Florent Schmitt

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Florent Schmitt est un compositeur français, né à Blâmont (Meurthe-et-Moselle) le 28 septembre 1870 et mort à Neuilly-sur-Seine le 17 août 1958.

Sommaire

[modifier] Biographie

Florent Schmitt étudia à Nancy puis au Conservatoire de Paris où il fut élève de Massenet et Fauré. En 1900, il reçut le Premier Grand Prix de Rome pour sa cantate Sémiramis. En 1904, Schmitt acheva son grandiose et tonitruant Psaume XLVII, qui lui valut le succès lors de sa création. Pour Norbert Dufourcq, « L'apparition en 1906 du Psaume XLVII a été l'événement le plus important de la musique française depuis Pelléas. » L'humour vache du Sanglier des Ardennes, libre et franc, voire rude et sa facétie à la Satie s’exprimaient aussi en titres mystificateurs : Suite en rocailles, Çançunik, Suite sans esprit de suite, Fonctionnaire MCMXII inaction musicale, Sonate libre en deux parties enchainées, Habeyssée, etc.

Marqué dans sa jeunesse par les mouvements symboliste et impressionniste autant que par Chopin, il développa une esthétique opulente, appuyée sur un savant contrepoint. L’emploi d’effets de percussion primitive l'apparente avant la lettre aux recherches de la musique russe moderne. Son art sans demi-teinte fut à l’image de son caractère dont l’esprit caustique n'excluait nullement la bienveillance. En 1924, la création à l'Opéra du ballet Le Petit Elfe ferme-l'œil révèla un délicieux peintre de l'enfance tandis qu’Antoine et Cléopâtre (1920), Salammbô (1925) et le somptueux Oriane et le Prince d’Amour (1938) consacraient l’orientaliste inspiré et le symphoniste héritier des classiques purs. Membre de la Société des Apaches, Schmitt fut cofondateur en 1909 de la Société Musicale Indépendante avec Maurice Ravel, Gabriel Fauré, Émile Vuillermoz, Louis Aubert, Charles Koechlin, et Jean Huré. Il fut le directeur du Conservatoire de Lyon de 1921 à 1924, chroniqueur du journal Le Temps de 1929 à 1939.

Personnalité assez rude, indépendante, ennemie des dogmes et des systèmes, avec une fécondité rare due à sa longue vie, il composa dans tous les domaines excepté l'opéra. Sa musique vigoureuse, caractérisée par un dynamisme rythmique et une ligne mélodique sensuelle, possède un langage harmonique riche et suave d'inspiration aussi bien classique que romantique. L'exotisme apprécié à l'époque se ressent dans plusieurs de ses compositions, tel le lyrique poème symphonique la Tragédie de Salomé, dédié à Igor Stravinski et honoré par Diaghilev. Ces deux œuvres furent les plus appréciées avec son Quintette pour piano et cordes qui recueillit l'admiration, entre autres, d'un Georges Enesco. Sa Deuxième Symphonie fut créée par Charles Münch quelques semaines avant sa mort.

Florent Schmitt fut nommé membre de l'Académie des Beaux-Arts en 1936, reçut le Grand Prix musical de la ville de Paris en 1957. Mais cet artiste majeur du XXe siècle qui a laissé une œuvre monumentale est aujourd'hui encore méconnu du grand public français. Sa grande indépendance et son faible attachement à la renommée et aux suiveurs de modes ne sont pas étrangers à ce fait. Aujourd'hui, on peut considérer qu'il a fortement marqué l'histoire de la musique française de la première moitié du XXe siècle, au même titre que Debussy, Ravel et Roussel. Il est reconnu comme l'un des piliers du répertoire musical pour les quatuors de saxophones.

[modifier] Polémique

En dehors de son activité musicale, Florent Schmitt est aussi connu pour ses positions favorables à l'Allemagne nazie, dans les années trente puis sous l'Occupation. Il a été membre du Comité France–Allemagne, créé en 1935. Il a participé à un voyage de musiciens français organisé par les services de Joseph Goebbels, à Vienne, en décembre 1941. Il a été le co-président d'honneur de la section musicale du Groupe Collaboration à partir de décembre 1941[1].

