Esséniens

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Les Esséniens étaient les membres d'une communauté juive, fondée vers le IIe siècle av. J.-C.. Les principaux groupements s'établirent, semble-t-il, sur les rives de la mer Morte. Les esséniens ont été décrits par les auteurs anciens : Flavius Josèphe, Philon d'Alexandrie et Pline l'Ancien. Les archéologues pensent, pour la plupart, que le site de Qumrân était un établissement essénien et que ses occupants sont probablement les auteurs des manuscrits de la mer Morte. Pourtant cette théorie ne fait pas l'unanimité: pour certains chercheurs, les manuscrits venaient en réalité de la bibliothèque du Temple de Jérusalem. Le mouvement semble avoir disparu vers 70. La littérature intertestamentaire (livre d'Hénoch, livre des Jubilés et manuscrits de Qumrân) fait par ailleurs allusion à un calendrier juif particulier, solaire, que l'on a appelé le calendrier essénien.

[modifier] Pratiques communautaires

Le plus marquant dans cette communauté était la mise en commun et la répartition des biens de la collectivité selon les besoins de chaque membre. Le shabbat était observé strictement, comme la pureté rituelle (bains à l'eau froide et port de vêtements blancs). Il était interdit de jurer, de prêter serment, de procéder à des sacrifices d'animaux, de fabriquer des armes, de faire des affaires ou de tenir un commerce. Les membres, après un noviciat de trois ans, renonçaient aux plaisirs terrestres pour entrer dans une sorte de vie monacale. Leur alimentation était particulière en ce qu'elle ne devait pas subir de transformation, par la cuisson par exemple. Leur nourriture se composait essentiellement de pain, de racines sauvages, et de fruits. La consommation de viande était interdite. Ils vivaient selon des règles strictes :

  • fausse déclaration de biens : un an d'exclusion ;
  • mensonge, ou scène de colère contre un autre membre de la communauté : 6 mois ;
  • crachat ou rire pendant une réunion ou une séance de prière : 1 mois ;
  • gesticulation pendant une réunion : 10 jours ;
  • port de lainages prohibé.

[modifier] Le Maître de justice

On sait d'après les textes trouvés à Qumrân que les esséniens vénéraient un Maître de Justice, probablement leur fondateur, qui aurait été la victime d'un prêtre impie.
Il paraît fort probable que ce Maître de Justice ne fut autre que le grand prêtre Onias III, déposé en 175 avant l'ère chrétienne par Antiochus IV Epiphane, puis assassiné en 170 dans son exil de Syrie à l'instigation de son successeur Ménélas, auquel il ne ménageait pas ses reproches. Onias III serait donc le Maître de Justice et Ménélas le prêtre impie. On sait qu'Onias III fut le dernier grand prêtre légitime de la descendance de Sadoq (grand prêtre de Salomon, le fondateur du Temple de Jérusalem).
Les esséniens, qui se déclaraient « fils de Sadoq », seraient donc les partisans légitimistes d'Onias III, avant tout des gens de race sacerdotale, ou les alliés de ces derniers. Cela expliquerait leur fidélité fondamentale à la religion de leurs ancêtres juifs, et leur vénération extrême à l'égard du Temple de Jérusalem, dans lequel pourtant ils ne célébraient pas, parce qu'ils l'estimaient occupé par des usurpateurs.

[modifier] Destinée de l'essénisme

Les relations des Esséniens avec la monarchie hasmonéenne furent ambiguës : en effet, les Esséniens rejetaient ces monarques comme grands prêtres illégitimes, mais en même temps, ils soutenaient fortement leur résistance à l'influence grecque et païenne, incarnée par les Séleucides. C'est la raison pour laquelle les esséniens furent probablement tolérés, et non pas persécutés, par les Hasmonéens, puis ensuite par les Hérodiens, leurs héritiers.

Lors de la destruction du Temple et lors du chaos qui sévit en Judée à la fin du premier siècle, les Esséniens ne réussirent pas à conserver leur identité, tandis que la communauté juive de la Diaspora s'organisait autour des pharisiens survivants, donnant ainsi naissance à la tradition du judaïsme rabbinique. Il est probable que l'établissement de Qumrân représentait une survivance précaire du mouvement essénien. En 70, après la destruction de leur établissement par les légions romaines, puis la ruine de Jérusalem, les Esséniens disparurent complètement. Il demeure fort peu vraisemblable qu'ils se soient mêlés ou fondus dans la secte des pharisiens, fidèles du Temple, qui représentaient plutôt pour eux leurs ennemis.

