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Sommaire

[modifier] Histoire générale de la bande dessinée

L’histoire de la bande dessinée pour être générale doit au moins être décrite aux regards des trois principaux pôles de la création artistique de la bande dessinée, l’Europe qui a vu sa création, les États-Unis à qui nous devons sa popularité et l’Asie qui représente aujourd’hui la plus grosse production de bandes dessinées avec le Japon et la Corée, et remettre la création de la bande dessinée dans le contexte qui l'a vu naître.

[modifier] Contexte culturel

[modifier] En Europe au XVIIIe siècle

version américaine des Aventures de Don Quichotte des imageries Pellerin à Épinal
version américaine des Aventures de Don Quichotte des imageries Pellerin à Épinal

Avant l’invention de la lithographie par l’allemand Aloys Senefelder en 1796, les artistes graphiste n'étaient pas des dessinateurs, c'était à l'image de Albrecht Dürer des graveurs. Ils devaient passer soit par l’intermédiaire de la sculpture d’une plaque de bois, la xylographie, soit de la gravure d’une feuille de cuivre, la taille-douce ou l’eau-forte, pour produire et reproduire leurs œuvres. Ces techniques avaient pour effet de retirer toute spontanéité au trait. Avec la lithographie, en permettant le dessin direct au crayon gras ou à l’encre grasse, A. Senefelder libère la main de l’artiste qui peut ainsi se passer de l’étape de la gravure pour obtenir une estampe.

En France, dès 1796, la même année que l'invention de la lithographie, les premières images sont imprimées en série par L'Imagerie d'Épinal. D’abord imprimées avec des planches de bois gravées et coloriées au pochoir, elles se présentent généralement sous la forme de dessin pleine page et reprennent des sujets populaires (images pieuses, chanson, comptines, devinettes, histoire de France, etc.) mais rapidement apparait des planches de vignettes comportant un texte explicatif disposé sous la vignette. En 1820, le fondateur Jean-Charles Pellerin adopte la lithographie et 10 ans plus tard la technique de la chromolithographie de Godefroy Engelmann. Les images « pleine page » prennent rapidement le nom de « chromos », synonyme de couleurs vives, pour nous conter les hauts faits de l'histoire de France. Les pages de vignettes sont les traditionnelles Images d'Épinal. Dès qu'elles deviennent des planches composées d'images ayant un enchaînement logique, ce sont enfin des « histoires en images ». Des dessinateurs célèbres tels que Caran d'Ache et Benjamin Rabier travaillent pour l’Imagerie d’Épinal. Ces planches, souvent réliées sous forme de livres ou d'albums cartonnés, sont commercialisées par des colporteurs qui assurent leur succès, entre 1870 et 1914 plus de 500 millions de planches sont vendues[1]. Jean-Charles Pellerin fut sans nul doute le créateur des « histoires en images » et un précurseur des maisons d'édition de bande dessinée.

En Angleterre à la fin du XVIIIe siècle, se développent les dessins d’humour satiriques et les caricatures.

John Bull par James Gillray (6 oct 1801)les premiers phylactère
John Bull par James Gillray (6 oct 1801)
les premiers phylactère

Les clients et les sujets (la révolution française, l’opposition de la France et de l’Angleterre, la bourgeoisie, etc.) ne manquent pas. L'utilisation de la lithographie permet l’explosion de l’estampe politique et/ou sociale dans laquelle excellent Thomas Rowlandson, George Cruikshank et principalement James Gillray qui connait un grand succès populaire avec la critique de la politique française[2]. Les sources, comme le fonds d'estampes Gillray des Livres Rares et des Collections Speciales de la bibliothèque de l'Université McGill à Montréal C, montre à l'évidence que J. Gillray est l'un des premiers à utiliser des personnages récurrents, comme John Bull (représentant le peuple anglais créé par John Arbuthnot en 1712) ou Britannia (symbolisant la nation anglaise) et le phylactère moderne comme support à la parole de ses personnages caricaturés.

À la fin du XIXe, à la différence des États-Unis où la presse est d’information et familiale, la presse française est une presse d’opinion à destination d’un lectorat adulte et politisé, certains journaux se spécialisent dans le genre satirique faisant largement appel à la caricature à l'exemple de Honoré Daumier dans Le Charivari ou le genre roman populaire avec ses feuilletons souvent illustrés tel Mon Journal dans lequel débute en 1887 Christophe comme illustrateur.



[modifier] Aux États-Unis au XIXe siècle

New York World de Joseph Pulitzer datant de Noël 1899.
New York World de Joseph Pulitzer datant de Noël 1899.

Aux États-Unis, on trouve l’origine de la bande dessinée dans la concurrence acharnée que se livre les titres de presse à la fin du XIXe siècle. La presse à plat, utilisée à l’origine par Johannes Gutenberg, ne permettait d’imprimer qu’une centaine de cahiers de huit pages par heure. L’invention, dès la fin de la guerre de Sécession en 1865 par l’américain William A. Bullock de la presse rotative, utilisée par le Philadelphian Inquirer autorise à imprimer jusqu’à 8000 journaux à l’heure.

Ce développement est conforté par l’invention de la linotype. Avant l’invention de la linotypie par l’américain d’origine allemande Ottmar Mergenthaler en 1886, l’impression des journaux pouvait difficilement dépasser huit pages du fait de la lenteur de la composition caractère par caractère (1000 à 1500 signes par heure). La linotype, grâce à la composition au clavier et à la fonte automatique ligne par ligne (8000 à 15000 signes par heure), libère la composition des textes de presse en alignant sa productivité sur les nouvelles presses rotatives.

L’utilisation des presses rotatives interdit l’utilisation de la xylographie pour reproduire un dessin au trait. C’est la généralisation de la phototypogravure inventée en 1850 sous le nom de « pané iconographie » par un lithographe français Firmin Gillot qui permet de reproduire sur les presses rotatives les dessins au trait et même assez rapidement des demi-teintes couleurs dès 1876, grâce à la photogravure mise au point par son fils Charles Gillot qui autorise aussi la reproduction photographique.

Ces progrès techniques font rentrer la presse américaine dans l’ère industrielle. Un essor économique important, soutenu par une forte immigration, transforme la presse en véritable industrie aux mains de quelques magnats de presse et principalement de William Randolph Hearst et de Joseph Pulitzer.

