Gianfranco Sanguinetti

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Gianfranco Sanguinetti est un révolutionnaire et vigneron italien issu de la région de Toscane, ancien membre de la section italienne de l´Internationale situationniste créé en janvier 1969 à Milan (avec Claudio Pavan, Paolo Salvadori rejoint un peu plus tard par le vénézuélien Eduardo Rothe).

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[modifier] Parcours politique

Très active malgré sa courte existence, cette section italienne de l'Internationale situationniste soutint avec une grande ardeur les expériences révolutionnaires les plus extrêmes en Italie, notamment l'insurrection de Battipaglia (en 1969) et de Reggio de Calabre (en 1970), différentes mutineries dans les prisons ainsi que les mouvements de grèves sauvages dans les usines Fiat à Turin et Pirelli de Milan.

Cette section se distingua au moment de l'attentat de la piazza Fontana survenu le 12 décembre 1969 à Milan causant seize victimes et plus de quatre-vingt blessés, en dénonçant, dans son tract Il Reichstag brucia ? (le Reichstag brûle-t'il ?) sept jours seulement après l'attentat, l'Etat italien d'être responsable du massacre.

Cet attentat était destiné à freiner la subversion dans les usines en désorientant le mouvement des grèves sauvages connu sous le nom d' automne chaud et créér une stratégie de la tension en dirigeant sciemment l'enquête policière vers les milieux d'extrême-gauche (on sait maintenant que le faux témoignage de l'agent provocateur Mario Merlino soi-disant anarchiste en réalité néo-fasciste, membre de l'organisation Avanguardia Nazionale, qui s'était infiltré quelques mois auparavant dans le cercle du 22 mars, permit aux autorités d'aiguiller immédiatement l'enquête vers les milieux libertaires, notamment vers un des membres du cercle, le danseur Pietro Valpreda, également dénoncé par un chauffeur de taxi aux ordres. L'anarchiste Giuseppe Pinelli fut également arrêté et retrouvé un peu plus tard, défenestré, au rez-de-chaussée du commissariat dans un bureau duquel il était « interrogé ». La police écarta ensuite toute autre piste).

Bien des années plus tard, l'enquête officielle conclura que l'attentat avait été exécuté par les néo-fascistes du mouvement Ordine Nuovo et Avanguardia Nazionale de Stefano delle Chiaie sur ordre du S.I.D., les services secrets italiens, et du réseau Gladio. Au centre du complot, la fausse agence de presse Aginter Press, officine terroriste liée à la CIA et constituée d'anciens cadres de l'OAS, centre de soutien logistique aux groupes néo-fascistes européens, et dirigée par Yves Guérin-Sérac, véritable cerveau de la stratégie de la tension, se chargea de concevoir et de coordonner les différents attentats. À la suite de la chasse aux sorcières menée par la police après cet attentat, les situationnistes italiens préférèrent se réfugier pour un temps en France afin d'échapper à la répression.

Expulsé de France en juillet 1971 par décision du Ministère de l'intérieur, Gianfranco Sanguinetti est associé par Guy Debord à l'acte de dissolution de l'IS connue sous le nom de thèses sur l'Internationale Situationniste et son temps et publié dans La Véritable Scission dans l'Internationale en avril 1972. Tout au long des années 1970, Gianfranco Sanguinetti va continuer ses menées subversives avec l'appui de Guy Debord qui va passer de plus en plus de temps en Italie à ses côtés.

En août 1975, il envoie à cinq-cent vingt personnalités éminentes du pays une étrange brochure intitulée Véridique Rapport sur les dernières chances de sauver le capitalisme en Italie signée sous le nom de Censor présenté comme un grand bourgeois de la classe possédante sans statut politique qui préconise, avant que cette solution ne soit envisagée par le président de la démocratie chrétienne Aldo Moro qui le paiera de sa vie, le compromis historique avec les communistes, c'est-à-dire leur entrée au gouvernement au côté des démocrates-chrétiens afin de maintenir le prolétariat ouvrier sous la coupe des partis et syndicats staliniens. Il défend aussi dans cette même brochure l'idée que la bourgeoisie commandite elle-même des attentats terroristes pour les imputer faussement aux individus qui se lèvent contre la domination de l'État et ainsi les discréditer aux yeux de la population comme ennemis de la démocratie (attaques false flag). La presse italienne du pays dans son ensemble applaudit aux solutions radicales préconisés par Censor. Sanguinetti provoque un beau scandale en publiant quelques mois plus tard la plaquette preuves de l'inexistence de Censor, par son auteur. Debord s'empresse de traduire le Véridique Rapport en français et de le faire publier chez Champ libre.

Pourtant, à la suite de l'enlèvement d'Aldo Moro en mars 1978, les routes de Debord et Sanguinetti divergeront : alors que Debord, au moment même où se déroule cet enlèvement, perçoit derrière les brigades rouges une manipulation d'une fraction du Parti démocrate-chrétien, Sanguinetti pense de son côté que les brigadistes sont de vrais gauchistes (voir Correspondance, volume II, éditions Champ libre). La découverte en 1981 de la Loge P2, Propaganda due, infirmera cette opinion. Debord fera état de cette ténébreuse affaire dans sa préface à la quatrième édition édition italienne de la Société du spectacle. Entre-temps, Gianfranco Sanguinetti aura changé d'opinion et publiera en 1979 Du terrorisme et de l'État, la théorie et la pratique du terrorisme divulguées pour la première fois. Depuis, on est sans nouvelles officielles de lui mais on murmure qu'il aurait participé au financement de la maison d'édition Allia de Gérard Berreby. Il a écrit ces dernières années quelques textes qui ont paru aux éditions Silverbridge.

[modifier] Source générale

[modifier] Publications

  • (fr) Section italienne de l'Internationale situationniste, Ecrits complets (1969-1972), traduits par Joël Gayraud et Luc Mercier', Contre-moule 1988
  • (fr) Véridique rapport sur les dernières chances de sauver le capitalisme en Italie, traduit par Guy Debord', Champ libre 1976
  • (it) Aviso al proletariato sugli avvenimenti delle ultime ore, 1977
  • (it) Benvenuti nella città più libera del mondo (avec Renato Zangheri), 1977
  • (fr) Du terrorisme et de l'état, la théorie et la pratique du terrorisme divulguées pour la première fois, traduit par Jean-François Martos', Le Fin Mot de l'Histoire 1980

[modifier] Lien externe

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