Attentat de la piazza Fontana

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La piazza Fontana est une place du centre de Milan. Cette place est sinistrement devenue célèbre à cause des attentats qui s'y sont produit le 12 décembre 1969 faisant 16 morts et 88 blessés. C'est aussi l'un des facteurs qui a présidé à la naissance des Brigades Rouges. Cet événement est le principal point de départ des « années de plomb » italiennes, et demeure un point controversé de l'Histoire contemporaine de l'Italie.

Sommaire

[modifier] Décembre 1969

Le 12 décembre 1969, une bombe éclate devant une banque sur la piazza Fontana, dans le centre de Milan, faisant seize morts et une centaine de blessés. Aussitôt, l'extrême gauche est accusée, en particulier le mouvement autonome. 400 personnes sont arrêtées par les forces de police[1]. Le danseur Pietro Valpreda est emprisonné, tandis que le cheminot Giuseppe Pinelli, un anarchiste accusé de l'attentat, est défenestré lors de son interrogatoire (c’est le thème de la pièce de Dario Fo, "Mort accidentelle d’un anarchiste"). Un commissaire est accusé de "bavure", mais l'enquête à son sujet le relaxe.

Selon l'auteur d'extrème-droite François Duprat, lors du cortège funèbre suivant les attentats, 80.000 personnes manifestèrent, dont 30 à 40.000 Missini faisant le salut fasciste[2].

[modifier] La stratégie de la tension

Les organisations libertaires et d'extrême-gauche, qui sont d'abord accusées (notamment le groupe révolutionnaire de gauche Lotta Continua[réf. nécessaire]), accusent les néofascistes qui, selon eux, voulaient faire accuser les forces de gauche. Leurs agissements auraient caché une stratégie de la tension : une partie de l’appareil d’État, en lien avec la CIA, aurait entretenu un climat de peur afin de faciliter l’arrivée au pouvoir d’un régime dictatorial, comme en Grèce en 1967. A la suite de ces événements, certains militants de gauche, tel l’éditeur Giangiacomo Feltrinelli, opteront pour la clandestinité et la lutte armée.

Dans les années 1990, la découverte du réseau Gladio, une organisation paramilitaire clandestine (stay-behind) de l'OTAN, semble vérifier l'hypothèse de la stratégie de la tension[réf. nécessaire]. En 2000, un rapport parlementaire de la coalition centre-gauche de l'Olivier conclut que Washington avait soutenu « une stratégie de la tension visant à empêcher le PCI, et, dans une moindre mesure, le PSI à atteindre le pouvoir ». Celle-ci comprenait des attaques terroristes false flag, consistant à organiser des attentats tout en l'attribuant à la partie adverse, en l'occurrence l'extrême-gauche et la mouvance autonome. Néanmoins, l'enquête judiciaire n'a établi aucun lien direct entre le réseau de l'Otan et les néofascistes impliqué dans l'attentat, bien que de tels liens aient été suggérés par les différents rapports parlementaires.

[modifier] Responsabilités néofascistes présumées dans l'attentat

Dans les années 1980, le terroriste néo-fasciste Vincenzo Vinciguerra déclara au juge Felice Casson que l'attentat visait à pousser l'État italien à proclamer l'état d'urgence et à pousser l'Italie vers un régime autoritaire. [réf. nécessaire]

En 1989, le fondateur d' Avanguardia Nazionale, Stefano Delle Chiaie, fut arrêté à Caracas et extradé en Italie afin d'être jugé pour ses responsabilités dans l'attentat de 1969.[réf. nécessaire] Il fut cependant acquitté par la Cour d'assise de Catanzaro en 1989, de même que son camarade Massimiliano Fachini.[réf. nécessaire]

En 1995, Carlo Rocchi, l'homme de la CIA à Milan, a été surpris lors de recherches à propos d'information concernant l'opération Gladio, montrant ainsi que la CIA continuait à s'intéresser de près aux déroulements de l'affaire Gladio en Italie [3].

En 1997, trois anciens militants néo-fascistes d'Ordine Nuovo, Carlo Maria Maggi, Delfo Zorzi et Giancarlo Rognoni, ont été mis en examen pour l'attentat. En 1998, David Carrett, un officier de la US Navy, est mis en examen pour sa participation à l'attentat; il est aussi accusé d'espionnage politique et militaire[3]. Le juge Guido Salvini ouvre aussi une enquête contre Sergio Minetto, un responsable italien du service d'intelligence de l'Otan, et le pentito ("repenti") Carlo Digilio, soupçonné d'être un indic de la CIA [3].

Mais le 12 mars 2004, la cour d’appel de Milan annula les peines prononcées contre les trois accusés d'Ordine Nuovo, condamnés en première instance[4]. Le repenti Carlo Digilio, soupçonné d'être un indic de la CIA, recevait l'immunité en échange de sa participation aux enquêtes, en accord avec le statut italien des pentiti.

[modifier] Références

  1. (en) "1969: Deadly bomb blasts in Italy", BBC News
  2. François Duprat, L'Ascension du M.S.I., Les Sept Couleurs, 1972, p.106
  3. abc "Strage di Piazza Fontana spunta un agente USA", La Repubblica, 11 février 1998
  4. Repubblica.it/politica: Piazza Fontana, nessun colpevole Assolti in appello gli imputati

[modifier] Bibliographie

  • Daniele Ganser, Les Armées secrètes de l'OTAN; Réseaux Stay Behind, Gladio et Terrorisme en Europe de l'Ouest, préface de John Prados. Editions Demi-Lune, septembre 2007 (ISBN 9782917112007).
  • Frédéric Laurent, L'Orchestre noir, Stock, 1978
  • Antonio Pennacchi, Mon frère est fils unique, Le Dilettante, 2007 (Titre original : Il Fasciocomunista, 2003)

[modifier] Filmographie

  • Fabrizio Calvi et Frédéric Laurent, L'Orchestre noir, documentaire diffusé sur Arte les 13 et 14 janvier 1998
  • Daniele Luchetti, Mon frère est fils unique (2007)

[modifier] Voir aussi

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