Bourgeoisie

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La bourgeoisie est une catégorie sociale associée d'abord à la ville puis aux commerçants et artisans.

Ce terme est dérivé de « bourgeois » (l'habitant du bourg) et attesté dès 1538 avec le sens d'« ensemble des habitants du bourg ». Il était apparu auparavant en 1240 sous la forme « bourgesie », correspondant au latin burgensia, au sens juridique de qualité d'habitant des cités, sens qui est resté vivant en Suisse (Robert, Dictionnaire historique de la langue française). Quant à l'italien borghesia, de même que borghese, il a été emprunté au français « bourgeoisie ». (Zangarelli, Dictionnaire de la langue italienne, Zanichelli ed.).

Une classe bourgeoise a émergé d'une part en Italie et d'autre part dans la Hanse au XIVe siècle, après la grande peste, quand les habitants des villages devinrent nettement plus riches que ceux de la campagne. Cela leur donna relativement plus de puissance et d'influence dans la société, les rapprochant des classes dirigeantes et du clergé et les éloignant de la paysannerie. L'archétype de la bourgeoisie médiévale était le propriétaire de moulin qui devint assez important dans l'économie locale pour s'opposer au seigneur.

Au cours des siècles suivants, le terme s'utilisa plutôt pour désigner les premiers banquiers et les gens dont les activités se développaient dans le commerce et la finance.

L'aisance financière des familles bourgeoises permet de faire appel à une large domesticité pour réaliser la totalité des tâches de la vie courante : serviteurs, gouvernantes et précepteurs se chargent des tâches ménagères, de l'entretien de la maisonnée ainsi que de l'éducation des enfants selon un strict respect des bonnes moeurs.   peinture de Jean Siméon Chardin, XVIIe siècle.
L'aisance financière des familles bourgeoises permet de faire appel à une large domesticité pour réaliser la totalité des tâches de la vie courante : serviteurs, gouvernantes et précepteurs se chargent des tâches ménagères, de l'entretien de la maisonnée ainsi que de l'éducation des enfants selon un strict respect des bonnes moeurs.
peinture de Jean Siméon Chardin, XVIIe siècle.

Sommaire

[modifier] Origines de la bourgeoisie

C'est au XIIe siècle qu'apparaît la bourgeoisie. À l'origine le terme de bourgeois désigne l'habitant du bourg. Cependant les villes vont commencer peu à peu à se doter d'une certaine autonomie, notamment juridique, qui se caractérise par l'attribution de privilèges pour les bourgeois comme, par exemple, les exonérations fiscales.

[modifier] Conditions pour être bourgeois

Pour être reçu bourgeois, les conditions étaient variables d'une ville à l'autre, mais il y a cependant un corps de règles communes.

Le bourgeois est avant tout un homme libre, c'est-à-dire que ce n'est pas un serf. Il devait être en mesure de le prouver. Un serf pouvait accéder à la bourgeoisie à condition de devenir lui aussi un homme libre. Cependant si un bourgeois devenait serf il perdait la jouissance de sa qualité de bourgeois. Ensuite le bourgeois ne devait pas avoir de dettes, il devait être de bonne moralité et de naissance légitime.

Un seuil de richesse pouvait être exigé, ainsi que la possession d'une habitation, voire de terres, ceci dépendant en partie de la région où l'on devenait bourgeois. Ainsi, en Alsace il fallait pour accéder à la bourgeoisie posséder une maison donnant sur la rue.

La condition fondamentale était la résidence au sein de la ville. Le prétendant à la bourgeoisie devait y résider un certain temps pour pouvoir accéder à la bourgeoisie. En outre, on pouvait exiger du bourgeois qu'il soit de religion catholique. C'est une condition qui peut sembler surprenante aujourd'hui, mais l'Église catholique dominait alors toute la société. En outre, un droit de bourgeoisie pouvait être exigé, ce qui était surtout vrai dans les provinces périphériques du royaume de France.[réf. nécessaire]

[modifier] Evolution de la bourgeoisie sous l'Ancien Régime

L'évolution de la bourgeoisie sous l'Ancien Régime dépend de la région, mais aussi de la structuration de l'État et de l'augmentation des pouvoirs des rois de France.

[modifier] Une classification de la bourgeoisie

  • Petite bourgeoisie : bourgeoisie d'une ou deux générations s'étant formée par une brève ascension sociale. Elle débute généralement par le commerce ou l'artisanat, puis au fil de la deuxième puis troisième génération, elle peut s’élever socialement à un niveau de moyenne bourgeoisie (passant parfois à des professions valorisantes comme médecin, avocat ou chef d’entreprise). Cette classe est légèrement au-dessous de la classe moyenne de la société et se distingue sourtout par sa mentalité.
  • Moyenne bourgeoisie : bourgeoisie de la troisième génération et au-delà, elle possède parfois quelques alliances avec d’autres familles issues du même milieu et parfois même nobles. Cette catégorie de bourgeoisie est soit appelée à rester moyenne au fil des générations, ou pourra, par le biais de bonnes alliances, de professions prestigieuses et surtout du temps, passer dans la catégorie supérieure de la grande bourgeoisie.
  • Grande bourgeoisie : bourgeoisie du XIXe siècle, ou au moins de la quatrième ou cinquième génération et qui se caractérise par des mariages nobles et des alliances intéressantes (et intéressées). Cette tranche de la bourgeoisie possède un patrimoine historique et culturel important créé et amplifié au fil des décennies. Le nom de ces familles est généralement connu dans la ville où elles résident et, bien souvent, des ancêtres ont contribué à l’histoire régionale. Les charges exercées par ces familles sont considérées et respectées. C’est une « petite haute bourgeoisie ».
  • Haute bourgeoisie : cette bourgeoisie ne s’acquiert que par le temps. Elle est composée de familles déjà bourgeoises à la Révolution, n’a eu que des professions honorables et a périodiquement connu des alliances illustres dans ses branches. Le patrimoine culturel, historique et financier reste important. Ces familles possèdent une sorte d’état de noblesse qui leur interdit certains mariages ou certaines professions. Ces familles auraient tout à fait pu devenir nobles mais, faute de temps, de roi ou de chance, elles ne sont restées que bourgeoises.
  • D'autres pensent non pas à des classifications quasi-nobiliaires, mais plutôt à des catégories professionnelles :

