Utilisateur:Dorianb/Architecture arménienne

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L'architecture arménienne s'est développée au fil des siècles de manière singulière. Des spécificités sont apparues, comme les Gavits ou les Jamatouns[1]. D'autre part, il existe des théories selon lesquelles cette architecture arménienne, dont l'âge d'or se situe à l'époque médiévale, aurait influencé l'architecture romane et gothique en occident[2]. La très grande majorité des constructions sont religieuses, et très rares sont les forts par exemple[3]. Cet article retrace les aspects généraux de ce sujet important de l'histoire arménienne.

L'article traitera le sujet en plusieurs parties : l'une sur l'architecture religieuse, la deuxième sur l'architecture militaire puis enfin civile. Dans chaque rubrique, nous évoquerons le sujet de manière chronologique. Nous nous arrêterons au XVIIIe siècle car les productions postérieures ne sont plus « arméniennes » dans le sens où l'architecture adoptée est plus internationale (notamment l'architecture soviétique).

Sommaire

[modifier] Petit résumé de l'histoire des Arméniens

Icône de détail Article détaillé : Histoire de l'Arménie.

Il est important de retracer l'histoire de l'Arménie pour comprendre le contexte dans lequel s'est forgé l'architecture arménienne.

Les Arméniens descendraient du groupe ethnique thraco-phrygien. Ils pénètrent dans les Balkans en 1200 avant J-C, puis vers le VIIe siècle avant notre ère, ils se seraient déplacés vers l'Anatolie de l'Est et la Transcaucasie où un royaume, l'Urartu (IXe-IVe siècles avant J-C), disparaît à peu près au même moment. On commence alors à parler d'Arménie. Un courte domination mède précède le joug des perses Achéménides (-547). Les Arméniens sont compris dans une Satrapie. Suite aux dévastations par Alexandre le Grand de l'Empire perse, l'Arménie connaît l'indépendance : une première dynastie arménienne, les Orontides (ou Ervandounis) est mise en place à la fin du IVe siècle. Finalement, les Séleucides imposent leur suzeraineté au IIIe siècle (-215 à -189).

Mais c'est une nouvelle période d'indépendance qui s'ouvre ; l'Arménie est gouvernée par les Artaxiades qui fondent leur capitale Artaxata (« la joie d'Artaxias »). L'âge d'or est atteint avec Tigrane II le grand, qui, depuis sa nouvelle ville Tigranocerte, contrôle un état allant de la Mer Méditerranée à la Caspienne. Mais cette dynastie chute en l'an 1 apr. J-C. Divers rois se succèdent jusqu'en 52.

Royaume arménien vers l'an 1000
Royaume arménien vers l'an 1000

A cette époque se forge le concept de noblesse arménienne (voir les naxararq). De 66 jusqu'en 428 règne la dynastie Arsacide d'origine Parthe. Pendant la période de transition entre l'Antiquité et le Moyen Âge, deux faits vont confirmer l'entrée dans cette époque médiévale : la conversion de l'Arménie au christianisme (301 ou 314[4]), et l'invention, par Mesrop Machtots, de l'alphabet arménien (405)[5]. Par ailleurs, le pays rejette le concile de Chalcédoine en 451.

A partir de 428, les Perses Sassanides vont imposer leur domination sur l'Arménie. Celle-ci, attachée au christianisme, fait face aux Sassanides désirant mazdéiser les Arméniens. La bataille d'Aravaïr contre les Perses est perdue, mais ceux-ci comprennent l'acharnement du peuple arménien à conserver sa religion. Au milieu du VIIe siècle, le pays passe aux mains des Arabes ; Il est tributaire du califat. A la suite de révoltes, l'Arménie devient indépendante en 884, bien que la fin totale de la suzeraineté arabe ne date que du début du siècle suivant.

