Georges Lefebvre

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Georges Lefebvre (7 août 1874 à Lille - 28 août 1959 à Boulogne-Billancourt) était un historien français spécialiste de la Révolution française. Il édita notamment les Annales historiques de la Révolution française et occupa la chaire d’histoire de la Révolution française à la Sorbonne.

Sommaire

[modifier] Biographie

Originaire du nord de la France, Georges Lefebvre, fils d'un employé de commerce[1], gravit un à un, comme boursier, tous les échelons de la carrière universitaire. Agrégé d'histoire et de géographie en 1898, il enseigne dans le secondaire, à Cherbourg, Tourcoing, Lille puis, après 1918, à Paris, aux lycées Montaigne et Henri-IV jusqu'en 1924.

Elève à Lille du médiéviste Charles Petit-Dutaillis, Lefebvre abandonne très vite le Moyen-Age pour la période révolutionnaire. Militant de gauche décidé, guesdiste dans sa jeunesse, ses liens avec Jean Jaurès ne sont pas étrangers à cette nouvelle orientation. Socialiste de conviction, il sera de plus influencé par le marxisme à partir de la Seconde Guerre mondiale.

La thèse qu'il présente en 1924, à 50 ans, alors qu'il vient d'être nommé à la faculté de Clermont-Ferrand, Les paysans du Nord pendant la Révolution, est saluée par les spécialistes (Alphonse Aulard, Albert Mathiez, Henri Pirenne), tant Lefebvre a su avec une constance remarquable dépouiller de très nombreuses sources statistiques mais aussi renouveler l'approche de cette période pourtant très étudiée. De plus, sa monographie, départementale, se situe, c'est nouveau, aux confins de l'histoire sociale et économique.

Lefebvre est, certes, influencé par le marxisme qui le pousse à utiliser le paradigme de la lutte des classes pour analyser les rapports entre le peuple et les privilégiés. Pour autant, c'est un historien, non un polémiste, qui aborde la discipline dans toute sa complexité, en envisageant dans ses synthèses la conjonction des facteurs sociaux, économiques et politiques.

Nommé à Strasbourg en 1928, Lefebvre y rejoint les futurs fondateurs des Annales. Ses relations avec Marc Bloch élargissent ses perspectives. En 1932, il publie son oeuvre la plus connue, encore inégalée, première et brillante approche des mentalités collectives populaires, La Grande Peur de 1789. Nommé à la Sorbonne en 1935, Georges Lefebvre occupe deux ans plus tard la chaire d'histoire de la Révolution française, poste qu'il conservera jusqu'en 1945.

Lefebvre écrit avant le conflit mondial un récit des origines de la Révolution française dans Quatre-vingt-neuf qui aura un retentissement décalé du fait de la guerre qui éclate peu après[2]. Il offre une version définitive de son interprétation marxiste des causes de cet événement dans un ouvrage intitulé La Révolution française (édition revisée en 1951) qui sera traduit en anglais (The French Revolution en 1962 et The French Revolution from 1793 to 1799 en 1964). Laissant pour un temps sa période de prédilection, il rédige durant la même époque, en 1941, un Napoléon qui sera réédité plusieurs fois pendant plus d'une décennie[3].

Georges Lefebvre enseigne ensuite à la Sorbonne un cours d'historiographie qui sera publié après sa mort (transcription de son cours de 1945-1946, La naissance de l'historiographie moderne en 1971). Historien social, Lefebvre se considère comme lié par un sentiment de solidarité fraternelle avec les hommes qui luttent pour la liberté. Cette vision engagée - il anime à partir de 1932 la Société des études robespierristes - a certes fragilisé une partie de son oeuvre. Toutefois, sa vaste érudition et sa foncière honnête ont permis à ses travaux de franchir sans difficultés le cap de la postérité.

[modifier] Source partielle

[modifier] Notes et références

  1. Georges Lefebvre, The French Revolution, tome 1 : « from its Origins to 1793 », New York, Columbia University Press, 1962, p. IX-XIV.
  2. Ce livre devait être publié en 1939 pour marquer les cent cinquante ans des événements de 1789, mais le gouvernement de Vichy, l'année suivante, s'est opposé à toute manifestation de sympathie à l'égard de la Révolution. Le régime tenta de faire disparaître le livre, commandant huit mille exemplaires pour les brûler. En conséquence, ce travail passa pratiquement inaperçu en France jusqu'à sa réédition en 1970 alors que sa réputation était établie dans le monde anglophone depuis la traduction anglaise, The Coming of the French Revolution édité en 1947.
  3. Dans ce livre dont la publication, aux PUF, date de 1941, Lefebvre fait de Napoléon l'héritier de la Révolution française ajoutant que la dictature qu'il a imposée à la France était nécessaire à la préservation de l'oeuvre révolutionnaire après l'échec de la Terreur. Pour l'historien, l'Empereur est à la fois un général qui s'appuie sur l'armée et prend le pouvoir grâce à elle, un fin politique qui assoit son régime sur le soutien des notables qu'il privilégie tout en les contrôlant et enfin un homme de loi qui ne remet jamais en cause le principe d'égalité civile, grande conquête de la Révolution.Cet ouvrage reste un classique tant pour l'importance des données factuelles qu'il propose sur le monde au début du XIXe siècle que pour les analyses qu'il fournit sur la nature du régime napoléonien et le caractère inéluctable des guerres qu'il a conduites

[modifier] Bibliographie

  • Stéphane Buzzi, « Georges Lefebvre (1874-1959), ou une histoire sociale possible », Le Mouvement Social, juillet-septembre 2002, n° 200, p. 177-195