Livre arménien

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Drapeau arménien
Les arts arméniens
Architecture
Livre
Littérature
Cinéma
Cuisine
Danse
Musique
Motifs
Numismatique
Tapis
Jardins
Peinture
Céramique
Artisanat
Noravank

Les livres arméniens se sont développés à travers les âges, des tous premiers manuscrits jusqu'aux livres imprimés. Religieux pour la plupart, ils sont souvent enluminés. Des styles régionaux apparaissent, notamment dans le Syunik', ou dans la région historique du Vaspourakan.

Sommaire

[modifier] Écriture

Saint Mesrop Machtots ayant inventé l'alphabet arménien
Saint Mesrop Machtots ayant inventé l'alphabet arménien

L'arménien est une langue indo-européenne, écrite à partir du Ve siècle. L'alphabet arménien est créé par un moine, Mesrop Machtots vers 401[1]. Auparavant, l'Arménie était "écartelée" entre le syriaque et le grec. Diverses améliorations sont effectuées pour l'alphabet, en Syrie et à Édesse. De retour en Arménie, Mersop traduit la Bible. Cet alphabet, inspiré de l'alphabet grec, est premièrement formé de 36 lettres, puis 38 vers le XIIe siècle. Il se lit de gauche à droite.

Il existe plusieurs styles d'écriture :

  • Le premier, erkat'agir, signifiant "Lettres de fer", a une graphie bien particulière. Il est majestueux et d'assez grand module. Utilisé dans des inscriptions épigraphiques, il apparaît dans les manuscrits arméniens du Ve siècle au XIIe siècle. L'erkat'agir est très usité au IXe et Xe siècle. Puis il est passé de mode, et un autre style différent apparaît par la suite, plus petit.
  • Le Bologir. Sa graphie est différente de celle de l'erkat'agir ; son exécution est plus aisée. Le bologir servait pour les minuscules, et l'erkat'agir pour les majuscules. Grâce à cela, on pouvait écrire de plus longs textes dans des formats plus petits.
  • Un troisième, le Notrgir, littéralement « écriture de notaire », est apparu au XVe, et utilise des miniatures presque "cursives"[2].

Dans l'écriture arménienne, on retrouve beaucoup de motifs de végétaux et d'animaux dans les lettres enluminées en début de chapitre des textes religieux.

[modifier] Les textes religieux…

Manuscrit arménien. Cette scène représente la naissance de Jésus-Christ
Manuscrit arménien. Cette scène représente la naissance de Jésus-Christ

L'arménien ancien est le grabar. Le grabar peut être considéré comme « langue savante » par rapport à une « langue vulgaire » arménienne, qui s'est développée vers le Xe siècle — cette langue est reprise dans la littérature arménienne plus tardivement. Au XIXe siècle, l'arménien se sépare en deux : d'un côté l'arménien oriental (parlé en Arménie et du Haut-Karabagh) et de l'autre l'arménien occidental (parlé en diaspora). La création de l'alphabet favorise le développement d'une « littérature religieuse », et surtout de la Bible. Mesrop et ses disciples, appelés les « Saints-Traducteurs », traduisent des évangiles, tétraévangiles, etc d'après des textes en grec et en syriaque[3].

La première, et officielle, traduction de la Bible par Mesrop fut revisitée par le catholicos Sahak en 435. Ce texte était alors copié en erkat'agir (voir plus haut). Le bologir — employé au XIIe siècle — est utilisé en premier par Nersês Lambronatsi. De cette manière, on réduisait la taille du manuscrit. Parallèlement, il circulait des apocryphes. Les textes religieux les plus copiés et enluminés furent les évangiles et les tétraévangiles. De nouvelles « tendances » apparaissent : Le djashots (lectionnaire-typicon[4]), déjà traduit depuis le Ve siècle. Il apparaît aussi le « texte du missel » (en arménien : pataragamatoyts), qui est composé à partir d'anaphores. Là encore des textes sont traduits en arménien, et la plus ancienne traduction de « missel » est de Grégoire Ier l'Illuminateur. Pendant le Moyen-Âge, divers traductions sont faites, comme par exemple le missel latin par Nersês Lambronatsi en 1198.

D'autres types de textes religieux sont créés, comme le synaxaire[5], en arménien : Yaysmawurk', vers 1240. Pleins de textes religieux affluent et circulent en Arménie dans les centres religieux comme les monastères : l'homéliaire[6] (Tônakan), le bréviaire (Jamagirk') ou encore le psautier (Saghmosaran). Des hymnaires (Sharaknots) réunissaient des hymnes religieux (Sharakaran)

[modifier] Musique et littérature religieuses

Vers les VIIe et IXe siècle, est inventé un système de notation musicale. Il remplace l'ancienne musique liturgique (voir musique sacrée), qui n'était pas écrite. Désormais, les neumes (en arménien Khaz) sont indiqués au dessus du texte. Plus tard est inventé le Khazgrik, un manuel de chant. Il est composé de deux livres : le talaran, pour les mélodies et les odes liturgiques, et le ganjargan, destiné aux hymnes. Les livres liturgiques, servant pendant les offices à la lecture, sont posés sur une sorte de lutrin. Certains livres ont des dimensions impressionnantes.

Au niveau de la « littérature religieuse », un grand nombre d'ouvrages de ce genre sont apparus pour la première fois au Ve siècle. Il y a aussi, parmi ces ouvrages, des apologétiques par exemple. Là encore, des écrits ont été traduits du grec et du syriaque. On peut par exemple citer des auteurs d'apologétiques et autres comme Basile de Césarée ou encore Ephrem. Plus tard en Cilicie, beaucoup d'ouvrages sont traduits, avec au centre Nersês Lambronatsi.

[modifier] …et les textes profanes

Cette scène est la bataille d'Aravaïr de 451
Cette scène est la bataille d'Aravaïr de 451

À cette époque, la plupart des manuscrits sont religieux. Malgré cela, il existe beaucoup de livres profanes, ceux d'historiens par exemple. Les disciplines profanes, enseignées, se divisent en deux partie, en deux cycles : premièrement le trivium. Il traite de sujets littéraires. Le second est le quadriuium, destiné aux sciences. Ces deux mots sont d'origine latine. Traitant de la philosophie, de la grammaire et de la rhétorique, le trivium s'inspire d'écrits grecs. Le quadrivium traitait comme disciplines l'arithmétique, la géométrie, l'astronomie et la musique. Ces disciplines sont décritent par Anania de Shirak (en arménien Anania Shirakatsi) dans son Chronicon (K'nnicon) vers le VIIe siècle. Là encore, l'auteur se réfère aux Grecs.

L'enseignement de la médecine à travers les manuscrits, qui n'ont pas été retrouvés pour la plupart, est basé lui aussi sur des écrits grecs, et sur des écrits syriaques. Mais des auteurs arméniens ont eux aussi écrit des ouvrages, comme Mkhitar Heratsi, entre le XIIe et XVe siècles. L'astronomie et les sciences techniques portent un grand intérêt en Cilicie[7] vers la fin du Moyen Âge. De nouvelles traductions sont effectuées.

[modifier] L'historiographie

En ce qui concerne l'historiographie arménienne, celle-ci est très développée, surtout au Ve siècle, dont c'est l'âge d'or. Pendant le Ve siècle, ce sont essentiellement des chroniqueurs qui racontent l'histoire de l'Arménie, des premiers temps (pour eux le combat entre les géants Haïk et Bêl) jusqu'au début du christianisme en Arménie et les saints traducteurs. Il y a plusieurs œuvres, écrites, sur l'histoire de ce pays. Celle d'Egishê (en français Élisé), racontant les guerres, contre les Sassanides notamment, dans son Discours sur la guerre arménienne[8]. Agathange rédige lui une histoire de l'Arménie, relatant en détail la conversion au christianisme de l'Arménie et le règne de Tiridate IV[9]. Mais surtout, la plus grande œuvre d'historiographie est l'histoire de l'Arménie de Moïse de Khorène[10] (en arménien : Movsês Khorenatsi), commandée par le roi Sahak Bagratouni. Cette œuvre majeure remonte des temps bibliques jusqu'au Saints-Traducteurs. L'époque où vécut Moïse de Khorène est incertaine, sans doute vers la fin du Ve siècle.

