École de la Rose-Croix d'Or

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Caducée sur le portail du temple de la Rose-Croix d'Or au "Château de la Haye" - Guerville (76)
Caducée sur le portail du temple de la Rose-Croix d'Or au "Château de la Haye" - Guerville (76)

L'École de la Rose-Croix d'Or (RCO), également connue sous le nom de Lectorium Rosicrucianum, fondée en 1945 par Jan Leene et Henriette Stok-Huizer à Haarlem aux Pays-Bas, se définit elle-même comme « une fraternité initiatique d'inspiration gnostique et chrétienne » sans orientation politique, et revendique environ 15 000 membres dans 40 pays, dont 700 en France et 3 000 dans l'ensemble des pays francophones. Elle est cependant listée comme secte en France dans un rapport parlementaire controversé [1] datant de 1995.

Sommaire

[modifier] Historique

En 1924, les deux frères Jan et Wim Leene se rapprochent du mouvement américain Rosicrucian Fellowship, fondé en 1909 par Max Heindel. En 1929, ils prennent la tête de la branche hollandaise. Rejoints par Henriette Stok-Huizer en 1930, ils fondent ensemble un groupe indépendant en 1935, sous le nom de Rozekruisers Genootschap (Société Rosicrucienne). Wim Leene meurt en 1938, mais Jan Leene et Henriette Stok-Huizer poursuivent l'aventure et écrivent de nombreux ouvrages, publiés sous leurs noms d'auteur : Jan van Rijckenborgh et Catharose de Petri.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, ils sont contraints d'arrêter leurs activités, mais en 1945 ils créent l'École de la Rose-Croix d'Or (Lectorium Rosicrucianum). En 1945, Jan Leene crée en France l'association Lectorium Rosicrucianum France, qui est présidée dès 1956 par Antonin Gadal. Jan Leene décède en 1968 , et Henriette Stok-Huizer prend la direction du mouvement, à la suite d'une grave crise interne, provoquant le départ du propre fils du fondateur la "rose-croix d'or", avec de nombreux élèves, ainsi que le départ du chef de la branche Française. Après sa mort, en 1990, la direction du mouvement est confiée à un collège de 13 membres, la "direction spirituelle internationale" (DSI).

[modifier] Philosophie et enseignements

Son « enseignement » se fait par la publication de livres et l'organisation de soirées à thèmes, des conférences publiques et des séminaires. Cet enseignement est connu par les études de différents universitaires (belges, néerlandais, canadiens et français) et par des extraits de la brochure de contact « La Rose-Croix d'Or » repris presque in-extenso sur le site Prévensectes[2]. L'École de la Rose-Croix d'Or affirme s'inspirer des « antiques mystères chrétiens » (Cathares, Graal, Rose-Croix)[3],[4] et affirme en être la gardienne.

« L'esprit gnostique y est très marqué[5],[6],[7] par un ésotérisme chrétien (L'évangile de Jean est ouvert dans tous les temples) en se recommandant des œuvres de Max Heindel et de Rudolf Steiner. »[8] La Rose Croix d'Or refuse toute activité occulte[9],[10] malgré les accusations d'occultisme émise par le rapport 2468 de l'Assemblée Nationale.

[modifier] Valeurs et objectifs affichés

La Rose-Croix d'Or se présente elle-même comme un mouvement d'orientation « gnostique-chrétienne », mais son enseignement comporte aussi des références au Judaisme à l'Islam, à l'Hindouisme, au Bouddhisme ainsi qu'à la tradition Celte ou Taoiste. Les Rose-Croix d'Or professent une parfaite égalité de l'homme et de la femme.

L'apprentissage est détaillé dans la brochure de contact « La Rose-Croix d'Or », et prétend :

  • Eveiller la "Ressouvenance"

Une fraternité gnostique ne se contenterait pas d'appeler l'homme en recherche, mais éveillerait, chez celui qui s'approche d'elle la « re-souvenance » d'un état primordial parfait et permettrait d'accéder à la connaissance de ce que les Rose-Croix appelent « la moitié pure et inconnue du Monde » . Cette « moitié pure et inconnue du Monde » est décrite par la Rose-Croix comme étant la « patrie véritable de l'Humanité d'avant la Chute ».

