă (cuisse)
    Lat. *rig(i)dare > ? Roum. răbda (tolérer, supporter, endurer)
    Lat. signum > Roum. semn (signe)
  • [qu], [gu] + a → [p], [b], comme en sarde ; dans les autres environnements phonétiques [qu] et [gu] partagent le sort de [k] et [g]
    Lat. lingua > Roum. limbă (langue)
    Lat. aqua > Roum. apă (eau)
    Lat. quietus > Roum. (în)cet (lentement, faiblement)

Exception: les particules relatives : Lat. qualis > Roum. care (quel)

  • le rhotacisme : [l] entre voyelles → [r]
    Lat. caelum > Roum. cer (ciel)
  • les dentales [d] et [t] palatalisées en [ʣ]>[z] et [ʦ], devant [e] bref ou [i] long, ou bien devant iot en syllabe posttonique
    Lat. deus > Roum. zeu (dieu)
    Lat. terra > Roum. ţară (pays)

Le roumain est la seule langue romane moderne répandue qui a gardé le phonème original [h]. (Le normand aussi. Dans de nombreux dialectes espagnols, en particulier aux Amériques, <j> est prononcé comme [h], mais ce n'est pas une "rétention" : le phonème castillan original est [x]. Dans certains dialectes portugais, en fonction des phonèmes environnants, <r> est prononcé comme [h], mais pareillement le phonème originel est <r>. Dans ces dialectes, <r> correspond à deux phonèmes, un pour [r], et un pour [h].)

[modifier] Prononciation

Icône de détail Articles de base : : Phonétique et Phonétique articulatoire.

La prononciation du roumain est assez simple, comme en français, sauf :

Graphie API Prononciation
ă [ə] o mi-ouvert non arrondi
â, î [ɨ] i central
ce, ci, cea [ʧe], [ʧi], [ʧa] tché, tchi, tcha
che, chi [ke], [ki] ké, ki
e [e], [ɛ], ([]) é (mi-ouvert)
ge, gi, gea [ʤe], [ʤi], [ʤa] djé, dji, dja
h [h] Consonne fricative glottale sourde
(l'air est bruyamment expulsé mais sans
le raclement de gorge de la jota espagnole)
o [o], [] o (mi-ouvert)
r [r] r roulé
s [s] ss jamais /z/
ş [ʃ] ch
ţ [ʦ] ts
u [u] ou
z [z] z

[modifier] Règle d'orthographe pour â et î

Les lettres â et î (accent circonflexe) notent le même phonème [ɨ]. Leur emploi est maintenant fixé :

  • î se trouve en première lettre ou en dernière lettre d'un mot, comme dans începe (« commencer ») ou coborî (« descendre ») ;
  • î est maintenu si on ajoute un préfixe : reîncepe (« recommencer ») ;
  • â ne peut se trouver qu'au milieu des mots : vânt (« vent »), sârbă (danse populaire roumaine).

Les règles ont changé au cours du temps. Avant 1948, on a écrit vânt, de 1948 à 1993, vînt, et depuis 1993 on est retourné à l'ancienne orthographe vânt.

Entre 1948 et 1993, selon les normes imposées par l'URSS, seul î était utilisé, excepté (depuis 1964) pour le mot român et ses dérivés (românesc, România, româneşte, etc.), ainsi que pour les noms de personnes (Pârvu, Câmpeanu, etc).

Remarque : Même à présent il reste encore un bon nombre de locuteurs et plusieurs publications roumaines qui préfèrent continuer à respecter la règle d'avant 1993, non pour des raisons politiques, mais pour la simplicité de cette règle.

[modifier] Système d'écriture

La lettre de Neacşu est le plus vieux document en valaque
La lettre de Neacşu est le plus vieux document en valaque
Un exemple de valaque écrit en cyrillique, encore en usage au XIXe siècle
Un exemple de valaque écrit en cyrillique, encore en usage au XIXe siècle

La première trace écrite d'une langue romane parlée au Moyen Âge dans les Balkans est laissée par un chroniqueur byzantin, Théophane le Confesseur au VIe siècle, au sujet d'une expédition militaire contre les Avars en 587. Il y est noté qu'un soldat de l'armée byzantine remarque que le chargement de l'animal devant lui est en train de tomber, et crie à son compagnon "Torna, torna, fratre !" ("Retourne-toi, retourne-toi, frère !", interprété par d'autres comme "Alerte ! Alerte, compagnons !"), ce qui provoque la panique dans les rangs.

Le texte valaque le plus ancien est une lettre de 1521, dans laquelle un certain Neacşu de Câmpulung prévient Johannes Benkner, maire de Braşov, que "les Turcs préparent une attaque surprise sur toute la Transylvanie et la Valachie" (voir plus). Elle a été écrite en cyrillique, comme la plupart des écrits proto-roumains anciens. L'écrit le plus ancien en lettres latines est un texte de Transylvanie de la fin du XVIe siècle, écrit avec les conventions d'écriture hongroises.

Fin 1700, les lettrés roumains de Transylvanie prirent conscience de l'origine latine du roumain, et lui adaptèrent l'alphabet latin, en utilisant quelques règles de l'italien, qui est très proche du roumain. L'alphabet cyrillique resta en usage jusqu'en 1860, quand les règles d'écriture du roumain furent officiellement établies.

En république socialiste soviétique de Moldavie, une version spéciale de l'alphabet cyrillique, dérivée de la version russe, a été utilisée jusqu'en 1989. On utilise depuis l'alphabet latin, sauf en République moldave de Transnistrie.

[modifier] Alphabet roumain

Icône de détail Article détaillé : Alphabet roumain.

L' alphabet roumain est le suivant :

A a, Ă ă, Â â, B b, C c, D d, E e, F f, G g, H h, I i, Î î, J j, K k, L l, M m, N n, O o, P p, R r, S s, Ș ș, T t, Ț ț, U u, V v, X x, Z z.

Q q, W w et Y y ne font pas partie de l'alphabet roumain de base ; ces lettres ne sont utilisées que pour écrire les mots importés, tels que quasar, watt, et yoga.

Les noms officiels des lettres ont varié au cours du temps. Aujourd'hui l'Académie Roumaine[3] accepte plusieurs variantes dont le nombre, pour certaines consonnes, arrive à trois. La liste comprends les lettres q, w et y aussi :

a, ă, â din a, be/bî, ce/cî, de/dî, e, ef/fe/fî, ge/ghe/gî, haş/hî, i, î din i, je/jî, ka/kapa, el/le/lî, em/me/mî, en/ne/nî, o, pe/pî, , er/re/rî, es/se/sî, şe/şî, te/tî, ţe/ţî, ve/vî, dublu ve/dublu vî, ics, igrec, ze/zet/zî

L'alphabet roumain est basé sur l'alphabet latin, et possède cinq lettres additionnelles (celles-ci ne sont pas des signes diacritiques, mais des lettres au sens propre). Initialement il y en avait 12 de plus, mais certaines disparurent suite aux différentes réformes. Un marqueur de voyelle courte était aussi utilisé jusqu'au début du XXe siècle.

Aujourd'hui, l'alphabet roumain est largement phonétique. Par contre, le "â" (à l'intérieur des mots) et "î" (au début ou à la fin des mots) représentent la même voyelle voyelle non-arrondie centrale fermée /ɨ/, qui a une prononciation entre le "i" et le "ou" français. Anciennement, il y avait quatre lettres pour représenter ce son : â, ê, î et û. À l'époque communiste en Roumanie, (plus précisément entre 1953 et 1993) seule la lettre î était utilisée pour transcrire ce son (avec quelques exceptions). Selon l'usage courant accepté par l'Académie roumaine, /ɨ/ est transcrit soit î en début ou en fin de mot, soit â au milieu. En pratique, les deux usages sont acceptables, et quelques publications gardent l'orthographe de l'ère communiste.