Il y aurait ainsi une bourgeoisie active, une autre passive : "La bourgeoisie passive est celle qui met en valeur le capital avec des placements en actions dans l’immobilier. Elle est constituée de rentiers et de professions libérales. La bourgeoisie active comprend ceux qui entreprennent. Ce sont des entrepreneurs, capitalistes ou patrons qui mettent en valeur en créant des entreprises industrielles ou bancaires."

[modifier] La bourgeoisie et la Révolution française

On a souvent dit que la bourgeoisie était à l'origine de la Révolution française. Il convient de préciser que ce n'est que partiellement vrai. En fait, les bourgeois voulaient une révolution politique afin que leur classe trouve sa place dans la société d'ordre ; de par sa naissance un bourgeois appartenait au tiers état, mais de par son train de vie et sa mentalité, il se rapprochait de la noblesse (un grand nombre de familles appartenant à la noblesse de robe étaient d'ailleurs issues de la bourgeoisie, car elles avaient les moyens d'acheter une charge anoblissante).

[modifier] La bourgeoisie pendant le Second Empire

Pendant le Second Empire, dans le Siècle de la Révolution Industrielle, la classe sociale bourgeoise prend du pouvoir au détriment de la noblesse, décadente depuis la Restauration (1830). On en a un exemple dans le roman de Honoré de Balzac intitulé La Peau de chagrin, où son héros, bien que marquis, est ruiné. Des bourgeois tels que des banquiers ou des notaires s'enrichissent et éclipsent la noblesse. Titres et honneurs ne comptent plus.

[modifier] La bourgeoisie selon la théorie marxiste

Dans la théorie marxiste de la lutte des classes, la bourgeoisie est définie comme la classe de la société qui possède les moyens de production. Le marxisme voit le prolétariat et la bourgeoisie comme fondamentalement opposés, puisque (par exemple) les ouvriers attendent que leurs salaires soient les plus élevés possible, alors que les propriétaires espèrent augmenter leurs revenus en employant de la main-d'œuvre au coût le plus bas possible.

"On entend par bourgeoisie la classe des capitalistes modernes, propriétaires des moyens de production sociale et qui emploient le travail salarié. On entend par prolétariat la classe des ouvriers salariés modernes qui, privés de leurs propres moyens de production, sont obligés pour subsister, de vendre leur force de travail. (Note d'Engels pour l'édition anglaise en 1888)." Manifeste du Parti Communiste, Karl Marx & Friedrich Engels.

On peut distinguer plusieurs sous-classes :

  • la haute bourgeoisie, constituée par la classe la plus riche (industriels, grands commerçants, etc.), jouissant d'un train de vie fastueux et fréquentant les plus grands artistes, comme l'a bien décrite, par exemple, Marcel Proust, et que l'on nommait durant la première moitié du XXe siècle "les 200 familles". Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot étudient le mode de vie de cette grande bourgeoisie, sa manière de protéger l'accès à leur monde des "nouveaux riches".
  • la moyenne bourgeoisie, disposant de patrimoine ou de revenus solides, mais sans l'aura de la première
  • la petite bourgeoisie (artisans, petits commerçants, boutiquiers, petits agriculteurs propriétaires, etc.) qui se distingue du prolétariat surtout par la mentalité.

[modifier] La bourgeoisie au XXe siècle

[modifier] Acception en Suisse

En Suisse, la bourgeoisie est un droit personnel, survivant du droit médiéval. La bourgeoisie, ou commune bourgeoise, est aussi une collectivité locale, qui existe encore dans certains cantons, à laquelle participent les habitants originaires de la commune ou anciens bourgeois, par opposition aux nouveaux habitants. La bourgeoisie, qui est une institution remontant à la loi sur les communes de 1866, a perdu de l'importance, mais gère encore des hôpitaux et, dans quelques cantons, confère encore un « droit de bourgeoisie » préalable à l'obtention de la naturalisation.

Il existe une « Fédération suisse des bourgeoisies et corporations » dont le rôle est notamment de défendre le « maintien des institutions bourgeoisiales ».

Dans le canton du Valais, il existe encore de nombreuses bourgeoisies actives[1].

[modifier] Sources

  1. Voir un exemple d'une petite bourgeoisie de montagne sur son site Internet

[modifier] Bibliographie

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes


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