Boycott

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Le boycott ou boycottage est le refus systématique de consommer les produits ou services d'une entreprise ou d'une nation. Il peut aussi s'agir d'un boycott d'élections ou d'évènements.

Sommaire

[modifier] Histoire

À l'origine, le boycott est le choix de ne pas acheter des produits dont les conditions de production ne sont pas jugées justes. L'origine du terme vient du nom de Charles Cunningham Boycott (1832-1897), intendant d'un riche propriétaire terrien de l'Irlande de l'ouest (comté de Mayo) durant le XIXe siècle qui traitait mal ses fermiers et subit un blocus de leur part. Le mot boycottage fit son entrée en France en 1881, puis est devenu boycott récemment, comme dans le reste du monde francophone, à cause de la redondance du suffixe. Le terme "boycottage" semble cependant faire un retour en force en mars 2008 à l'occasion du débat sur la pertinence éventuelle de ne pas assister à tout ou partie des Jeux olympiques de Pékin.

De très nombreux boycotts ont été appliqués dans l'histoire et ont eu parfois des conséquences très importantes. Les appels aux boycotts ne sont pas seulement des diminutions de vente, c'est l'attaque de ce qui est le plus important pour les entreprises, leur image de marque.

[modifier] Intérêts et inconvénients

La faiblesse et la force du boycott reposent sur la communication, domaine où excellent les sociétés (dans la plupart des cas, les boycottés sont des entreprises). Il est parfois reproché au boycott de renforcer le pouvoir du consommateur par rapport au pouvoir du citoyen et donc d'être un outil au final de domination économique ; à cette vision, d'autres répondent que ces pouvoirs ne s'opposent pas mais se complètent.

Le phénomène du boycott augmente du fait de l’évolution des consciences et des nouvelles facilités de communication. Jusqu’ici, on se rassurait en pensant qu’il s’agissait uniquement d’un réflexe anglo-saxon. Mais la consom'action – le fait de vouloir consommer de façon citoyenne et non plus seulement de manière consumériste – ne connaît plus de frontières depuis que l’économie et l’accès à l’information se sont mondialisés. Grâce à l'Internet, des consommateurs sensibilisés à certaines causes peuvent désormais se relier et partager un même mot d’ordre face à la même marque et ceci, d’un bout à l’autre du globe. Cela se vérifie aux États-Unis, où le boycott fait partie de la culture économique mais aussi en Asie, où ce phénomène connaît beaucoup de succès et même en France, où 70 % des consommateurs se disent prêts à participer à des campagnes de boycott.

Le boycott est un mode de protestation qui correspond parfaitement aux tendances de fond de notre société actuelle : individualiste mais solidaire. Le face-à-face Syndicat / Patronat fait place à un face-à-face Consom'acteurs / Multinationales. Les « consom'acteurs » sont des citoyens qui utilisent leur pouvoir d’achat comme l’ultime arme citoyenne pour compenser leur impuissance en tant qu’électeurs. Les multinationales sont en expansion. Or elles sont, par définition, moins astreintes au contre-pouvoir du politique et des élus d’un pays, donc aussi à celui de leurs électeurs. En l’absence de vote efficace, les citoyens utilisent alors leur seul autre moyen d’exercer un contre-pouvoir : le boycott ou chantage au non-achat.

Par essence, les syndicats ont toujours logiquement méprisé le boycott comme mode d’action. Habitués à négocier par le biais d’un bras de fer interne, ils assimilent le boycott à une arme « démagogique » qui met en péril les ventes et fragilise donc encore davantage leur position. De ce point de vue, ils sont effectivement dépassés par une nouvelle génération d’activistes, partie prenante du mouvement altermondialiste, pour qui le boycott est au contraire un moyen idéal pour faire pression sur les multinationales. Ce dépassement d’une culture militante par une autre a été particulièrement flagrant au moment de l’affaire Danone.

Le boycott est un phénomène que les entreprises ne peuvent ignorer, sous peine d’en être pénalisées. C’est la loi de l’offre et de la demande. Comment ignorer un collectif de citoyens qui vous interpelle par le biais de la demande ? Un appel au boycott a beaucoup plus d’impact qu’on ne le croit. Il peut être la goutte d’eau qui va définitivement déstabiliser un marché s’il est déjà en difficulté.

Le boycott peut à l'occasion fonctionner dans l'autre sens: entreprises refusant d'intervenir chez un particulier, à la suite d'un conflit entre le dit particulier et une des entreprises; il s'agit de punir le particulier qu'on accuse d'avoir mal agi; avec l'aide puissante d'Internet, on peut alerter tous les professionnels dans tous les domaines et lancer une sorte de fatwa contre la personne visée, cela au mépris de la loi qui interdit les discriminations et qui dit qu'on ne peut pas se faire justice soi-même

[modifier] Boycotts historiques ou célèbres

  • Pendant la Révolution américaine, à la fin du XVIIIe siècle, le boycott des marchandises anglaises était un moyen utilisé par les colons pour faire pression sur la métropole. Les Fils de la Liberté, une organisation de patriotes américains, ont eu recours à l'appel au boycott, notamment sur le thé anglais.
  • le "Boycott" a été une forme de lutte qui a existé avant qu'un nom ne soit donné à ce type d'action de résistance. Les premiers anti-esclavagistes anglais ont lancé une campagne féroce en 1790 pour convaincre leurs concitoyens de ne pas acheter du sucre en provenance des Indes Occidentales (les Antilles) produits par des esclaves et de privilégier le sucre en provenance des East Indies (Inde), ou l'exploitation de la main d'oeuvre se faisait avec un peu plus de retenue.
  • le premier boycott répertorié de 1879 à l'appel de Charles Parnell, dirigeant de la ligue agraire, qui le lança contre Charles Cunningham Boycott, riche propriétaire terrien qui traitait mal ses fermiers ;
  • au Québec, en 1837, les chefs Patriotes incitent les habitants à boycotter les produits importés d’Angleterre pour tarir les fonds publics, revenus fiscaux perçus à la douane en vue de libérer le Québec du joug anglais. Les produits anglais boycottés, tels le rhum, l’eau-de-vie, le thé et la toile, sont remplacés par des produits locaux.
  • en Inde en 1930, le Mahatma Gandhi lance un boycott sur les impôts liés au sel, contre l'Empire britannique ;
  • le boycott des bus de Montgomery en 1955 à l'appel de Martin Luther King pour obtenir la fin de la discrimination raciale ;
    Icône de détail Article détaillé : Boycott des bus de Montgomery.
  • le boycott des États-Unis (entraînant d'autres nations) en 1980 aux Jeux Olympiques de Moscou, pour protester contre l'intervention soviétique en Afghanistan. Opération réussie puisque 80 pays seulement y seront représentés ; mais l'Union Soviétique (avec 13 autres nations) boycottera les Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984.
  • En 2008, les internautes chinois ont lancé un appel au boycott de l'enseigne Carrefour, bien implantée en Chine, pour protester contre les troubles qui ont entouré le relais de la flamme olympique 2008 à Paris et l'éventuelle absence de Nicolas Sarkozy à la cérémonie d'ouverture des JO de Pékin.

[modifier] Raisons d'appel au boycott (liste non exhaustive)

  • la guerre ou des conflits territoriaux, ex. : boycott des produits israéliens
  • le non-respect des droits de l'homme
  • les délocalisations ou fermetures d'établissements industriels, ex. : boycott des produits Danone
  • les pollutions environnementales, ex. : lors du Naufrage de l'Amoco Cadiz, boycott de Shell
  • les risques sanitaires, ex. : boycott des OGM et des firmes qui les développent ou boycott des 4x4, véhicules énergivores
  • les droits sociaux, ex. : boycott des produits Nike, qui obligea l'entreprise à s'amender
  • les prix excessifs, comme dans l'appel de l'UFC-Que Choisir au boycott des SMS
  • des règles injustes, ex. : boycott des « majors » du disque pour lutter contre la loi sur l'économie numérique
  • boycott des élections truquées ou courues d'avance. (Nota : ce boycott est aussi une façon pour ceux qui y appellent de s'approprier l'abstention)
  • des raisons politiques, ex. : boycott des jeux olympiques de 1980 et 1984.
  • des convictions philosophiques ou religieuses, ex. : boycott du film Da Vinci Code, simple fiction érigée en vérité fracassante.
  • le refus de la propagande sectaire, ex. : boycott des films de Tom Cruise.

[modifier] Voir aussi

wikt:

Voir « boycott » sur le Wiktionnaire.

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • LACOURSIÈRE, Jacques. Histoire populaire du Québec, De 1791-1841. Tome 2, Sillery, Septentrion, p. 311-316.
  • Olivier Esteves, Une Histoire populaire du boycott (1880-2005), l'Harmattan, 2008