C'est l'époque d'un nouvel âge d'or. Les Bagratides sont rois d'Arménie, et gouvernent depuis Ani. Mais très vite, cette situation change au XIe siècle : les Byzantins prennent la capitale en 1045, puis ce sont les Turcs Seldjuqîdes qui s'en emparent en 1064. Bien que le calme n'ait été rétabli durant la courte domination géorgienne avec la reine Thamar (XIIe-XIIIe siècles), les années suivantes sont pires : invasions mongoles en 1237, invasions de Tamerlan le siècle suivant qui laisse place plus tard aux confédérations turcomanes (les Kara Koyunlu et les Ak Koyunlu). A la fin du XIe siècle, Des Arméniens créent, en Cilicie, un autre et dernier royaume d'Arménie, hors des frontières historiques, qui perdurera jusqu'en 1375. A la fin du XVe siècle, l'Arménie occidentale tombe sous le joug de l'Empire ottoman, qui perdure jusqu'au début du XXe siècle. Certaines régions arméniennes, celles à l'Est, sont comprises dans l'Empire de l'Iran Safavide. Suite à de nombreuses guerres, des régions de l'Arménie orientale passe sous joug russe en 1813 puis d'autre en 1828. Les Arméniens ottomans seront quant à eux pour la plupart les victimes d'un génocide.

Entre avril 1915 et juillet 1916[6] est perpétré le génocide arménien : c'est l'arrestation, la déportation puis l'extermination, méthodique, des deux tiers des Arméniens d'Anatolie. C'est en fait le gouvernement Jeune-Turc qui a mis en place le génocide, dont le nombre de morts s'élève à 1 200 000 victimes[7].

L'Arménie (orientale) réussit à être indépendante pendant seulement deux ans : de 1918 à 1920. Deux ans plus tard, elle est intégrée dans l'URSS jusqu'en 1991. Une guerre survient au Karabagh entre 1988 et 1994. L'Arménie est actuellement une république indépendante[8].

[modifier] Ourartou

Ruine d'Erebouni
Ruine d'Erebouni
Icône de détail Article détaillé : Ourartou.

Bien que la civilisation ourartéenne ne fasse pas "partie"[9] de la civilisation arménienne, il est tout de même important de l'évoquer d'un point de vue architectural, car il est une des source de l'art arménien, notamment dans l'utilisation du dôme. Le style de l'Ourartou se résume aux constructions de citadelles.

Dans ce domaine, l'influence des traditions anatoliennes et particulièrement hittites est importante comme celles de la Mésopotamie du nord. Certains palais de cette région reprennent ainsi le modèle des mégarons d'Anatolie. L'architecture des édifices Ourartéens est avant tout adaptée à la configuration du pays, très montagneux. On a retrouvé plusieurs édifices de ce type répartis sur tout le territoire dominé par l'Urartu : Tushpa, la citadelle de Van, est représentative du plus ancien stade des forteresses urartéennes. Un second élan est représenté par Erebouni (Arin Berd, photographie de droite), Argishtihinili (Armavir), Teishebani (Kamir Blur), etc, sont parmi les dernières forteresses dressées par les souverains d'Urartu. La plus récente paraît être Altintepe[10].

Les forteresses servent comme centres administratifs et militaires destinés à diriger le territoire. Ces citadelles servent également à défendre la région et à héberger les habitants. Les bastions sont ceints d'une muraille cyclopéenne constituée de blocs de pierre. On trouve aussi des temples importants. Les citadelles ont un rôle économique, car elles contiennent d'importantes zones de stockage. Elle servent encore à bien d'autres choses, ceci témoignant ainsi de l'importance accordée par les habitants[11].

Temple de Garni
Temple de Garni

[modifier] Temps païens

Icône de détail Article connexe : Mythologie arménienne.

L'architecture arménienne se concentre surtout sur les temps chrétiens, cependant, la période païenne a été productive en art, notamment dans le domaine religieux. Malgré les aléas de l'histoire, il nous reste peu de choses[12].

Les constructions étaient influencées par les mondes romain et hellénistique[13], dont le temple de Garni (77 après J-C[14]), dédié à la déesse Anahit, demeure quasiment le seul et le plus bel exemple d'architecture païenne. L'urbanisme des villes de l'époque, découvert par les archéologues, s'inspirait également de la Grèce[15], comme par exemple les villes de Dvin, d'Artashat ou bien encore d'Armavir.

