Politique du Zimbabwe

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Zimbabwe

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Le Zimbabwe est une république présidentielle, où le président est à la fois chef de l'État et chef du gouvernement. Le pouvoir exécutif est aux mains du gouvernement tandis que le pouvoir législatif est partagé entre le gouvernement et le parlement.

Sommaire

[modifier] Contexte politique

La constitution du Zimbabwe, issue des Accords de Lancaster House, institua un système majoritaire. Elle a été amendée à plusieurs reprises, entre autres :

  • 1987 : abolition des 20 sièges du parlement réservés aux blancs ;
  • 1987 : abolition de la fonction de Premier ministre ;
  • 1990 : abolition du Sénat, et création de sièges nominés à l’Assemblée ;
  • 2005 : réintroduction du Sénat.

Le gouvernement nomme hauts fonctionnaires, dont les cadres de l’armée et de la police. Le politburo de l’Union nationale africaine du Zimbabwe a de facto davantage de pouvoirs que le cabinet des ministres. Le parti a remporté toutes les élections depuis l’indépendance le 18 avril 1980 et les accusations de fraudes furent fréquentes.

[modifier] Pouvoir exécutif

Fonction Nom Parti Depuis
Président Robert Gabriel Mugabe ZANU 30 novembre 1987
Vice-président Joseph Msika ZANU 23 décembre 1999
Vice-président Joyce Mujuru ZANU 4 décembre 2004

Le Président est le Chef de l'État et le Chef du Gouvernement, élu pour un terme de six ans au suffrage universel direct.

[modifier] Pouvoir législatif

Le Parlement compte 120 membres élus, 10 chefs tribaux, 12 membres nommés par le président ainsi que 8 gouverneurs de provinces. Leur mandat est de cinq ans.

[modifier] Partis politiques et élections

Icône de détail Articles détaillés : Partis politiques du Zimbabwe, Élections au Zimbabwe, Élection présidentielle zimbabwéenne de 2008 et Élections législatives zimbabwéennes de 2008.

Les élections présidentielles, municipales et législatives de mars 2008 se déroulent dans un contexte économique, politique et social très tendu. L'ancien grenier à blé de l'Afrique australe est alors en ruine, avec une hyperinflation annuelle supérieure à 100 000%, quatre adultes sur cinq au chômage, des magasins vides, des pénuries alimentaires et énergétiques à répétition alors que l'espérance de vie a dégringolé à 36 ans. Le chef de l'état sortant, Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1980, bénéficie du soutien sans failles de la police et de l'armée ainsi que d'un système élaboré de clientélisme assorti de campagnes de répression ou d'intimidation des partis rivaux [1].

Pour les élections présidentielles, le président Robert Mugabe (Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique - Zanu-Pf), candidat à un 6ème mandat, affronte Morgan Tsvangirai (Mouvement pour le changement démocratique - MDC) et Simba Makoni, un ancien ministre des finances, dissident du Zanu-PF. Pour les élections législatives, le MDC et la Zanu-PF sont les principaux rivaux. Ces derniers accusent Robert Mugabe d'avoir conduit à la ruine le pays qui était autrefois prospère [2].

Les élections ont lieu le 29 mars 2008 en l'absence de la plupart des correspondants de la presse étrangère et des observateurs européens et américains, le régime n'ayant accepté que la présence d'observateurs de pays africains ou « amis » comme la Chine, l'Iran ou le Venezuela [3]. Plus de 5,9 millions d'électeurs sont concernés.

Le 31 mars, le MDC accusait les autorités de retarder les résultats pour les manipuler en faveur de Robert Mugabe, dénonçant notamment la présence de plusieurs milliers d'électeurs fantômes sur les listes électorales. Elle revendiquait la victoire, proclamant que Morgan Tsvangirai, avait remporté 60% des suffrages contre 30% au chef de l'État et 96 sièges de députés pour le MDC, dans 128 des 210 circonscriptions où le MDC avait pu procéder au comptage des bulletins de vote. Le Réseau de soutien aux élections zimbabwéennes (ZESN), une coalition regroupant une trentaine d'ONG, projetait une victoire par 49,4% à Morgan Tsvangirai, contre 41,8 % à Robert Mugabe et 8,2% à Simba Makoni. Selon les projections émises par la Zanu-PF, le MDC obtiendrait cependant une courte victoire à la Chambre des députés mais pas au Sénat alors que Morgan Tsvangirai obtiendrait 48,3% des voix contre 43% pour Mugabe et 8% à Simba Makoni, signifiant qu'un second tour serait organisé dans un délai de trois semaines pour départager les deux candidats principaux à l'élection présidentielle.

Par crainte de violences, les forces de sécurité étaient déployées dans la capitale du pays.

