Viticulture en Tunisie

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La viticulture en Tunisie a une longue tradition qui a débuté dans l'Antiquité comme dans beaucoup d'autres pays du bassin méditerranéen, grâce aux Phéniciens et, dans ce cas spécifique, par les Carthaginois.

L'agronome Magon, qui vit dans la Carthage phénicienne, note dans son traité d'agronomie viticole, des pratiques qui sont toujours en vigueur de nos jours. Avec l'arrivée d'un pouvoir musulman dès le VIIe siècle et l'indépendance de la Tunisie en 1956, la viticulture n'a jamais disparu et cette branche de l'agriculture a une importance réelle dans l'économie de la Tunisie.

Sommaire

[modifier] Histoire

L'histoire de la viticulture en Tunisie coïncide avec celle de beaucoup d'autres pays d'Afrique du Nord. Durant la période romaine, ce type de culture se développe grandement jusqu'à ce que l'arrivée du premier pouvoir musulman fasse presque disparaître la culture du vin dans le pays.

Le premier vigneron de l'époque moderne est le cardinal Lavigerie qui procède à la plantation d'un vignoble au siège de l'archevêché en novembre 1879. Avec l'instauration du protectorat français en Tunisie à partir de 1881, la production de vin est réellement relancée. À cette époque, le pays ne compte qu'environ 1000 hectares de vignoble dont 95% sont destinés à la culture du raisin de table. Les 50 hectares restants, qui sont destinés à la viticulture, passent rapidement aux mains des Français. La Tunisie devient un fournisseur de vins de couverture et de coupe et le reste même lorsque le pays s'émancipe de la domination de la France. Ce n'est qu'au milieu des années 1960, lorsque les propriétaires français sont expropriés et qu'est introduite l'économie planifiée, que la production de vin tombe dans une crise profonde.

[modifier] État du secteur

Les 15 000 hectares de vignes tunisiennes[1] sont situées sur des coteaux où la température annuelle moyenne ne monte jamais au-dessus de 20°C avec des précipitations idéales entre 250 et 500 millimètres par an. Les vins tunisiens, principalement des rouges et rosés, sont riches en alcool (11 à 12° pour le vin rouge et le vin rosé et un peu moins pour le vin blanc) sans excès d'acidité, ce qui est dû au caractère des nouveaux vins. À l'occasion des Vinalies internationales 2007, ils sont récompensés par cinq médailles[1].

La Tunisie possède un droit du vin copié sur le modèle français des appellations d'origine contrôlée. La commercialisation du vin, comme en Algérie, est presque totalement sous le contrôle de l'État tunisien au travers de l'Office du vin tunisien jusqu'en 1999. Par la suite, le secteur est libéralisé et une stratégie de qualité est encouragée avec l'établissement de sept AOC et la conclusion de partenariats avec des professionnels étrangers (notamment de France, d'Allemagne et d'Italie). Par ailleurs, un programme de modernisation des caves est lancé en 2002 : douze millions d'euros sont ainsi investis pour améliorer la qualités des crus des dix organisations membres de l'Union centrale des coopératives viticoles (UCCV), le premier producteur du pays avec 36 millions d'euros de chiffre d'affaires (également premier exportateur de vin à hauteur de 25 % de sa production) qui est plus connu sous l'appellation commerciale des « Vignerons de Carthage »[1].

Il existe huit sociétés mixtes dont l'objet est la mise en valeur de domaines viticoles, trois sociétés tuniso-françaises (dont deux avec le groupe Castel qui possède 250 hectares dans la région de Tunis), deux tuniso-allemandes, deux tuniso-italiennes et une tuniso-autrichienne. Dans ce contexte, la terre cultivable destinée à la fabrication du vin est fortement en recul et la production de raisin de table prend de l'importance. La majorité des cépages cultivés se retrouvent dans le sud de la France :

Cultivé sur une surface agricole de quelque 18 000 hectares, dont les deux-tiers se trouvent dans le gouvernorat de Nabeul, le vignoble tunisien produit annuellement entre 300 et 400 000 hectolitres de vin, en croissance de 40 % depuis 2002 avec un pic 600 000 hectolitres en 2007[1]. Les exportations annuelles dépassent quant à elles les 140 000 hectolitres[1]. La production de vin de cuve a pour sa part baissé en passant de 416 000 hectolitres en 1999 à 300 000 en 2005. Celle-ci est produite à hauteur de 67 % par l'UCCV (qui assure 80 % des ventes du secteur)[1], à hauteur de 10 % par une société privée (Société pour l'industrie et la commercialisation des boissons) et à hauteur de 7 % par la coopérative viticole de Bou Argoub.

L'Allemagne et la France sont les deux principaux importateurs de vin tunisien, certaines quantités étant également exportées vers la Suisse, la Belgique, les États-Unis, le Canada et certains pays d'Europe de l'Est dont la Russie[1]. La production est commercialisée pour près de 70 % en vin d'AOC dont 20 % bénéficient de la mention « premier cru ».

[modifier] Liste des AOC

[modifier] Grand Cru Mornag

L'AOC est située à une quarantaine de kilomètres au sud de Tunis. Cette aire produit des vins charnus, veloutés au palais, généreux et corsés. Le principal cépage, le carignan, est associé à des types plus forts comme le syrah ou le cabernet-sauvignon. Les rosés proviennent de cinsault et de grenache et les blancs de ugni blanc et de rezzegui. Ils accompagnent bien les plats de viande et surtout le gibier : Château Mornag, Côteaux de Carthage, Domaine Atlas, Domaine de Charmettes et Sidi Saâd.

[modifier] Mornag

L'AOC couvre la majeure partie du vignoble tunisien et s'étend sur les régions de Grombalia et Takelsa jusqu'à Korba à l'est et Enfida au sud. De part sa superficie, cette zone présente des aptitudes à produire des vins rouges, rosés et blancs. Le climat y est plus sec avec une pluviométrie allant de 300 à 400 millimètres. Cette zone est bordée par la mer, ce qui augmente l'humidité et limite les écarts de températures. Cette appellation est la plus marquée par l'introduction de cépages améliorateurs, ce qui offre un plus grand choix pour l'élaboration de rouges, rosés et blancs équilibrés : Côteaux de Mornag, Domaine d'Ouzra, Domaine Kurubis, Haut Mornag, Le Noble de Mornag, Mornag Village, Magon et Vieux Magon.

[modifier] Thibar

L'AOC se trouve sous un climat continental influencé par une altitude où les hivers sont froids et les étés chauds avec une moyenne pluviométrique de l'ordre de 500 millimètres par an. Cette zone de production permet d'obtenir des vins rouges, rosés et blancs commercialisés sous les dénominations suivantes : Clos de Thibar, Côteaux de Thibar et Domaine de Thibar.

[modifier] Coteaux d'Utique

L'AOC est située à une quarantaine de kilomètres au nord de Tunis. Le sol y est limoneux avec des éboulis, le vignoble étant souvent en coteaux et bénéficiant d'une bonne exposition. Les vins rouges et rosés sont remarquablement appréciés pour leurs robes, leurs finesses de bouquet et leurs veloutés au palais. Ces vins sont connus sous les noms de Château Fériani, Côteaux de Bizerte, Côteaux de Mateur, Côteaux d'Utique et Domaine Karim.

[modifier] Tébourba

L'AOC couvre une superficie importante. Grâce à son climat, celle-ci produit des vins dotés de caractéristiques uniques et d'un prestige notoire. Cette région produit des vins rouges et rosés commercialisés sous les noms de Côteaux de Schuiggui, Côteaux de Tébourba, Domaine de Lansarine et Tébourba Village.

[modifier] Sidi Salem

L'AOC est située à une trentaine de kilomètres au sud de Tunis. Le sol est formé d'alluvions et de poches de graviers. La pluviométrie annuelle est comprise entre 500 millimètres et 600 millimètres par an. Cette région produit des vins rouges et rosés qui accompagnent bien les plats de viande et de gibier. Ils connus sous les noms de Château Khanguet, Château Saint-Augustin, Côteaux de Khanguet, Domaine Nepheris et Khanguet Village.

[modifier] Kélibia

L'AOC est située à la pointe de la région du cap Bon se trouvant à 140 kilomètres à l'est de Tunis. Elle bénéficie d'un climat méditerranéen et ses sols sont siliceux. Le vignoble est composé uniquement d'un seul cépage, le muscat d'Alexandrie, appelé encore « muscat de Kélibia ». Le muscat de Kélibia est fruité et sec et recommandable soit comme apéritif soit avec des poissons grillés ou des fruits de mer.

[modifier] Références

  1. abcdefg Pascal Airault et Sonia Mabrouk, « L'offensive internationale des vins du Maghreb », Jeune Afrique, 11 mai 2008, pp. 75-77
  • (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Weinbau in Tunesien ».

[modifier] Lien externe

Autres langues