[modifier] Au Japon du XIXe siècle

Au Japon, l'époque d'Edo se caractérise notamment par une fermeture du pays sur lui-même, le Japon ne conserve que quelques liens avec la Corée. Les étrangés ne sont pas admis sur le sol japonais, sous peine de mort, exceptés certains contacts restreints avec des marchands chinois et hollandais sur l'île de Dejima.

couverture et planche du manga volume 8 de « Gakyōjin » Hokusai 1817
couverture et planche du manga volume 8 de « Gakyōjin » Hokusai 1817

Pendand cette période, la culture artistique japonaise ne subit aucune influence occidentale. L'art graphique japonais est alors riche avec les emakimono d’origine chinoise (XIIe siècle) et, avec la montée de la culture populaire pendant l'ère Edo, un type d'estampes nommé ukiyo-e devint un art majeur. Initialement, ces estampes sont exclusivement réalisées à l’encre de Chine puis certaines épreuves sont colorées au pinceau. Au XVIIIe siècle Suzuki Harunobu développe la technique d’impression polychrome pour produire des nishiki-e. C'est en 1814 que « Gakyōjin » Hokusai, « le Fou de dessin », présente certaines pages de ses croquis, comportant aussi des caricatures (au sens occidental du terme), dans des cases accompagnés de texte sous le nom de Manga.

L'isolement de l'ère Edo dura 200 ans, jusqu'à ce que le Commodore Matthew Perry force le Japon à s'ouvrir au commerce avec la Convention de Kanagawa, obtenue par la corruption en 1854, et finit par aboutir en 1867 à l'ére Meiji. La restauration Meiji initie de nombreuses réformes économiques, sociales et militaires. Elles transforment le Japon en l'ouvrant à l'influence occidentale.

En 1876, l'École d'Art Technologique ouvrit ses portes en appelant des professeurs italiens pour enseigner les méthodes européennes, même si un mouvement inverse mené par Okakura Kakuzo et l'américain Ernest Fenollosa encourageait les artistes japonais à conserver les thèmes et les techniques traditionnels tout en créant des œuvres plus en accord avec les goûts contemporains. À l'heure actuelle, cette opposition entre les deux volontés artistiques, Yôga (peinture de style occidental) et Nihonga (peinture japonaise), sont encore d'actualité.

Les quotidiens japonais se transforment aussi sur le modèle de la presse anglo-saxonne avec l’apparition des dessins d’humour sur le modèle américain et des caricatures à la mode britannique comme le Marumaru Shimbun imprimé entre 1877 et 1907 et qui publie des dessins de Honda Kinkichiro.

[modifier] L'invention de la bande dessinée et son internationalisation (de 1827 aux années 1880)

L'invention de la bande dessinée et sa rapide internationalisation (de 1827 aux années 1880) (Je ne sais pas si on peut parler de rapidité 53 ans deux générations) Assez quand même, car, dès 1850, Töpffer, publié à partir de 1933, est présent et suscite des émules aux USA, en Allemagne, en France, en GB, etc. mais ce n'est pas vraiment grave. Je préfère j'aime pas trop les qualificatifs dans les titres

Née en Suisse avec les histoires de Rodolphe Töpffer, la première forme de bande dessinée se diffuse très rapidement dans tous les pays culturellement et techniquement, socialement, médicalement, etc. pays développés a un sens précis, et s'entend plutôt en terme d'avance technique que culturelle finalement. peut-être faudrait-il préférer un terme plus général : pays industrialisés, par exemple est-on obligé de qualifier ces pays, ils sont cités plus bas ? développés d'Europe et d'Amérique. Publiée d'abord en albums, elle se développe ensuite, sur le modèle allemand, essentiellement dans des journaux satiriques, ou plusieurs bandes suites de dessinsnon : ce que je veux dire, c'est qu'alors que Töpffer avait une bande par page, on passe alors à plusieurs bandes par page sont alors présentes à chaque page. Ces histoires, satiriques ou humoristiques, restent peu éloignée, jusqu'à la fin des années 1880, des types d'histoires publiées par [[R.]] Ceci n'est pas du tout un usage, ni sur Wikipédia ni dans la littérature universitaire Töpffer. Toujours en noir et blanc, parfois muettes, les bandes dessinées d'alors [[ces « littératures en estampes »(telle il les nomme) Généralisation sur la bande dessinée töpférienne, de plus on fait là de l'histoire, il faut donc utiliser des concepts modernes]] sont quasi-exclusivement accompagnées de textes présents sous les cases, allant de la simple indication de dialogue (elles ont alors un rôle similaire au phylactère) à des explications un plus développées. Cependant, ces textes n'ont qu'un rôle utilitaire, ce qui permet de les différencier des textes illustrésen fait, c'est ça que je voulais dire, pour montrer la spécificité de ces histoires par rapport aux images d'épinal. L'américain Arthur Burdett Frost crée l'usage moderne du gaufrier faire un wikilien pour la définition, ou une note, mais pas dans le corps du texte. L'Asie, et particulièrement le Japon, commencent à s'ouvrir à l'Occident sans développer la bande dessinée. En Afrique, celle-ci reste inexistante. déplacé ci-dessous, pour continuer sur l'Allemagne Pas d'accord : il est important de séparer dans le résumé introductif les deux genres majeurs : une bande dessinée adulte, satirique, centrée sur les pays développés ; et la naissance primordiale de la bd enfantine en allemagne. Ce n'est pas un plan géographique mais thématique, en quelque sorte.

Cette période est marquée aussi par Pourquoi ? On se doute qu'on parle de la période ;) L'énorme succès de Max und Moritz de Wilhelm Busch, publié en Allemagne en 1865, montre le fort potentiel de la bande dessinée auprès du public enfantin. (?)Si : bd pour enfants = bd pour un public enfantin Les dessins de cette œuvre majeure sont accompagnés d'un texte en vers apposé après-coup, assez redondant, qui annonce un certain retour vers la prédominance du texte dans les littératures dessinées européennes enfantines, majoritaires sur ce continent après la fin des années 1880. Busch et d'autres illustrateurs allemands annoncent un style plus rond, moins marqué par l'héritage très marqué chez les töpffériens des caricaturistes du siècle précédent. (déplacé plus bas ou redondant) c'est un résumé introductif donc il est normal qu'il y ait des redondances. Ceci est un des faits majeurs de la période, annonciateur du futur de la bande dessinée en Europe (inféodation perverse au logocentrisme qui conduit à rentre la bande dessinée moins vive et à la dévaloriser au yeux de ceux qui aiment la littérature).

[modifier] Rodolphe Töpffer, premier auteur de bande dessinée en 1827

Histoire de Monsieur Cryptogame de Rodolphe Töpffer, planche 13.
Histoire de Monsieur Cryptogame de Rodolphe Töpffer, planche 13.