[modifier] Architecture religieuse

L'architecture religieuse devient chrétienne à partir de la conversion officielle de l'Arménie. Dans un tel pays montagneux, la constructions d'églises à l'aide de pierres volcaniques paraît incontournable. Le bois est un matériau souvent rejeté chez les Arméniens. On utilise notamment le tuff, mais aussi le granit, le basalte, etc... Aussi, il faut que les bâtiments résistent aux températures qui peuvent être extrêmes dans cette région ; par ailleurs, les séismes sont fréquents, et il faut bien édifier les églises. Outre les architectes, les constructeurs sont souvent des gens pauvres. Nous parlerons principalement des types architecturaux, que l'on peut nommer également « architectoniques » et des monuments les utilisant. Nous pourrons également évoquer comment s'organise l'élévation d'édifices[16].

Cathédrale de Talin
Cathédrale de Talin

La toute première église, à Etchmiadzin, peut-être la plus ancienne de la chrétienté, datant vraisemblablement de 303, aurait été un édifice carré à trois nefs[17]. l'architecture arménienne et géorgienne sont liées[18].

[modifier] Epoque Paléochrétienne : IVe-VIe siècles

Au tout début, les Arméniens copièrent le style architectural des édifices qui entouraient l'Arménie[19]. Les monuments de cette période sont soit nommés « pré-arabes » soit appelés « paléochrétiens ». Nous avons choisi ce dernier terme car il est plus « international » et plus utilisé.

[modifier] Les églises

Les architectes s'inspirent en premier des basiliques romaines pour les églises de taille importante. Par la suite, le style de ces basiliques devient plus "oriental", c'est-à-dire un intérieur composé de piliers séparant des nefs en voûte[20]. Cet intérieur est sombre, contrairement aux basiliques romaines. Ces deux styles sont différents par des caractéristiques architecturales[21]. Certains des monuments de cette période existent encore aujourd'hui, mais ils sont pour la plupart en ruines ; d'autres ont disparu. Nous pouvons citer comme monuments Ererouk (VIe siècle ?), Ashtarak (milieu du VIe siècle), Kassagh (IVe siècle) ou encore Aghts, sans doute l'un des plus ancien. Il est difficile de dater précisément les constructions[22].

Les églises possèdent plus ou moins de travées. Il y a principalement trois formes de piliers utilisées : une cruciforme, l'autre en T, la dernière rectangulaire. La forme du chevet peut également varier. Les murs latéraux, c'est-à-dire sur les côtés, sont parfois creusés de niches, et les voûtes sont simples mais elles peuvent êtres éventuellement agrémentées de doubleaux. La longueur n'est pas très importante : elle va de 5 mètres à 25 mètres à peu près. Les absides des églises sont généralement semi-circulaires, mais pas toujours (on en rencontre des saillantes, des rondes, etc). Extérieurement, les églises sont en général rectangulaires. D'autres monuments sont constitués d'une mononef, c'est-à-dire d'une nef unique, et rarement accompagnés par trois absides[23]. Il est parfois créé des annexes, dont leur fonction n'est pas totalement clairement établie[24].

Ruines de la stèle funéraire (édifice mémorial) de Odzoun (VIe - VIIe siècles)
Ruines de la stèle funéraire (édifice mémorial) de Odzoun (VIe - VIIe siècles)

Beaucoup d'édifices de cette époque présentent certaines caractéristiques que nous n'évoquerons pas car elles ne font pas parties des éléments principaux. Les édifices les plus petits ont recourt au système de l'« église-maison »[25]. Dans la région du Vaspourakan (ou Vaspurakan), on a observé des édifices, bien qu'ils ne soient pas des basiliques, d'un style assez similaire à celui que nous avons évoqué[26].

[modifier] L'édifice mémorial

Les édifices mémoriaux sont assez usités en Arménie. On utilise ces "chambres" pour les tombeaux. Celles-ci accompagnaient généralement les églises, et l'on distingue plusieurs types architecturaux : la chambre cruciforme, à double accès, etc[27].

Le style arménien devient singulier ; il s'éloigne des influences syriennes, grecques, etc d'autrefois.