  • Dénoncer la grande mystification de l'au-delà :
    La Rose-Croix réfute l'idée que l'au-delà soit le « royaume originel divin ». Il s'agirait d'après elle uniquement du monde des désirs et de la mort. L'au-delà, serait aussi l'endroit où vont les morts dans l'attente d'une prochaine réincarnation. Cette sphère est aussi nommé « sphère réflectrice » car elle reflèterait exactement l'état d'être de l'humanité, ses aspirations et ses espoirs. Les nombreux maîtres, dieux, déesses et esprits de toutes sortes qui y ont pris forme seraient nés des passions et des désirs, des spéculations religieuses et occultes des hommes. La manifestation la plus visible en serait les nombreuses hécatombes et guerres fanatiques actuelles. Elle ne s'appuye pas sur ce qu'elle considère comme des spéculations religieuses comme la peur de la mort et la croyance en l'au-delà ou une possible réincarnation. La Rose-Croix d'Or ne préconiserait donc aucun développement occulte (dédoublement (voyage astral), l' «  ouverture  » des chakras, le développement de la kundalini, etc.). Elle ne se réfèrerait pas non plus au spiritisme, ou au channeling. Elle ne pratique aucun culte des maîtres, etc.
  • Le rôle libérateur de la gnose :
    L'enseignement rosicrucien viserait à libérer l'homme de ses entraves en le reliant à la « Gnose », terme provenant du mot grec « Gnosis » qui signifie « connaissance ». Selon la RCO, seule la Gnose, en tant que « force spirituelle » rend libre. Par la liaison avec ce domaine de vie parfait, l'initié est conduit de son état mortel à sa réalité divine.
  • Le terme initiation, fait référence à une transformation qui concernerait la totalité de l'être humain :
    Ce chemin doit représenter un processus de transformation englobant tant le corps que la conscience que l'âme que l'esprit.
  • Cet enseignement a pour but la libération de la « roue des naissances et des morts », c'est-à-dire à la fin du processus de la réincarnation, ceci en une seule vie.
  • S'accomplir en ce monde :
    Ce chemin de révélation et de connaissance de soi, dont la responsabilité incombe à chacun, doit être transmis au cours d'activités spirituelles, telles que les rencontres, les séminaires, les retraites. Le candidat introduit dans sa vie sociale, professionnelle, et familiale, les éléments d'un renouvellement de conscience. Afin qu'il puisse réaliser l'exigence chrétienne d'amour envers Dieu et son prochain dans sa vie quotidienne.

-Ce chemin initiatique en sept étapes définies sous forme de « grades » doit être effectué dans une atmosphère (« lieu de respiration ») spirituelle, ce qui justifie, aux yeux des Rose-Croix, l'implantation de temples et de centres de conférence. Il n'y a pas d'enseignement par correspondance Le but affirmé est la « réintégration de notre univers dans sa perfection originelle ».

[modifier] Pratiques

La Rose-Croix d'Or édite une brochure bimestrielle intitulée Pentagramme.

Les « élèves » sont répartis en trois grades : préparatoire, probatoire et confessionnel. Les élèves s'engagent à une pratique de vie où « l'équilibre de la conscience » est essentiel d'où la recherche d'une purification mentale, émotionnelle et physique (végétarisme, abstention de drogues licites comme illicites).

Le bulletin Bulles affirme que ces « grades » ont pour vocation :

  • Au « stade préparatoire » (prendre conscience de la « Cartographie initiatique »),
  • Au « stade probatoire » (« découvrir les faux semblants »),
  • Au « stade confessionnel » (« émergence de la conscience »),
  • Les quatre stades suivants amorcent la « construction de l'être », de « l'âme immortelle ».

Cette « construction » s'effectue au sein de l' école dite « intérieure  », accessible en général au bout de sept années d'apprentissage et qui comporte quatre grades, ce qui fait, en tout, sept niveaux.

[modifier] Textes indiqués en référence

[modifier] Organisation

L'organisation de l'École spirituelle fonctionne à tous ses niveaux sur la collégialité. Il y a une « direction spirituelle » internationale de 13 membres

  1. Des membres du « présidium » au nombre de cinq par régions. Ainsi la région trois comprend : la Suisse, le Canada, la Grèce, la Roumanie, l'Italie et la France. La France revendique 700 élèves.
  2. Les « directions nationales » représentent leurs pays, et assistent les présidiums. Les directions nationales sont des courroies de transmission des présidums vers les « directions des centres » de ville. Le rôle des treize directions des centres de France est organisationnel autant que « spirituel ».
  3. Un groupe d'élèves, s'occupe de la « société rosicrucienne » en assumant la tache des « contacts avec le public ».

[modifier] Financement et patrimoine

L'association française est propriétaire de trois centres de conférences qui accueillent 700 élèves lors de conférences mensuelles de « Renouvellement » :

  • Le Château de la Haye, dit « le Phénix », agrémenté d'un domaine de 13 hectares, et situé sur la commune de Guerville (Seine-Maritime). Il comporte appartements, salles de réunion et un complexe de temples.
  • Le Château Tourtel, agrémenté d'un parc de 15 hectares, et situé à Tantonville (Meurthe-et-Moselle). Centre d'hébergement, de conférence et de culte.
  • Le Domaine du Rieusselat, dit « la Licorne », situé à Saint-Jean-de-Fos (Hérault). Centre d'hébergement, de conférence et de culte.

En plus de ces centres de conférences, l'association dispose de biens immobiliers à Ornolac-Ussat-les-Bains (Ariège), Hem (Nord), et Poitiers (Vienne). Ces locaux sont ouverts et accessibles à tous.

Les recettes de l'association proviennent des cotisations et des dons manuels de ses membres. Une maison d'édition, « le Septenaire » diffuse, entre autres, la littérature de cette école. Le Siège de l'association est à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) et comprend des bureaux et un temple (lieu de culte).

