Neturei Karta

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Manifestants du Neturei Karta
Manifestants du Neturei Karta
Un Neturei Karta, en 1955.
Un Neturei Karta, en 1955.

Les Neturei Karta (en araméen: נטורי קרתא ; « les gardiens de la cité ») est un groupe de juifs haredim (ultra-orthodoxes) qui rejettent toute forme de sionisme. À ce titre, ils s'opposent activement à l'existence de l'État d'Israël.

Sommaire

[modifier] Idéologie

Les Neturei Karta considèrent que l'État juif de l'antiquité fut détruit par la volonté divine et que seul le Messie pourra le rétablir. Toute tentative humaine de recréer un état juif avant la venue du Messie est donc une attaque contre la volonté divine. Lors des élections israéliennes, ils appellent ainsi de façon systématique à refuser de voter.

Très spécifiques au plan politique, les Neturei Karta ont peu de différences avec les autres groupes ultra-orthodoxes. Tout comme eux, ils ont une conception extrêmement stricte de l'application de la halakha (la loi religieuse juive orthodoxe). Il a juste été noté une tendance à des interprétations encore plus strictes que la moyenne. Les femmes de la communauté ont ainsi un niveau de formation qui reste assez inférieur à ceux des autres groupes ultra-orthodoxes, où la formation des femmes s'est sensiblement développée dans la seconde moitié du XXe siècle.

Les ultra-orthodoxes sont appelés en hébreu les haredim, du mot hébreu harada, (forte peur, terreur). Les Neturei Karta, comme les autres haredim, sont donc « terrifiés » à l'idée de violer le moindre commandement divin, d'ou des attitudes générales d'extrême prudence (particulièrement fortes chez les Neturei Karta) vis-à-vis de tout manquement. La télévision ou la presse laïque sont ainsi refusées, par crainte d'y voir des images indécentes.

Il existe des groupes haredim plus ou moins stricts. Au sein du camp haredi, la plupart des tendances les plus anti-sionistes et les plus fondamentalistes sont regroupées au sein de la Edah Haredit, une fédération assez souple de groupes fondamentalistes autonomes, dotée en Israël de ses propres tribunaux rabbiniques.

Bien qu'ayant des liens avec la Edah, les Neturei Karta n'en sont pas formellement membres, et sont considérés comme encore plus stricts et plus anti-sionistes.

D'un point de vue général « même parmi les haredim [...] les Neturei Karta sont considérés comme une frange incontrôlée et ne sont absolument pas reconnus par les juifs du monde entier ; les "naturei karta" sont en effet considérés par la plus grande majorité des juifs comme indignes de représenter le judaïsme et font souvent l'objet de grands débats en Israël où la conclusion est toujours la même "ces juifs ont fraternisé avec le mal et prônent la guerre dans la région du Moyen-Orient. [1] ».

[modifier] Création

Elyahou Ben Shlomo Zalman (1720-1797), le Gaon de Vilna. Certains Neturei Karta sont issus de ses disciples.
Elyahou Ben Shlomo Zalman (1720-1797), le Gaon de Vilna. Certains Neturei Karta sont issus de ses disciples.

Le groupe est apparu en 1938, lors d'une scission avec le parti religieux Agoudat Israël, considéré comme devenu trop tolérant vis-à-vis du sionisme.

Les Neturei Karta se sont structurés principalement autour de deux anciennes communautés pré-sionistes de l'ancien Yishouv (communauté juive) de Palestine : un groupe hongrois ayant émigré en Palestine au début du XIXe siècle, et un groupe lituanien de disciples du Gaon de Vilna ayant émigré plus tardivement au cours du XIXe siècle.

[modifier] Géographie

On retrouve les membres de l'organisation principalement à Jérusalem (en particulier dans leur bastion de Mea Sharim), avec des antennes à New York et à Beit Chemech, près de Jérusalem. Leur nombre est estimé entre 2 000 et moins de 1 000 au début du XXIe siècle.

D'autres groupuscules, associés aux Neturei Karta mais n'en faisant pas partie officiellement se trouvent à Londres, Vienne, Anvers, New York et d'autres parties de l'État de New York. Il existe aussi une petite communauté à Montréal, qui a pris part à une manifestation contre l'invasion du Liban en 2006.

[modifier] Tendances

Le rabbin Moche Hirsch, ministre des affaires juives de Yasser Arafat.
Le rabbin Moche Hirsch, ministre des affaires juives de Yasser Arafat.
Affiche murale émise par la direction Neturei Karta et condamnant la participation de certains membres à la conférence sur l'holocauste organisée à Téhéran en décembre 2006. Les affiches murales sont un mode de communication habituel des rabbins importants dans les quartiers ultra-orthodoxes.
Affiche murale émise par la direction Neturei Karta et condamnant la participation de certains membres à la conférence sur l'holocauste organisée à Téhéran en décembre 2006. Les affiches murales sont un mode de communication habituel des rabbins importants dans les quartiers ultra-orthodoxes.

Conformément à une tendance fréquente chez les haredim, les Neturei Karta sont eux-mêmes divisés en différentes tendances dépendantes de différents rabbins, et leurs actions n'engagent pas forcément toute l'organisation.

La tendance considérée comme la plus radicale, minoritaire, est en 2006 celle du rabbin Moshe Hirsch de Jérusalem et des rabbins Yisroel Dovid Weiss et Moche Ber Beck de New York. À plusieurs reprises, ils ont adopté des positions ayant suscité des réserves et des oppositions de la direction Neturei Karta.

Ainsi Hirsch a-t'il été ministre des affaires juives dans le gouvernement de Yasser Arafat, avant de demander à l'ONU un statut de réfugiés palestiniens. Ber Beck a rencontré en 2000 Louis Farrakhan[2], dirigeant de la Nation of Islam, controversé pour ses prises de positions anti-sioniste.

Mais l'action la plus critiquée a été le soutien de la faction radicale aux prises de positions violemment anti-israéliennes du président iranien Ahmadinejad[3]. Ces soutiens culmineront à la conférence organisée par Ahmadinejad en décembre 2006 à Téhéran niant la réalité de l'holocauste et critiquant son utilisation politique par les sionistes. La direction des Neturei Karta et celle de la Edah Haredit[4] ont fermement condamné cette participation.

Les raisons de ces rapprochements avec des personnalités considérées comme anti-israéliennes voires antisémites est relié à la conviction que le sionisme, en tant que révolte contre la volonté divine, ne pourra qu'entrainer des punitions divines de plus en plus fortes du peuple juif (la Shoah étant l'une d'elles), jusqu'à la destruction de l'État d'Israël. Il est donc important pour les plus radicaux, qui sont aussi les plus inquiets, de préparer la survie du peuple juif en recherchant des rapprochements avec les groupes les plus hostiles à Israël ou aux Juifs. Comme le montre la condamnation de la direction Neturei Karta suite à l'affaire de la conférence de Téhéran, beaucoup considèrent cependant que tout ne peut pas être fait dans cet objectif.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. In a state over Israel, par Simon Rocker (The Guardian), 25 novembre 2002.
  2. Third meeting held between Nation of Islam and Jewish rabbis, par Saeed Shabazz (Final Call), 11 janvier 2000.
  3. (en) The Orthodox Jewish response to the criticism of the Iranian President, Rabbi Yisroel Dovid Weiss, Neturei Karta International, 28/10/2005 (consulté le 31/08/2005).
  4. Jerusalem Post du 14 décembre 2006, « Eda Haredit slams fringe over Iran parley », par MATTHEW WAGNER. Voir aussi Satmar court slams Neturei Karta