[modifier] Les petits et grands édifices à plan central

L'église du monastère de Lmpat, près d'Artik, est une croix monoconque
L'église du monastère de Lmpat, près d'Artik, est une croix monoconque

précision : un édifice dit libre est monument n'ayant que son plan central, c'est-à-dire sa pièce principale très souvent en forme de croix. Une église dite semi-libre est une construction encadrée par quelques salles, parfois à l'Est. Enfin, un édifice dit à croix inscrite est un monument qui est entouré par une multitude de salles sur tous ses côtés. Il forme logiquement une croix inscrite dans un bâtiment. Très vite, on manifeste le besoin d'adopter un élément architectural qui est quasiment l'un des fondement des constructions arméniennes : la coupole.

Il reste quelques petits édifices, des églises, à plan central de cette époque. Ils sont en quelque sorte des « prototypes » [28], car ils sont les premiers du genre.

La coupole sur carré est une forme d'édifice simple mais peu utilisé. On le retrouve notamment dans des pays ou des régions qui entourent le pays. Il en existe bien sûr en Arménie, comme les monuments de Landjaghbiour (chapelle), Katchet (église Sourp-Kevork) ou encore la chapelle d'Ogtchaberd. La datation de ces constructions est assez difficile, bien qu'ayant été logiquement édifiés entre le IVe et VIe siècle. D'autres églises de ce style possèdent en plus des bras et un tambour reposant sur la coupole (celui-ci est souvent octogonal)[29].

Les formes des bras (quatre) varient. Souvent, le bras oriental, c'est-à-dire orienté à l'Est, est en abside. Ils apparaissent en « croix libre » d'un point de vue extérieur, et l'on distingue principalement trois types architecturaux bien précis :

  • L'édifice en plan de tétraconque : Ses bras, sans exceptions, prennent la forme de conques. Il semble que le plus ancien monument étant construit de cette manière soit l'église Adzvatsatsin (Sainte-mère de Dieu) de Djrviz, qui remonterait aux alentours de l'an 500. Aussi, l'église Ste-Kiraki d'Arzni est une tétraconque (elle date vraisemblablement du début du VIe siècle)[30].
  • L'édifice en plan de croix monoconque : Ses trois parties ont un fond plat et sont en voûte (voir photo). L'église Sourp-Kevork (Saint-Georges) d'Ardjovit, construite de cette manière, daterait du Ve siècle, ainsi que l'église Adzvatsatsin du monastère de Lmpat à Artik, qui remonterait peut-être à la toute fin du Ve siècle. Enfin, un autre monument, Saint-Lazare de Sarnaghbiour, encore un fois de la même époque, a été fondé de la même manière[31].
  • Enfin, un édifice est en plan de triconque lorsque trois de ses bras sont en abside, hormis le dernier, orienté à l'est, qui est voûté. Il existe principalement comme monuments de ce style l'église Adsvatsatsin de Dorbantavank (VIe siècle), et Djrvej (VIe siècle et tout début du VIIe siècle).

Les triconques, ainsi que les monoconques, tirent leur origine des temps païens. Certaines de ces forment ont été également retrouvées autours de l'Arménie. La décoration sculptée des églises pré-arabes reste modeste : arcatures des fenêtres, corniches, chapiteaux, etc... Parmi les thèmes ornementaux on distingue des figures géométriques (entrelacs, losanges barrés, cannelures...), des motifs végétaux (feuilles d'acanthe, palmettes,...) ou encore des croix de Malte. Les thèmes figuratifs sont rares. Pour les grands édifices, il s'agit d'églises de taille importante ayant un plan central, donc une coupole. Deux monuments sont concernés, l'église de Tekor, très ancienne, et la cathédrale d'Etchmiadzin. Tekor est un monument en "croix inscrite" (c'est-à-dire un plan avec ses bras en forme de croix entouré de salles) et Etchmiadzin, dont l'église actuelle n'est plus la même, aurait été, après la destruction de la première basilique, un carré tétraconque datant de la fin du Ve siècle[32] (voir aussi plus bas "tétraconques").

[modifier] VIIe siècle

Eglise Karmravor d'Ashtarak (VIIe siècle). C'est une croix monoconque libre
Eglise Karmravor d'Ashtarak (VIIe siècle). C'est une croix monoconque libre

C'est une période faste pour l'architecture arménienne. Cette époque voit la "comfirmation" des styles de premières constructions. Les monuments prennent des formes plus abouties, et subissent également des transformations que nous verront. Bien que les Arabes aient imposé leur domination sur l'Arménie (653)[33], les architectes Arméniens eurent beaucoup de liberté.

[modifier] Églises

Les grandes basiliques ne sont visiblement plus très utilisées. Outre l'apparition d'annexes orientées à l'Est accolées à l'abside, et parfois complétées d'autres annexes cette fois-ci à l'Ouest, les plans architecturaux (triconques, tétraconques, etc...) sont toujours en vogue au VIIe siècle[34]. Mais il y a tout de même des changements, des perfectionements que nous allons étudier.

Parmi les triconques, il y a les libres dont certaines sont des pentagones comprenant une conque comme l'église d'Alamane, et d'autres sont des rectangles compris dans des conques. Il existe également des semi-libres comme Pemzachen possédant des pièces à l'Est. Parmis les tétraconques simples, il y a les libres, en plan de cruciforme comme à Soghakavank, Hogevank etc, et les semi-libres (c'est-à-dire complétées par deux salles) comme à Boutadjvank, ou à Sourp-Tikin près Chatag. Enfin, il y a les croix monoconques libres comme l'église "Karmravor" d'Ashtarak (photo de gauche), Sourp-Sarkis de Bdjni, etc... Par contre les semi-libres monoconques sont plus rares et sont difficiles à déterminer. Kosh reste un exemple du style[35].

A cette époque se manifesta le besoin de construire des édifices plus vastes. On adapta les tétraconques[36], et on innova dans ce domaine :

[modifier] Les tétraconques
Eglise de Mastara (fortement remaniée), datant vraisemblablement du VIIe siècle. C'est un carré tétranconque simple.
Eglise de Mastara (fortement remaniée), datant vraisemblablement du VIIe siècle. C'est un carré tétranconque simple[37].

Outre la forme de "tétraconque à galerie", il y a deux styles de tétraconques carrés : les simples, et ceux dits à ciborium. Les carrés tétranconques simples, comme l'église Sourp-Hovhannès de Mastara (vers le milieu du VIIe siècle), sont généralement semi-libres. De plus, les édifices comprennent souvent à l'Est deux petites absides. Le monument d'Osképar et l'église Sourp-Sarkis (Saint-Serge) d'Artik' sont également des carrés tétranconques simples. Les carrés tétranconques à ciborium, c'est-à-dire des églises possédant deux ciboriums extérieurs à l'Est, ressemblent aux triconques à ciborium (qui ne semblent pas être rencontrées très en Arménie). La cathédrale de Bagaran est un exemple de ce type de construction. Elle a aujourd'hui disparu[38]. Mais il existe d'autres formes de tétraconques :

  • Les Tétraconques tétraniches : Il s'agit de monuments possédant entre leurs conques plusieurs niches en trois-quarts de cercle. Ils ne sont pas une création arménienne, on en retrouve en Italie, bien qu'il y ait quelques différences dans la forme des niches. Parfois, les édifices possèdent deux ou quatre pièces supplémentaires. Le périmètre de l'église peut varier. Il nous reste un certain nombre de monuments de cette époque comme celui d'Aramus, sûrement l'église Sainte-Hripsimé d'Etchmiadzin[39], Atzvadzadzine d'Ardjuaber, Sourp-Hovhannès (Saint-Jean) de Sisian, etc... Les exemples les plus anciens sont vraisemblablement la cathédrale Sourp-Hovhannès d'Avan et Sourp-Kevork de Garnahovit. On en retrouve également en Géorgie, dont l'église Sainte-Sion d'Aténi, qui a été construite avec l'aide de beaucoup d'Arméniens[40].
Plan de Zvartnots
Plan de Zvartnots
  • Les tétraconques à galerie : C'est une forme nouvelle en Arménie : quatre arcs soutenant la coupole reposent sur le même nombre de piliers du carré central de l'édifice. Des conques sont utilisées pour contrebuter ceci, soutenues par des colonnes puis des arcades. Il y a un déambulatoire circulaire (voir photo à gauche). Ce système de construction éclaire plus le monument ; mais il est fragile. Le modèle du style est l'église de Zvartnots, construite entre 643 et 652, aujourd'hui inscrite au Patrimoine mondial, bien qu'en ruine. Saint-Georges (Sourp-Krikor) à Ani est l'autre important tétraconque à Galerie, mais il est plus récent (1000).