C'est dans ce contexte tendu que la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) décernait un blanc-seing au scrutin électoral avant même la publication des résultats, déclarant ces élections « pacifiques et crédibles » et qualifiait le scrutin d'« expression pacifique et crédible de la volonté du peuple du Zimbabwe ». Pour le Mouvement pour le changement démocratique, "la Commission électorale et le régime étaient de mèche avec les responsables de la mission de la SADC." Une députée sud-africaine de l'Alliance démocratique, Dianne Kohler-Barnard, refusa néanmoins de signer le rapport préliminaire de la mission d'observation de la SADC alors que la secrétaire d'État américaine, Condoleezza Rice, qualifiait le régime de Robert Mugabe de « honte pour le peuple du Zimbabwe, pour l'Afrique australe et le continent dans son ensemble » et mettait en cause la SADC pour son inertie [4] .

Alors que le décompte se poursuit, le prix Nobel de la Paix Desmond Tutu envisage l'envoi d'une force internationale de maintien de la paix pour protéger les droits de l'homme au Zimbabwe alors que le président Thabo Mbeki est accusé d'observer un "silence assourdissant" sur la situation politique du pays. Le quotidien gouvernemental zimbabwéen, "The Herald", reconnait cependant qu'aucun candidat ne recueillait plus de 50% des voix, manifestant ainsi la première reconnaissance semi-officielle de la défaite du président Robert Mugabe.

De leur côté les Occidentaux évoquent la victoire de l'opposition alors que le premier ministre britannique Gordon Brown et le président américain George W. Bush s'entretiennent avec Thabo Mbeki afin qu'il intervienne. Un "départ en douceur" de Robert Mugabe est alors évoqué dans les médias afin de lui épargner l'embarras d'un second tour à quoi s'opposerait cependant le chef de l'armée, Constantine Chiwenga [5] .

Le 2 avril, au bout d'un long décompte, la commission électorale du Zimbabwe déclarait finalement que, sur 210 sièges, le MDC obtenait 105 sièges (dont 5 MDC dissidents) contre 93 au Zanu-PF, signifiant ainsi que ce dernier ne pourrait pas obtenir une majorité parlementaire même en obtenant les quelques sièges encore à pourvoir. La commission reconnaissait également la défaite du ministre de la justice, Patrick Chinamasa dans la circonscription rurale de Makoni Central, celle d'un autre ministre, Chen Chimutengwende, à Mazowe Central et la réélection de la vice-présidente Joyce Mujuru. Par contre, au Sénat, les deux partis se retrouvaient à égalité. De son côté, le MDC proclamait que Morgan Tsvangirai était élu président avec 50,3% des voix mais aucun résultat officiel n'était encore proclamé.

Le 7 avril, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon demandait aux autorités de procéder à la publication officielle des résultats de l'élection présidentielle alors que le ZANU-PF demandait un nouveau décompte des suffrages. L'absence de publication officielle des résultats fait alors craindre au MDC que la Commission électorale, dont les membres ont été nommés par Robert Mugabe, ne manipule les résultats. Bien qu'ayant déposé un recours devant la Haute Cour, celle-ci reportait à trois reprises sa décision.

De son côté, Robert Mugabe en appelait les zimbabwéens à protéger leurs terres des Blancs et la Zanu-PF accusait le MDC de vouloir annuler la redistribution des terres aux Noirs [6] alors que "d'anciens combattants" de la guerre d’indépendance défilent dans Harare et que d'autres envahissent les fermes encore détenues par les blancs [7].

Les résulats furent finalement officiellement publiés le 2 mai, imputant 48% des suffrages à Morgan Tsvangirai contre 43% à Robert Mugabe. Un second tour est alors nécessaire pour les départager bien que le MDC persiste à déclarer que Morgan Tsvangirai avait obtenu 50,3% des voix et que les résultats ont été truqués.

Alors que les partisans de Robert Mugabe continuent à commettre de nombreux actes de violences à travers tout le pays, notamment dans les communes rurales, afin d'intimider les électeurs du MDC, Morgan Tsvangirai se résout à accepter de participer à un second tour.

[modifier] Pouvoir judiciaire

Les juges de la Cour suprême sont nommés par le président sur conseil de la Commission judiciaire.

[modifier] Notes et références

  1. L'opposition du Zimbabwe dénonce des fraudes électorales, article de Reuters du 29 mars 2008
  2. article de Reuters du 29 mars 2008, ibid
  3. Election au Zimbabwe: l'opposition se déclare gagnante contre le président Mugabe, article de l'AFP du 1er avril 2008
  4. Les voisins du Zimbabwe accusés de protéger Mugabe, article de l'AFP publié dans 20 minutes du 31 mars 2008
  5. Élections au Zimbabwe: la pression monte sur Mugabe, crainte de violences, article de l'AFP du 2 avril 2008
  6. La communauté internationale demande la publication des résultats de la présidentielle, article du journal Le Monde du 7 avril 2008
  7. Robert Mugabe, l’instinct de conservation, article de Libération du 8 avril 2008


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