D'autres récits secondaires ont été écrits, peu connus, comme celui de Sebêos et de Ghewond, sur la conquête arabe. Plus tard, à partir du Xe siècle, d'autres ouvrages apparaissent, dont ceux de Mathieu d'Édesse notamment vers le XIIIe siècle. L'historiographie change et se « modernise » avec l'ouvrage Histoire d'Arménie de Mikayel Tchamtchian vers le XVIIIe siècle. D'autres livres sont traduits.

[modifier] La poésie

La poésie en Arménie a été d'abord religieuse : Grégoire de Narek (Krikor Narekatsi) fut, au Xe siècle, un grand poète ayant grandi au monastère de Narek, d'où son nom. Son œuvre majeure est le Livre des Lamentations. Plus tard, apparaît Nersès Chnorhali. Son style de poésie est plus léger, moins religieux. Au cours des siècles suivants, la poésie arménienne évolue — laquelle connaît depuis à peu près 150 ans un grand renouveau, et les poètes arméniens sont nombreux.

[modifier] La miniature

On voit à droite une très belle enluminure du manuscrit de Sarkis Pitsak
On voit à droite une très belle enluminure du manuscrit de Sarkis Pitsak

La miniature est très importante. Il faut d'abord noter que l'art arménien est en général de tradition chrétienne (paléochrétienne même) et donc les représentations dans les miniatures sont religieuses. Le monde hellénique a une grande influence pour cette partie caractéristique des manuscrits arméniens. Différentes écoles de miniatures avec des styles variés naissent en Arménie. On retrouve souvent des couleurs vives, et les pigments utilisés sont la plupart du temps d'origine minérale[11].

Par ces caractéristiques, la miniature arménienne se distingue de la miniature byzantine. Un des plus anciens manuscrits ornés de miniatures somptueuses est le manuscrit d'Etchmiadzin, datant du Xe siècle. Les siècles suivants, les évangiles très décorés traduisent un épanouissement de cet art, parfois influencé par les Arabes. Mais avec les invasions, les productions artistiques arméniennes s'arrêtent.

[modifier] Les miniatures ciliciennes

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. Date approximative
  2. Annie vernay-Nouri, Livres d'Arménie, BnF
  3. Annie Vernay-Nouri, Livres d'Arménie, BnF
  4. Le lectionnaire-typicon est un recueil contenant les lectures liturgiques extraites de la bible et classés pour chaque jour ou pour chaque fête.
  5. Le Synaxaire est un recueil liturgique des vies des Saints.
  6. Un homéliaire recueil des homélies, et des sermons.
  7. À cette époque (XVe siècle à peu près), une partie du royaume d'Arménie s'était déplacé au sud-ouest, en Cilicie, à cause des invasions.
  8. Elisée : Histoire De Vartan Et De La Guerre Des Arméniens
  9. Agathange : Histoire du règne de Tiridate et de la prédication de Saint Grégoire l'Illuminateur
  10. Moïse de Khorène : Table des matières
  11. Livres d'Arménie, BnF

[modifier] Bibliographie

  • Annie vernay-Nouri, Livres d'Arménie, BnF
  • Le livre arménien à travers les âges, Raymond Haroutiun Kevorkian et Jean-Pierre Mahé, Catalogue de l'Exposition Marseille 1985 : Le livre arménien à travers les âges. 1985
  • Catalogue des "incunables" arméniens, 1511-1695 ou Chronique de l'imprimerie arménienne, Raymond Haroutiun Kevorkian et Jean-Pierre Mahé, Genève : P. Cramer. 1986
  • Les Imprimés arméniens des XVIe et XVIIe siècles : catalogue, Raymond Haroutiun Kevorkian Bibliothèque Nationale de France. 1987
  • Les Imprimés arméniens : 1701-1850, Raymond Haroutiun Kevorkian Bibliothèque Nationale de France. 1989
  • Manuscrits arméniens de la Bibliothèque nationale de France : catalogue, Raymond Haroutiun Kevorkian avec Bernard Outtier, Bibliothèque Nationale de France. 1998
  • La Miniature arménienne 13ème et XIVe siècle, E. Korkhmazian, G. Akopian et I. Drampian, Collection du Matenadaran Erevan - Éditions d'art Aurora - Léningrad- 1984

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes