Alice de Battenberg

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Victoria Alice Élisabeth Julie Marie de Battenberg, princesse de Battenberg et, par son mariage, princesse de Grèce et du Danemark, est née le 25 février 1885 au château de Windsor, en Angleterre, et est décédée le 5 décembre 1969 au palais de Buckingham, à Londres. C’est un membre des familles souveraines de Hesse-Darmstadt, du Royaume-Uni, de Grèce et du Danemark. Alice de Battenberg est également la seule princesse européenne à avoir reçu le titre israélien de « Juste parmi les Nations » et la fondatrice d’un ordre de religieuses orthodoxes qui a rapidement périclité.

La princesse Alice de Grèce et du Danemark
La princesse Alice de Grèce et du Danemark

Sommaire

[modifier] Famille

Le prince Louis Alexandre de Battenberg, père d'Alice.
Le prince Louis Alexandre de Battenberg, père d'Alice.

Alice de Battenberg est la fille aînée du prince hessois Louis Alexandre de Battenberg (1854-1921) et de son épouse la princesse Victoria de Hesse-Darmstadt (1863-1950). Par sa mère, elle est la petite-fille du grand-duc Louis IV de Hesse-Darmstadt (1837-1892) et l’arrière-petite-fille de la reine Victoria Ire du Royaume-Uni (1819-1901) tandis que, par son père, elle descend en ligne morganatique du grand-duc Louis II de Hesse-Darmstadt (1777-1848).

Les 6 et 7 octobre 1903, la princesse Alice épouse civilement puis religieusement à Darmstadt, en Allemagne, le prince André de Grèce et du Danemark (1882-1944), lui-même fils du roi Georges Ier de Grèce (1845-1913) et de son épouse la princesse Olga Constantinovna de Russie (1851-1926)[1].

De cette union naissent cinq enfants :

  • Marguerite (1905-1981), princesse de Grèce et du Danemark, qui épouse le prince allemand Gottfried d’Hohenlohe-Langenbourg (1897-1960). D’où postérité ;
  • Théodora (1906-1969), princesse de Grèce et du Danemark, qui épouse le margrave Berthold de Bade (1906-1963). D’où postérité ;
  • Cécile (1911-1937), princesse de Grèce et du Danemark, qui épouse le grand-duc héritier Georges Donatus de Hesse-Darmstadt (1906-1937). D’où postérité décédée jeune ;
  • Sophie (1914-2001), princesse de Grèce et du Danemark, qui épouse en premières noces le prince Christophe de Hesse-Cassel (1901-1943), puis le prince Georges Guillaume de Hanovre (1915-2006). D’où postérité des deux unions ;
  • Philippe (1921), prince de Grèce et du Danemark puis duc d’Edimbourg, qui épouse la reine Elisabeth II du Royaume-Uni (1926). D’où postérité.

[modifier] Biographie

[modifier] Premières années

La princesse Victoria de Hesse, mère d'Alice.
La princesse Victoria de Hesse, mère d'Alice.

La princesse Alice naît dans la « chambre des tapisseries » du château de Windsor en présence de son arrière-grand-mère, la reine Victoria du Royaume-Uni[2]. C’est cependant sur les terres de sa famille paternelle, à Darmstadt, en Hesse, qu’elle est baptisée le 25 avril 1885. Ses parrains et marraines sont ses trois grands-parents survivants, Louis IV de Hesse-Darmstadt, Alexandre de Hesse-Darmstadt et Julie von Hauke, ses tantes Elisabeth Feodorovna de Russie, Marie zu Erbach-Schönberg, et son arrière-grand-mère la reine Victoria[3].

La princesse Alice partage son enfance entre Darmstadt, Londres, Jugenheim et l’île de Malte, où son père, officier dans la marine britannique, est fréquemment stationné[4].