Rodolphe Töpffer, célèbre écrivain et pédagogue suisse du début du XIXe siècle, dessine en 1827 le brouillon des Amours de Monsieur Vieux Boix puis réalise en 1831 l’Histoire de M. Jabot, histoires qu'il fait circuler dans son pensionnat et dans les milieux littéraires européens (je suppose un milieu genevois, viennois, parisien, londonien, etc.)Ok mais peut-être pas si simple : y-a-t-il unité des milieux littéraires au XIXe ? je pense que ce sont des connaissance que ni toi ni moi n'avont :)[3]. Ces histoires se présentent sous une forme inédite : le dessin, en noir et blanc, très inspiré par la caricature anglaise du XVIIIe siècle (William Hogarth (plus connu pour ses portraits, je préfère citer un vrai caricaturiste James Gillray à qui l'on attribue le phylactère moderne voir intro)justement : Töpffer insistait sur l'importance de l'art de croquer les personnages... cependant, on peut ajouter Gillray, Thomas Rowlandson, etc.), est diposée en bandes, une par page ; les cases, non uniformes, sont séparées par un trait vertical ; le texte est disposé sous la forme d’un récitatif en dessous du dessin. Ni séquence de caricatures politiques, ni texte illustré, M. Jabot est une nouveauté, que Töpffer propose de nommer « histoire littérature en estampes ». Cette conscience par l'auteur d'une originalité de son mode d'expression, la présence d'un héros, puis la publication du récit en album en 1833[4], ainsi que du caractère indissociable des images et du texte dans la narration« composants de la narration verbo-iconique [5] » (j'adore la dialectique groensteenienne mais je ne suis pas certain que tout le monde comprenne mettre entre parenthèses (narration au moyen de texte et d'images indissociablement liés), il faudrait aussi mettre l'indissociabilité dans la citation, ce mot n'est pas dans le dictionnaire)indissociabilité était mon oeuvre, héhé... est-ce plus clair ainsi ?</ref> font de cette œuvre la première bande dessinée.

Avant même la parution du premier album, les éloges fusent. Goethe, auquel Frédéric Soret avait transmis fin 1830 deux brouillons de Töpffer, en dit, selon Eckermann[6] : « C'est vraiment trop drôle ! C'est étincelant de verve et d'esprit ! Quelques-unes de ces pages sont incomparables. S'il choisissait, à l'avenir, un sujet un peu moins frivole et devenait encore plus concis, il ferait des choses qui dépasseraient l'imagination[7]. » Cette réussite Cette réussiteEncouragements est trop précis, non ? car peut-être tout le monde ne l'a pas encourage. Cela dit, si tu veux remettre ce mot je ne m'y oppose pas, c'est pas très grave. conduit Töpffer à créer six autres bandes dessinées histoires ou « littératures en estampes »on peut se permettre le terme, ou alors on n'utiliserait jamais le mot avant 1950... le travail de l'historien passe par la conceptualisation de 1827 à 1845.

Töpffer double également ses créations d'un premier corpus théorique. On trouve des réflexions concernant la « littérature en estampes » dans Réflexions à propos d'un programme (1836), ses textes de présentation de L'Histoire de Monsieur Jabot ou sa correspondance (particulièrement avec Cham )[3]. La parution en 1845 de l'Essai de physiognomonie, rétrospectivement le premier essai consacré à la bande dessinée, montre que Töpffer « a (...) perçu l'essentiel de sa spécificité » : interdépendance des dessins et du texte, importance du personnage, dessin narratif, art[8] aux possibilités identiques à celles de tous les autres, etc.[9]

Cependant, c'est avec la parution en livre des histoires de Töpffer, selon le procédé autographique, qui permet de garder la spontanéité du trait, que la « littérature en estampes » se diffuse[10]. Le premier album, Monsieur Vieux Bois, tiré à 500 exemplaires en 1833[11], à un prix relativement cher, est épuisé en un an. Les albums sont rapidement diffusés en France, redessinés pour des raisons techniques par Cham, « dans un style plus raide et laborieuxref je manque pour le moment de réf. précise qui redessinera les histoires de R. Töpffer pour leur impression dans le journal L'Illustrationrefpas la peine, c'est déjà sourcé. » dans L'Illustration. En 1846, les six premières histoires sont publiées en allemand en un volume, précédées d'une introduction du réputé professeur d'esthétique Friedrich Vischer. Avant la fin des années 1840 étaient également parues des traductions néerlandaises, anglaises (en 1842 en supplément de la revue américaine Brother Jonathan (a-t-on vraiment besoin de wikifier comme cela, c'est sans rapport avec notre sujet ?) non, en effet.[12], puis en album en 1845 en Grande-Bretagne), danoises (1847), etc.[3]. En 1860, les éditions Aubert (il faudrait préciser ne serait-ce que son prénom)introuvable... sur internet ! c'était l'éditeur du Charivari. j'ai leurré, donc publient les œuvres originales de Töpffer en France. Cette diffusion internationale des histoires du fondateur de la bande dessinée suscite la création de nouvelles œuvres dans nombre de pays.

[modifier] Les premières Histoires en images
Histoire de Monsieur Cryptogame de Rodolphe Töpffer
Histoire de Monsieur Cryptogame de Rodolphe Töpffer

En Suisse en 1825, le premier à dessiner de véritables « histoires en estampes » est le genevois Rodolphe Töpffer, son premier ouvrage, Histoire de M. Jabot est publié en 1833. En 1927 il dessine Les amours de Monsieur Vieux-Bois , publié en 1837[13]. Cinq autres ouvrages du même type suivront, Monsieur Crepin, Monsieur Pencil, Histoire de Monsieur Albert, Le Docteur Faustus et L'Histoire de Monsieur Criptogame. Le trait est souple, certain diront simple, sous forme de bande, chaque dessin est séparé par un trait verticale, le texte est disposé sous la forme d’un récitatif en dessous du dessin. On peut dire que Töpffer a inventé la bande dessinée (chacun de ses livres est un long récit), le personnage de bande dessinée et même, la théorie de la bande dessinée avec son Essai de physiognomonie (cf. bibliographie). L'expérience connaît un grand succès et s'attire les éloges de Goethe D : « C'est vraiment fou, tout pétille de talent et d'esprit ! S'il choisit un jour un sujet moins frivole, et s'il s'applique un peu plus, ce qu'il fera dépassera toute idée ! [14]». Les livres de Töpffer seront réédités (et parfois redessinés, par Cham notamment[15]) et suffisamment bien diffusés, y compris aux États-Unis, pour ne laisser aucun doute sur l'influence considérable qu'ils ont eue sur la suite de l'histoire de la bande dessinée.

En Allemagne Wilhelm Busch, originaire de Basse Saxe, dessine en 1865 des « histoires en images » d'une page pour le journal satirique Fliegende Blätter.

Max und Moritz les deux garnements de Wilhelm Busch
Max und Moritz les deux garnements de Wilhelm Busch

Les sept histoires de ces deux garnements Max und Moritz racontent en images les tourments qu'ils font subir à leur entourage. Absolument réfractaires à l'ordre, ils ne connaissent pas le respect des autres. Mais malheureusement pour eux et heureusement pour leurs proches, la vie finit par se venger. Leur dernière blague se termine mal pour eux puisque tous deux sont punis de leurs méfaits écrasés par les roues d'un moulin. Le texte qui accompagne les images est rédigé en vers. Ce conte en images ne reprend pas l'idée de R. Töpffer des cases qui permet par leur juxtaposition de suggérer l'action. La forme ressemble beaucoup à des poèmes épiques dont les vers seraient illustrés en fonction du rythme propre de l'action.

Max und Moritz inspirera incontestablement Rudolph Dirks lorsqu'il créera The Katzenjammer Kids (Pim, Pam et Poum) une trentaine d'années plus tard. La parenté est frappante, ce qui permet aux historiens de la bande dessinée de considérer W. Busch comme un des créateurs de « l’histoire en images » à gag[16].



[modifier] Le développement international (années 1840 – années 1880)

Dès les années 1840, de nombreux auteurs publient des bandes dessinées, très influencées par Töpffer[17] : albums d'histoires satiriques, fustigeant généralement la petite-bourgeoisie, dans un style nerveux. Histoire de M. Lajaunisse, du français Cham en 1839, Robinson, du suisse Charles DuBois-Melley en 1842, Le Déluge à Bruxelles, du belge Richard de Querelles en 1843, Les Travaux d'Hercule du français Gustave Doré en 1847 (suivi de Dés-agréments d'un voyage d'agrément en 1851), La Vie publique et privée de Mossieur Réac de Nadar en 1848. Une deuxième génération francophone, continue à publier ce type d'histoires jusqu'à la fin des années 1860, en album, mais aussi, sur le modèle allemand, dans des journaux satiriques (comme le Chat Noir à partir de 1882) destinés à des lecteurs adultes : Gabriel Liquier (Voyage d'un âne dans la planète Mars, 1867), Léonce Petit, Stop, Henri Émy, Albert Humbert, etc.

Les éditions américaines de Töpffer, plus ou moins pirates, suscitent également des émules : Journey to the Gold Diggins of Jeremiah Saddlabags des frères James A. et Donald F. Read en 1849, The Adventures of Mr. Tom Plump] de Philip J. Cozans et l'anonyme The Adventures of Mr. Tom Plump l'année suivante[18]. La mise en page des bandes dessinées dans les revues reprend généralement celle de la présentation d'images la plus économique compte tenu des contraintes économiques d'alors, c'est-à-dire le gaufrier[19].

La bande dessinée se diffuse également très rapidement en Allemagne, autour de Munich et de deux hebdomadaires satiriques, le Fliegende Blätter (à partir de 1844) et les Müncherner Bilderbogen[17]. Cette insertion des bandes dessinées dans la presse amène deux innovations : un nouveau format, avec l'apparition des histoires en une page ; et la bande dessinée muette, dont le maître est Wilhelm Busch. Les mises en pages oscillent entre le gaufrier classique et le type illustratif qui dominait alors l'illustration populaire : des compositions « gothiques » très chargées[20]. Busch innove en 1865 avec Max und Moritz, où les habituels portraits en pieds laissent parfois place à des gros plans, où le dessin, plus rond, se détache des modèles du XVIIIe suivis par Töpffer. Ce récit, au sein duquel chaque case est accompagnée de quatre vers, non nécessaires à la compréhension de l'histoire, est la première « Bildergeschichte » directement destinée aux enfants, et le premier très gros succès de librairie du genre.

une case de Arthur Burdett Frost de 1921.
une case de Arthur Burdett Frost de 1921.

Ce modèle allemand de la publication de bandes dessinées très courtes, ou en feuilleton, au milieu de caricatures et de textes humoristiques, beaucoup plus nombreux, dans des périodiques généralement satiriques lus par les adultes, se répand dans le monde entier. À partir de 1867, Charles Henry Ross et Marie Duval animent en Grande-Bretagne dans Judy les aventures du prolétaire Ally Sloper, préfigurant, « sous certains aspects », les Pieds Nickelés[17]. Une première revue consacrée au strip cartoon, Funny Folks, naît en décembre 1874[21]. Aux Pays-Bas, c'est Jan Linse qui lance en 1874 la bande dessinée dans l'Humoristisch Album.


Aux États-Unis, après Töpffer, Busch est traduit à partir 1862. Ces influences permettent au Harper's New Monthly de publier à partir du milieu des années 1860 des auteurs locaux comme John McLenan (et ses aventures de Mr Slim, « gags » en une page très töpffériens) et Frank Bellew[22]. La parution de Max und Moritz, en 1870, marque le public, comme le montrent vingt-sept ans plus tard les Katzenjammer Kids. Puck, hebdomadaire satirique fondé en 1873 publie quelques histoires de Busch. À partir de 1879, le Harper's New Monthly publie les premiers récits d'Arthur Burdett Frost. Ceux-ci, qui « témoignent clairement de l'influence muybrigienne (...) introduisent d'entrée de jeu une nouvelle façon de raconter en images, qui insiste sur la répétition exacte des cadrages de chaque image et s'intéresse à l'intervalle de temps entre les vignettes, (...) <aux> transformations dynamiques qui s'opèrent entre deux images au cadre identique[23]. » Frost réinvente ainsi le sens du gaufrier traditionnel, et annonce la bande dessinée kinétoscopique pratiquée par Frederick Burr Opper ou McCay (Little Sammy Sneeze).

Après quelques premiers essais, comme des adaptations d'histoires francophones dans les années 1850, la bande dessinée apparaît au Portugal en 1872 Apontamentos sobre a Picaresca Viagem do Imperador de Rasilb pela Europa de Rafael Bordalo Pinheiro. En Espagne, après quelques rares pages en 1859 ou 1866, la bande dessinée s'impose à partir de 1873 avec les premières histoires publiées dans l'hebdomadaire madrilène El Mundo cómico, où s'affirme José Luis Pellicer, puis plus tard dans les périodiques humoristiques Granizada ou La Caricatura, avec Mecachis (El Día de la boda, 1885) ou Apeles Mestres[24].

La diffusion de la bande dessinée dans le nouveau monde ne se limite pas aux États-Unis, et là aussi, des périodiques satiriques publient de temps à autres, des histoires en image, comme en 1859 The Great Moral History of Port Curtis, in twelve Chapter dans le Melbourne Punch Almanack, histoire qui reste cependant encore très dépendante du texte[25]. Dans les années 1880, le Melbourne Punch et Table Talks publient plus régulièrement des bandes dessinées, tout comme les argentins El Mosquito (fondé en 1863) ou Don Quijote (fondé en 1863)[26]. Au Brésil, c'est Angelo Agostini qui publie les premières bandes dessinées locales, As Aventures de Nhô Quim ou Impressoes de uma Viagem à Corte (1869), As Aventuras de Zé Caipora (1883), etc.[27]. Dans ces pays, l'influence européenne reste forte, la production de bande dessinée sporadique, et la lecture réservée aux adultes.

En Asie, l'introduction de la culture occidentale dans le dernier tiers du XIXe siècle, et l'arrivée quasi-simultanée du modèle des revues satiriques ou laissant place à des dessins satiriques (comme Hanseongsunbo en Corée, 1883)[28] ne marque pas pour autant d'apparition de bandes dessinées, ni importées, ni locales.


[modifier] La bande dessinée devient un medium de masse (Années 1890 aux années 1930)

[modifier] En Europe

[modifier] Les revues illustrées

En France la bande dessinée est restée très marquée par la production des Images d’Épinal. Après le succès des albums d’images d’Épinal, les éditeurs s’intéressent à la clientèle des jeunes. Les « journaux illustrés » apparaissent alors avec la création en 1889 du Petit Français illustré par l’éditeur Armand Collin. En 1898 Taillandier fait paraître L’Illustré National et en 1904 Jeudi Jeunesse. Fayard en 1903 propose Jeunesse illustré où collabore Benjamin Rabier[29]. Tous ces journaux illustrés pour la jeunesse ne comportent que des textes accompagnés d'illustrations traditionnelles mais rien qui ne s’apparente à la bande dessinée.

Au millieu de cette production il faut remarquer, en 1889, dans Le Journal de la Jeunesse, Christophe qui dessine Une partie de campagne puis La Famille Fenouillard qui sera suivi en 1890 par le Sapeur Camember, le Savant Cosinus (1893) et Les Malices de Plick et Plock (1894). Christophe est considéré par les spécialistes de la bande dessinéé comme l'initiateur du genre en France[30].

Il faut attendre encore 10 ans pour que La Semaine de Suzette de l'éditeur Gautier-Langereau, le premier « journal illustré » spécialisé à l'attention des jeunes filles de bonne famille, fasse paraître en 1905 Bécassine dessinée par Joseph Pinchon[31].

Créée en 1906, c’est la revue familiale Nos Loisirs, publiant des nouvelles illustrées, qui, en 1907, fait paraître en France la première bande américaine The Newlyweds and their baby’s (Les jeunes mariés et leur bébé) de Geo McManus parue en 1905 dans le New York World[32].

[modifier] Les illustrés

Les frères Offenstadt se spécialisent dans la presse populaire à l'attention des jeunes. En 1904, ils lance L'Illustré (rebaptisé Le Petit Illustré en 1906) puis L'Épatant en 1908 et Fillette en 1909. Les éditions Offenstadt deviennent la SPE - Société Parisienne d'Édition - qui publie en 1910 l'Intrépide et en 1911 Cri-Cri[33].

C'est en 1908 que Louis Forton dessine Les Pieds Nickelés E pour L’Épatant. En 1924, il dessine une nouvelle série Bibi Fricotin dans Le Petit Illustré et en 1925, il crée Ploum pour L'Épatant[34].

En 1909, Jo Valle (pour le texte) crée L'Espiègle Lili sur un dessin de André Vallet pour Fillette que les frères Offenstadt éditent pour concurrencer La Semaine de Suzette. Le succès est tel que c'est le premier hebdomadaire pour les jeunes à passer en double parution, le jeudi et le dimanche.

Toutes ces « histoires en images », héritières des Images d'Épinal, ne comportent aucune bulle mais un récitatif sous les images, cela était considéré à l'époque comme faisant beaucoup plus sérieux. Seule la revue St-Nicolas publie en 1908 Sam et Sap de Rose Candide, pseudonyme probable d'Émile Tap. C'est la première bande dessinée française à n'utiliser que des bulles[32].

[modifier] Au États-Unis de 1879 à 1930

[modifier] Les funnies

William Randolph Hearst et de Joseph Pulitzer tentent de fidéliser leur lectorat en publiant dans l'édition dominicale des pages d’humour, les funnies (dessins humoristiques). Ces pages portaient le nom de comic supplement. Les dessinateurs, au fil des années, vont créer des personnages récurrents puis développer les dessins en deux ou trois cases disposées horizontalement : c’est le début des strips (bandes comiques). Devant le succès, les patrons de presse font parraître des strips chaque jour de la semaine, l'édition du dimanche reprenant les strips de la semaine avec un « bonus » : le top qui consistait en un strip original qui reprend souvent un personnage secondaire.

C'est en 1892 que W. Hearst fait paraître le premier strip dans son premier journal, que son père vient de récupérer en paiement d'une dette de jeu, le San Francisco Examiner. James Swinnerton crée à cette occasion les premiers dessins d’animaux humanisés Little Bears and Tykes.[35]

Assez récemment a été redécouvert celui qui est très certainement le premier dessinateur de bande dessinée américaine, Arthur Burdett Frost. Illustrateur sans style particulièrement défini, c’est un touche à tout qui dessine en 1879 dans les pages, non pas d’un magazine d’humour, mais dans le très sérieux Harper’s New Monthly, une « histoire en image » sans texte Our Cat eats Poison publiée en album en 1884 (cf. bibliographie). Cette première histoire en images américaine a été suivie d'autres qui n'ont malheureusement pas tous été répertoriées[36].

[modifier] The yellow journalism

the Yellow journalism
the Yellow journalism
The Yellow Kid dans le New York Journal du 8 novembre 1896
The Yellow Kid dans le New York Journal du 8 novembre 1896

Joseph Pulitzer, le mentor de W. Hearst, publie en 1894, dans le New York World, le premier strip en couleurs dessinée par Walter McDougall[37]. C’est à la même date et dans le même journal que Richard F. Outcault dessine Hogan’s Alley, créée quelques temps avant dans le journal Truth, dans lequel un gamin des rues est habillé d’une chemise de nuit bleu qui deviendra en 1895, compte-tenu des impératif de fabrication, jaune. Rapidement le petit personnage devient la coqueluche des lecteurs qui le nomme Yellow Kid[38].

Le succès de Yellow Kid dope la vente du New York World attisant la convoitise de W. Hearst. La concurrence féroce que se livre W. Hearst et J. Pulitzer aboutit en 1896 au débauchage de R. Outcault par W. Hearst pour travailler au New York Journal. Une âpre bataille judiciaire autorise J. Pulitzer à continuer la parution de Hogan’s Alley qu’il confie à Georges B. Luks et W. Heart à publier la série sous un autre nom et R. Outcault choisit The Yellow Kid qui dès le 25 octobre 1896 prononcera ses premières paroles dans un balloon ; R. Oucault avait déjà fait parler d'autres personnages de son strip dans des balloons. En 1902 R. Outcault retourne au New York World et dessine l’antithèse de Yellow Kid avec Buster Brown, un enfant issu de la bourgeoisie new yorkaise[39].

C’est dans American Humorist, supplément hebdomadaire du New York Journal et en 1897 que Rudolph Dirks dessine The Katzenjammer Kids (Pim, Pam et Poum) sous forme d’« histoire en images » mais très vite R. Dirks utilise des balloons. C’est la première bande dessinée à utiliser la narration linéaire. Mais R. Dirks se brouille avec W. Hearst et quitte son journal pour aller dessiner dans le New York World de J. Pulitzer les Kids sous le nom de Hans and Fritz tandis que W. Hearst confie les Katzenjammer Kids à Harold Knerr[38].

Les lecteurs de ces journaux spectateurs de tous ces débauchages qui donnent lieu à des procès surnomment cette presse de Yellow journalism, expression qui désigne un journalisme fondé sur le sensationnel et les «coups», fait référence à ces épisodes.

[modifier] Les comic strips

En 1903 Gustave Verbeck dessine dans le New York Herald les strips les plus originaux n’ayant jamais été dessinés Upside-downs of little lady Lovekins and old man Muffaroo. Le strip de quatre cases se lit dans le sens normal de lecture de gauche à droite puis l’histoire se continue en retournant tête-bêche le journal et en relisant les cases dans le sens inverse, lady Lovekins se transforme alors en old man Muffaroo, le chapeau de l’une devenant la barbe de l’autre[40].

C’est de 1905 que les puristes datent la première bande dessinée n’utilisant que des balloons pour faire parler les personnages. Il s’agit de Little Nemo in Slumberland dessinée par Winsor McCay pour le New York Herald de J. Pulitzer. Cette bande dessinée est moderne à plus d’un titre, hormis le fait de l’utilisation systématique des balloons , W. McCay casse pour la première fois la mise en page des strips en utilisant au maximum la surface de la planche pour créer des cases de dimension adaptée au récit. Il fait aussi une utilisation hardie des couleurs entre tons pastels et couleurs pures dans un style très Art Nouveau[41]. W. McCay s’adresse à un public adulte comme déjà en 1904 avec Little Sammy sneeze qui détruit le cadre de sa case en éternuant le 24 septembre 1905 dans le New York Herald.

Le succès des sunday-strips est tel que le San Francisco Chronicle est le premier journal à faire paraitre en 1907 des daily-strips dans ses pages sportives quotidiennes avec la serie Mister Mutt start in to play the races de Bud Fischer et qui devient Mutt and Jeff dans les pages du San Francisco Examiner[42]. Les sunday-strips se généralisent rapidement dans l’ensemble de la presse américaine.

En 1910 George Herriman dessine The Dingbat Family dans le New York Journal de W. Hearst. Au départ le strip n’a pas beaucoup de succès mais elle plait au boss qui la soutient. C’est dans ce strip qu’apparaissent progressivement Offissa Pupp, Ignatz Mouse et Krazy Kat. La bande s’appelle Krazy Kat en 1913. Elle est aujourd’hui considérée comme une œuvre majeur de la bande dessinée internationale compte tenu du nombre important de dessinateurs qui se déclarent influencés par le dessin de G. Herriman ainsi que par sa maitrise de l’absurde et le surréalisme de ses dialogues[43].

C’est en 1912, que W. Hearst crée International News Service qui prend le nom de King Features Syndicate en 1914. Cette agence a pour objectif la vente à la presse mondiale des bandes dessinées dont elle détient les droits[42]. Suivent United Feature Syndicate, New York News Syndicate, Field Newspaper Syndicate, McNaught Syndicate, etc.

Le dessinateur n’est qu’un employé du syndicat qui peut être remplacé à tous moments par un autre dessinateur qui reprendra ses personnages[44]. Les dessinateurs abandonnent tous leurs droits aux profits des patrons de presse et cela durera jusqu'en 1950. Ainsi apparaît le principe du héros de bande dessinée passant de dessinateur en dessinateur[42].

Depuis la création des daily strips en 1907 et des syndicates à partir de 1912, c'est l'explosion des comics. Pratiquement toute la presse étatsunienne publie des strips donnant leurs chances à des auteurs et des dessinateurs que la presse nationale ne reconnait pas.

[modifier] Les family strips

C'est à ce moment que les comics vont prendre un premier tournant. Si en europe la bande dessinée est d'abord et avant tout enfantine, aux États-Unis le comic est adulte et familiale ; c'est ainsi que va se développer ce qui sera appelé plus tard les family strips, des bandes racontant l'american way of life naissante. Cela durera jusqu'à un certain Jeudi noir de la Grande Dépression du 24 octobre 1929. La crise change la vie des américains et influence aussi les comics en annonçant la fin des funnies.

Une bande ouvre en 1912 le chemin Polly and her Pals (Poupette et sa famille) dans le New York Evening. Cliff Sterrett dessine les peines de cœur de Polly sans oublier de s’intéresser à toute la famille. Il dresse ainsi un portrait de famille américaine particulièrement réussi[45]. En 1918 le dessin de C. Sterrett évolue vers le cubisme et le surréalisme en faisant de lui un des pionniers du graphisme moderne[46].

Un autre dessinateur s’engouffre dans la brèche du futur family strip avec succès en 1913 en racontant l’histoire d’un couple de nouveaux riches. Geo McManus dessine Bringing up Father (La Famille Illico) avec un trait particulièrement épuré. G. McManus raconte la vie d'un couple de nouveaux riches F partagé entre la reconnaissance sociale pour Maggie et les copains de bar pour Jiggs[47].

En 1918, Franck King fait rentrer la vraie vie dans sa série Gasoline Alley. Ses personnages vont vivre comme dans la vie réelle, se marier, avoir des enfants, vieillir, etc. sous sa plume jusqu’en 1951, suivront quatre autres dessinateurs pour faire exister encore aujourd’hui cette série[48].

En 1920, Winnie Winkle de Martin Branner pour le Chicago Tribune, un journal de Joseph Medill Patterson, autre magnat de la presse rival de William Randolph Hearst, est emblématique de l'évolution des mœurs. La femme américaine vient d'acquérir le droit de vote et Winnie vie comme une jeune femme libérée ses amours en tous genres. C’est la première bande dessinée américaine à être traduite et publiée en France sous le nom de Bicot (Perry son jeune frère dans la version américaine) et non de Winnie (Suzy dans la version française)[49].

En 1922 les salons de l'ancien hôtel Waldorf Astoria de New York, connus pour ses expositions d'art, reçoivent la première exposition de comics[32].

Suit en 1924, en plein développement du capitalisme triomphant qui sait venir en aide aux pauvres dans la misère, Little Orphan Annie G (Annie, la petite orpheline) de Harold Gray pour le New York Daily News, un titre de J. Patterson. Les héros Annie et Oliver "daddy" Warbucks obtiennent tout ce qu'ils veulent par leur volonté et leur sens des affaires. Pour eux, l'audace paie toujours[48].

C’est en 1930, avec Blondie dessinée par Chic Young dans le New York American Journal que l'on a l'archétype du Family strip. Blondie sacrifie sa vie facile et tranquille de jeune aristocrate pour aider Dagwood Bumstead. Surnommée la petite fiancée de l’Amérique par ses admirateurs, elle se marie quand même avec lui en 1933 sans perdre ses lecteurs[48].

La même année Bud Counihan, ancien assistant de C. Young, crée Betty Boop en s’inspirant de la chanteuse Helen Kane. Ce sera la première héroïne de bande dessinée à être censure au cinema en 1932 pour obscénité à cause de sa poitrine provocante et de sa jupe trop courte[48].

O Tico Tico premier journal illustré brésilien
O Tico Tico premier journal illustré brésilien

La Grande Dépression plonge l'amérique dans le marasme, heureusement un héros va résoudre tous les problèmes avec une simple boîte d’épinard. Depuis 1919, Elzie Crisler Segar dessine dans les pages du New York Journal la série Thimble Theatre dans laquelle des personnages apparaissent et disparaissent au fil des strips ; il en est un qui va prendre la vedette dès 1929 et imposer son nom à la série, c’est Popeye. E. Segar rebaptise donc sa série Popeye, the sailor en 1931[50].

En 1930, l’ère des funnies prend fin avec la parution en bande dessinée d’un héros de dessin animé de Disney apparu en 1927, Mickey Mouse. C'est King Features Syndicate qui a acheté les droits à Walt Disney. Si le premier strip est scénarisé par Walt Disney et dessiné par Ub Iwerks avec un encrage de Win Smith, c’est Floyd Gottfredson qui assure l’évolution graphique de Mickey et de Dingo. Carl Barks crée Donald Duck et Uncle Scrooge (Oncle Picsou) [51].

[modifier] Dans le même temps aux amériques

Albéric Bourgeois, dessinateur québécois, travaille au journal La Patrie à partir de 1903. Bourgeois créé une bulle pour la série Les aventures de Timothée dès 1904. Selon les spécialistes Michel Viau et Mira Falardeau, ce serait la première fois qu'une bulle est publiée en langue française.

En 1905 parait le premier journal illustré de bande dessinée O Tico Tico

[modifier] Au Japon de 1861 à 19xx

[modifier] Première ouverture vers l'Occident

Magazine satirique Tôbaé, n°6, 1887 édité par Georges Ferdinand Bigot.
Magazine satirique Tôbaé, n°6, 1887 édité par Georges Ferdinand Bigot.

Pendant la restauration Meiji, à partir de 1868, l’ouverture obligatoire du Japon au commerce extérieur s’accompagne d’une modernisation rapide du pays sous influence occidentale. Depuis le Japon trois européens ont une influence sur l'avenir de la bande dessinée et du manga.

Le caricaturiste anglais Charles Wirgman arrive à Yokohama en 1861 et l'année suivante il crée un journal satirique The Japan Punch dans lequel il publie nombre de ses caricatures dans lesquelles il utilise des balloons. Il enseigne en même temps les techniques occidentales de dessin et de peinture à un grand nombre d'artistes japonais comme Kobayashi Korechika, créateur d'estampes ukiyo-e.

Autre caricaturiste, le français Georges Ferdinand Bigot arrive à Yokohama en 1882, il enseigne les techniques occidentales du dessin et de l'aquarelle à l'École militaire de la ville. Parallèlement il plublie des caricatures dans des journaux locaux et édite des recueils de gravure. En 1887 il crée lui aussi, 25 ans après C. Wirgam, une revue satirique Tôbaé dans laquelle il démontre sa maîtrise de la technique narrative[52].

C'est à cette période qu'un fils d'enseignant holandais dans une mission de Nagasaki quitte le Japon pour suivre des courts d'art à Paris avant de s'exiler aux États-Unis. C'est là que Gustave Verbeck dessine un des strips les plus originaux de l'histoire de la bande dessinée (cf. ci-dessus).

C’est de 1902 que date ce que les spécialistes nomment le premier manga. Il s’agit d’une histoire dessinée par Rakuten Kitazawa dans les pages mangas du journal du dimanche Jijishinpô. R. Kitazawa s’inspire beaucoup de la culture européenne, son premier manga reprend le thème de l’arroseur arrosé, il expose à Paris en 1929 et y reçoit la Légion d’honneur. En 1905, R. Kitazawa crée le premier magazine satirique d'origine japonaise Tokyo Puck[53].

À la fin de l’ère Meiji, en 1912, Okamoto Ippei dessine des mangas pour le quotidien Asahi Shimbun.


En 1909 avec la première parution du journal Daehan minbo, apparaît le premier manhwa (?) ou caricature (?) : sous le titre Saphwa, les Coréens peuvent découvrir l'œuvre du caricaturiste Lee Do-yeong. Le journal est censuré par l'occupant japonnais en 1910.

[modifier] Xxxxxxxxxx

[modifier] Aux États-Unis de 1929 à 19xx

[modifier] Les super héros et les comic books

[modifier] En Europe de 1934 à 1941

[modifier] Au Japon de 19xx à 19xx

[modifier] Xxxxxxxxxx

[modifier] Annexes

[modifier] Notes

C. Exposition sur James Gillray du 1 mars au 31 mai 2006 dans le hall de la bibliothèque McLennan de l'Université McGill. « Cette exposition a été réalisée par des étudiants de maîtrise et de doctorat dans le cadre d’un séminaire donné à l’Université de Montréal à l’automne 2005. Tirant partie de l’importante collection de caricatures britanniques et napoléoniennes conservées à la réserve des livres rares de l’Université McGill, les étudiants ont choisi de se concentrer sur les œuvres du graveur londonien James Gillray. C’était la génération de celui-ci et de ses compatriotes, Thomas Rowlandson et George Cruikshank, qui comptent parmi les premiers à avoir fait leurs carrières dans la production d’images satiriques. » Todd Porterfield, Commissaire invité.

D. Goethe, au crépuscule de sa vie, ne lisait plus que dix pages par jour « pour ne pas prendre une indigestion d'idée » mais malgré tout, il avait quand même lu Rodolphe Töpffer[16]

E. La maison d'édition Offenstadt a versé 1 000 F (de 1908) à Tristan Bernard qui avait fait représenter au Théâtre de l'Œuvre, le 15 mars 1895, une comédie en 1 acte portant le titre Les Pieds Nickelés. D'après Tristan Bernard cette expression signifie « ceux qui ne sont pas portés sur le travail, car ils ont les pieds en nickel, trop précieux pour la marche et le travail » ; auparavant, avoir les pieds "niclés" (ou "aniclés", "anniquelés") signifiait qu'ils étaient atteints d'une "nouüre", d'un rachitisme ou d'une paralysie[32].

F. Ce comic fit de Geo McManus un nouveau riche une première fois avant la Grande Dépression de 1929 qui le ruina et une nouvelle fois après. Il fit aussi peut être, sans le savoir, d’autres nouveaux riches car F.N. Goldsmith, un très important agent de change, se servait des strips de Bringing up Father pour faire savoir à des initiés où il convenait d'investir le jour suivant[54]

G. C'est Joseph Medill Patterson qui demande à Harold Gray de changer son projet et de remplacer Little Orphan Otto, par Little Orphan Annie.
Á partir de la Grande Dépression de 1929, Harold Gray utilise ses strips comme une tribune pour faire passer ses idées politiques.

[modifier] Références

  1. F. Forcadell (1989), p.30
  2. F. Forcadell (1989), p.29
  3. abc Collectif (2000), p. 30
  4. Groensteen (2006), p. 104
  5. Groensteen (1990), p. 19
  6. Entretiens avec Goethe, 4 janvier 1831.
  7. pas assez précis T. Groensteen et B. Peeters (1994)
  8. Töpffer utilise le terme « genre », mais en évoquant l'ensemble du champ artistique.
  9. Groensteen (1990), pp. 19-20
  10. Pour ce paragraphe, sauf précisions: Groensteen (1990), pp. 15-16
  11. Mais diffusé à partir de 1835. Collectif (2000), p. 30>
  12. Il s'agit d'une traduction des Amours de M. Vieux Bois, The Adventures of Mr. Obadiah Oldbuck. Robert Beerbohm et Doug Wheeler, « Töpffer en Amérique », dans Neuvième Art n°6, janvier 2001
  13. A. Baron-Carvais (1985), p.11
  14. T. Groensteen et B. Peeters (1994)
  15. l’Illustration
  16. ab D. Dupuis (2005), p.11
  17. abc Pour ce paragraphe, sauf précision supplémentaire, Collectif (2001), pp. 32-33
  18. Gaumer (2004), HT p. 19
  19. Smolderen (2007), p. 23
  20. Smolderen (2007), p. 22
  21. Gaumer (2004), HT p. 50
  22. Smolderen (2007), pp. 23-24
  23. Smolderen (2007), p. 26
  24. Gaumer (2004), HT p. 13
  25. Gaumer (2004), HT p. 5
  26. Gaumer (2004), HT p. 3
  27. Gaumer (2004), HT p. 8
  28. Gaumer (2004), HT p. 10
  29. Béra, Denni, Mellot (2004)
  30. A. Baron-Carvais (1985), p.11
  31. A. Baron-Carvais (1985), p.20
  32. abcd Quid (2007)
  33. D. Dupuis (2005), p.30
  34. A. Baron-Carvais (1985), p.21
  35. A. Barron-Carvais (1985), p.12
  36. T. Smolderen (2004)
  37. D. Dupuis (2005), p.16
  38. ab A. Barron-Carvais (1985), p.13
  39. D. Dupuis (2005), p.17
  40. B. Peeters (2002), pp.96-100
  41. D. Dupuis (2005), p.23
  42. abc D. Dupuis (2005), p.18
  43. D. Dupuis (2005), pp.25-26
  44. H. Filippini (1990), p. X
  45. D. Dupuis (2005), p.25
  46. H. Filippini (1990), p.503
  47. D. Dupuis (2005), p.24
  48. abcd A. Barron-Carvais (1985), p.14
  49. D. Dupuis (2005), pp.25 et 32
  50. D. Dupuis (2005), p.46
  51. D. Dupuis (2005), p.51
  52. L. Giraudet (2006), pp.24-25
  53. B. Koyama-Richard (2007), p.
  54. J. Sadoul, (1989)

[modifier] Bibliographie

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  • Norbert Aujoulat, Lascaux, le geste, l'espace et le temps, Seuil Paris (2004)
  • Anne Baron-Carvais, La bande dessinée, PUF, coll. Que sais-je ? Paris (1985)
  • Béra, Denni et Mellot, Trésors de la bande dessinée, BDM 2005-2006, Édition de l'Amateur (2004)
  • Collectif (dir. Thierry Groensteen), Maîtres de la bande dessinée européenne, Bibliothèque nationale de France / Seuil, 2000. Catalogue de l'exposition tenue du 10 octobre 2000 au 7 janvier 2001 à la Bibliothèque nationale de France. Les dates d'édition entre parenthèses ou pas ?Cf. Wikipédia:Conventions bibliographiques
  • Dominique Dupuis, Au début était le jaune ..., une histoire subjective de la bande dessinée, coll. Mémoire vive, PLG, Montrouge (2005) j'ai revérifié, C'est bien PLG, j'ai le livrej'ai explosé de rire en voyant ça (gênant mes voisins, sûrement, à cette heure matinale : tu ne pouvais pas te douter que cette modificaiton en « PLœ » était une erreur de frappe de ma part... (je dirais presque « lol », en fait, mais je ne suis pas sur WoW !)
  • Will Eisner, La Bande dessinée, art séquentiel, Vertige Graphic (1997), traduit de Comics and Sequential Art
  • Will Eisner, Le Récit graphique : narration et bande dessinée, Vertige Graphic (1998), traduit de Graphic Storytelling and Visual Narrative
  • Henri Filippini, Dictionnaire de la bande dessinée, Bordas, Paris (1989), rééd. (2005)
  • Françoise Forcadell, Le Guide du dessin de presse, histoire de la carricature politique française, Syros alternative, Paris (1989)
  • Arthur B. Frost, Stuff and Nonsense, Charles Scribner's Sons (1884)
  • W. Fuchs et R. Reitberger, Comics : Anatomy of a Mass Medium, Boston (1971)
  • Patrick Gaumer, Larousse de la BD, Larousse, 2004. Particulièrent le hors-texte consacré à des monographies historiques par pays, et figuré HT dans les références.
  • Lucile Giraudet, « Manga, naissance et évolution d’un genre » dans AsieMUTE n°3 (octobre 2006)
  • Thierry Groensteen, « Au commencement était Töpffer », dans Le Collectionneur de bandes dessinées n°64, printemps 1990, pp. 10-21.
  • Thierry Groensteen, La bande dessinée, une littérature graphique, Milan, Toulouse (2005)
  • Thierry Groensteen, Un objet culturel non identifié, Éditions de l'An 2, coll. « Essais », 2006
  • Thierry Groensteen et Benoit Peeters, Töpffer, l'invention de la bande dessinée, Hermann , coll. Savoirs sur l'art, Paris (1994)
  • Brigitte Koyama-Richard, Mille ans de manga, Flammarion, Paris (2007)
  • Francis Lacassin, Pour un neuvième art, la bande dessinée, éd. 10x18, Paris (1971), rééd. Slatkin, Paris (1982)
  • Scott McCloud L’art invisible, comprendre la bande dessinée, Vertige Graphic (1999), traduit par Dominique Petitfaux de Understanding Comics, the Invisible Art, Harper Collins (1992)
  • Morris, « Neuvième art, musée de la bande dessinée » dans le Journal de Spirou, de décembre 1964 à juillet 1967
  • Benoît Peeters, Case, Planche, récit, lire la bande dessinée, Casterman, Paris (1998), rééd. Lire la bande dessinée, Flammarion, coll.Champs, Paris (2002)
  • Jacques Sadoul, 93 ans de BD, J'ai Lu, Paris (1989)
  • Thierry Smolderen, A. B. Frost, les premiers comics et la dimension photographique, www. coconino-world.com (2004)
  • Thierry Smolderen, « Trois formes de pages », dans Neuvième Art n°13, janvier 2007, pp. 20-31
  • Rodolphe Töpffer, Histoire de Monsieur Jabot, Genève (1837)
  • Rodolphe Töpffer, Essai de Physiognomonie, Genève (1845)

[modifier] Internet





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