A la Libération, les poursuites judiciaires engagées contre Florent Schmitt pour indignité nationale ont été classées sans suite. Cependant, il a été condamné dans le cadre de l'épuration professionnelle : le 7 janvier 1946, le Comité national d’épuration des gens de lettres, auteurs et compositeurs a prononcé contre lui une peine d’interdiction d’éditer ou de faire jouer ses œuvres d’une durée d’un an, interdiction partant du 1er octobre 1944[2].

Florent Schmitt a expliqué son voyage en Allemagne par la volonté de revoir son fils, prisonnier dans un stalag. Il a justifié son appartenance au Groupe Collaboration par son souci de défendre la musique française. Sa position lui permettant également de signer des pétitions en faveur de musiciens israélites tels que la cantatrice Magdeleine Grey, le pianiste François Lang, le compositeur Fernand Ochey ou de soutenir ses amis Paul Dukas, Alexandre Tansman ou Arnold Schönberg qu'il appréciait et défendait vigoureusement[3].

L'engagement de Florent Schmitt dans la collaboration a conduit le Conseil d'administration du lycée de Saint-Cloud à proposer que l'établissement, qui portait le nom du compositeur depuis 1968, soit rebaptisé. Le Conseil Régional d'Île-de-France a accepté cette demande en 2005 après une dizaine d'années de polémiques, et lui a attribué le nom d'Alexandre Dumas[4].

[modifier] Honneurs

Chevalier de l’Ordre de Léopold, Commandeur de la Couronne de Roumanie, Schmitt était membre de la Société musicale indépendante depuis 1909, de l’Académie royale de Belgique depuis 1932 et présidait la Société nationale de musique depuis 1938. En 1952, il a été promu Commandeur de la Légion d'honneur. En 1957, un an avant sa mort, il se vit décerner le Grand Prix musical de la ville de Paris.

[modifier] Principales œuvres

  • Musique orchestrale :
3 symphonies : Symphonie concertante pour orchestre et piano, Deuxième Symphonie, Janiana, symphonie pour cordes
Enfants
Introït, récit et congé pour violoncelle et orchestre
Kermesse-Valse tiré de l'éventail de Jeanne, (ballet, collectif, 1926)
Le Palais hanté
Légende pour saxophone alto (ou alto ou violon) et orchestre
Musique de scène pour Antoine et Cléopâtre, deux suites d'orchestre
Musique en plein air
Ronde burlesque
Rêves
Scherzo vif, pour violon et orchestre
Scènes de la vie moyenne
Sélamik
Çançunik
Salammbô (musique de film, dont seront tirées trois suites d'orchestre)
  • Musique de chambre :
Pour presque tous les temps, pour flûte et trio avec piano
Quatuor pour saxophones
Quatuor pour flûtes
Quatuor à cordes
Quintette avec piano
Sonate libre en deux parties enchaînées pour violon et piano
Sonatine en trio pour flûte, clarinette et clavier
Trio à cordes
Nombreuses pièces pour vents, piano, piano à quatre mains ou deux pianos.
  • Musique vocale :
Nombreuses mélodies et choeurs
Le chant de nuit, pour solistes, chœur et orchestre
Messe pour quatre voix et orgue
Psaume XLVII, pour soprano, chœur, orgue et orchestre (1906)
La Tragédie de Salomé (1907)
Oriane et le prince d'amour

[modifier] Pour découvrir Schmitt

Psaume 47, La Tragédie de Salomé par le Nouvel Orchestre Philharmonique et les chœurs de Radio France sous la direction de Marek Janowski.

N.B. : cet enregistrement conjugue les avantages d'une qualité artistique reconnue, d'une bonne qualité technique et d'une durée généreuse. Toutefois, la présente suggestion ne reflète que l'avis d'un wikipédiste et ne saurait être considérée comme une référence indiscutable, tant en ce qui concerne le choix de l'œuvre que celui de son interprétation.

Suite en trois mouvements pour trompette et piano, par Pascal Vigneron et Dimitri Vassilakis .

[modifier] Notes

  1. Philippe Burrin, La France à l’heure allemande 1940-1944, Le Seuil, 1995, pp. 61, 353 et 412.
  2. Herbert Lottman, L’Épuration 1943-1953, Fayard, 1986, p. 428.
  3. "Politique magazine, n°6, Février 2003, p.3"
  4. Site du lycée Alexandre-Dumas de Saint-Cloud

[modifier] Liens externes