[modifier] Possessions immobilières

L'École de la Rose-Croix d'Or est propriétaire d'un capital immobiler (deux châteaux) évalué à 5,5 millions de francs en 2002. La récurrence des "sectes" à s'intéresser au placement immobilier autant pour y accueillir leurs membres lors de conférences que pour permettre aux dirigeants d'y vivre parfois luxueusement, amène une suspicion envers ce capital immobilier.[11] Ses détracteurs insistent sur ce point, affirmant que cela est très loin de la simplicité d'un christianisme originel. La RCO leur oppose que ces estimations restent dérisoires, même converties en euros. La gestion de son patrimoine n'a donné lieu à ce jour, à aucun redressement fiscal malgré de nombreux contrôles et n'a été sujet à une quelconque mise en cause.

[modifier] Secte ?

L'École de la Rose-Croix d'Or a été désignée comme secte par le rapport parlementaire français de 1995 [12]. La circulaire ministérielle française du 27 mai 2005 relative à la lutte contre les dérives sectaires, a cependant jugée les listes de sectes non pertinentes, et contraire au respect des libertés et au principe de laïcité. Selon le président de la Miviludes, Jean-Michel Roulet, la liste parlementaire des sectes de 1995 est « complètement caduque » mais « a permis de cerner le phénomène même si c'était de manière parfois erronée et partiellement incomplète »[13]. Cette circulaire a conduit à la réorientation de l'action de la Miviludes qui continue de surveiller les mouvements sectaires sans dresser une liste officielle.[14]

Du fait de ce premier rapport parlementaire, l'École de la Rose-Croix d'Or est listée comme tel par certaines associations anti-sectes qui en reprennent la liste. Cependant elle s'en défend et préfère se présenter comme un « nouveau mouvement religieux » s'appuyant sur des témoignages extérieurs qui attribue cette classification à une méconnaissance[15],[16]

[modifier] Notes et références

  1. Un phénomène diabolisé ou banalisé par Frédéric Lenoir, Le monde diplomatique de mai 1999, Page 26
  2. http://www.prevensectes.com/
  3. Antoine Faivre, Encyclopédia Universalis 2001, chapitre Rose-Croix
  4. Roland Edighofer, Que sais je (Puf) consacré aux Rose-Croix, page 111
  5. Jan van Rijckenborgh, traductions et commentaires néerlandaises de la Fama, du Confessio, des Noces Chymiques
  6. M. Edighofer, la Fraternité de Shamballa
  7. Lectorium Rosicrucianum (Massimo Introvigne)
  8. M. Bayard, Sociétés secrètes et les sectes, Éditions Philippe Lebeau 1997 repris par suivante Prévensectes et le bulletin Bulles de l'Adfi
  9. Antoine Faivre, Pour en finir avec les sectes, Cesnur 1996 - page 246-254
  10. Spiritualités vivantes,Rose-Croix d'Or
  11. Un article du journal L'Express, qui traite des sectes, de leur financement et de leur placement financier.
  12. rapport parlementaire français n°2468
  13. Mission Interministérielle de VIgilance et de LUtte contre les DÉrives Sectaires
  14. Texte de la circulaire gouvernementale du 27 mai 2005 disponible sur Légifrance.
  15. Mgr Jean Vernette dans le magazine L'actualité des Religions de juillet-août 2002
  16. Luc Lefontaine, Bas de la page 92 du rapport de l'enquête parlementaire belge : première partie (au format PDF) et seconde partie (au format PDF).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Jan van Rijckenborgh
    • La Gnose Universelle, Éd. Rozekruis Pers.
    • Philosophie Élémentaire de la Rose-Croix moderne, Éd. Rozekruis Pers.
    • Les Noces Alchimiques de Christian Rose-Croix, commentaires (Vol. 1 et 2), Éd. Rozekruis Pers.
    • La Gnose originelle Égyptienne et son appel dans l'éternel présent (Tomes 1 à 4), Éd. Rozekruis Pers (commentaires du Corpus Hermeticum).
    • La Gnose chinoise (commentaire du traité de Lao Tseu, le Tao tê King), Éd. Rozekruis Pers.
  • Max Heindel
    • Cosmogonie des Rose-Croix, Éd. Association Rosicrucienne, 1999.
    • Mystères Rosicruciens, Éd. Association Rosicrucienne, 1999.
  • Rudolf Steiner
    • Théosophie du Rose-Croix, Éditions Anthroposophiques Romandes, Genève, 1991.
    • Christian Rose-Croix et sa mission, Éditions Anthroposophiques Romandes.
  • Antonin Gadal
    • Sur le chemin du St Graal, Éd. Rozekruis Pers.
    • De l'Héritage des Cathares, Éd. Rozekruis Pers.
  • François Favre - Mani, Christ d'Orient, Bouddha d'Occident, Éditions du Septenaire.
  • Konrad Dietzfelbinger - Les Écoles des Mystères. De l'ancienne Égypte au Christianisme de l'Origine jusqu'à la Rose-Croix actuelle, Éditions du Septenaire.
  • H.-P. Blavatsky - La voix du silence, Éditions Adyar.
  • Dictionnaire critique de l'Ésotérisme, dirigé par Jean Servier, Éditions PUF (Voir pages d'Antoine Faivre sur la Rose-Croix).