[modifier] Jésus était-il essénien ?

Les origines du mouvement essénien furent bien antérieures à l'ère chrétienne, et dans les écrits de Qumrân on ne trouve aucune allusion au christianisme.
Il existe certaines analogies entre les deux mouvements (messianisme, pratiques baptismales, renoncement aux biens matériels), ce qui a fait dire à Ernest Renan que le christianisme était « un essénisme qui a réussi », mais les esséniens, qui nous sont maintenant mieux connus depuis la découverte des Manuscrits de la mer Morte, se distinguaient de Jésus de Nazareth par leur rigorisme ritualiste, leur souci de pureté extérieure, leur manière de vivre dans des communautés retirées, leur pensée (espérance eschatologique cataclysmique, et non pas avènement messianique dans la douceur; doctrine des deux esprits; etc...). Ni les textes néotestamentaires ni les autres (Flavius Josèphe, Pères de l'Église, apocryphes) ne font mention des esséniens à propos de Jésus ou des chrétiens. Des rapprochements peuvent cependant être faits entre le Nouveau Testament et les textes esséniens concernant certains thèmes (lignée davidique du Messie, résurrection des morts) ou expressions, comme par exemple celle de « pauvres en esprit », présente à la fois dans les Béatitudes et dans certains fragments retrouvés à Qumrân où elle désigne les fidèles observateurs de la loi.

[modifier] Un courant complexe

Le courant des esséniens, « sur lesquels les manuscrits de la mer Morte ont jeté une lumière toute nouvelle, apparaît comme le plus complexe et, à bien des égards, le plus intéressant. Communauté fermée, d’organisation monastique, retirée dans le désert, sur les rivages inhospitaliers de la mer Morte, les Esséniens communiquent à leurs seuls initiés un enseignement ésotérique. Purs entre les purs, on les a parfois définis comme des Pharisiens au superlatif. Leur mouvement est né sans doute, au lendemain de l’insurrection maccabéenne, d’une protestation contre l’attitude, jugée trop mondaine et laxiste, des souverains hasmonéens et contre un sacerdoce considéré par eux comme illégitime. En conséquence ils se détournent des liturgies officielles du Temple et pratiquent dans leur solitude des rites qui leur sont propres. Ils englobent dans une même condamnation les païens, ceux des Juifs qui fréquentent les occupants idolâtres et la masse du peuple qui accepte l’autorité d’un clergé indigne. Ils vivent dans une atmosphère eschatologique et se considèrent comme le petit troupeau des élus qui constitueront le noyau du Royaume imminent. » Marcel Simon, La Civilisation de l’Antiquité et le Christianisme, chap. Le Judaïsme.

[modifier] Informations anecdotiques

  • Edmond Bordeaux Szekely est l'auteur de plusieurs livres qui montrent « l'intérêt des idées et pratiques esséniennes pour notre époque moderne » : L'Evangile essénien, La Vie Biogénique, L'Incorrigible Optimiste.
  • Eliette Abécassis, dans son roman Qumram, parle des esséniens. Ary, jeune juif religieux israélien, se trouve plongé dans une enquête historique qui le fait remonter jusqu'aux origines de la religion chrétienne.
  • En 2006 apparaît une revendication de filiation intemporelle. Sur son site officiel, Olivier Manitara se prétend le « représentant du Peuple Essénien ».

[modifier] Voir aussi

[modifier] Bibliographie

  • H.E. Del Medico, Le Mythe des Esséniens, Plon, 1958.
  • L'Aventure des manuscrits de la mer Morte, ouvrage collectif sous la direction de Hershel Shanks, Points Seuil, 2002, ISBN 2-02-054952-2.
  • The Dead sea scrolls and the first christians, Robert Eisenman, 1996
  • Le Messie et son prophète, Edouard-Marie Gallez, 2 tomes, éditions de Paris, 2005
  • "Jehoshuah L'Essénien" par Michel Coquet (Broché - 5 octobre 2006)

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