[modifier] Croix inscrites et autres

[modifier] Architecture militaire

[modifier] Architecture civile

[modifier] Des influences ?

Les églises d'« influence arménienne »

Outre la chapelle d'Aix, d'autres églises sont directement concernées : ces cas, assez rares, concernent des monuments comme celui de Bagaran (église Saint-Théodore) avec l'église de Germigny-des-Prés[41] (photo, l'architecte était Odo), L'église française de L'Hôpital-Saint-Blaise[42] (Saint-Blaise — Sourp Vlas — est aussi un saint Arménien !), ou encore la Cattolica de Stilo en Italie du Sud (Mezzogiorno)[43].

Le plan de l'église de L'Hôpital-Saint-Blaise serait arménien.
Le plan de l'église de L'Hôpital-Saint-Blaise serait arménien.

Comme nous l'avons constaté, il y a une influence tout d'abord romaine chez les premiers monuments. L'iranisation du pays lors des dominations perses a laissé une petite influence dans l'architecture de certains édifices. Il faut noter un éventuel l'héritage de l'Ourartou dont l'architecture était caractérisée notamment par le dôme réutilisé en Arménie plus tard[44]. Du fait des invasions, l'Arménie a pu s'inspirer d'autres styles architecturaux. Il y a une influence byzantine, mais peu importante, aux alentours du VIIe siècle et du Xe siècle. On peut relever quelques aspects arabes dans des monuments du Vaspourakan. Les motifs décoratifs que l'on peut retrouver sur certaines églises prennent leur source lors du flux touranien en Asie Mineure à la fin du Moyen Âge, mais il faut ajouter à cela que la précédente domination géorgienne avait apporter un renouveau artistique[45].

Quant à l'influence qu'aurait exercée l'architecture arménienne sur l'occident (styles roman et gothique), elle a peut-être eu lieu : selon Strzygowsky, l'architecture occidentale prenait un de ses source chez les Arméniens. En effet, certaines caractéristiques des monuments occidentaux se retrouvent sur des édifices arméniens antérieurs. Par ailleurs, Eudes de Metz, également appelé Odo, fut un architecte de Charlemagne d'origine arménienne. Il a construit la fameuse chapelle d'Aix sur le prototype d'une église d'Etchmiadzin, qui est l'une des plus anciennes du style carolingien et un modèle pour d'autres édifices de ce style. Voir aussi l'encadré.

On peut donc considérer que l'Architecture arménienne a sa place dans l'histoire de cet art, mais sa situation a été parfois déformée ou même exagérée[46].

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens

[modifier] Bibliographie

Ouvrages généraux sur l'Arménie et son histoire 
Architecture & Art arménien en général 
Monastère d'Haghardzin
Monastère d'Haghardzin
  • Patrick Donabédian & Jean-Pierre Thierry de Crussol, Les arts arméniens, Citadelles & Mazenot.
  • Jean-Pierre Thierry de Crussol, Les monuments arméniens en Haute-Arménie.
  • Robert Dezelus, L'art de Transcaucasie, Pères mékhitaristes de Vienne (Autriche), 1989.
  • Robert Dezelus, L'Empreinte arménienne à l'église de L'Hôpital Saint-Blaise : XIIe siècle, édité par l'auteur, 1987.
  • Armen Khatchatrian, L'architecture arménienne du IVe siècle au VIe siècle, éditions Klincksieck 1971. (Thèse)
  • Hratch Dasnabédian - Armen Khatchatrian, Monuments d'Architecture arménienne, Hamaskaïne.
  • Sirarpie der Nersessian, L'art arménien, Flammarion, Paris, 1989
  • Raymond Haroutioun Kevorkian et Yvan Travert, Lumière de l'Arménie chrétienne, Monum.
  • Albert & Maryse Khazinedjian, Architecture et art sacré arméniens, éditions l'Harmattan.
Revues

[modifier] Notes et références

  1. Les douze capitales d'Arménie, Spécificités de l'Architecture arménienne, Raymond Hasratian, Monum, éditions COFIMAG
  2. Arménie, 3000 ans d'histoire, Les Dossiers d'Archéologie, n° 177, décembre 1992.
  3. L'évolution de l'architecture arménienne est parallèle voir similaire à l'évolution architectural des monastères d'Arménie
  4. Certains historiens, dont Jean-Pierre Mahé, pensent que la date de la conversion arménienne est de 314, mais l'on rencontre très souvent 301. De toute manière, l'Arménie reste le premier pays officiellement chrétien au monde (car l'édit de Milan en 313 n'est qu'un édit de tolérance envers la religion chrétienne dans l'Empire romain
  5. L'Arménie à l'épreuve des siècles, Annie et Jean-Pierre Mahé, éditions découvertes gallimard.
  6. Des massacres eurent lieu en 1917 et même en 1918, mais ils n'entrent pas dans un processus génocidaire : ils sont plutôt un parachèvement des massacres. Source : Yves Ternon
  7. Yves Ternon, Les Arméniens, histoire d'un génocide, éditions du seuil
  8. L'Arménie, Claire Mouradian, collection "Que sais-je ?"
  9. Les Arméniens sont arrivés vers le VIIe-VIe siècles à l'Est de l'Anatolie et en Transcaucasie, au même moment où un royaume, cet Ourartou, disparaissait petit à petit.
  10. Pour plus de précision : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ourartou#Art
  11. Voir aussi :http://fr.wikipedia.org/wiki/Urartu#Les_forteresse_urart.C3.A9ennes
  12. J.-M. Thierry & P. Donabédian, Les arts arméniens, citadelles & Mazenot.
  13. idem
  14. idem
  15. Avétis Aharonian, les anciennes croyances arméniennes, éditions Parenthèses, collections "Arménies".
  16. Maryse & Albert Khazinedjian, Architecture et art sacré arméniens, aperçu et divers aspects, éditions l'Harmattan.
  17. Source : Albert Khazinedjian
  18. Robert Dezelus, l'Art de Transcaucasie
  19. J-M. Thierry & P. Donabédian, les arts arméniens, éditions Citadelles & Mazenot.
  20. idem
  21. Les caractéristiques de la basilique romaine : http://fr.wikipedia.org/wiki/Basilique_civile#Rome%20antique
  22. idem (les arts arm.)
  23. Armen Khatchatrian, L'architecture arménienne du IVe siècle au VIe siècle, éditions Klincksieck 1971.
  24. idem (les arts arm.)
  25. J-M. Thierry & P. Donabédian, les arts arméniens, éditions Citadelles & Mazenot.
  26. idem
  27. idem
  28. idem
  29. Armen Khatchatrian, L'architecture arménienne du IVe siècle au VIe siècle, éditions Klincksieck 1971
  30. idem
  31. si ce n'est son sanctuaire ayant la particularité d'être plat
  32. idem (les arts arm.)
  33. Voyez également l'article Histoire de l'Arménie
  34. idem (les arts arm.)
  35. idem
  36. idem
  37. Source : Jean-Michel Thierry de Crussol
  38. idem
  39. (en) : Armenica.org - Église Sainte-Hripsimé d'Etchmiadzin dossier très complet sur le sujet
  40. idem (les arts arm.)
  41. Bagaran#Église Saint-Théodore
  42. Robert Dezelus, L'Empreinte arménienne à l'église de L'Hôpital Saint-Blaise : XIIe siècle. http://www.acam-france.org/bibliographie/auteur.php?cle=dezelus-robert#L'Empreinte%20arménienne%20à%20l'église%20de%20L'Hôpital%20Saint-Blaise%20:%20XIIe%20siècle
  43. Géo, Italie du Sud, N°268 juin 2001
  44. Selon K. Hovhannissian, même si il y a beaucoup de différence entre les deux arts (Source : J-M. Thierry de Crussol
  45. idem (les arts arm.)
  46. idem (les arts arm.)