Illuminés

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Le terme illuminés (au pluriel) désigne soit un groupe d’adeptes réunis autour d'une personne ayant reçu l'illumination (dans le sens de lumière intérieure) soit un groupe de personnes rassemblées dans le but de recevoir cette illumination.

Sommaire

[modifier] Circonstances et définitions

L’Illumination est l'avènement de la "lumière intérieure" ou "lumière divine". Est Illuminé, celui qui a reçu l'Illumination.

Au singulier, le terme "illuminé" qualifie des sages ou des prophètes (Zarathoustra, Moïse (sur le Mont Sinaï), Bouddha ou Sohrawardi (liste non limitative))). Au pluriel, le terme qualifie un groupe d’adeptes réunis soit autour d’un Illuminé (tel que le mythique Christian Rosenkreutz) soit dans le but de recevoir l’illumination (tels les adeptes de l’Illuminisme). Les rapports de l’illumination avec des notions métaphysiques telles que : la Grâce, le Salut, la venue du Messie, la (force de) la prière, l’extase, la résurrection, etc. ou des mouvements tels que la Gnose ou le Mazdéisme et d’autres concepts similaires ont été longuement développés par de nombreux historiens et théologiens au cours de l’histoire (développements trop abondants pour être retranscrits ici).[réf. nécessaire]

[modifier] Origines

Elles seraient à rechercher dans la Gnose et le Zoroastrisme perses. Historiquement depuis Zarathoustra, plusieurs mouvements se sont réclamés de l’Illumination, ou l'intériorisation des Lumières.

[modifier] Les Sohrawardiens

Sohrawardi ou Sohrawardî, 1155, Sohraward (Iran) - 1191, Alep (Syrie). Sohrawardi, de son vrai nom, Shihab al-Dîn Yahyâ ibn Habbash en Arabeشهاب الدين يحيى سهروردى), ce philosophe mystique est le fondateur de l'illumination. Rapidement, cette philosophie connut un certain succès et Sohrawardi réussit à réunir quelques disciples autour de lui. Tous subirent la répression du célèbre Saladin qui les amalgamait aux ismaéliens; Sohrawardî lui- même étant exécuté à Alep sur l’ordre exprès du Sultan, le 5 Rajab 587 h. (29 juillet 1191) à l’âge de trente-six ans. Dès cette date, il fut considéré par ces disciples comme el Shaykh maqtul, c’est-à-dire le shaykh mis à mort ou «le prophète assassiné». Mais plus tard ses élèves préfèreront l’appeler el Shaykh al-ishraq, (le maître de l’illumination), ou bien «le maître de la sagesse orientale» ou encore «l’Orient Philosophique »...

Dans l’un de ses plus beaux livres, Le Bruissement de l’aile de Gabriel, l' Esprit-Saint, assimilé à l’archange Gabriel, parvient à réunir dans la contemplation, l’âme avec l’Intellect. Ce texte est reconnu par tous les chercheurs comme l'un des plus beaux «récits mystiques» de la Littérature. Il offre aussi une explication de l'intériorisation de l’univers des Lumières, clé de toute l'œuvre ; véritable sésame, si difficile à saisir pour le non-initié...

Mais laissons parler Henri Corbin : «Enfin, il y a Le Récit de l’exil occidental et Le Livre de la sagesse orientale, certainement ses chefs-d’œuvre. Ici, la doctrine devient, «événement de l’âme» l’expérience s’énonce au singulier, concluant le travail métaphysique qu’exposent les traités ». Ce dernier ouvrage qui commence par un traité de logique, se poursuit par cinq livres de métaphysique, respectivement consacrés … à la hiérarchie des degrés de l’être ontologique, au mode d’activité des lumières archangéliques, aux mouvements célestes, à la psychologie, enfin à la résurrection et aux prophéties... »

[modifier] Les Frères et Sœurs du Libre-Esprit

Icône de détail Article détaillé : Libre-Esprit.

La désignation d’illuminés a aussi été utilisée dès le XIVe siècle par les Frères de l'Esprit libre, et au XVe siècle par d’autres adeptes qui prétendaient que la "lumière illuminante" venait, non pas de la communion avec l'être absolu mais d'une source secrète. Certaines de ces sociétés pré- communistes prônaient également un naturisme absolu associé à la communauté des femmes et des biens … violemment combattues par l’Inquisition, elles disparurent rapidement soit sur le bûcher soit, le plus souvent, dans l'anonymat ou la clandestinité.

[modifier] Les Alumbrados d'Espagne

Aux plus anciens groupes d'illuminés appartiennent les Alumbrados d'Espagne. L'historien Marcelino Menéndez Pelayo a découvert en 1881 que leur nom, apparaît peu avant 1492 (et sous la forme Iluminados en 1498), il leur donnait une origine gnostique mais pensait que leur influence était encouragée en Espagne par des intérêts italiennes. Un de leurs plus anciennes égéries, née à Salamanque, une fille d'ouvrier, "La Beata de Piedrahita" ("La Bienheureuse de Piedrahita" , fut conduite devant l'Inquisition en 1511. D'importants protecteurs la sauvèrent d'une punition rigoureuse. Ignace de Loyola, qui étudiait à Salamanque en 1527, passa également devant une commission ecclésiastique pour sympathie aux Alumbrados; mais il écopa seulement d'une remontrance. D'autres n'ont pas eu cette chance, en 1529, une congrégation d'adhérents à Tolède subit la flagellation et l'emprisonnement. S'ensuivit un siècle de grande rigueur; l'Inquisition fit de nombreuses victimes parmi les Alumbrados, particulièrement à Cordoue.