Une autre exception du système complètement phonétique est le fait que les voyelles et les semi-voyelles qui leur correspondent ne se distinguent pas à l'écrit. Dans les dictionnaires, la différence est notée en séparant le mot en syllabes pour les mots contenant un hiatus qui pourrait être mal prononcé comme une diphtongue ou une triphtongue.

Les voyelles accentuées ne sont pas non plus marquées à l'écrit, à part dans des cas très rares où un accent mal placé pourrait changer le sens du mot. Par exemple, "trei copíi" signifie trois enfants et "trei cópii" signifie trois copies.

L'écriture des lettres Ș (/ʃ/) et Ț (/ʦ/) avec une cédille à la place d'une virgule souscrite (c.à.d. Ş et Ţ) est incorrecte mais s'est imposée dans la saisie sur ordinateur, à cause de l'absence des variantes correctes dans les jeux de caractères.

[modifier] Règles de lecture

La lecture du roumain met en jeu certaines règles semblables à la lecture de l'italien

  • Les lettres c et g représentent les fricatives /ʧ/ et /ʤ/ avant i et e, et /k/ et /g/ avant a, o, u, ă, et â/î.
  • Les digraphes ch et gh avant i et e représentent /k/ et /g/ légèrement palatalisées.
  • h représente /h/
  • j représente /ʒ/
  • Les lettres avec virgule souscrite, Ș et Ț, et les allographies avec cédille, ş et ţ (répandues quand les jeux de caractères avant Unicode et l'Unicode initial ne comprenaient pas la forme standard) représentent /ʃ/ et /ʦ/.
  • une finale orthographiée i après une consonne représente une palatisation de la consonne (c.à.d. lup /lup/ "loup" et lupi /lupʲ/ "loups").
  • ă représente le schwa, /ə/.

[modifier] Groupes de lettres

Les lettres c et g ont des prononciations spéciales quand on les utilise dans des groupes de caractères, qui sont les mêmes qu'en italien

Groupe Son Exemples Exemples de mots roumains
ce, ci /tʃ/ tch de tchèque ce (quoi), deci (donc)
che, chi /k/ k de képi chin (souffrance)
ge, gi /dʒ/ dj de Adjani a geme (gémir)
ghe, ghi /g/ g de gui le prénom Gheorghe (Georges)

[modifier] Ponctuation et majuscules

Différences par rapport au français :

  • Le point d'exclamation, le point d'interrogation, les deux points et le point-virgule ne sont pas précédés d'un espace.
  • Les guillemets ont la forme „...”. Pour une citation à l'intérieur d'une autre citation, on utilise les guillemets français («...») sans espace entre ceux-ci et le début (la fin) des mots.
  • Les signes de ponctuation qui suivent un texte entre parenthèses sont toujours écrits après la parenthèse fermante.
  • Dans les noms d'institutions, d'établissements, d'organisations, tous les mots s'écrivent avec majuscule initiale, sauf les prépositions et les conjonctions.

[modifier] Notes

  1. Gustav Weigand, Ovid Densuşianu, Sextil Puşcariu, Alexandru Rosetti, Theodor Capidan, etc.
  2. G. Giuglea, Alexandru Graur, Ion Coteanu, etc.
  3. Dicţionar ortografic, ortoepic şi morfologic al limbii române, 2e édition, Bucarest, Editura Univers Enciclopedic, 2005

[modifier] Références

  • Rosetti, Alexandru, Istoria limbii române, 2 vol., Bucarest, 1965-1969
  • Uwe, Hinrichs, Handbuch der Südosteuropa-Linguistik

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

wikt:ro:Main Page

Consulter le Wiktionnaire en roumain.

Wikibooks
Wikibooks a d'autres information au sujet de :

[modifier] Liens externes

[modifier] Divers

[modifier] Bibliographie

  • Gilbert Fabre, Parlons roumain, langue et culture, L'Harmattan/Corlet, 1991, ISBN 2-7384-0784-6