Sa mère remarque rapidement que la princesse met du temps à apprendre à parler et s’inquiète de sa prononciation imparfaite. C’est toutefois son arrière-grand-mère anglaise qui identifie le problème et qui emmène la petite fille passer des examens médicaux : on diagnostique alors une surdité congénitale. Malgré sa maladie et grâce au soutien de sa mère, la princesse parvient cependant, en grandissant, à apprendre à parler et à lire sur les lèvres en anglais et en allemand[5]. Plus tard, elle étudie et domine également le français et la langue grecque[6].

Alice passe une grande partie de son enfance aux côtés de sa famille britannique[7] et participe à plusieurs grands événements familiaux. En 1893, elle devient ainsi demoiselle d’honneur au mariage du duc d’York (futur George V) et de la princesse Marie de Teck. En 1901, Alice, qui n’a pas seize ans, participe également aux funérailles de son arrière-grand-mère la reine Victoria[8].

[modifier] Princesse de Grèce

La princesse Alice de Battenberg le jour de son mariage (1903).
La princesse Alice de Battenberg le jour de son mariage (1903).

En 1902, Alice de Battenberg fait connaissance avec le prince André de Grèce, quatrième fils du roi Georges Ier, durant le couronnement de son oncle Édouard VII du Royaume-Uni[9].

Peu de temps après, le 7 octobre 1903, les deux jeunes gens se marient et partent vivre à Athènes, où le prince André reprend sa carrière dans l’Armée. En Grèce, Alice s’implique quant à elle dans de nombreuses œuvres de charité.

En 1908, le couple princier visite la Russie à l’occasion du mariage d'une nièce d'André, la grande-duchesse Maria Pavlovna de Russie (1890-1958), avec le prince Guillaume de Suède (1884-1965), duc de Södermanland. Pendant ce séjour, la princesse s’entretient avec sa tante, la grande-duchesse Elisabeth Feodorovna, qui est alors sur le point de fonder un ordre hospitalier de nonnes orthodoxes. La princesse assiste d’ailleurs à la pose de la première pierre de la nouvelle église de sa tante[10].

Lors de leur retour en Grèce, le prince André et son épouse voient la situation politique de leur pays empirer du fait du refus du gouvernement d’apporter son soutien au parlement crétois, qui vient pourtant de proclamer l’union de l’île (toujours sous suzeraineté ottomane) à la Grèce. En mai 1909, un groupe d’officiers insatisfaits forme alors une ligue nationaliste (la Stratiotikos Syndesmos) qui réclame la réorganisation de l'armée et de la marine. Le 28 août, la ligue organise un coup d’État connu sous le nom de « coup de Goudi ». Peu de temps après, le roi Georges Ier nomme Eleftherios Venizelos, homme politique nationaliste d'origine crètoise, à la tête du gouvernement[11]. Parallèlement, les militaires de la Stratiotikos Syndesmos font pression sur le gouvernement pour que les membres de la famille royale soient démis de leurs fonctions militaires. Afin d’éviter au souverain la honte de devoir démettre ses propres fils de leurs postes, André de Grèce et ses frères démissionnent d’eux-mêmes en septembre.

[modifier] D'une guerre à l'autre

Portrait du prince André de Grèce par le peintre Philip Alexius de Laszlo, 1913.
Portrait du prince André de Grèce par le peintre Philip Alexius de Laszlo, 1913.

Lors des guerres balkaniques de 1911-1913, le prince André est autorisé à réintégrer l’armée hellène tandis que son épouse se distingue à l’arrière comme infirmière. Elle assiste alors à de nombreuses opérations et met en place des hôpitaux de campagne qui accueillent les soldats. Pour ces actions, la princesse reçoit de son cousin le roi George V du Royaume-Uni la « Royal Red Cross » en 1913.

La Grèce ressort de ces deux conflits successifs considérablement agrandie. Cependant, la victoire a un goût amer puisque, peu de temps après la conquête de la ville de Thessalonique, le roi Georges Ier y est assassiné le 18 mars 1913.

Pendant la Première Guerre mondiale, le nouveau roi, Constantin Ier de Grèce, beau-frère de la princesse Alice, conduit une politique de neutralité bienveillante vis-à-vis de l'Allemagne. Le monarque s'oppose en cela au gouvernement démocratiquement élu de son Premier ministre, Eleftherios Venizélos, qui souhaite, lui, entrer en guerre aux côtés de la Triple Entente. Face à cette crise, le monarque finit donc par renvoyer le chef de son cabinet en octobre 1915.

Mais, en juin 1917, la politique de neutralité du roi devient si intenable qu'il est obligé d'abdiquer en faveur de son deuxième fils et de prendre le chemin de l'exil. La princesse Alice et la plupart des autres membres de la famille royale suivent alors l'ancien souverain et s'installent, pendant les années qui suivent, à Saint-Moritz, en Suisse[12].

Il faut dire que la guerre totale qui vient de secouer l’Europe a renversé une bonne partie des trônes européens et mis à mal le reste des dynasties encore en place. En Russie, de nombreux parents de la princesse Alice sont assassinés et notamment ses tantes, la tsarine Alexandra Feodorovna de Russie et la grande-duchesse Elisabeth Feodorovna. En Angleterre, le prince Louis Alexandre de Battenberg, père de la princesse Alice, doit quant à lui mettre fin à sa carrière dans la marine à cause du sentiment anti-allemand qui règne dans le pays. Le 14 juillet 1917, le vieil homme doit également abandonner son titre hessois de prince de Battenberg et son prédicat d’altesse sérénissime. À la demande de George V, il anglicise le nom de sa famille en Mountbatten. En guise de compensation, il est nommé par le souverain britannique premier marquis de Milford Haven et pair du Royaume-Uni le jour suivant. Malgré tout, la princesse Alice n’est pas vraiment touchée par ces changements puisque, mariée à un prince grec, elle n’a pas à utiliser le nom de Mountbatten.

Après la mort d'Alexandre Ier de Grèce et la restauration de Constantin sur le trône en 1920, Alice et sa famille reviennent brièvement vivre en Grèce et s’installent à la résidence de « Mon Repos », à Corfou. Mais, après la défaite de l’armée hellène pendant la guerre gréco-turque de 1919-1922, un comité révolutionnaire placé sous le commandement des colonels Nikolaos Plastiras et Stilianos Gonatas force le roi Constantin Ier à reprendre le chemin de l’exil[13].

Le prince André, qui a servi comme commandant du second corps d’armée pendant le conflit, est mis en détention. Plusieurs anciens ministres et généraux arrêtés en même temps que lui sont fusillés et les diplomates britanniques considèrent que lui-même se trouve en très grave danger. Après un faux procès, le prince est finalement banni de Grèce et la famille d’Alice doit fuir son pays à bord d’un croiseur britannique (le « HMS Calypso »)[14].

[modifier] Crise mystique

La grande-duchesse Elisabeth Feodorovna, modèle de sainteté pour la princesse Alice.
La grande-duchesse Elisabeth Feodorovna, modèle de sainteté pour la princesse Alice.

André, son épouse et leurs enfants s’installent par la suite en France, dans une petite maison de Saint-Cloud, que loue pour eux leur belle-sœur, la princesse Marie Bonaparte[15]. A Paris, la princesse Alice reprend ses activités charitables et s’implique à distance dans l’aide aux réfugiés grecs[16]. La princesse devient de plus en plus religieuse et finit par se convertir à la religion orthodoxe grecque le 20 octobre 1928. Peu après, la princesse commence à déclarer qu’elle reçoit des messages divins et qu’elle a des pouvoirs de guérison[17].

Cet hiver-là, la princesse traduit par ailleurs en anglais le manifeste que son mari a écrit pour se défendre des calomnies qui pèsent sur lui depuis la fin de la guerre gréco-turque[18],[19].

En 1930, la princesse Alice, qui vient de subir une grave dépression, est reconnue schizophrène par le Dr Ernst Simmel de Berlin[20]. Elle est alors séparée de force de sa famille et placée au sanatorium du Dr Ludwig Binswanger, à Kreuzlingen, en Suisse[21]. Il s'agit là d'une institution prestigieuse dont de nombreux patients sont des célébrités. Le danseur ballet et chorégraphe Vaslav Nijinsky est ainsi patient dans la clinique en même temps que la princesse[22].

Commence alors une longue convalescence pendant laquelle Alice et son époux s’éloignent l’un de l’autre tandis que leurs filles épousent toutes des princes allemands (sans que leur mère ne puisse assister à leurs mariages) et que le prince Philippe part vivre en Angleterre aux côtés de ses oncles, Louis et Georges Mountbatten, et de sa grand-mère, la marquise de Milford-Haven, née Victoria de Hesse-Darmstadt[23].

Alice reste à Kreuzlingen pendant deux ans mais, après un bref séjour dans une clinique de Merano, elle est déclarée guérie et commence une existence itinérante en Europe centrale. La princesse garde le contact avec sa mère mais rompt tous ses liens avec le reste de sa famille jusqu’à la fin de l'année 1936[24]. En 1937, sa fille Cécile, son gendre, le prince héritier de Hesse-Darmstadt, et deux de leurs enfants sont tués dans un accident d’avion à Ostende[25]. La princesse Alice et son époux se retrouvent pour la première fois depuis six ans lors des funérailles[26]. Par la suite, la princesse reste en contact avec sa famille qui accueille avec joie son retour progressif à la « normalité ».

En 1938, Alice retourne seule à Athènes pour y travailler avec les pauvres. Elle s’établit dans un petit appartement de deux chambres près du Musée Benaki. Lors d’une visite du prince Philippe à Athènes, elle tente de reprendre son rôle de mère et explique à son frère pourquoi elle pense que son fils devrait regagner la Grèce et quitter la Navy[27].

[modifier] Deuxième Guerre mondiale

Portrait d'Alice, princesse André de Grèce et du Danemark, par Philip Alexius de Laszlo, en 1907.Collection privée du duc d'Edimbourg.
Portrait d'Alice, princesse André de Grèce et du Danemark, par Philip Alexius de Laszlo, en 1907.
Collection privée du duc d'Edimbourg.

Pendant le second conflit mondial, la princesse Alice se retrouve dans la difficile position d’avoir ses gendres qui combattent tous du côté allemand et son fils unique qui est engagé dans la Royal Navy.

En avril 1941, les forces de l’Axe occupent Athènes. La famille royale hellène fuit le pays et s’établit en Égypte puis en Afrique du Sud tandis que s'éteint la princesse Marie de Grèce. Mais la princesse Alice et une autre de ses belles-sœurs, la grande-duchesse Hélène Vladimirovna de Russie (veuve du prince Nicolas de Grèce), restent dans la capitale pendant toute la guerre[28]. La princesse Alice quitte son petit appartement et emménage dans la résidence de son beau-frère, le prince Georges de Grèce. Pendant la journée, elle travaille pour la Croix-Rouge et aide à l’organisation de soupes populaires pour les Athéniens affamés. Pour satisfaire son besoin d’aider les autres, la princesse part même en voyage en Suède, sous le prétexte de rendre visite à sa sœur Louise, mariée au prince héritier Gustave Adolphe, mais en réalité pour ramener en Grèce des médicaments[29]. La princesse met encore en place deux orphelinats et un réseau de soins pour les quartiers déshérités[30].

Comme l’un des gendres de la princesse, Christophe de Hesse-Cassel, est membre du NSDAP et de la Waffen-SS et qu’un autre, le margrave Berthold de Bade, a participé à la Bataille de France en 1940, les forces d’occupation de l’Axe s’imaginent que la princesse Alice nourrit des sentiments pro-Allemands. Pourtant, quand un général nazi lui rendant visite lui demande ce qu’il peut faire pour elle, la princesse lui répond sans hésiter : « Vous pouvez enlever vos troupes de mon pays ! ».

Après la chute du dictateur italien Benito Mussolini en septembre 1943, l’armée allemande occupe Athènes, où 75 000 juifs grecs ont trouvé refuge. Parmi ceux-ci, 60 000 sont alors déportés vers les camps nazis et seuls 2000 en ressortiront vivants une fois la guerre terminée[31]. Pendant cette période, la princesse Alice cache chez elle une femme juive nommée Rachel Cohen et deux de ses cinq enfants[32]. L’époux de Rachel, Haimaki Cohen, un juif de Salonique, a rendu service au roi Georges Ier de Grèce en 1913 et, en retour, le monarque lui a proposé de réaliser n’importe quel service qu’il pourrait lui rendre. Mais Haimaki n'a rien demandé en retour et l'un de ses fils s’est souvenu de la promesse royale lors de la vague d’arrestation nazie. Il a donc demandé de l’aide à la princesse Alice, l'une des deux seules membres de la famille souveraine encore présents dans la capitale. Naturellement, la princesse a honoré la dette de son beau-père et a ainsi sauvé la famille Cohen[32].

[modifier] De la Libération à la Guerre civile

Quand Athènes est libérée en octobre 1944, le futur Premier Ministre britannique Harold Macmillan rend visite à la princesse Alice qu’il décrit comme « vivant dans des conditions très humbles, pour ne pas dire sordides »[33]. D'ailleurs, dans une lettre à son fils, Alice reconnaît que, dans les semaines précédant la libération, elle n’a pris aucune nourriture, excepté du pain et du beurre, et aucune sorte de viande pendant plusieurs mois[34].

Pourtant, début décembre, la situation à Athènes est très loin de s’être améliorée et le pays s'enfonce dans la guerre civile. La guérilla communiste (ELAS) s'oppose violemment aux Britanniques pour prendre le contrôle de la capitale. Pendant ce temps, la princesse est informée que son mari a trouvé la mort dans le Sud de la France, juste au moment où on pouvait espérer une réunion des deux époux, qui ne s’étaient pas revus depuis 1939.

Au grand déplaisir des Britanniques et malgré le couvre-feu, la princesse insiste pour sortir dans les rues durant les combats qui sévissent à Athènes et pour distribuer des rations alimentaires aux policiers et aux enfants. Et lorsque quelqu’un lui fait remarquer qu’en agissant ainsi elle pourrait recevoir une balle perdue, elle répond : « on m’a dit qu’on n’entend pas le coup qui nous tue et, de toutes façons, moi je suis sourde. Alors pourquoi se préoccuper pour ça ? »[35].

[modifier] Veuvage

La reine Élisabeth II et le prince Philip, duc d’Édimbourg lors de leur couronnement.
La reine Élisabeth II et le prince Philip, duc d’Édimbourg lors de leur couronnement.

La princesse Alice revient en Grande-Bretagne en avril 1947 pour assister au mariage de son fils unique, qui se fait dorénavant appeler Philipp Mountbatten, avec la princesse de Galles (la future reine Elisabeth II). Lors de la cérémonie des noces, la princesse s’assoit du côté nord de l’abbaye de Westminster, à l’opposé du roi et de sa famille. Aucune de ses filles n’est présente à la cérémonie à cause du profond sentiment anti-allemand qui règne dans l’Angleterre d’après-guerre. Cependant, la princesse est tout de même accompagnée de ses frères et de plusieurs de ses neveux[36].

En janvier 1949, Alice fonde un ordre hospitalier de nonnes orthodoxes, la « Fraternité Chrétienne de Marthe et de Marie », dont le modèle est le convent que la grande-duchesse martyre Elisabeth Feodorovna a fondé en Russie en 1909. La communauté se forme sur l’île grecque de Tinos et établit une résidence au nord d’Athènes. La princesse Alice entreprend ensuite deux voyages aux États-Unis en 1950 et en 1952, afin d’y lever des fonds. En Angleterre, sa mère est déconcertée par ses actions. « Que dire d’une nonne qui fume et joue à la canasta ? », s’interroge-t-elle[37]. Mais, malgré tous les efforts de la princesse, l’ordre qu’elle a fondé tombe rapidement en désuétude du fait d’un cruel manque de recrues.

En 1960, la princesse visite l’Inde sur l’invitation de la ministre de la santé Rajkumari Amrit Kaur, qui a été impressionnée par son intérêt pour la pensée religieuse hindoue. Le voyage est cependant écourté après que la princesse est subitement tombée malade et sa belle-sœur, l'ex vice-reine Edwina Mountbatten, doit intervenir auprès de ses hôtes indiens pour s'excuser de son attitude. Alice de Grèce racontera plus tard qu’elle a vécu à cette occasion une expérience de décorporation[38].

De plus en plus sourde et voyant sa santé se dégrader du fait de sa consommation de tabac, la princesse Alice quitte la Grèce après le coup-d’Etat des Colonels du 21 avril 1967. La reine Elisabeth II et son époux l’invitent alors à résider en permanence au château de Buckingham.

[modifier] Disparition et funérailles

Sculpture au mémorial de Yad Vashem.
Sculpture au mémorial de Yad Vashem.

Malgré des signes de sénilité dans ses dernières années, la princesse Alice conserve sa lucidité intellectuelle jusqu’à la fin[39]. Elle meurt au palais de Buckingham en décembre 1969, sans rien laisser à sa famille puisqu’elle fait don de tous ses biens à des œuvres de charité.

Ses restes sont d’abord placés dans la crypte royale de la chapelle Saint-Georges du château de Windsor, mais ils sont finalement déplacés le 3 août 1988 afin de réaliser ses dernières volontés. Elle est alors ensevelie au Couvent de Sainte Marie-Madeleine, sur le Mont des Oliviers, à Gethsemani, à Jérusalem, juste à côté de sa tante la grande-duchesse Elisabeth Feodorovna. Quand sa fille, la princesse Sophie de Hanovre, se plaignait que sa tombe serait trop loin pour aller lui rendre visite, la princesse Alice plaisantait : « Quelle absurdité, il y a là-bas un très bon service de bus ! »[40].

Le 31 octobre 1994, les deux enfants survivants de la princesse Alice, le duc d’Edimbourg et la princesse de Hanovre, se rendent au Mémorial de l’Holocauste de Yad Vashem, à Jérusalem, pour assister à la cérémonie honorant la princesse comme une « Juste parmi les Nations » pour avoir caché des juifs dans sa maison pendant la Seconde Guerre Mondiale[41]. Le prince Philippe déclare alors : « Je pense qu’il ne lui est jamais venu à l’esprit qu’elle avait une attitude spéciale. C’était une personne profondément religieuse, et elle devait considérer comme une réaction humaine totalement naturelle de porter secours à des êtres en état de détresse »[42].

[modifier] Bibliographie

  • (en) Bowman, Stephen, « Jews », in Clogg, Richard, Minorities in Greece, Hurst & Co., Londres, 2002, p. 64–80, (ISBN 1-85065-706-8)
  • (en) Bradford, Sarah, King George VI, Weidenfeld and Nicolson, Londres, 1989. (ISBN 0297796674).
  • (en) Clogg, Richard, A Short History of Modern Greece. Cambridge University Press, Cambridge, 1979. (ISBN 0521224799).
  • (en) Eilers, Marlene A., Queen Victoria's Descendants, Genealogical Publishing Co., Baltimore, Maryland, 1987, p.181.
  • (en) Macmillan, Harold, War Diaries, Macmillan, Londres, 1984 (ISBN 0333394046).
  • (fr) Grèce, Michel de, et Orléans, Henri d', Mon Album de famille, Perrin, Paris, 1996 (ISBN 2262012377).
  • (en) Van der Kiste, John, Kings of the Hellenes, Alan Sutton Publishing, Stroud, Gloucestershire, Angleterre, 1994 (ISBN 0-7509-0525-5).
  • (en) Vickers, Hugo, Alice, Princess Andrew of Greece, Hamish Hamilton, Londres, 2000. (ISBN 0-241-13686-5).
  • (en) Woodhouse, C. M., The Story of Modern Greece, Faber and Faber, Londres, 1968.
  • (en) Ziegler, Philip, Mountbatten, Collins, Londres, 1985 (ISBN 0002165430).

[modifier] Liens internes

[modifier] Lien externe

[modifier] Notes et références

  1. « Royal wedding in Germany » dans The New York Times du 6 octobre 1903.
  2. Vickers, Hugo, Alice, Princess Andrew of Greece, Hamish Hamilton, p. 2.
  3. Vickers, Hugo, Op. cit., p. 19.
  4. Vickers, Hugo, « Alice, Princess (1885–1969) », Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, 2004.
  5. Vickers, Hugo, Alice, Princess Andrew of Greece, Hamish Hamilton, Londres, 2000 p. 24–26.
  6. Vickers, Hugo, Op. cit., p. 57 et 71.
  7. Vickers, Hugo, Op. cit., p.29–48.
  8. Vickers, Hugo, Op. cit., p. 51.
  9. Vickers, Hugo, Op. cit., p. 52.
  10. Vickers, Hugo, Op. cit., p. 82–83
  11. Clogg, Richard, A Short History of Modern Greece, Cambridge University Press, Cambridge, 1979, p. 97–99.
  12. Van der Kiste, John, Kings of the Hellenes, Alan Sutton Publishing, Stroud, Gloucestershire, Angleterre, 1994, p. 96 ff.
  13. Vickers, Hugo, Op. cit., p. 162
  14. Vickers, Hugo, Op. cit., p. 171
  15. Bertin, Célia, Marie Bonaparte, Perrin, Paris, 1982, p. 230.
  16. Vickers, Hugo, Op. cit., p. 176–178
  17. Vickers, Hugo, Op. cit., p. 200.
  18. Grèce, André de, Towards Disaster: The Greek Army in Asia Minor in 1921, John Murray, Londres, 1930
  19. Vickers, Hugo, Op. cit., p. 198–199.
  20. Vickers, Hugo, Op. cit., p. 205
  21. Vickers, Hugo, Op. cit., p. 213
  22. Vickers, Hugo, Op. cit., p. 213
  23. Ziegler, Philip, Mountbatten, Collins, Londres, 1985, p. 101
  24. Vickers, Hugo, Op. cit., p. 245–256.
  25. Cet accident pourrait être lié à un sabotage provoqué par les nazis.
  26. Vickers, Hugo, Op. cit., p. 273
  27. Vickers, Hugo, Op. cit., p. 281, p. 291.
  28. Vickers, Hugo, Op. cit., p. 292
  29. Vickers, Hugo, Op. cit., p. 293–295
  30. Vickers, Hugo, Op. cit., p.297
  31. Bowman, Stephen, « Jews », in Clogg, Richard, Minorities in Greece, Hurst & Co., Londres, 2002, p. 64–80
  32. ab Vickers, Hugo, Op. cit., p. 298–299
  33. Macmillan, Harold, War Diaries, Macmillan, Londres, 1984, p. 558–559
  34. Vickers, Hugo, Op. cit., p.306
  35. Vickers, Hugo, Op. cit., p.311
  36. Bradford, Sarah, King George VI, Weidenfeld and Nicolson, Londres, 1989, p. 424
  37. Vickers, Hugo, Op. cit., p. 336
  38. Vickers, Hugo, Op. cit., p.364–366
  39. Vickers, Hugo, Op. cit., p. 392
  40. Vickers, Hugo, Op. cit., p. 396.
  41. Vickers, Hugo, Op. cit., p. 398
  42. Nadine Brozan, « Chronicle  » dans The New York Times, 1er novembre 1994.