Grand-Hornu

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La cour intérieure du Grand-Hornu
La cour intérieure du Grand-Hornu

Le Grand-Hornu est un ancien complexe industriel de charbonnages faisant partie de l'ancienne commune d'Hornu, située dans la région du Borinage, à une dizaine de kilomètres à l'Ouest du centre de Mons, dans le Hainaut en Belgique. Ce site fait partie du patrimoine majeur de Wallonie. De style néoclassique, il compte aujourd'hui parmi les beaux témoignages architecturaux de l'ère industrielle et comprend une des plus anciennes cités ouvrières au monde.

Sommaire

[modifier] Historique

Statue de Henri de Gorge.
Statue de Henri de Gorge.

Charles Godonnesche, « fermier général des octrois de la ville et banlieues de Valenciennes », en association avec deux Borains, obtient le 19 janvier 1778, de l’abbaye de Saint-Ghislain, le droit d’exploiter les veines à charbon d’une concession s’étendant de la seigneurie de Quaregnon à celle de Boussu. Les difficultés financières et les problèmes d'exploitation se multiplient et, à la mort de Godonnesche en 1810, sa veuve vend la concession à Henri de Gorge, riche commerçant lillois.

Henri de Gorge (1774-1832), relance totalement la production, obtient l'extension de la concession, fonce de nouveaux puits et développe la vente grâce à l'excellente situation géographique du site, sur un nœud ferroviaire. Après des débuts erratiques eux aussi, il parvient au succès suite au creusement du cinquième puits en 1814, qui permet l'exploitation de couches de charbon excellentes. Dès 1816, il décide de développer un grand projet architectural qui doit comprendre une cité ouvrière modèle capable d'attirer et de retenir une main-d'œuvre très mobile à l'époque.

Il confie la réalisation de son projet visionnaire dans un premier temps à l'architecte lillois François Obin, qui fut relayé à sa mort en 1825 par l'architecte tournaisien Bruno Renard. Ce dernier, issu d'une famille aisée, a été élève des architectes de l'Empire Charles Percier et Pierre Fontaine et a sans doute dû consulter à Paris l'ouvrage de Claude-Nicolas Ledoux paru en 1804, qui comporte une description de l'évolution rêvée des Salines Royales d'Arc-et-Senans.

Les travaux s'achèvent par la mise en service de la fameuse salle des machines en 1831. Mais, entre-temps, de Gorge doit faire face à une violente révolte ouvrière en 1830, au cours de laquelle sa maison et les installations industrielles sont pillées. Il meurt d'une épidémie de choléra en 1832. La concession produit alors 120.000 tonnes de charbon par an et emploie près de 1500 personnes. La veuve de Gorge, Eugénie Legrand, reprend la direction du charbonnage puis le lègue à ses neveux qui constituent une Société civile.

L'exploitation prend fin en 1954 suite à des mesures prises par la CECA (Communauté européenne du charbon et de l'acier)

[modifier] Description du site

On peut distinguer plusieurs éléments du site :

  • les installations industrielles centrales : c'est le coeur de l'entreprise et son coeur architectural. Organisées autour d'une grande cour ovale, elle-même enserrée dans un grand quadrilatère, elles comprennent l'atelier de construction des machines (pour les machines à vapeur des mines), différents ateliers et magasins, une fonderie de fer et de cuivre, un four à coke, la lampisterie, des écuries, un magasin de foin ainsi qu'un bâtiment administratif (appelé "Maison des ingénieurs").
Le Grand-Hornu : « Vue de la cour ovale et de la statue d'H. de Gorge »
Le Grand-Hornu : « Vue de la cour ovale et de la statue d'H. de Gorge »

En 1854, la statue d'Henri de Gorge est installée dans la cour centrale. En 1927, un mausolée y est aménagé sous la forme d'une crypte pour abriter son tombeau et ceux d'une vingtaine de membres de sa famille. Le tout est surmonté d'un christ en croix. Ces bâtiments ont été complètement restaurés

  • la cité ouvrière : construite principalement à partir de 1822, elle comprend 425 maisons au total, installées le long de rues larges (au nombre de 6), rectilignes et pavées. Elles enserrent presque complètement les bâtiments centraux. Chaque maison comprend un four à pain, un point d'eau et un jardin. Toutes ces maisons sont, jusqu'en 1954, identiques, à l'exception des maisons des contremaîtres (ou porions). La hiérarchie de la mine se retrouve dans la cité. Les façades étaient de couleur jaune avec un soubassement noir. Seule une maison, située rue de Gorge, a conservé cette décoration. Le loyer consiste à l'époque en une retenue d'une journée sur le salaire de la semaine. Des équipements collectifs sont aussi mis à disposition des mineurs : une école (obligatoire pour les enfants de moins de 12 ans), un hôpital presque gratuit (disparu, à l'emplacement actuel du centre commercial), une salle des fêtes, des espaces verts (place verte, lieu où se trouvait un kiosque à musique). On y recense déjà 2500 habitants en 1829.
  • le Château de Gorge : achevé en 1832 soit après la mort de De Gorge. Il n'y a donc jamais habité. Il a surtout servi de lieu d'accueil lors de visites prestigieuses, telles que celles du Roi des Belges Léopold Ier en 1832 et 1854.
  • les puits d'extractions : foncés entre 1778 et 1843, ils sont au nombre de 12, répartis tout autour de la cité et portent pour la plupart des noms de saintes, reprenant les prénoms des femmes et filles des patrons du charbonnage. Ils atteignent une profondeur maximale de 998 m. Le charbon des différents puits est à l'époque rassemblé sur l'esplanade, trié avant d'être vendu dans le reste de la Belgique ou en France. Il ne reste presque plus aucune trace de ces fosses, sinon les terrils (ceux des puits n° 9 et 12) et quelques bouches d'évacuation de grisou.

[modifier] Usages actuels

Après la liquidation en 1954, l'ensemble des habitation de la cité sont vendues le plus souvent aux habitants des logements, mais le site du charbonnage reste abandonné. Il est racheté par l'architecte hornutois Henri Guchez qui entame la restauration du site en 1971. En 1984, la Province de Hainaut crée l'association Grand-Hornu Images, chargée de la gestion et de l'animation du site. La province finie par racheter la totalité du site ainsi que le château de Gorge en 1989 dans le but d'en faire un centre culturel et de séminaires.

En 2002, le Musée des arts contemporains (le MAC's) est installé dans le bâtiment des ingénieurs nouvellement restauré par l'architecte Pierre Hebbelinck. Le château de Gorge accueille pour sa part un centre de formation aux nouvelles technologies. L'association Grand-Hornu Images par ailleurs propose des expositions temporaires de design et d'arts appliqués.

[modifier] Références

[modifier] Bibliographie

  • Yves Robert, Le Complexe industriel du Grand-Hornu, éd. Scala, Paris, 2002, 86 p. (ISBN 2 86656 305 0)
  • Hubert Watelet, Le Grand-Hornu, Joyau de la révolution industrielle et du Borinage, éd. Lebeer-Hossmann, 2e éd. 1993
  • Hubert Watelet, Une industrialisation sans développement. Le bassin de Mons et le charbonnage du Grand-Hornu du XVIIIe siècle au milieu du XIXe siècle, éd. de l'université d'Ottawa et recueil de la Faculté de Philosophie et de Lettres de Louvain-la-Neuve, 1980, 538 p. [Critique de l'ouvrage par Marinette Bruwier dans la Revue d'histoire belge contemporaine, n°14, 1983]
  • Jean-Noël Mathieu (dir.), "Le charbonnage du Grand-Hornu en Belgique", dans Architecture historique et projets contemporains, la reprise des monuments, pratiques de la réutilisation sur 40 sites en Europe aujourd'hui, éd. Le Moniteur, Paris, 2003, pp. 82-99
  • Promenade autour du Grand-Hornu, La cité ouvrière et les fosses, livret de visite édité par Le Grand-Hornu Images, 2006

article

  • Jérôme André, "Le musée n'est pas une cathédrale. A propos de l'impact d'un projet muséal sur son environnement", intervention au colloque de l'INTA Les Nouveaux Musées, outils vivants de la cohésion et du développement local, Créteil, 12 et 13 mars 2007 [lire en ligne]
    Intervention du Responsable de la conservation du Grand-Hornu
  • Jean Barthélémy, "Les leçons du Grand-Hornu pour l'architecture industrielle contemporaine", dans Actes du colloque Y a-t-il une architecture industrielle contemporaine ?, tenu à la Saline royale d'Arc-et-Senans les 6 et 7 mai 1999 [lire en ligne]

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

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