[modifier] Les Rosicruciens

Icône de détail Article détaillé : Rose-Croix.
Rose-Croix brodée sur une nappe d'autel
Rose-Croix brodée sur une nappe d'autel

Les rosicruciens constituent un autre groupe d'illuminés. Certains d'entres eux affirment qu'il aurait été fondé en 1422 par l’illuminé Christian Rosenkreutz dans le but de transmettre au monde, via un petit groupe d’adeptes, l’Illumination. Les adeptes étant censés eux- mêmes recevoir l’illumination par une série d’épreuves initiatiques. D'autres lui attribuent une origine plus ancienne encore, remontant à l'Égypte antique, voire à l'Atlantide.

Cependant, ni Christian Rosenkreutz ni le groupe de la Rose-Croix ne sont mentionné avec certitude, dans les documents historiques antérieurs à 1614, date de la publication de leur profession de foi, les "trois Manifestes". Ces derniers, définissaient l’esquisse d'une société secrète ou semi-secrète qui affirmait combiner aux mystères de l'alchimie, les principes ésotériques de la religion.

Les "trois Manifestes", textes anonymes, sont mentionnés dans le "Dictionnaire universel des sciences ecclésiastiques" (Paris, 1825). Le but revendiqué par les Rose-Croix du XVIIe siècle était une régénération universelle, englobant aussi bien l'Être humain, la Société, les Arts, les Sciences que la Religion, par un retour aux sources du pur christianisme qu'ils professaient. Leur rédaction semble pouvoir être attribuée au pasteur Johann Valentin Andreae, de Tubingen, homme brillant et inspiré de la Renaissance. Andreae pensait en quelque sorte, pouvoir tracer la voie d’une Réforme ésotérique.

Au fil du temps, le mouvement aurait éclaté en plusieurs groupes ou « ordres », dont l’ AMORC ou la Rose-Croix d’or. Certains autres ordres rosicruciens se réclament aujourd'hui de l'héritage des Templiers.

Les thèmes de la Rose-Croix, reliés à ceux de la Chevalerie, inspirèrent la rédaction de plusieurs « hauts grades » de la franc-maçonnerie.

[modifier] Les Illuminés de France

Le mouvement, des Illuminés, semble avoir gagné la France depuis Séville (Espagne) en 1623. Ce mouvement a séduit quelques disciples en Picardie qui ont fait la rencontre en 1634 du curé Pierre Guérin, dont les disciples, appelés "les Guérinistes", furent exécutés en 1635.

[modifier] Les Illuminés d'Avignon

Icône de détail Article détaillé : Les Illuminés d'Avignon.

Un siècle plus tard, un autre corps d'Illuminés, encore plus obscur, s'est implanté dans le sud de la France où il a persisté jusqu'en 1794. Ce groupe avait des liens avec ce que les Britanniques appelaient les "French Prophets" (Prophètes français), en fait des descendants des Camisards (protestants calvinistes cévenols).

Cette Société, fondée en 1760 (ou 1786 ?) à Avignon par Dom Antoine Joseph de Pernetti, plus connu sous le nom de Pernéty, revêtit bientôt la forme maçonnique. Elle comportait 6 grades, et professait les doctrines de Swedenborg alliées à celles de Guillaume Postel. Elle pratiquait également l'alchimie.

[modifier] Les Martinistes

Icône de détail Article détaillé : Martinisme.

Plus tard, le titre d'illuminés a été appliqué aux Martinistes français, un petit groupe qui a été fondé en 1754 par Martines de Pasqually. Il a été imité par les Martinistes russes, dirigés vers 1790 par le professeur Schwartz de Moscou. Ces deux mouvances étaient occultes, cabalistiques et allégoristes, s'inspirant des idées éclectiques de Jacob Boehme et Emanuel Swedenborg.

[modifier] Divers

Dans la culture populaire, l'histoire des illuminés a influencé notre fonds culturel dans plusieurs domaines et a donné lieu à de nombreuses récupérations sont souvent satiriques, humoristiques, voire de pure fiction.

Icône de détail Article détaillé : Illuminati dans la culture populaire.

Le terme même a pris un sens péjoratif quand il a commencé à désigner des personnes au langage hors-normes ou exalté.

[modifier] Sources

[modifier] Ouvrage de référence

  • Corbin, Henri. L'Islam iranien: aspects spirituels et philosophiques, vol. II: Sohrawardi et les Platoniciens de Perse, Paris, 1971, Gallimard. (Corbin qui dédia la plus grande partie de sa vie à l'étude d'al-Suhrawardi en traduisit de nombreux textes en français).
  • John Robison, Proofs Of A Conspiracy, ISBN 0944379699
  • René Le Forestier. Les illuminés de Bavière et la Franc-maçonnerie allemande (1915).2
  • Die Korrespondenz des Illuminatenordens. vol. 1, 1776-81, éd. Reinhard Markner, Monika Neugebauer-Wölk et Hermann Schüttler. - Tübingen, Max Niemeyer, 2005. - ISBN 3-484-10881-9.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes