Viol en réunion

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Le viol en réunion est une qualification pénale dans le droit français décrivant un acte de viol commis par plusieurs personnes agissant comme auteurs ou complices.

Sommaire

[modifier] La loi

Le viol en réunion est retenu par la justice française comme circonstance aggravante du viol réprimé par l'article 222-23 du code pénal pour décrire « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise par plusieurs personnes agissant en qualité d'auteur ou de complice ». L'expression viol collectif et plus récemment tournante sont en usage dans le public. Le viol en réunion est puni en France de 20 ans de réclusion criminelle.

[modifier] Le phénomène dit des « tournantes »

La « tournante » est le nom populaire donné à une forme particulière de viol en réunion, commis par une bande d'hommes généralement jeunes sur une fille de leur entourage. C'est un phénomène social dont on parle de plus en plus depuis quelques années.

D'après le sociologue Laurent Mucchielli, chercheur au CNRS, directeur du CESDIP (Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales), auteur notamment de « Violences et insécurité, Fantasmes et réalités dans le débat français » (La Découverte, 2002) et de « Le scandale des « tournantes ». Dérives médiatiques, contre-enquête sociologique » (La Découverte, 2005), le phénomène des « tournantes » ne s'est pas particulièrement développé depuis 1960, époque des « blousons noirs » à qui le même grief a parfois été fait (Gérard Depardieu s'en est d'ailleurs expliqué dans une interview).

[modifier] Description

Le « phénomène » semble être apparu en France, mais s'est propagé depuis à un certain nombre d'autres pays européens (entre autres Norvège et Danemark) et extraeuropéens (Australie). Les auteurs ont en général entre 16 et 18 ans et légitiment systématiquement leurs actes par la réputation de leur victime, considérée comme « une fille facile ».

Une expertise réalisée par un psychiatre auprès de la Cour d’Appel de Paris concernant les auteurs des viols en réunions et d'agressions sexuelles (portant sur 52 cas) indique que ceux-ci ont entre 13 et 26 ans avec un pic à 16 ans; L'âge moyen de ce type d'agresseurs étant plus jeune que pour d'autres types d'agressions sexuelles. Concernant leur milieu social des agresseurs, ils sont « issus pour la quasi totalité de familles modestes, résidant dans des banlieues », de famille nombreuse, « 52% sont originaires des pays du Maghreb, 28% issus de familles d'origine française et 20% d’Afrique Noire ». Les agresseurs étudiés n'ont pas d'antécédents médicaux et seuls 30% avaient déjà un casier judiciaire[1].

En 2001, le juge Sylvie Lotteau, du tribunal de Bobigny, décrit ainsi les tournantes : « Une fois qu'une jeune fille est devenue l'amie de l'un des membres d'une bande, les autres membres se partagent ses faveurs, en général avec le consentement de son ami, mais pas de la victime. Il faut donner une appréciation négative de la jeune fille — déjà fragilisée car souvent fugueuse, issue de familles déstructurées — pour dire après qu’elle était forcément consentante ».

Un procès ayant eu lieu en 2001 concernait onze violeurs d'une jeune fille de 14 ans dans une cave. Les délinquants ne manifestaient pas de compassion particulière pour leur victime, mais étaient en revanche devant une audience venue nombreuse les soutenir, d'après Le Monde. C'est cet événement qui décida le monde politique à prendre en compte cette question, poussé par le mouvement Ni putes ni soumises.

Un commandant de police de la sûreté départementale de la Seine-Saint-Denis indique que sur le 2e district du 93, qui comprend des communes difficiles comme Saint-Denis, Aubervilliers ou Stains, nous avons en moyenne deux affaires de tournantes par an.

Peu de victimes de viol en réunion déposent plainte. On peut voir quatre raisons à cela :

  1. Pression psychologique (honte de n'avoir pas su dénoncer les faits rapidement, pouvant donner à croire que la victime était effectivement consentante)
  2. Crainte de représailles physiques.
  3. Chantage et pression des agresseurs (photos utilisées autant pour qu'elle se soumette à nouveau que pour la contraindre au silence.)
  4. Difficulté à s'extraire du quartier durant le délai de l'enquête de Police.

[modifier] Analyses

Les tournantes se compliquent aussi de phénomènes religieux ou ethniques. Dans certains cas, une jeune femme sachant « jouir loyalement de son être », pour reprendre l'expression de Montaigne, est considérée comme ne méritant pas le respect.

Des sociologues mettent l'accent sur un effet de groupe : selon eux, l'ami de la jeune femme ne pourrait la protéger de ses amis sans se désavouer vis-à-vis d'eux. Jean-Jacques Rassial, psychologue à l'université de Villetaneuse, y voit plutôt une sorte de rite de passage où le jeune homme montre que son respect de la bande passe pour lui avant celui de son amie ou des lois. Flemming Balvig, criminologue à l'université de Copenhague, se range également à cette hypothèse.

La liberté sexuelle traditionnelle du Danemark prend par ailleurs de court un certain nombre de jeunes gens venant de familles non danoises pratiquant pour des raisons historiques et culturelles une morale sexuelle tout à fait opposée.

Les viols en réunion ne sont pas l'apanage des cités sensibles et de leur délinquance spécifique.

Certaines caractéristiques liées à la victime peuvent pousser les violeurs à l'acte[réf. nécessaire]. La victime est généralement une fille non défendue (pas de frère, père, cousin, ...) qui n'est pas un satellite ou un membre d'un groupe structuré et reconnu du quartier, elle est isolée. Elle vit souvent une situation familiale difficile. Psychologiquement fragile, elle affiche ses « faiblesses » ce qui en fait une cible pour ses agresseurs qui dans la majorité des cas la connaissent de longue date.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. Viols et agressions sexuelles en réunion, Dr Patrice Huerre

[modifier] Articles connexes

[modifier] Lien externe